Edito : Les théocraties ne font pas bon ménage avec les droits de l’Homme

En Iran, le 16 septembre dernier, la mort de Masha Amini, décédée après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour infraction au code vestimentaire à savoir un voile mal porté, a conduit à une révolte qui se poursuit au cri de « Zan, Indegui, Azadi » c’est-à-dire « Femmes, Vie, Liberté ».

L’accroissement de la pauvreté, les privations continues des libertés collectives et individuelles, un peuple iranien qui pâtit du blocus imposé par l’Occident et une oppression patriarcale du régime amènent une grande partie de la population, particulièrement chez les jeunes, à mettre leur vie en danger face à la répression terrible menée par le régime de l’ayatollah Ali Khamenei. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées. Les cours révolutionnaires ont condamné à mort une cinquantaine de personnes dans des jugements lapidaires, sans avocat et souvent avec des aveux obtenus sous la torture.

Déjà, 4 manifestants ont été exécutés.

En Afghanistan, l’un des pays les plus théocratiques au monde, les droits des femmes depuis le retour des Talibans sont aussi gravement bafoués. Le pouvoir politique aux mains de chefs religieux applique la charia islamique. Tous les jours, les femmes sont les premières victimes des lois islamiques. L’interdiction d’étudier et de travailler, le port de la burqa, l’obligation d’être accompagnée d’un homme dans la rue les privent de libertés essentielles.

Depuis la prise du pouvoir par les Talibans en août 2021, les 41 millions d’Afghans subissent une catastrophe humanitaire. Les défenseurs des droits de l’Homme, les journalistes, les magistrats, des artistes, des avocats craignent pour leur vie et celle de leurs proches. Ne les oublions pas dans le tumulte informationnel et les priorités médiatiques.

Sur St-Nazaire, la LDH comme d’autres associations soutient le peuple iranien en lutte et le droit d’asile pour les Afghans-es.  

Notre section a interpellé en 2021 et 2022 les autorités publiques sur la situation de ressortissants afghans. Nous avons relayé la campagne du MRAP sur la mosaïque de photos « Femmes, Vie, Liberté ». Nous serons toujours aux côtés de celles et ceux qui dans leurs droits et libertés vivent cruellement l’oppression de régimes fondamentalistes théocratiques et du patriarcat qui en découle.

Les réactions de la communauté internationale face à la terrible répression qui s’abat sur le peuple iranien sont malheureusement bien trop timides. Le peuple iranien a besoin de marques de solidarité et nous devons renforcer nos pressions à l’égard de notre diplomatie.

Ne soyons pas dupes sur les opérations cosmétiques menées par Emmanuel Macron et son gouvernement. Ce ne sont pas des gesticulations humanitaires et morales qui feront plier   l’ayatollah Ali Khamenei.

Nous invitons le gouvernement à renforcer ses initiatives diplomatiques et à œuvrer sur le plan international pour que les autorités de la République islamique d’Iran honorent les conventions internationales dont le pays est signataire, à l’image du Pacte international relatif aux droits civils et politiques du 23 mars 1976.

Les propositions d’actions de solidarité du peuple iranien en lutte sont aussi une piste à ne pas négliger. La demande de démocratie doit être notre boussole d’actions.

Nous devons, à travers nos contacts avec nos élus et dans une action inter associative, poursuivre notre soutien.

Jean-Luc Boero, Président de la section, le 15 janvier 2023

Une année 2022 bien triste pour les droits de l’Homme

L’année 2002 restera marquée par l’annexion de l’Ukraine par la Russie. Cette guerre européenne, longue, se traduit par des attaques contre les populations civiles, une destruction d’infrastructures, des massacres, des violences, des déportations d’enfants, des viols, et les conséquences psychologiques pour les Ukrainiens sont énormes. L’aide internationale et le soutien au peuple ukrainien commence à s’essouffler. En Pologne, premier pays européen d’accueil d’Ukrainiens, la solidarité s’effrite, les associations s’épuisent. A terme, en Europe et aux Etats-Unis, il faudra construire des propositions pour une sortie de crise. Les appels à la négociation d’un accord de paix en Ukraine se multiplient. Tout accord de paix est un compromis, les conditions doivent être recevables pour l’Ukraine comme pour la Russie. La question d’une zone démilitarisée se posera, l’ONU aura toute sa place. Il faudra aussi compter sur la Cour Internationale de Justice pour traiter des crimes de guerre et des crimes contre l’Humanité. Le peuple ukrainien a besoin de notre solidarité encore pour longtemps.

La situation en Ukraine ne doit pas nous faire oublier les conflits existants en Afrique, Erythrée, Soudan, Mali, ni les persécutions comme celles des Rohingyas en Birmanie. La médiatisation de l’épuration des Ouïghours en Chine doit aussi nous faire garder à l’esprit l’état désastreux des droits de l’Homme pour toutes les minorités ethniques ou religieuses vivant en Chine.

En Israël, le droit international est toujours bafoué et le nouveau gouvernement NETANYAHOU a pour objectif premier d’accroitre les colonies.

En Afghanistan et en Iran, la situation des droits des femmes est désastreuse. La répression iranienne est intense malgré une contestation et des manifestations du peuple iranien refusant le régime des Mollahs.

