CP : Lutter contre la réforme des retraites c’est lutter contre l’autoritarisme galopant !

Le pouvoir n’entend pas la rue et rejette les arguments pour  une autre réforme des retraites sauf ceux qui ne remettent pas en cause le cœur de leur projet : nous faire travailler plus longtemps !

Pour le Président de République et son gouvernement, il n’y a pas d’autres solutions que l’allongement de l’âge de départ à la retraite qui pénalisera les femmes et ceux qui ont commencé à travailler tôt et très souvent dans des métiers difficiles.

Le déni de démocratie avec l’usage du 47-1 ou peut-être du 49-3 montre bien que nous ne sommes pas dans une démocratie usant du dialogue et du compromis mais dans une imposition maquillée par une façade parlementaire.

La section de la LDH ne peut que redire que le régime présidentiel favorise ce type de comportement jupitérien !

Il n’y aura pas de réforme acceptée et acceptable sans dialogue, écoute et prise en compte des propositions des syndicats et des manifestants.

Il n’y a pas de démocratie politique en caricaturant et verrouillant le débat parlementaire, en refusant d’entendre qu’il y a d’autres politiques à conduire pour que justice sociale et fiscale soient aux rendez-vous d’une réforme des retraites par répartition.

Il ne faut pas croire que le combat contre le projet de réforme des retraites est un mouvement social comme un autre. C’est une mobilisation de tous les citoyens, jeunes, salariés et retraités. La présence nombreuse de manifestants dans des villes rurales et sous-préfectures nous le montre.

Nous devons gagner ce combat aussi pour que l’avenir de notre pays ne soit pas uniquement entre les mains de la puissance des marchés financiers ou celui de démagogues de l’extrême droite qui nieront les droits des  travailleurs et conduiront une politique de préférence nationale.  

De nouveau, la section LDH appelle très largement à se mobiliser avec les syndicats et à venir nombreux manifester contre cette réforme injuste des retraites.

Saint-Nazaire, le 05 février 2023

CP : Hébergement d’urgence, il faut en finir avec la politique de la poussière sous le tapis !

Depuis des années,  les associations et militants ne cessent de dire qu’ils manquent de solutions de logement très social, d’hébergement d’urgence ou de stabilisation et de mise à l’abri pour les personnes et familles sans logements personnels ou sans abris sur Saint-Nazaire.

Des initiatives citoyennes et des remontées de situations sont régulièrement faîtes. Il a fallu la réquisition de maisons par le Collectif Urgence Sociale et leur expulsion pour que la municipalité propose l’organisation d’une table-ronde des différents acteurs locaux de l’hébergement d’urgence.

Lors de la première réunion, à la mairie de Saint Nazaire, le 12 décembre dernier, en l’absence notable des services de l’Etat, les associations unanimes ont dit qu’il fallait sortir de la politique du thermomètre en cas de grand froid.

La réponse des pouvoirs publics est empreinte d’un déni de réalité.  Le 115 ne peut être un outil de mesure des besoins. Toutes les associations peuvent attester que nombre de personnes s’en détournent car elles savent que, trop souvent, elles n’obtiennent pas de correspondants ou  on leur dit qu’il n’y a pas de solutions.

Minorer les phénomènes du mal logement et du sans-abrisme conduit à des situations de cohabitations forcées, d’habitats de fortunes, de squats, de sur occupation de logements, de couchage dans des voitures, d’hébergement dans des bois, etc. qui sont humainement très lourdes de conséquences.

Il nous est renvoyé que des efforts supplémentaires sont faits avec des renforts de places d’hébergement d’urgence et des nuits hôtelières supplémentaires en cas de grand froid, etc… Et pourtant, à chaque période de grand froid, les associations d’accueil, d’accompagnement et de solidarité sont débordées et se posent, au quotidien, la question de la survie des personnes sans-abris.

Pour nos associations le constat est là, lutter contre le mal logement sur Saint Nazaire est une impérieuse nécessité.

Nous refusons que les associations soient instrumentalisées par les pouvoirs publics. Il est faux de dire qu’elles ne seraient pas en mesure de se mobiliser avec la Protection civile, qu’elles seraient en incapacité de soutenir un accueil digne, propre  et sécurisé dans un gymnase.

