Edito : Violence des jeunes : les solutions démagogiques

Ces dernières semaines, au regard de faits-divers crapuleux ou criminels, le gouvernement s’est une fois de plus montré à la hauteur de la vox populi, à savoir pointer du doigt la violence de la jeunesse. Répondre aux sirènes de la décivilisation vaut mieux que comprendre les causes et remédier aux drames vécus par bon nombre de jeunes.

N’oublions pas que depuis la crise de la Covid, la souffrance psychosociale des jeunes s’est considérablement accrue. Rajoutons que l’éco anxiété n’est pas un symptôme uniquement des enfants vivant dans les beaux quartiers parisiens. Vivre dans un quartier relégué ou dans une zone périurbaine mal desservie en transports en commun et services publics, se voir relégué dans un collège ou lycée professionnel reproducteur des inégalités sociales comme le dirait Bourdieu ou être pris en charge par un système en faillite, celui de la protection de l’enfance très régulièrement montré du doigt par ses graves défaillances, ne peut que conduire au concours Lépine de la plus absurde solution pour encore mieux répondre à une fracture générationnelle ou désavouer celles et ceux qui quotidiennement consacrent leur énergie à éduquer nos jeunes.

Parmi les idées les plus bêtes, il y a celle de la suppression de l’excuse de minorité, et sur le podium, la première place mise en avant par le gouvernement est celle des 40 000 places en internat scolaire pour les sauvageons. Où a-t-il trouvé ces 40 000 places soi-disant disponibles, notre très cher jeune Premier Ministre ? On peut jouer avec les mots, avec les concepts, avec les peurs, et véhiculer l’idée d’une justice laxiste vis-à-vis des mineurs, mais qu’est devenue cette politique de la famille et de l’enfance depuis 2017 ?

La Protection Judiciaire de la Jeunesse, l’Aide Sociale à l’Enfance, la médecine scolaire, la pédiatrie, la pédopsychiatrie et l’Education Nationale sont des institutions qui croulent sous des difficultés systémiques, un manque de moyens et une définition de politiques publiques de plus en plus déconnectées des réalités de terrain.

Restaurer l’autorité va donc de pair avec une volonté d’une justice de plus en plus expéditive et de moins en moins éducative. Les différentes réformes de l’ordonnance de 1945 se sont traduites par une fermeture de places dans les foyers éducatifs et par la création de coûteuses mesures d’enfermement comme les centres éducatifs fermés à plus de 600 € par jour ou les établissements pénitenciers pour mineurs. Comme il se doit, on a diminué les crédits concernant la prévention spécialisée, fermé des services éducatifs, pressurisé encore plus les juges pour enfants qui croulent sous les dossiers. En Loire Atlantique, aujourd’hui, en mai 2024, 1 500 enfants dits en danger sont en attente de mesure d’Assistance Educative en Milieu Ouvert, 300 mineurs sont en attente de placement mais M. Gabriel Attal n’a pas d’autre chose que de nous proposer un énième plan pour sanctionner encore plus.

Parmi les autres mesures que l’on nous a beaucoup surinées après les révoltes urbaines de l’été 2023, il y a celles voulant responsabiliser les parents par des sanctions pénales et financières. Doit-on rappeler à nos gouvernants que ces dispositifs existent déjà et qu’ils ont très peu souvent montré leur efficience ?

Faudra-t-il d’autres condamnations de la Cour Européenne des Droits de l’Homme concernant les défaillances de protection de l’enfance par l’Etat ou les collectivités territoriales ? Faut-il que les associations de parents d’enfants handicapés et la défenseure des droits fassent de nouvelles alertes concernant les carences criantes de prise en charge des enfants handicapés et voir l’Etat une fois de plus condamné par les tribunaux pour dire : de qui se moque-t-on ?

S’il est courant de dire que l’état d’une société se juge à la manière dont sa jeunesse et sa vieillesse sont traitées, point n’est besoin de vous dire que notre pays dégrade de plus en plus sa note et que les agences de notation mériteraient bien de dire symboliquement à l’Etat la dette qu’il doit à ses jeunes et ses vieux.

Mais il n’y a pas d’agence de notation internationale sur ces questions qui valent bien peu de choses par rapport à l’économie ou à la sphère financière.