En Europe, la situation des droits des étrangers est inquiétante. Les politiques racistes et xénophobes et la suspicion à l’égard des étrangers sont de plus en plus conduites sans réserve par des pays européens de première importance comme l’Italie et prochainement la France avec le projet de loi DARMANIN.

Les droits économiques et sociaux ne sont pas en reste en ce qui concerne leurs restrictions, il n’y a qu’à voir la réforme de l’assurance chômage et la réforme voulue sans nécessité économique première mais avant tout promue par les marchés financiers, et la financiarisation développée des fonds de pension.

En France aussi, les mesures répressives concernant le monde associatif suite à la loi dite séparatisme du 24 août 2021 et l’émergence du Contrat d’Engagement Républicain remettent en cause l’existence même de l’action de bon nombre d’associations. Les violences policières ont toujours cours et ce n’est pas le traitement judiciaire adouci pour les personnels des forces de l’ordre et la solidarité sans faille des gouvernants à leur égard qui va diminuer leur nombre.

L’insécurité sociale et territoriale est intense au regard d’un traitement de la petite délinquance et du trafic de drogue totalement inefficace. Ce ne sont pas les quelques mesures concernant l’augmentation du budget de la justice toujours vers plus de répression qui changeront beaucoup de choses à la vie quotidienne de celles et ceux qui vivent dans les quartiers les plus défavorisés.

La France est un des pays d’Europe qui voit sa politique pénale régulièrement mise à l’index par les instances internationales comme la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Malgré un plan de création de places de prison, la surpopulation carcérale est toujours aussi importante.

Les violences faites aux femmes, aux enfants, n’ont pas diminué malgré le Grenelle et de nouvelles lois de protection de l’enfance inefficaces car portées par des budgets insuffisants.

Les fondements essentiels de l’Etat de droit sont régulièrement bafoués lorsque l’on voit les collusions entre le monde des affaires, certains dirigeants politiques et des dictatures sans scrupules. La dernière coupe du monde au Qatar en a été une des tristes illustrations.

Nous devons toujours nous battre pour que la laïcité ne soit pas dévoyée. L’islamophobie est bien inscrite dans le discours politique et nous constatons, ô combien avec une certaine désespérance, la banalisation et l’aggravation des phénomènes racistes, des propos à caractère antisémites ou xénophobes. Les dernières manifestations de l’ultra droite et la vague idéologique sur le grand remplacement font tous les jours beaucoup de dégâts à notre cohésion nationale.

Mais il ne faut pas croire pour autant que la solidarité n’existe pas, elle est là, sa force et sa présence au quotidien auprès des plus vulnérables, des demandeurs d’asile, des étrangers sans papiers, est une réalité palpable pour nous autres militants des droits de l’Homme.

Dans le respect des différences et des valeurs qui nous habitent, la section LDH continuera sa combativité et ne se laissera pas aller au pessimisme ambiant voire au découragement.

Pour agir plus efficacement et de manière permanente, au nom des principes fondateurs de la République et de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, il est nécessaire de nous développer. N’hésitez surtout pas à faire connaître la vie de la section autour de vous.

A tous les membres de la section, à leur famille, à leurs amis, je souhaite une bonne année 2023.

Jean-Luc BOERO, Président de la section LDH St Nazaire

le 1er  janvier 2023

Edito : Un projet de loi DARMANIN qui vise à rendre encore plus précaire la situation des étrangers les plus vulnérables

En cette fin d’année commence à être discuté le 23ème projet de loi concernant les étrangers depuis 1980.

Dans une course en avant effrénée pour contrer l’extrême droite, le gouvernement pense qu’en durcissant la politique d’immigration, il évitera une prochaine déconfiture électorale. Rien n’est moins sûr car face à une situation de plus en plus xénophobe, nous constatons au quotidien que la situation des personnes étrangères, selon le pays d’où elles viennent, n’est pas traitée de la même manière.

Les chiffres sont manipulés. Ainsi, 7 millions de personnes immigrées soit 10,3 % de la population vivent en France. Mais il faut savoir que 36 % d’entre elles soit 2,5 millions de personnes ont acquis la nationalité française. Ainsi, on ne compte que 5 millions de personnes de nationalité étrangère.

Il est utile de rappeler que l’immense majorité des personnes étrangères vivant sur notre sol sont en situation régulière. Il arrive en moyenne plus de 250 000 personnes étrangères tous les ans en France et un nombre non négligeable de celles-ci retournera un jour ou l’autre soit dans son pays, soit vivra dans un autre pays (les étudiants, les retraités étrangers, etc.).

La période des années SARKOZY a modifié sensiblement le traitement des étrangers hors union européenne. Ce fut l’époque de la création d’un Ministère de l’immigration, de l’intégration et de l’identité nationale. Les compétences autrefois déléguées au Ministère des affaires sociales furent intégrées au Ministère des affaires étrangères. C’est une vision de plus en plus régressive et répressive des politiques migratoires.

La dernière loi date de 2018 et elle n’a même pas donné lieu à un bilan d’application. Le débat sur les OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) a pris une tournure nauséabonde suite à la mort crapuleuse de la jeune Lola. M. DARMANIN s’est fendu d’une circulaire en date du 17 novembre pour renforcer l’exécution des OQTF, son propos étant, comme il a pu le dire en conférence de presse, d’être « méchant avec les méchants ». Il veut rendre la vie impossible à celles et ceux qui ont reçu une OQTF.