Les associations sont révoltées par le discours institutionnel sur la responsabilité. S’il est vrai que l’Etat est le premier responsable de l’hébergement d’urgence, l’incarnation de ce discours, ce sont des personnes qui dorment à la rue. Des personnes, par défaut d’hébergement, trouvent des solutions inadaptées et dangereuses pour leur santé et sécurité. Nous ne pouvons pas continuer dans cette spirale qui nie les droits de l’Homme les plus essentiels.

Des solutions peuvent exister. Il faut entendre les associations, ne pas les laisser sans informations ou les reléguer sur des strapontins pour faire croire à un semblant de dialogue. Il faut construire avec elles des solutions.

Que ce soit au niveau du mal logement, du sans-abrisme ou du grand-froid, les associations de terrain avec leurs équipes sont porteuses de nombreux projets qui vont de la sous-location avec garantie et accompagnement, de baux précaires à des associations pour des locaux et logements vides appartenant aux collectivités, de tiny house, d’ouverture de locaux en cas de grand froid sans attendre le feu vert  de la préfecture, ou en passant, si nécessaire, par la réquisition.

La section LDH de Saint-Nazaire Estuaire Presqu’île demande que les associations et militants des droits des personnes soient entendus ! Il est temps de s’atteler aux problématiques soulevées avec une approche pragmatique et à la hauteur des difficultés rencontrées par les personnes concernées, les associations et les professionnels.

 Un toit est un droit !

Saint Nazaire, le 26 janvier 2023

Communiqué de presse : Retraites : non à une nouvelle régression des droits sociaux

Alors qu’inégalités et précarisation s’aggravent sans cesse, la LDH (Ligue des droits de l’Homme) ne peut que s’inquiéter de voir le gouvernement s’entêter à faire passer en force une réforme des retraites que l’ensemble des organisations syndicales et l’immense majorité des Françaises et Français rejettent.

Après les réformes du Code du travail, de l’assurance chômage, dans un contexte de détérioration continue des services publics, cette réforme du système général des retraites constitue une nouvelle étape vers la remise en cause de l’Etat social, avec l’obsession de réduire à la portion congrue le système de répartition afin que les compléments soient assurés par les mécanismes privés de capitalisation pour celles et ceux qui le peuvent. N’oublions pas que d’ici quelques années, le taux de remplacement va dégringoler à environ 37 % selon le COR contre une moyenne actuelle de 52 % de l’ancien salaire.

Cette réforme, dont la nécessité économique est loin d’être avérée, aggravera les injustices sociales au détriment de celles et ceux ayant des carrières longues, pénibles et précaires, et notamment des femmes qui constituent l’immense majorité des précaires. Elle réduira également la possibilité d’arriver à la retraite et de la vivre en bonne santé. Ici, sur le bassin nazairien, la notion de pénibilité n’est pas un vain mot. Les salariés du bassin nazairien seront les victimes du rallongement de l’âge de départ à la retraite. Le gouvernement fonde sa réforme entre autre sur l’allongement de la durée de vie. Mais ce propos est à nuancer car sur le bassin nazairien, la surmortalité est de 28% de plus que la moyenne nationale chez les moins de 65 ans. Devra-t-on passer de l’emploi au cercueil ?

Inacceptable dans son contenu, cette réforme interroge également en termes de méthode, la procédure annoncée constituant un véritable déni de démocratie si le gouvernement va jusqu’au bout de ce qu’il a annoncé.

En effet, après une réforme du Code du travail par ordonnances, celle des retraites esquive tout débat public en utilisant une procédure législative accélérée (article 47-1 de la Constitution1) et en s’appuyant non sur un projet de loi ordinaire mais sur un projet de loi de financement de la sécurité sociale rectificatif.

Ce choix n’a rien d’anodin car il permet au gouvernement de s’affranchir d’un véritable débat et de passer outre les droits du Parlement. Moins connu que l’article 49-3, dont le gouvernement a fait un usage abusif à l’automne, l’article 47-1 alinéa 2 de la Constitution permet de dessaisir l’Assemblée nationale au bout de 20 jours à compter du dépôt du projet de loi. Ensuite, le Sénat doit statuer dans un délai de quinze jours. Et, à défaut d’un vote dans un délai de cinquante jours, le projet peut être mis en œuvre par ordonnance.