Jean-Luc Boero, président de la section, le 13 mai 2024

Edito : Un prochain congrès sous le signe de la lutte contre l’extrême-droite

Le prochain congrès de la LDH se tiendra à Bordeaux les 18, 19 et 20 mai 2024. Patrick Baudoin, le président actuel, ne se représente pas. Il avait informé le Comité National qu’il ne ferait qu’un mandat.

Vous avez reçu les documents préparatoires au congrès dont le rapport moral. Comme il est noté, l’onde de choc liée à la montée de l’extrême-droite s’est fait ressentir par l’élection à l’Assemblée Nationale de 89 parlementaires issus du Rassemblement National.

La forte montée de l’extrême-droite est une menace pour notre démocratie. L’emprunt fait aux thèses du RN et plus globalement de l’extrême-droite par le gouvernement (cas de la loi Asile-immigration ou dernièrement dans les propos tenus par Gabriel Attal concernant un fait divers ignoble impliquant des mineurs) montre bien, s’il en était besoin, que les défenseurs des libertés et de l’Etat de droit ont fort à faire.

En effet, si la gauche n’est pas rassemblée pour les échéances présidentielles de 2027, le vent froid de la démagogie et de l’autoritarisme se renforcera. Il y a tout lieu de craindre pour nos libertés et nos droits sociaux, économiques et politiques. La crise sociale, économique et environnementale n’est aucunement traitée à la hauteur des problématiques encourues. Ce ne sont pas quelques milliards mal répartis qui régleront la crise environnementale.

L’injustice fiscale entraine une défiance de plus en plus forte dans la gouvernance politique. La perte de confiance dans les institutions judiciaires est aussi frappante même si le gouvernement et le Président de la République se targuent d’avoir renforcé les moyens de la justice. Le nombre de féminicides ne diminue pas malgré les envolées narratives et les Grenelle Ad Hoc.

Nous n’avons plus d’élan politique et de perspective fédérative. Les crises au Proche-Orient et aux portes de l’Europe viennent rendre encore plus anxiogène le climat socio politique européen et français. Aujourd’hui, l’universalité des droits de l’Homme n’a plus cours du moins dans les sphères dirigeantes voire militantes car les double standards deviennent la règle. Pour autant, la LDH ne baisse pas pavillon et continuera inlassablement son combat pour l’effectivité de tous les droits.

La section sera représentée au congrès par trois membres et à l’issue de ce congrès, nous ne manquerons pas de vous tenir informés. Je vous rappelle que vous avez encore la possibilité de voter. Les votes doivent parvenir au plus tard le 17 mai au siège national.

Jean-Luc Boero, président de la section, le 21 avril 2024

Edito : Faire de la section un phare dans le brouillard ambiant

La LDH a un socle solide mais le défi est immense. Nous sommes entrés dans une période particulièrement instable, de régression des droits et des libertés publiques, de catastrophes climatiques, de montée de la xénophobie et du populisme. Les régimes autoritaires et les dictatures ont le vent en poupe. Les guerres en Ukraine et à Gaza déstabilisent la planète. Le capitalisme mondialisé n’en finit plus de fragiliser des pans entiers de la société, les multinationales climaticides s’enrichissent en épuisant les ressources terrestres et en accroissant les inégalités territoriales ; les migrants périssent aux frontières. Ici, en France et en Europe, la menace de l’extrême-droite n’a jamais été aussi pressente. Les violences intra-familiales ont toujours cours ; l’Education Nationale peine à répondre aux immenses besoins et challenges d’un corps social déchiré ; dans le secteur des médias français se manifeste une droitisation et une brutalisation du débat public. Et dans son sillage, la révolution numérique accaparée par les GAFAM et notamment le développement de l’intelligence artificielle nous fait craindre plus que jamais le pire.

A la LDH, comme dans d’autres organisations, nous sommes convaincus qu’il n’y a pas de fatalité. Pour Naomi Klein, comme elle l’a écrit en 2022, « il est encore possible, pour nous humains, de changer le monde que nous avons bâti, car il s’agit d’une question de survie ». Et en cela saluons les multiples initiatives qui existent face au sinistre des puissants et à la montée des intolérances.