La LDH et d’autres associations ont rappelé à notre Ministre d’Etat que la question de l’hébergement d’urgence ne peut aucunement déroger à l’inconditionnalité de l’accueil telle que prévue dans les textes réglementaires. Vouloir une fois de plus recourir à l’expulsion des étrangers en situation irrégulière est une vue de l’esprit totalement irréalisable car faut-il le préciser, l’expulsion nécessite des accords avec des pays tiers, des moyens financiers et humains très importants si l’on veut expulser chaque année 100 000 personnes contre 10% des OQTF exécutées en moyenne actuellement. Et faut-il rappeler que des recours sont possibles contre des OQTF.

Monsieur DARMANIN, comme sous le président SARKOZY, veut réhabiliter la notion d’immigration choisie et Monsieur DUSSOPT, Ministre du travail, parle de régulariser les personnes qui occupent des métiers en tension, mais cette régularisation se fera via les cartes de séjour temporaires d’un an et correspondra à des professions choisies en fonction des besoins de l’économie.

Le droit d’asile, dans le projet DARMANIN, risque aussi d’être mis à mal par l’usage systématique de la visioconférence, par des procédures écourtées, par la mise en place d’un juge unique et par la territorialisation de la Cour Nationale du Droit d’Asile.

La LDH revendique une politique migratoire basée sur le respect des droits et libertés fondamentales et notamment la libre circulation et l’égalité des droits. Nous revendiquons de faire de l’asile un droit effectif avec le principe de non refoulement, le libre choix du pays d’asile, une procédure assurant les garanties effectives et un traitement adapté. Nous demandons que la notion de pays sûr soit abandonnée ainsi que le recours aux procédures dites accélérées. Elles constituent en elles-mêmes une rupture d’égalité des droits.

Nous demandons depuis très longtemps une revalorisation de l’Aide aux Demandeurs d’Asile et un accès à l’emploi facilité. Nous avons dit depuis de très nombreuses années que la LDH réaffirme sa position en faveur de la régularisation de toutes les personnes étrangères vivant sous notre territoire. Il nous semble important de changer de paradigme concernant la fermeture des frontières et ce en raison de la richesse qu’ont apporté et qu’apportent les migrations, de l’enjeu que représente aujourd’hui le droit d’asile en raison des conflits religieux ou territoriaux à travers le monde, des régimes autocratiques et d’un exil souvent lié aux misères économiques, sociales et sanitaires. Rappelons aussi que l’enjeu climatique conduit et conduira inexorablement à l’augmentation sensible des migrations. Vouloir nier ces réalités, c’est se parer dans des postures idéologiques qui ne permettent pas de régler les questions de flux migratoires et encore moins celle de l’inclusion des étrangers.

Il n’existe pas de grand remplacement, il existe avant tout des êtres humains qui cherchent protection, accueil et sécurité. Vouloir opposer les citoyens et les migrants en les catégorisant, en rejetant la légitimité des demandes, en les associant à des délinquants, en précarisant leurs conditions d’existence est une rupture d’égalité des droits qui déchire notre tissu social.

La section LDH s’opposera avec force avec nos partenaires habituels comme avec l’ensemble des associations qui travaillent sur ces questions à un projet de loi qui viendrait confirmer la manipulation politicienne de Monsieur MACRON en ratissant largement sur ces terres droitières.

Jean-Luc BOERO, Président de la section LDH-St Nazaire,

le 11 décembre 2022

Edito : Les dépenses sociales sont avant tout une affaire de droits !

Les collectivités territoriales (villes ou départements principalement) sont des pourvoyeuses de prestations sociales au titre du RSA, de l’enfance, de la pauvreté, des vulnérabilités sociales ou de politiques de solidarités facultatives.

L’Etat intervient principalement par une redistribution autour de 6 domaines : vieillesse, santé, famille, emploi, logement, pauvreté-exclusion. Des pays de l’OCDE, la France est le pays qui dépense le plus au titre de l’Etat-providence, soit un peu plus de 30% de son PIB.  Cela a aussi un impact fort sur son attractivité économique,  ce n’est pas qu’un pognon de dingue qu’il faut chercher à réduire.

Les contraintes européennes sur les comptes publics, les exigences des marchés financiers, les politiques de désendettement voulues par les traités imposent de plus en plus les états à un rationnement des dépenses publiques.  Les dépenses sociales sont souvent dans les premières à vivre des coupes budgétaires. C’est le cas pour la santé, (déremboursement, fermeture de lits, durée réduite d’hospitalisation, etc..), dernièrement pour l’assurance-chômage et prochainement pour les retraites.

La France est un des pays européens qui a le plus à craindre d’un effritement de son modèle social. Nos concitoyens n’en sont pas dupes et réagissent souvent avec un fatalisme lorsque des réformes dont le but est de diminuer les dépenses sociales pesant sur les entreprises et les comptes publics se font jour.