Conjuguer de telles méthodes avec des mesures d’injustice sociale ne peut qu’accentuer la crise de confiance actuelle, qui met en péril notre démocratie et favorise les dérives vers l’extrême-droite.

C’est pourquoi la section LDH appelle de nouveau les citoyennes et citoyens à se mobiliser et à manifester le 31 janvier à 10H, Place de l’Amérique latine à St Nazaire aux côtés des organisations syndicales.

Saint-Nazaire, le 26 Janvier 2023

1« Si l’Assemblée nationale ne s’est pas prononcée en première lecture dans le délai de vingt jours après le dépôt d’un projet, le gouvernement saisit le Sénat qui doit statuer dans un délai de quinze jours. Il est ensuite procédé dans les conditions prévues à l’article 45. Si le Parlement ne s’est pas prononcé dans un délai de cinquante jours, les dispositions du projet peuvent être mises en œuvre par ordonnance. »

Edito : Résistance ou résignation face à une réforme injuste

Les cabinets de conseil (comme Mckinsey), les conseillers auprès des principaux ministres et ceux du président de la république parient sur la résignation face à une réforme des retraites que l’ensemble des organisations syndicales et la grande majorité de nos concitoyen.ne.s refusent.

Le mouvement social doit savoir exploiter la communication brouillonne et la frilosité d’un certain nombre de partenaires non négligeables d’Emmanuel Macron. François Bayrou n’a de cesse de demander des améliorations sur le fond ; Edouard Philippe, qui pourtant en 2019 souhaitait une réforme avec une mesure d’âge, se montre bien aphone et distant ; l’aile gauche de Renaissance, Barbara Pompili et Patrick Vignal, menacent de voter contre ; des députés plus ou moins opportunistes sont attentistes. Du côté de LR, une quinzaine de députés sont frileux et ne veulent pas prendre un risque politique ; le groupe centriste LIOT et ses 20 députés manqueront à l’appel pour adopter cette réforme.

L’opinion publique se laissera-t-elle retourner par Gabriel Attal, Bruno Lemaire ou Olivier Dussopt ? En effet, le gouvernement et Emmanuel Macron ne semblent pas imposer leur récit d’une réforme juste. Il faut dire que la nécessité financière de cette réforme est loin d’être avérée. Le président du COR, Pierre-Louis Bras, déclarait le 21 janvier 2023 que « les dépenses ne dérapent pas ». Nous avons entendu que l’objectif de cette réforme était de participer au rétablissement des comptes publics puis de ne financer que le déficit des régimes de retraite. Face à un président entouré de technos qui dit tout et son contraire (rappelons-nous qu’en 2017 il était contre une mesure d’âge jugée injuste), et avec une surface politique réduite, sans réel ancrage dans la société, son projet de réforme, malgré des éléments de langage soi-disant rassurants (réforme juste, sauvegarde du régime par répartition, etc.) a entrainé une très forte mobilisation le jeudi 19 janvier.

Pourtant, la résignation et la morosité font partie des éléments pesant dans le choix du gouvernement et du président. Les chiffres alarmistes sur le ratio de cotisants et de retraités, le mur de dettes, la guerre à la porte de l’Europe, la flambée des prix, la dépendance énergétique et ses conséquences quotidiennes, une transition écologique qui sera fortement coûteuse, une éco anxiété auraient dû amoindrir la mobilisation.

Le gouvernement espère toujours une fissure dans le mouvement syndical. Entre ceux qui souhaitent à mots couverts des manifestations violentes pour aller vers un retournement de l’opinion et ceux qui aimeraient un blocage de l’économie dont les premières victimes seraient les salariés des territoires périphériques ou ruraux, il y a une nécessité à ce que les organisations syndicales soient très ajustées dans la stratégie.

La section LDH appellera à se mobiliser et à manifester au côté des organisations syndicales tout au long des journées de manifestation. Un prochain communiqué en soutien à la manifestation du 31 janvier paraitra prochainement.  