Ici, à St Nazaire comme ailleurs, les formes de la solidarité se renouvellent, de nouvelles mobilisations s’amorcent comme celle sur la qualité de l’environnement ; des solidarités existent, se consolident, et nous gagnons parfois un peu de terrain. Mais souvent, cela se fait en dehors des radars des partis politiques traditionnels.

La LDH pense avoir un rôle à jouer pour empêcher la catastrophe. Lors du prochain congrès qui aura lieu du 18 au 20 mai 2024 à Bordeaux, un projet de résolution sera débattu concernant la place de la LDH pour offrir une autre alternative en 2027. La boussole des droits humains pour toutes et tous et leur effectivité doit être au cœur de nos combats. Défaire l’extrême-droite ne doit pas se réduire à un calcul politique vide de sens en matière d’égalité des droits. La LDH, fidèle à son histoire, se propose d’être une table commune ouverte aux discussions impliquant tous les partenaires progressistes de la société civile, associations, collectifs, syndicats et forces politiques pour contribuer à construire une offre unitaire.

Mais notre section, aussi grande soit-elle dans son esprit, n’en est pas moins confrontée à la question de notre mobilisation et de nos forces militantes. Pour que l’inéluctable n’ait pas lieu en 2027, nous devons démultiplier les initiatives. Mais pour cela, il nous faut de l’énergie militante.

Ne nous résignons pas, prenons le train des droits humains, des libertés publiques et de notre combat contre toutes les formes d’obscurantisme, de xénophobie et de racisme.

Venez nombreux à la réunion du jeudi 21 mars, nous débattrons de l’avant-projet de résolution du congrès.

Jean-Luc Boero, président de la section, le 17 mars 2024

Edito : Crise du logement : un traitement de cheval, celui du libre marché

Nous sommes tous largement informés et touchés par la grave crise du logement. Nous ne construisons pas assez de logements, nous n’avons pas assez de logements sociaux, pas assez de places de logements intermédiaires. Le prix du logement n’a cessé de progresser, les APL ont été diminuées, l’hébergement d’urgence est saturé. 330 000 personnes dorment à la rue (voir le 28ème rapport sur l’état du mal logement en France en 2023. )

Les marchands de sommeil s’engraissent copieusement et nous avons eu en 2023 une loi votée qui criminalise l’occupation de surfaces vacantes, y compris des bureaux vides. Guillaume Kasbarian avait envisagé dans la première mouture de sa loi une peine de 6 mois de prison pour les locataires en situation d’impayé.

Le monde du logement social, lorsqu’il a eu connaissance de sa nomination en qualité de Ministre du logement, a évoqué une provocation. François Ruffin, sous le choc, a pu dire : « c’est comme si vous mettiez Depardieu à l’égalité homme-femme ».

Toutes les organisations de mal-logés ou de locataires sont vent debout car Guillaume Kasbarian est le symbole même de ce virage thatchérien de la politique du logement, de la suppression des normes et du libre marché. Bref, le créneau ultra libéral, une fois de plus, va être à l’œuvre. La dérégulation massive du secteur du logement va se faire au détriment des plus précaires.

Ce jeune ministre, membre du fan club de Macron, a connu une ascension éclair. Il fréquente le printemps républicain et s’oppose à la paperasse administrative et aux procédures à rallonges. Son créneau est la dérégulation. Un des membres du groupe LR à l’Assemblée Nationale a pu dire à un journaliste : « il a un point commun avec Macron, c’est son indifférence totale aux problèmes des gens : il considère sincèrement que ce n’est pas son job ».

Si le créneau libéral déroule encore plus son projet anti social, la course à l’échalote derrière l’extrême droite ou la droite dure se poursuit ; Gérald Darmanin vient d’annoncer à Mayotte un projet de fin du droit du sol. Tout va bien dans l’aveuglement politique du gouvernement.

Robert Badinter, père de la loi sur l’abolition de la peine de mort, fervent défenseur de l’Etat de droit et des libertés, exemple même d’un homme d’Etat au service de l’intérêt général et des droits humains s’en est allé. Une journée nationale aura lieu en sa mémoire mais dans le même temps, on glorifie l’argent roi et on s’assoit sur l’Etat de droit.