Cette politique est en place depuis plus de 30 ans avec cependant de nouveaux acquis sociaux comme le RSA mais a pris des formes parfois très inquiétantes comme la diminution des dépenses hospitalières qui a conduit à  des risques sanitaires majeurs lors de la pandémie de la COVID.  Le manque de personnel hospitalier, la dégradation des conditions de travail et la saturation de certains services en sont les phénomènes les plus visibles. Et cela touche aujourd’hui plein de secteurs : les EPHAD, les personnes handicapées, la Protection de l’Enfance, l’aide à domicile, etc..

Alors, lorsque l’on voit des mairies nous faire de beaux exposés sur leurs politiques de solidarité, on peut être dubitatif au regard de leurs contraintes financières et des besoins sociaux grandissants. Ce fut le cas lors du forum annuel social de la mairie de St Nazaire.  Les moyens mis au service des plus fragiles sont réels et importants. Mais derrière les chiffres, les dispositifs, se cachent aussi des politiques sociales à guichets fermés : il faut entrer dans les cases.

Saint Nazaire n’échappe pas à cette réalité. Son CCAS revoit son accompagnement des usagers en lien avec le département. Et cela reste encore bien difficile pour les usagers de trouver une réponse adaptée et durable à leurs difficultés. Le panier des aides sociales municipales ne répond qu’à des urgences et ne permet pas de sortir de situations chroniques de grande pauvreté et il ne concerne pas tous les publics.

Et en ce qui concerne l’accueil inconditionnel et global qui est inscrit dans le droit positif, on peut faire beaucoup mieux, car l’accompagnement est souvent conditionné à des notions d’ayant-droit et de répartition des champs de compétences entre Etat, Département et communes. Pour l’hébergement d’urgence, la compétence est d’Etat mais au titre de l’action sociale volontariste, les communes et les Départements peuvent agir et créer des dispositifs d’hébergement d’urgence. Il ne faut pas que les collectivités et l’Etat se renvoient la balle laissant des personnes vulnérables sur le carreau.

Les avancées comme la création en 2023 d’un dispositif d’hébergement d’urgence en modulaire, pour des SDF avec des chiens et avec des problématiques d’addictions, etc. est une réponse que les professionnels, les associations sociales attendent depuis longtemps. Dans un tel projet, il ne faut pas croire que c’est uniquement les questions de droit des personnes qui ont été les seuls déclencheurs de ce programme. Les aspects autour de la tranquillité publique, de l’attractivité touristique, de l’image de la ville ont aussi influencé les choix politiques. Saint Nazaire veut se montrer proche des préoccupations des classes moyennes ou supérieures qui s’y installent. Le dire n’est pas remettre en cause les intentions sociales de la mairie, mais c’est aussi dans ces différentes dimensions que se pense l’action sociale, d’où l’importance que des associations comme la LDH rappellent les droits des plus fragiles.

La section LDH sera présente à la table-ronde initiée par la mairie de St Nazaire sur l’hébergement d’urgence et notre propos sera de redire que les droits sont avant tout notre ADN !  Il ne faudra pas que cette table-ronde soit une fois encore le lamento sur le désengagement de l’Etat dans cette politique qui lui incombe.

Nous revendiquerons la reconnaissance pleine et entière des expérimentations sociales conduites par les associations, de l’importance de prendre en compte la parole des usagers, de l’absolue nécessité de dépasser les approches trop sectorielles ou par catégories et de travailler dans la durée à partir de la prise en compte de la globalité de la personne et de ses droits. Nous demanderons  qu’un diagnostic des besoins qui inclut les réalités rencontrées par toutes les associations et non par le seul prisme des décideurs ou financeurs soit mis en avant pour éclairer les besoins et droits à couvrir.

Nous serons donc aux côtés des associations, des bénévoles, des professionnels et des élus pour faire en sorte que les droits ne soient pas écornés par des politiques de rationalisation budgétaire qui sont forcément plus coûteuses à terme. Recoudre un tissu social éclaté, des détresses humaines aggravées par des manques revient plus cher. Et sur le plan démocratique c’est un vrai risque de voir l’extrême-droite au pouvoir.

Le 27 novembre 2022

 Jean-Luc BOERO, Président de la section

Edito : Combattons l’exploitation politicienne et raciste des migrations

Arthur KOESTER, en 1941 a écrit  «La lie de la terre »,  livre bouleversant sur le parcours d’un exilé juif hongrois et communiste. Ce livre lucide et prémonitoire par bien des aspects, d’une sensibilité extrême, nous narre la fabrication du racisme et ses racines très anciennes.

En 2022, les ressorts de la haine de l’étranger sont toujours vivaces. Ils prennent des tournures religieuses, économiques, culturelles ou sociales.

Les politiciens plus souvent de droite et d’extrême droite, sans pour autant  exclure des politiciens de gauche et non des moindres, ressortent régulièrement les thématiques sur les migrants faiseurs d’insécurité, dévoreurs de nos aides sociales, amalgamant musulmans et intégristes.

Le grand remplacement en est la thèse la plus caricaturale. Mais ne perdons pas de vue que ces postures conduisent inexorablement à un durcissement de lois anti-immigrés et fabriquent un risque démocratique certain. Car courir derrière l’hydre autoritaire et la préférence nationale ne fait pas un rempart contre l’extrême-droite. Cela conduit d’abord à une politique migratoire calamiteuse et pourvoyeuse de dangers pour les personnes et leurs droits les plus élémentaires. C’est  aussi rendre banal le fond idéologique de l’extrême-droite. Les valeurs démocratiques et l’action publique n’en sortent pas grandies.