Jean-Luc BOERO, Président de la section LDH St Nazaire Estuaire Presqu’île

le 22 janvier 2023

Soutien de la section LDH aux manifestations du 19 janvier

Notre pays est à la veille d’un mouvement revendicatif puissant qui voit l’ensemble des organisations syndicales unies et déterminées pour refuser un projet de réforme des retraites qui n’a pas l ‘assentiment d’une majorité de la population.

La LDH n’est ni une organisation syndicale, ni un parti politique et ne se positionnera pas sur le bienfondé d’une réforme des retraites

 Pour autant, la LDH s’inquiète de la remise en cause, depuis plusieurs années, de pans entiers des droits sociaux sans qu’un réel débat démocratique puisse avoir lieu.

Que ce soit, hier, des ordonnances pour réformer le Code du travail au détriment des salarié.e.s ou, aujourd’hui, une réforme des retraites qui esquive un véritable débat public en utilisant une procédure législative accélérée (Article 47-1 de la constitution) par la voie d’un Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale rectificatif (PLFSS).

Il est aussi anormal que soit déjà annoncée la date d’application de la réforme, sans que les objections à ce projet ne soient sérieusement prises en compte.

De telles méthodes ne font que renforcer un sentiment d’injustice et accentuer une crise de confiance qui met en péril notre démocratie.

Cette réforme qui concerne chacun de nous doit donner lieu à un large débat national et nous ne pouvons accepter cette précipitation et cette tentative de passage en force.

La LDH tient à dire  que les retraités ne sont pas qu’un enjeu d’équilibre financier. Les retraités sont aussi producteurs de richesses et de cohésion sociale. Sans eux, le tissu associatif serait bien en difficulté et notre solidarité serait aussi en difficulté au quotidien. Cette valorisation du bénévolat ne doit pas uniquement apparaître dans nos bilans comptables associatifs mais aussi dans celui de notre richesse nationale. 

Le droit au respect des  âges de la vie basé sur une solidarité nationale qui ne vise pas uniquement à contenir les coûts de la protection sociale mais qui  doit repenser son financement en élargissant ses recettes serait un chemin bien plus juste que d’essorer encore plus les travailleurs.

Face à l’urgence sociale et à l’urgence démocratique, la Ligue des droits de l’Homme rappelle que toute évolution des droits sociaux doit amener plus de justice sociale et être conduite en respectant réellement le dialogue social.

La LDH réaffirme que face aux périls qui la menacent, la démocratie a tout à gagner à une mise en débats exigeante des voies et moyens de la justice et de l’égalité.

C’est pourquoi la LDH Saint-Nazaire, Estuaire, Presqu’île soutient l’intersyndicale et appelle à une très marge mobilisation le jeudi 19 janvier à 10h place de l’Amérique Latine.

Saint-Nazaire, le 13 janvier 2023

Une année 2022 bien triste pour les droits de l’Homme

L’année 2002 restera marquée par l’annexion de l’Ukraine par la Russie. Cette guerre européenne, longue, se traduit par des attaques contre les populations civiles, une destruction d’infrastructures, des massacres, des violences, des déportations d’enfants, des viols, et les conséquences psychologiques pour les Ukrainiens sont énormes. L’aide internationale et le soutien au peuple ukrainien commence à s’essouffler. En Pologne, premier pays européen d’accueil d’Ukrainiens, la solidarité s’effrite, les associations s’épuisent. A terme, en Europe et aux Etats-Unis, il faudra construire des propositions pour une sortie de crise. Les appels à la négociation d’un accord de paix en Ukraine se multiplient. Tout accord de paix est un compromis, les conditions doivent être recevables pour l’Ukraine comme pour la Russie. La question d’une zone démilitarisée se posera, l’ONU aura toute sa place. Il faudra aussi compter sur la Cour Internationale de Justice pour traiter des crimes de guerre et des crimes contre l’Humanité. Le peuple ukrainien a besoin de notre solidarité encore pour longtemps.

La situation en Ukraine ne doit pas nous faire oublier les conflits existants en Afrique, Erythrée, Soudan, Mali, ni les persécutions comme celles des Rohingyas en Birmanie. La médiatisation de l’épuration des Ouïghours en Chine doit aussi nous faire garder à l’esprit l’état désastreux des droits de l’Homme pour toutes les minorités ethniques ou religieuses vivant en Chine.