Face à un tel cynisme, Il ne faut pas s’étonner que les populistes aient le vent en poupe et qu’il y ait une désaffection électorale. Pourtant, le droit de vote est un acte essentiel de notre citoyenneté et de notre démocratie. Ce sera l’objet du débat de notre prochaine réunion de section. Venez nombreux !

Jean-Luc Boero, président de la section, le 12 février  2024

Edito : Mécontentement social sur fond de crise systémique

Les agriculteurs ont des revendications plurielles mais un constat est similaire : le mépris de classe et l’accaparement des richesses par quelques-uns. Il est aussi constaté que les normes européennes s’appliquent parfois avec des nuances qui frisent l’entorse à la concurrence libre et non- faussée.

S’il faut que la conversion écologique soit toujours en avant-première, il ne faut pas pour autant que le revenu net des agriculteurs soit la variable d’ajustement de politiques agricoles injustes et souvent prédatrices de nos ressources naturelles.

Il est noté que le traitement des manifestations de mécontentement n’est pas le même une fois de plus concernant les agriculteurs et les manifestants des Soulèvements de la Terre par exemple. On ne va pas blâmer les agriculteurs de bloquer la vie économique ou de laisser passer au compte-goutte les usagers des routes mais l’on peut noter l’hypocrisie de partis politiques qui n’ont pas la même sympathie lorsqu’il s’agit de militants écologistes.

D’ailleurs dans ce deux poids deux mesures dans la répression des mouvements sociaux, je vous invite fortement à venir à la réunion publique en présence de Jean-Michel Ducomte, membre du bureau national de la LDH  et spécialistes des libertés associatives. Il vient à l’invitation du Comité de Défense des Libertés Associatives et Publiques dont fait partie la section (CDLAP),   le mardi 20 février à 18h, salle 7 à Agora (Maison des associations de St Nazaire).

S’il est incontestable que nous nous réjouissons de la décision sans surprise du conseil constitutionnel, il ne faut pas se faire d’illusions, les expulsions seront menées tambour battant avec cette fois-ci la pression du chiffre à effectuer pour démontrer toute la philosophie du texte défendu par Gerald Darmanin «  méchant avec les délinquants et gentils avec les gentils ». Rappelons qu’une personne ayant une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) et qui reste en France est dans la catégorie des délinquants. La précarisation renforcée des étrangers sans papiers sera celle que nous rencontrerons dans nos permanences juridiques et le lot des souffrances psychiques et des détresses humaines va s’accentuer. Déjà, les Préfets, réunis le 26 janvier par Darmanin vont recevoir les consignes pour répondre aux ordres de leur ministre de l’intérieur.

Et puis, on entend les partis de droite et d’extrême-droite parler de Coup d’Etat des juges, de référendum, etc…Bref, ils préparent déjà le coup d’après. On n’a pas encore fini d’entendre parler des migrations et nous reparlerons encore et encore de leurs exploitations politiciennes.

Alors venez aux réunions de section, participez aux manifestations et battons-nous pour que nous soyons encore dignes de nos valeurs humanistes !

Jean-Luc BOERO, Président de la section

le 26 janvier 2024

Edito : Une année 2024 qui ne chômera pas pour les combats pour les libertés et les droits

Le début 2024 va  beaucoup nous occuper sur les droits des étrangers et je vous rappelle de venir nombreuses et nombreux aux manifestations que nous allons organiser. La prochaine est le dimanche 21 janvier à partir de 11h au départ du marché de St Nazaire.

Nous allons aussi continuer à travailler sur les libertés publiques avec le Collectif de Défense des Libertés Associatives et Publiques(CDLAP). Nous ferons revenir  Jean Philippe Ducomte du Bureau National car les libertés publiques ont des murs juridiques qui les attaquent et dont le vent autoritaire est poussé par les sirènes de l’extrême-droite.

D’ailleurs, le nouveau gouvernement risque assez vite de s’user dans les marchandages politiciens et on sait où portent les vents dominants. On pourra vite voir que l’orthodoxie budgétaire prônée par l’excellent écrivain (sic), par ailleurs ministre de l’économie, Bruno Lemaire,  ne va pas aller vers une amélioration de nos services publics. Mais on peut faire comme la nouvelle ministre de l’éducation, préférer une école privée … C’est ça la République de la  French Start nation !  Toujours plus à ceux qui concentrent les richesses et toujours plus de rigueur pour les classes populaires.