Certains me diront qu’il faut sortir de l’angélisme d’accueil  si nous ne voulons pas que l’extrême-droite prenne le pouvoir. Pour autant, ce sont les mêmes politiciens qui  demandent aux Français d’ouvrir leurs  portes aux réfugiés ukrainiens. En effet, nous ostraciser car nous serions des doux-rêveurs est plus facile à faire que de construire une politique devant à la fois lutter contre les préjugés, les haines ancestrales et permettre une intégration réussie. Il faut avoir du courage pour affronter les contre-vérités dites à longueur de journée et soutenir une autre politique migratoire.

Discernons aussi les causes à défendre et ne sombrons pas dans l’inaction face aux intégrismes qui sont de vraies atteintes aux droits humains. Continuons de dénoncer les causes écologiques, sociales géopolitiques, économiques qui conduisent à l’exil, mais luttons sans merci contre ceux qui s’enrichissent dans le trafic migratoire dont le trafic d’êtres humains. Nous le devons à tous ceux qui combattent l’obscurantisme religieux, ceux qui sont morts ici en France ou ailleurs à travers le monde pour notre liberté d’expression, pour le droit des femmes, contre l’application de la charia dans les régimes islamistes.

Refusons les amalgames, ayons un propos clair sur tous les profiteurs des migrations, soyons pédagogues et refusons l’hystérie du sujet.

Le futur projet de loi DARMANIN sera la 21ème loi sur l’immigration depuis 1986. Si Emmanuel Macron veut sortir d’une politique absurde à la fois inefficace et inhumaine, il faut lui rappeler que la dernière loi date de 2018, loi qui a réduit la durée pour déposer une demande d’asile et qui a conduit aussi à un rallongement des durées d’enfermement en centre de rétention. La proposition de loi de M. DARMANIN a principalement pour visée de rendre encore plus difficiles les conditions pour obtenir un titre de séjour. Il visera également à réduire les délais pour déposer des demandes d’asile et les recours à la CNDA, il rallongera les durées de rétention. Le projet vise aussi à augmenter d’un an à trois ans les Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF). Il accélèrera la dématérialisation des dossiers, veut accroître le volet de l’immigration économique, sans oublier des projets d’ouverture de nouveaux centres de rétention administrative inscrits dans ce projet.

La création d’un centre de rétention administrative sur NANTES présenté dernièrement dans une actualité sur la délinquance nantaise a conduit la LDH de NANTES à réagir avec les associations de défense des migrants, en précisant qu’il était anormal d’amalgamer immigration et délinquance. Si la délinquance est plus élevée dans les quartiers populaires où il y a une forte concentration de personnes d’origine étrangère, encore faut-il y noter que cette délinquance est pour grande partie liée au trafic de drogue qui est le résultat d’une politique prohibitive totalement inefficiente et inefficace pour lutter contre le fléau de la drogue, des addictions et de l’argent facile. Cette économie souterraine est aussi le fruit des difficultés économiques graves et de la précarité importante de bon nombre d’habitants de ces quartiers. Donner ces explications sociologiques et criminologiques ne vient nullement amoindrir les responsabilités individuelles ni la lutte à développer contre les réseaux mafieux qui ne cessent malheureusement de prendre de l’ampleur.

Pour continuer à travailler sur les conditions d’une intégration réussie, prenons comme exemple les facilités données fort heureusement aux Ukrainiens. Faciliter l’obtention de titres de séjour, du droit au travail et à l’éducation  conduit à un affaiblissement des réseaux mafieux et produit forcément une meilleure sécurité de tous et les conditions d’une intégration à l’image des valeurs de notre République. 

La ville de SAINT-BREVIN se rappelle à notre souvenir. Lors de la fermeture de la zone de CALAIS en 2016, des migrants avaient été installés dans un centre de vacances de cette commune. Leur arrivée avait généré un mouvement de haine, il y avait eu un tir de chevrotine dans ce centre, fort heureusement sans faire de victime. Mais il y est né un formidable mouvement de solidarité qui existe toujours et qui a permis des brassages culturels et humains riches.

Le 15 octobre 2022, une contre-manifestation a eu lieu devant la mairie de ST-BREVIN car un projet de création d’un CADA a amené de soi-disant Brévinois apolitiques mais soutenus par le Rassemblement National à manifester leur désaccord contre cette création. Les arguments sur l’insécurité, sur le coût de cette installation et sur la dépréciation immobilière étaient une fois encore cités par ces Brévinois. Mais le nombre de manifestants favorables à cette ouverture de CADA, venus à l’appel du collectif des Brévinois attentifs et solidaires, étaient bien plus nombreux.

La LDH a rappelé lors de cette manifestation que la fraternité n’était pas à géométrie variable et qu’une politique migratoire accueillante avait montré tout son plein succès à ST-BREVIN.