En Israël, le droit international est toujours bafoué et le nouveau gouvernement NETANYAHOU a pour objectif premier d’accroitre les colonies.

En Afghanistan et en Iran, la situation des droits des femmes est désastreuse. La répression iranienne est intense malgré une contestation et des manifestations du peuple iranien refusant le régime des Mollahs.

En Europe, la situation des droits des étrangers est inquiétante. Les politiques racistes et xénophobes et la suspicion à l’égard des étrangers sont de plus en plus conduites sans réserve par des pays européens de première importance comme l’Italie et prochainement la France avec le projet de loi DARMANIN.

Les droits économiques et sociaux ne sont pas en reste en ce qui concerne leurs restrictions, il n’y a qu’à voir la réforme de l’assurance chômage et la réforme voulue sans nécessité économique première mais avant tout promue par les marchés financiers, et la financiarisation développée des fonds de pension.

En France aussi, les mesures répressives concernant le monde associatif suite à la loi dite séparatisme du 24 août 2021 et l’émergence du Contrat d’Engagement Républicain remettent en cause l’existence même de l’action de bon nombre d’associations. Les violences policières ont toujours cours et ce n’est pas le traitement judiciaire adouci pour les personnels des forces de l’ordre et la solidarité sans faille des gouvernants à leur égard qui va diminuer leur nombre.

L’insécurité sociale et territoriale est intense au regard d’un traitement de la petite délinquance et du trafic de drogue totalement inefficace. Ce ne sont pas les quelques mesures concernant l’augmentation du budget de la justice toujours vers plus de répression qui changeront beaucoup de choses à la vie quotidienne de celles et ceux qui vivent dans les quartiers les plus défavorisés.

La France est un des pays d’Europe qui voit sa politique pénale régulièrement mise à l’index par les instances internationales comme la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Malgré un plan de création de places de prison, la surpopulation carcérale est toujours aussi importante.

Les violences faites aux femmes, aux enfants, n’ont pas diminué malgré le Grenelle et de nouvelles lois de protection de l’enfance inefficaces car portées par des budgets insuffisants.

Les fondements essentiels de l’Etat de droit sont régulièrement bafoués lorsque l’on voit les collusions entre le monde des affaires, certains dirigeants politiques et des dictatures sans scrupules. La dernière coupe du monde au Qatar en a été une des tristes illustrations.

Nous devons toujours nous battre pour que la laïcité ne soit pas dévoyée. L’islamophobie est bien inscrite dans le discours politique et nous constatons, ô combien avec une certaine désespérance, la banalisation et l’aggravation des phénomènes racistes, des propos à caractère antisémites ou xénophobes. Les dernières manifestations de l’ultra droite et la vague idéologique sur le grand remplacement font tous les jours beaucoup de dégâts à notre cohésion nationale.

Mais il ne faut pas croire pour autant que la solidarité n’existe pas, elle est là, sa force et sa présence au quotidien auprès des plus vulnérables, des demandeurs d’asile, des étrangers sans papiers, est une réalité palpable pour nous autres militants des droits de l’Homme.

Dans le respect des différences et des valeurs qui nous habitent, la section LDH continuera sa combativité et ne se laissera pas aller au pessimisme ambiant voire au découragement.

Pour agir plus efficacement et de manière permanente, au nom des principes fondateurs de la République et de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, il est nécessaire de nous développer. N’hésitez surtout pas à faire connaître la vie de la section autour de vous.

A tous les membres de la section, à leur famille, à leurs amis, je souhaite une bonne année 2023.

Jean-Luc BOERO, Président de la section LDH St Nazaire

le 1er  janvier 2023

Edito : Les dépenses sociales sont avant tout une affaire de droits !

Les collectivités territoriales (villes ou départements principalement) sont des pourvoyeuses de prestations sociales au titre du RSA, de l’enfance, de la pauvreté, des vulnérabilités sociales ou de politiques de solidarités facultatives.

L’Etat intervient principalement par une redistribution autour de 6 domaines : vieillesse, santé, famille, emploi, logement, pauvreté-exclusion. Des pays de l’OCDE, la France est le pays qui dépense le plus au titre de l’Etat-providence, soit un peu plus de 30% de son PIB.  Cela a aussi un impact fort sur son attractivité économique,  ce n’est pas qu’un pognon de dingue qu’il faut chercher à réduire.