Avec un tel programme, il ne faudra pas s’étonner qu’aux élections européennes l’extrême-droite fasse le plein ! Et  ce n’est pas en nommant un jeune premier ministre  « pour faire d’jeune » comme Bardela que l’on fera croire qu’on lutte contre le creusement des fractures sociales, économiques et territoriales, qui est du pain bénit pour l’extrême-droite.

Alors, pour que la LDH ait tout son sens, il va nous falloir remonter les manches et lutter. Et comme dit Marie- Christine Vergiat, Vice- Présidente de la LDH, « il n’y a que les luttes que l’on ne mène pas que l’on perd ! »

Pour le moment, les vents froids n’ont pas le pouvoir, et pour  contrebalancer le pessimisme ambiant, rien de tel qu’une logique de rassemblement large et une offre sociale ! Alors comme il faut d’abord compter sur nos forces internes pour dire stop aux guerres d’ego et aux petits calculs politiques d’une gauche éclatée, il est clair que nous avons besoin de réinvestir les terrains de lutte et du quotidien.

La question des idéologies régressives et xénophobes ne pourra se traiter sans que nous fassions preuve aussi de présence dans les quartiers populaires et auprès de la jeunesse. Ce sera le thème de notre réunion de section de jeudi 18 janvier.

Venez-y très nombreuses et nombreux pour que l’on construise rapidement les outils de notre participation à l’éducation à la citoyenneté, aux droits de l’homme, aux combats contre les discriminations et pour la laïcité dans nos écoles et  dans nos maisons de quartier.

Les professionnels de l’Education Nationale et de l’éducation populaire ont besoin de nous.

Jean-Luc Boero, président de la section, le 15 janvier 2024

Edito : Une fin d’année bien terne

Depuis plus de deux mois désormais, un carnage est en marche à Gaza. Les morts s’ajoutent aux morts, les blessés s’entassent sans soin en raison des bombardements et d’un dénuement médical gravissime.

Des centaines de milliers de Palestiniens sont poussés comme du bétail par la force brute israélienne. Les cris d’alarme des responsables des agences des Nations unis, en dépit des bombardements et du mépris israélien, font tout pour éviter que le chaos soit la seule issue. Leurs cris d’alarme n’ont pour le moment aucun effet. Le 08 décembre, en opposant leur véto à un projet de résolution de conseil de sécurité de l’ONU en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat, les Etats-Unis marquent par là-même leur inhumanité.

Qu’Israël se perde dans cette guerre n’est que le reflet de sa dérive. Avant le 07 octobre, l’Etat Hébreu se déchirait sous les assauts d’un courant ultranationaliste et messianique et d’une volonté personnelle de Netanyahou de saper le droit pour se protéger.

Les Etats-Unis sont pressés de toute part et même en interne pour que cesse cette punition collective. Peut-on laisser ce carnage insupportable durer encore longtemps ? Les manifestations pacifistes ou pro palestiniennes permettent d’espérer et de forcer la diplomatie internationale vers une issue qui ne condamne pas les Palestiniens vers une deuxième Nakba.

La LDH appelle depuis le début des hostilités à un règlement pacifique du conflit au regard du droit humanitaire international et du respect des résolutions de l’ONU. Les projecteurs médiatiques commencent à se détourner de cette guerre tout comme ce fut le cas pour l’Ukraine. Pendant ce temps-là, Poutine annonce qu’il va se représenter pour la 5ème fois à l’élection présidentielle et Volodymyr Zelensky  est présent à l’investiture de Javier Milei en Argentine qui vient d’annoncer une vraie cure d’austérité et une dévaluation de plus de 50 % du peso.

En France, le RN, les LR, la NUPES, sur proposition d’une motion de rejet présentée par les Verts, s’allient et entrainent de ce fait le gouvernement vers une stratégie de plus en plus dure concernant l’immigration. Nous aurions bien souhaité, comme l’a déclaré par voie de communiqué la LDH, appeler au retrait du projet de loi asile et immigration. Comme l’a dit Delphine Batho, la commission mixte paritaire va probablement largement resserrer les boulons. La suppression de l’Aide Médicale d’Etat, la régularisation des sans-papiers travaillant dans des secteurs en tension, le durcissement du regroupement familial et la restriction des droits fondamentaux des étrangers seront des éléments de débats dans cette CMP.