Jean-Luc BOERO, Président de la section LDH-St Nazaire

Le 15 octobre 2022

Edito : Lutter contre les inégalités : une nécessité

Saint-Nazaire, le 20 septembre 2022

Comme vous avez pu le constater, la section est très active dans le combat des Maisons d’Hébergement Solidaire(MHS). Dès février 2021 et la réquisition citoyenne des deux maisons du boulevard Jean DE NEYMAN nous avons été sur une ligne politique très claire :

  • Le droit au logement est un droit constitutionnel et les ressorts légaux ne sont malheureusement pas  toujours mis en œuvre à la hauteur des besoins  par l’Etat et les collectivités territoriales. Les associations professionnalisées étant dépendantes de l’argent public, elles ont souvent une ligne politique molle. Les associations caritatives, malheureusement, n’utilisent pas suffisamment les ressors légaux tels que le DAHO ou le DALO.  Le dispositif d’hébergement d’urgence est largement embolisé et la politique nationale sur le logement favorise la concentration du patrimoine, la spéculation, et se fait sur le dos du logement social. Sur St-Nazaire, nous n’échappons pas aux effets de cette politique, même si en matière de logement social, la ville s’est traditionnellement montrée volontariste.
  • le droit de propriété n’exclut pas la possibilité de signer des conventions d’occupation précaire, voire de faire des réquisitions (loi du 23 novembre 2018), et pour cela nous avons demandé dès le premier trimestre 2021 à la mairie de Saint Nazaire d’ouvrir des négociations avec le collectif d’urgence sociale.

Depuis deux ans, nous avons rencontré plusieurs fois les membres du Collectif d’Urgence Sociale (CUS) pour qu’ils acceptent de rentrer dans le jeu républicain en se constituant en association.  Nous leur avons demandé de déposer un dossier sur leur projet, sa philosophie et les principes directeurs auprès de la mairie.

Notre engagement auprès d’eux a toujours été conditionné par une nécessité d’ouvrir un dialogue positif avec la mairie, de mener un combat pacifique, sérieux et sans provocation.  

A deux reprises, nous avons rencontré l’élue en charge des solidarités, Mme TRIGODET, et ce à notre demande. Nous avons proposé, au regard des positions fermées du maire, d’être médiateur pour faciliter le dialogue et obtenir que l’expérience des MHS soit reconnue par les pouvoirs publics. Les membres du CUS nous ont toujours sollicités pour que cette fonction de médiation par la LDH facilite le dialogue.

Avec le CUS, la mairie a conduit deux réunions avec une épée de Damoclès : une assignation devant la justice pour occupation illégale. Mme TRIGODET et son directeur des Solidarités ont tergiversé sur la suite à donner à l’expérience conduite par le CUS. Est-ce la démarche horizontale des MHS, sont-ce les soutiens apportés par des organisations situées à l’extrême-gauche, est-ce l’assimilation à une image de squatteur radicalisé ou est-ce la ligne politique de la mairie qui ne veut pas froisser la préfecture qui a conduit à ce positionnement municipal ?

Face au peu d’enthousiasme municipal, face à une demande tatillonne et technocratique de la mairie, face à la responsabilité de l’Etat en matière d’hébergement d’urgence, face à la position de la municipalité de maintenir l’assignation en justice, le CUS s’est refusé à poursuivre un dialogue qu’il a jugé insincère.

Suite au jugement de juin 2022 confirmant l’expulsion, nous avons demandé à la mairie que l’expulsion ne se fasse pas tant que le relogement de tous les expulsés soit une réalité. A cet effet, lors d’une réunion avec un adjoint, nous avons demandé expressément à être de nouveau reçus par Mme TRIGODET.

Ainsi, au regard du manque de dialogue municipal dès août dernier, nous avons été très présents avec le CUS et les 25 organisations solidaires sur deux mots d’ordre : le relogement de tous les expulsés et l’ouverture de négociations pour légaliser le projet poursuivi par les MHS.

Dans les réunions conduites, au regard de l’expulsion imminente, nous avons demandé au CUS que celle-ci se fasse sans débordement.

Le  jeudi 15 septembre lors de l’expulsion des MHS, nous avons constaté le sang-froid des membres du CUS, des représentants des organisations présentes et des expulsés dans une situation de démonstration de force du sous-préfet.

Le même jour, en début d’après-midi, nous avons expressément demandé une entrevue en urgence avec Mme TRIGODET car 10 expulsés se retrouvaient à la rue.

Avec le père Arnaud, curé de la paroisse de St-Gohard, qui a accepté par charité chrétienne que les expulsés installent un campement sur son terrain, nous avons été reçus par Mme TRIGODET en présence d’un membre du CUS. Le propos de celle–ci sur le relogement était une fois de plus un renvoi de responsabilité vers le sous-préfet et le 115, comme si la situation n’était pas suffisamment complexe et critique pour 10 personnes à la rue, situation enclenchée par le maire suite à l’assignation en justice.

Nous avons demandé qu’il y ait rapidement une nouvelle réunion sur la situation des expulsés sans relogement. Mme TRIGODET a accepté de nous revoir le lundi 19 septembre. Lors de cette réunion, les deux membres du CUS présents ont exposé la situation des 7 expulsés qui se retrouvaient sans relogement. Ils ont proposé la mise à disposition sous forme de convention d’occupation précaire de maisons appartenant à la mairie en attendant un relogement par le 115. Ils ont fait état que la dynamique dans le campement conduisait à des tensions, la venue de SDF et des risques de reprise d’addictions pour certains hébergés. Ils ont demandé que tout soit fait pour que ce campement ne perdure pas. Mme TRIGODET n’avait aucune solution et manifestement durant tout le week-end précédent avait fait le service minimum. Elle doit donner une réponse d’ici la fin de la semaine.