Les contraintes européennes sur les comptes publics, les exigences des marchés financiers, les politiques de désendettement voulues par les traités imposent de plus en plus les états à un rationnement des dépenses publiques.  Les dépenses sociales sont souvent dans les premières à vivre des coupes budgétaires. C’est le cas pour la santé, (déremboursement, fermeture de lits, durée réduite d’hospitalisation, etc..), dernièrement pour l’assurance-chômage et prochainement pour les retraites.

La France est un des pays européens qui a le plus à craindre d’un effritement de son modèle social. Nos concitoyens n’en sont pas dupes et réagissent souvent avec un fatalisme lorsque des réformes dont le but est de diminuer les dépenses sociales pesant sur les entreprises et les comptes publics se font jour.

Cette politique est en place depuis plus de 30 ans avec cependant de nouveaux acquis sociaux comme le RSA mais a pris des formes parfois très inquiétantes comme la diminution des dépenses hospitalières qui a conduit à  des risques sanitaires majeurs lors de la pandémie de la COVID.  Le manque de personnel hospitalier, la dégradation des conditions de travail et la saturation de certains services en sont les phénomènes les plus visibles. Et cela touche aujourd’hui plein de secteurs : les EPHAD, les personnes handicapées, la Protection de l’Enfance, l’aide à domicile, etc..

Alors, lorsque l’on voit des mairies nous faire de beaux exposés sur leurs politiques de solidarité, on peut être dubitatif au regard de leurs contraintes financières et des besoins sociaux grandissants. Ce fut le cas lors du forum annuel social de la mairie de St Nazaire.  Les moyens mis au service des plus fragiles sont réels et importants. Mais derrière les chiffres, les dispositifs, se cachent aussi des politiques sociales à guichets fermés : il faut entrer dans les cases.

Saint Nazaire n’échappe pas à cette réalité. Son CCAS revoit son accompagnement des usagers en lien avec le département. Et cela reste encore bien difficile pour les usagers de trouver une réponse adaptée et durable à leurs difficultés. Le panier des aides sociales municipales ne répond qu’à des urgences et ne permet pas de sortir de situations chroniques de grande pauvreté et il ne concerne pas tous les publics.

Et en ce qui concerne l’accueil inconditionnel et global qui est inscrit dans le droit positif, on peut faire beaucoup mieux, car l’accompagnement est souvent conditionné à des notions d’ayant-droit et de répartition des champs de compétences entre Etat, Département et communes. Pour l’hébergement d’urgence, la compétence est d’Etat mais au titre de l’action sociale volontariste, les communes et les Départements peuvent agir et créer des dispositifs d’hébergement d’urgence. Il ne faut pas que les collectivités et l’Etat se renvoient la balle laissant des personnes vulnérables sur le carreau.

Les avancées comme la création en 2023 d’un dispositif d’hébergement d’urgence en modulaire, pour des SDF avec des chiens et avec des problématiques d’addictions, etc. est une réponse que les professionnels, les associations sociales attendent depuis longtemps. Dans un tel projet, il ne faut pas croire que c’est uniquement les questions de droit des personnes qui ont été les seuls déclencheurs de ce programme. Les aspects autour de la tranquillité publique, de l’attractivité touristique, de l’image de la ville ont aussi influencé les choix politiques. Saint Nazaire veut se montrer proche des préoccupations des classes moyennes ou supérieures qui s’y installent. Le dire n’est pas remettre en cause les intentions sociales de la mairie, mais c’est aussi dans ces différentes dimensions que se pense l’action sociale, d’où l’importance que des associations comme la LDH rappellent les droits des plus fragiles.

La section LDH sera présente à la table-ronde initiée par la mairie de St Nazaire sur l’hébergement d’urgence et notre propos sera de redire que les droits sont avant tout notre ADN !  Il ne faudra pas que cette table-ronde soit une fois encore le lamento sur le désengagement de l’Etat dans cette politique qui lui incombe.