Cette fin d’année est bien sombre pour les défenseurs des droits de l’Homme mais les combats ne sont pas perdus d’avance.

Pour vous informer, n’hésitez pas à vous abonner à la revue Droits et Libertés et écouter les podcasts de la LDH.

Les membres du bureau vous souhaitent de bonnes fêtes de fin d’année.

Jean-Luc BOERO, président de la section

Le 13 décembre 2023

Edito : Pour une paix juste et durable remettant en selle le droit international

Nous sommes pétris d’émotions et probablement traversés de sentiments divers face à la barbarie qui sévit depuis le 07 octobre 2023 en Israël, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.

Le risque d’une déflagration régionale voire mondiale vient vite à l’esprit et peut paralyser la pensée et surtout l’action pour la paix à conduire. Les crimes commis par le Hamas et l’armée israélienne donneront probablement lieu à instruction par la Cour Pénale Internationale.

Cependant, ces massacres s’inscrivent dans un temps long que l’on peut dater. En 1948, après la création de l’Etat israélien, la Nakba s’est traduite par le déplacement de près de 800 000 Palestiniens qui vivent toujours dans des camps. Nous ne pouvons ignorer ni  la réalité actuelle ni la complexité de la situation.

Il n’y a pas de symétrie entre le droit des Israéliens à vivre en paix et des Palestiniens qui vivent dans un tombeau à ciel ouvert, celui de Gaza depuis trop de temps.

Aucunement les massacres commis les 7 et 8 octobre, ces crimes barbares, ces actes de terrorisme, ne peuvent conduire à une  vengeance.  La légitime défense n’est pas la vengeance. Il  n’y a jamais eu une responsabilité collective d’un peuple ! Nous ne pouvons accepter que des crimes de guerre appellent aux crimes de guerre.

La société israélienne est multiple et nous ne pouvons la réduire au  discours messianique, tenu par Netanyahou, du bien contre le mal qui conduit à  la riposte indiscriminée israélienne, à la punition collective. Disons aussi fortement que le peuple palestinien n’est pas le Hamas ! La cause palestinienne n’est pas la cause du Hamas, qui est une organisation politique islamique.

Les armes ne remplaceront jamais la perspective politique. L’Europe est amnésique et la France, longtemps voix non-alignée, s’est dissoute dans un silence face aux droits des Palestiniens. L’effacement de la question palestinienne face à des accords économiques, stratégiques signe le ratage de la communauté internationale. La reconnaissance d’un Etat palestinien doit revenir au centre de notre diplomatie. C’est pour cela que nous revendiquons l’application de la résolution n° 242 du 22 novembre 1967.

Nous sommes aussi effrayés par le niveau des arguments politiques de certains ministres. Je  dis : Il faut avoir une morale, un sens de la dignité, une vision historique et une égale compassion pour tous les morts civils. Tenter de tirer un avantage politique pour plaire à tel ou tel segment de la société est effrayant. Entendre des femmes et des hommes politiques dire qu’il faut supprimer les aides européennes aux palestiniens ou parler d’apologie d’acte de terrorisme pour criminaliser ceux qui soutiennent la juste cause palestinienne même si l’expression publique de certains peut être critiquée sont les formes de cette culture clientéliste politique ou d’alignement que nous refusons. Nous condamnons aussi fermement tous les actes antisémites et islamophobes. Tous les démocrates doivent agir avec une hauteur de vue, éviter cette approche communautaire et cette exportation d’une situation explosive.

Voir en France le gouvernement  conduire une politique interne de deux poids deux mesures en allumant la tour Eiffel au couleur d’Israël et en interdisant toute manifestation pro palestinienne n’est pas digne de notre histoire et de l’équilibre entre des légitimités différentes que nous devons avoir. Il ne peut y avoir de justice sans une position équilibrée et juste. Il ne faut pas attiser des divisions qui minent notre démocratie puis venir discourir sur l’exportation du conflit !