Le maire, par voie de communiqué, a fait savoir qu’il était prêt à ouvrir des négociations concernant un tiers-lieu à condition de sortir des postures clivantes. Si aujourd’hui la situation est dans une impasse, monsieur le maire en est largement responsable. Il a dit que sa responsabilité juridique pouvait être engagée en cas de maintien du squat ! Il pouvait signer une convention d’occupation précaire, il s’agit d’une convention mettant à disposition un local soit à des personnes physiques, soit à une personne morale.

La réglementation sur les Établissements accueillant du public (ERP) est certes complexe mais en matière d’hébergement avec nuitées, les obligations sont avant tout très contraignantes lorsque l’activité va au-delà de 20 hébergés. Si le maire avait tant peur de se retrouver en prison, il pouvait facilement et à peu de frais revoir l’installation électrique, installer des extincteurs et selon la commission de sécurité y adjoindre des portes coupe-feu. Les membres du CUS ont effectué par eux-mêmes de gros travaux avec un coût d’achat du matériel de l’ordre de 4000 €. Il faut savoir qu’un maire, dans le Puy de Dôme, a saisi la justice pour que l’Etat lui rembourse les frais de mise aux normes d’un local mis à la disposition pour faire de l’hébergement d’urgence.

L’argument du sous-préfet sur l’hébergement d’urgence saturé malgré les créations de places et une situation de logement très inquiétante sur St-Nazaire est une analyse partiellement fausse. La loi de finances de 2022 a réduit de 10 000 places l’hébergement d’urgence. Le projet pour 2023 est encore de réduire de 7000 places. Cela étant dit, la loi s’applique et la saturation du dispositif géré par le 115 ne dédouane aucunement le sous-préfet des obligations légales. Rappelons qu’un toit est un droit. Pour cela, le sous-préfet peut très bien attirer l’attention auprès de son préfet afin d’obtenir des crédits supplémentaires.

En France, 9 à 10 millions de femmes, d’enfants et d’hommes vivent sous le seuil de pauvreté. En Pays de Loire, 400 000 personnes sont en situation de pauvreté et il y a 124 000 enfants qui ne mangent pas à leur faim dès le 15 du mois. 104 000 demandes de logements sociaux restent en attente sur la région (chiffre du collectif Alerte qui regroupe 34 associations dont la LDH). Cette réalité de la pauvreté et des inégalités ne peut être niée par les pouvoirs publics.

Nous continuerons à nous battre pour que les droits des plus vulnérables soient effectifs.

Jean Luc Boero, Président de la section nazairienne de la LDH

Edito : Une mobilisation plus que nécessaire

Le 11 septembre 2022

La situation internationale est très préoccupante avec une guerre en Ukraine qui fait beaucoup de morts, des dégâts colossaux, des crimes de guerre, un risque d’accident nucléaire, un renchérissement des prix du blé, un chantage russe sur le gaz et dans une moindre mesure le pétrole; une situation de montée de l’armement chinois et un risque à tout moment d’annexion de Taiwan; des crimes contre l’humanité des minorités ethniques en Chine (Ouïghours, Tibétains pour les plus connus); des combattants musulmans inféodées à des groupes radicalisés un peu partout en Afrique et toujours présents au Moyen Orient; des défis climatiques mondiaux que nous mesurons au quotidien avec une absence coordonnée de prise en compte pour atteindre les objectifs des COP.; des pays qui sombrent dans l’aventure autoritaire (Nicaragua, Birmanie, Syrie, Russie, Chine, etc…), la liste est longue; un spectre de la colonisation qui ne cesse de nous miner et qui conduit à des tensions; une gouvernance mondiale qui ne se réforme pas ; bref  nous avons bien de quoi nous inquiéter !

Les urgences sociales, climatiques, mondiales conduisent à des risques de radicalisation majeurs et de nouvelles tensions internationales voire de guerres. L’ère des crises n’est pas finie et pourrait devenir systémique.

Nous pourrions nous contenter de pérorer dans des colloques, d’avoir des propos bienpensants dans nos revues, de distribuer les bons et mauvais points auprès de ceux qui luttent et manifestent dans nos rues. Ce n’est pas le rôle de la LDH d’être absente des luttes présentes !  C’est ce que nous faisons ici comme dans d’autres villes.

Ainsi, la résolution votée lors du dernier congrès à Marseille « Environnement, écologie et droits »  donne un cadre à notre lutte pour l’amélioration de la qualité de l’air dans le bassin nazairien et nous allons dans les mois prochains accentuer ce combat essentiel.

Comme vous le savez via nos mails, nous sommes très présents dans le combat pour la fin du sans-abrisme à St Nazaire. D’autres sections comme Le Mans sont aussi très impliquées dans cette lutte.

Nous avons aussi été visibles lors du dernier forum des associations de St Nazaire et avons fait de nouvelles adhésions. Nous avons été approchés par l’association ”Le choix citoyen pour une mort choisie” pour organiser en décembre une conférence-débat en présence de François Damas, chef de service de soins intensifs à Liège, promoteur du respect de la volonté de patients médicalement condamnés et désireux d’un suicide assisté pour une fin de vie digne.