Nous revendiquerons la reconnaissance pleine et entière des expérimentations sociales conduites par les associations, de l’importance de prendre en compte la parole des usagers, de l’absolue nécessité de dépasser les approches trop sectorielles ou par catégories et de travailler dans la durée à partir de la prise en compte de la globalité de la personne et de ses droits. Nous demanderons  qu’un diagnostic des besoins qui inclut les réalités rencontrées par toutes les associations et non par le seul prisme des décideurs ou financeurs soit mis en avant pour éclairer les besoins et droits à couvrir.

Nous serons donc aux côtés des associations, des bénévoles, des professionnels et des élus pour faire en sorte que les droits ne soient pas écornés par des politiques de rationalisation budgétaire qui sont forcément plus coûteuses à terme. Recoudre un tissu social éclaté, des détresses humaines aggravées par des manques revient plus cher. Et sur le plan démocratique c’est un vrai risque de voir l’extrême-droite au pouvoir.

Le 27 novembre 2022

 Jean-Luc BOERO, Président de la section

Lettre ouverte à Monsieur le sous-préfet

Saint-Nazaire, le 06 octobre 2022

Par lettre ouverte,  vous indiquez que vous ne participerez pas à une table-ronde sur l’hébergement d’urgence au motif que le Collectif d’Urgence Sociale(CUS) n’y a pas sa place et que seules les associations de terrains bénéficiant de crédits publics peuvent y siéger. Et vous y écrivez que seules les autorités publiques sont légitimes pour décider des politiques publiques.

Il serait prétentieux de vous rappeler que nombre de politiques publiques ont émergé de la société civile. Coluche n’a pas créé les restos du cœur pour se faire de la publicité mais bien parce qu’il y avait une vraie carence des politiques publiques qui s’est  traduite par la suite par des lois sur l’aide alimentaire. Lois bien souvent insuffisantes.

L’Abbé Pierre, en son temps, s’est indigné du sort réservé aux sans –logis. Avez-vous lu son appel à l’insurrection de la bonté ? Et c’est bien son action qui a conduit à des politiques publiques de construction de logements sociaux ! Que les gouvernements, depuis 2017, réduisent.

Pensez-vous sérieusement que les militants du CUS ont mené leur action avec autant de détermination, de temps et de sérieux pour uniquement occuper illégalement des maisons non-occupées  appartenant à la ville ?

Ouvrez les yeux et regardez autour de vous : les sans-abris sont nombreux. Certes, une grande partie est invisible. Pour rappel, Saint Nazaire a un taux de 16% d’habitants vivant sous le seuil monétaire de pauvreté  contre 14,6% en France (statistique de l‘INSEE).C’est grâce à l’action d’associations financées sur fonds publics mais aussi à l’énergie déployée par des centaines de bénévoles, d’argent provenant de dons, d’autofinancement que les sans-abris sont accueillis et hébergés.

L’Etat que vous représentez a fait appel en février 2022 dernier à la solidarité de tous-tes  pour héberger des Ukrainiens…Et aujourd’hui refuser de vous mettre autour de la table avec des militants de la solidarité est scandaleux !

Faire le tri dans vos interlocuteurs pourrait se comprendre si ces militants ne vous reconnaissaient aucune légitimité et s’ils avaient pour  projet de mener des actions illégales !

Les membres du CUS soutenus par 25 organisations dont la LDH n’ont pas envie de continuer à mettre juridiquement en difficulté le maire, eux-mêmes et surtout à faire vivre une insécurité à des hébergés.

La LDH a toujours soutenu un dialogue constructif et une démarche pour sortir de l’illégalité.

Votre lettre ouverte montre que vous n’êtes pas disposé  à assurer pleinement une politique publique qui soit capable de répondre au sans-abrisme, car c’est bien de cela dont il est question.

Vous  mettre autour de la table avec le CUS et d’autres associations aurait bien montré que vous reconnaissez les carences de l’Etat en matière d’hébergement d’urgence.

Alors  maquiller votre décision par un argument sur l’illégalité est pour le moins surprenant, car tous les jours l’Etat ne répond pas à l’obligation républicaine du droit au logement pour tous !

L’’Etat est souvent dans l’illégalité  sur les droits de l’homme !

Pour la section LDH de St Nazaire, Jean Luc BOERO- Président