Pour garder une espérance, pour agir, il nous faut mobiliser afin d’exiger de tout mettre en œuvre pour faire appliquer le droit humanitaire international.

Ce que ce droit exige, c’est :

– une libération immédiate sans condition de tous les otages civils détenus par le Hamas,

– un cessez le feu immédiat avec la fin des bombardements et du déplacement forcé des populations,

– la protection de toutes les personnes civiles quelle que soit leur nationalité,

– La mise en place immédiate d’un corridor humanitaire permettant d’acheminer de façon durable les produits de premières nécessités et les matériels médicaux,

– la levée complète du blocus de la bande de Gaza.

Un meeting initié par la LDH tenu le 26 octobre a réuni 600 personnes salle Olympe de Gouge à Paris XIème car il nous semble important d’élargir la mobilisation pour obtenir un cessez-le-feu immédiat.

La section a convié à une réunion le 02 novembre une cinquantaine d’associations, syndicats et partis politiques à une réunion en vue d’élargir la mobilisation pour faire pression sur notre gouvernement afin que le droit international s’applique.  

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH St Nazaire Estuaire Presqu’île

Le 1er novembre 2023

Edito : Face à l’emballement de la barbarie : résistons !

A l’égard du terrorisme, quel que soit son mode opératoire, c’est souvent un déchainement de réactions disproportionnées qui se caractérise dans nos démocraties libérales. Faut-il en venir à mettre au second plan les causes profondes du conflit israélo-palestinien et n’y voir dans la situation actuelle que l’expression de la barbarie d’un groupe islamiste ?

Comme vous le savez, ce n’est pas la position de la LDH. Appeler à une guerre totale ne peut aboutir qu’à une escalade de la violence en Israël, en Palestine, dans toute la région et aussi à une exportation du conflit comme cela s’est peut-être produit ce vendredi dans un collège-lycée d’Arras.

Nous devons résister face à la barbarie, nous devons faire respecter le droit international et incessamment rappeler que le gouvernement d’extrême-droite de Netanyahou, de par sa politique d’annexion de la Cisjordanie par une colonisation effrénée, bafoue le droit international.

Les démocraties dont la France se rendent complices par leur inaction et leur incapacité à faire respecter les résolutions de l’ONU.

Dans les heures, les jours et les semaines à venir, la situation peut conduire à un emballement d’actes terroristes. Evitons absolument l’amalgame musulmans = islamistes. Des millions de musulmans républicains et laïcs vivent en France.

Nous avons une égale pensée pour tous les juifs dont nos ressortissants français massacrés par des fanatiques endoctrinés et biberonnés à la haine. Nous devons tout faire pour que justice leur soit rendue, pour que ces crimes de guerre soient instruits par les instances judiciaires internationales.

Sur St-Nazaire, les réactions de certaines associations amies proches de nos combats nous a conduit à prendre une certaine distance. Nous n’avons pas appelé à rejoindre une manifestation pro-palestinienne au regard de l’absence d’une condamnation sur cette abomination commise par des terroristes du Hamas.

Pour autant, nous défendons et continuerons à défendre le droit de manifester et d’expression pacifique. Le Comité Solidarité Palestine de la Région Nazairienne, tout comme sur l’ensemble du territoire national, s’est vu interdire sa manifestation du vendredi 13 octobre 2023. Nous le dénonçons sans ambiguïté.

Pour mieux comprendre tous ces enjeux, il est important qu’il y ait un débat au sein de la section. Je vous engage très fortement à venir à la prochaine réunion du jeudi 19 octobre.

Sur les questions de liberté publique, de liberté associative et du droit de manifester, Arié Alimi, avocat, membre du Bureau National, sera présent ce mardi 17 octobre à 20h salle 7 à Agora. Venez nombreux.

Jean-Luc BOERO, président de la section

le 14  octobre 2023

Edito : N’oublions pas la vie quotidienne de nos concitoyens dans les combats à venir

Le fil de l’actualité est bien souvent anxiogène : crise de l’énergie, inflation, violences urbaines, méga incendies, dérèglement climatique, crise de l’hôpital, crise politique et démocratique. Et pourtant, c’est l’essence même de la LDH que de donner des gages d’espoir, de fabriquer du commun, de contenir les thèses populistes et la haine ambiante qui se diffusent au sein de l’hémicycle parlementaire et dans les médias.

C’est aussi par notre capacité à rassembler au-delà nos partenaires habituels que nous contiendrons la régression démocratique actuelle.

Mais n’oublions pas les questions de vie quotidienne de nos concitoyens. Un collectif transpartisan de chercheurs vient de publier un rapport de 160 pages sur l’état des services publics. Ces derniers sont un rempart contre la fragmentation sociale, les inégalités économiques, le libéralisme dérégulé et les inégalités territoriales.

La marchandisation des services publics a conduit, comme nous le savons, à un effondrement de notre hôpital public. Le new public management a aggravé la dégradation des services publics et entretenu l’obésité des bureaucraties des directions générales et des directions ministérielles.

Les réalités de terrain sont niées au profit des tableurs Excel. Les conditions de travail dans les différents services publics se sont largement dégradées. Pourtant, les dépenses publiques sont de 58 % du PIB en 2022 contre moins de 50 % au début des années 80. Le nombre des agents publics est passé de 4,8 millions à 5,4 millions en 20 ans. Les besoins de nos concitoyens ne sont plus les mêmes que dans les années 60. Par exemple, dans le domaine éducatif, les enfants en situation de handicap y sont inclus depuis 2005. L’éducation nationale n’arrive pas à faire face à l’accompagnement de ces enfants handicapés et à la professionnalisation nécessaire de leurs accompagnants. Malgré des textes et circulaires, des inégalités profondes au sein des établissements de l’éducation nationale persistent du fait d’une non-mixité sociale.

Si la lutte contre les trafics de drogue ou l’immigration irrégulière bénéficie de moyens en hausse, les tribunaux sont bien à la peine concernant les litiges familiaux et malgré des nouveaux textes législatifs de lutte contre les violences familiales, le nombre de féminicides ne diminue pas.

Il faut noter que les gouvernants successifs et encore plus depuis 2017 utilisent de plus en plus les forces de police pour le maintien de l’ordre au détriment de la police du quotidien ou de la police judiciaire.

Notons aussi qu’un service public aussi essentiel que la protection de l’enfance est en crise depuis de nombreuses années. L’augmentation des suivis est certes liée à un meilleur repérage des situations mais le manque de moyen et un pilotage complexe conduisent à une embolisation des dispositifs.

La bureaucratie a sclérosé l’innovation, la réactivité et l’adaptabilité. Le langage technocratique, la profusion des textes réglementaires, la segmentation des publics visés, la production prolifique de protocoles et de règles administratives retardent le traitement des problématiques des usagers.

Dans les hôpitaux, une des réformes essentielles n’est toujours pas mise en œuvre, celle de l’inversion du pouvoir décisionnel entre le corps médical et les gestionnaires.

Nos concitoyens, dans certaines régions, sont en peine pour trouver des services publics et doivent se débrouiller seuls face aux questions de vieillissement ou de déserts médicaux. Tout cela se traduit par une augmentation du vote extrémiste et principalement du vote RN.

Pour préserver les droits fondamentaux tels que le logement pour tous, l’égalité dans l’enseignement, la lutte contre les discriminations, la LDH doit renforcer sa présence auprès des usagers esseulés et des agents des services publics.

La LDH doit pouvoir être une force de rassemblement pour mener des actions locales sur la question de la dégradation des services publics et de la réponse aux droits fondamentaux.

Sur St Nazaire, nous sommes particulièrement sensibles aux questions portant sur le logement, l’hébergement d’urgence, la justice du quotidien et la lutte contre les discriminations. Dernièrement, nous avons fait connaître notre préoccupation face au manque de moyens du tribunal judiciaire de St Nazaire.

Nous n’hésiterons pas à alerter et soutenir les initiatives face aux dégradations des services publics qui conduisent à créer des inégalités gravissimes propices à un vote populiste aux prochaines élections présidentielles.

Lutter contre l’extrême droite, c’est certes lutter contre l’idéologie raciste et xénophobe, mais c’est aussi mener un combat pour améliorer le quotidien de nos concitoyens et principalement de ceux qui ont encore plus besoin que les autres de services publics de qualité.

Jean-Luc Boero, président de la section,

Le 16 septembre 2023