Nous sommes toujours actifs avec l’UCIJ, et avec le collectif réclamant une application sans effet du Contrat d’Engagement Républicain (CER) inscrit dans le décret du 31 décembre 2021 prévu par la loi confortant les principes de la République et la lutte contre les séparatismes.

Nous serons aussi présents pour la commémoration de la fin de l’esclavage.

Nous avons très régulièrement des interpellations de citoyens sur leurs situations face à la police, la justice, les services sociaux, etc.

Et nous relançons pour la deuxième année consécutive la campagne pour les Ecrits pour la Fraternité qui aura pour thème “Il n’y aura pas de paix sur cette planète tant que les droits de l’homme seront violés en quelques parties du monde que ce soit “ de René CASSIN, prix Nobel de la paix en 1968.

Mais notre activité et nos combats ne peuvent être le seul fruit de l’énergie de quelques un.e.s. Venez aux réunions mensuelles, participez à nos actions, proposez vos compétences, vos talents et votre temps à des actions ciblées !

Bonne rentrée à toutes et tous !

Jean-Luc Boero, président de la section LDH- St Nazaire

BILLET • Pour une politique de protection de l’enfance qui sorte des incantations !

Par Jean-Luc Boero, Cadre ASE et président de la section Ligue des Droits de l’Homme de St Nazaire.


Le 20 avril dernier, lors du débat qui l’opposait à Marine Le Pen à quatre jours de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron a déclaré que la protection de l’enfance sera au cœur des cinq années à venir. Le journal « Le Monde » en date du 12 mai s’est fait l’écho du manque de moyens. Le nombre de mesures non-exercées est parfois de plusieurs centaines dans certains départements, que ce soient des mesures de placements ou des mesures en milieu ouvert. Les juges des enfants et les professionnels en charge d’évaluer et de préconiser des mesures d’assistance éducative ou d’aide éducative administrative sont effarés par l’augmentation des délais moyens de prise en charge. On dépasse souvent les six mois. Les enfants sont évidemment les premières victimes de notre incapacité à les protéger. Mais les familles sont aussi celles qui sont confrontées à un système où les décisions les plus lourdes, celles qui conduisent à écarter un enfant de son milieu familial, ne prennent pas sens alors que dans nombre de situations, les parents sont débordés, fatigués et éprouvés par les troubles du comportement des enfants. Les maltraitances perdurent, s’amplifient et alourdissent les troubles et pathologies. La crise est profonde, la défiance à l’égard d’un dispositif souvent décrié par ces dysfonctionnements hyper médiatisés, son opacité, ses règles de fonctionnement complexes, sa répartition entre acteurs institutionnels pas toujours coordonnés, sa gouvernance complexe et très éloignée des préoccupations des professionnels et des usagers, affronte aujourd’hui une autre crise : celle du recrutement. Les politiques sociales sont devenues très bureaucratiques, cloisonnées et se sont rigidifiées. Il faut faire avec un dispositif si peu porteur, qui ne permet pas d’accompagner dans la durée et au rythme des familles. La créativité, la souplesse et les initiatives sont de plus en plus réduites. Le fonctionnement en silo, les missions qui se cloisonnent et se spécialisent à tout va ne sont plus en phase avec les besoins du travail social. Le désenchantement est terrible et avec des salaires dérisoires, vous combinez une crise majeure de sens et d’attractivité. Cette réalité douloureuse ne cesse de s’accroitre malgré les efforts conduits par des départements volontaires mais souvent confrontés à des finances exsangues. Si la loi Taquet apporte quelques satisfactions de principe, il n’en reste pas moins vrai que du texte à la réalité, la situation continue de se dégrader. Et rien ne nous permet d’envisager la fin des accueils hôteliers ou en gîte rapidement. D’ailleurs dans certains départements, ce type d’accueil ne cesse de progresser. En Loire Atlantique, par exemple, nous avons perdu plusieurs centaines de places d’accueil chez les assistants familiaux ces 10 dernières années. Et nous augmentons sans cesse le nombre d’enfants accueillis en gîte. La fonction et les contraintes du métier d’assistant familial sont très éprouvantes. Comment réussir à vivre harmonieusement en famille face à un ou plusieurs enfants en très grandes difficultés avec, pour un nombre non négligeable d’entre eux, des troubles majeurs du comportement et souvent des troubles psychiques. Les accueils familiaux doivent se faire selon une triple dimension : sociale, thérapeutique et éducative. Les équipes d’accompagnement doivent être représentatives de ces trois axes. Il faut que les professionnels ne soient pas confrontés à un sous-effectif chronique, à une surcharge de travail et une incapacité chronique à pouvoir répondre aux multiples crises et épreuves que traversent les familles d’accueil. Il est important aussi de rappeler qu’il ne peut y avoir une politique d’accueil familial sans une politique articulée et complémentaire avec le secteur médico-social et le secteur thérapeutique. Il faut aussi permettre l’accueil de jour des enfants déscolarisés et la prise en compte du besoin de souffler des familles d’accueil. L’ensemble de ceux qui travaillent dans ce secteur doivent bénéficier de supervisions et d’analyse de la pratique. La création de places en nombre pour pouvoir accueillir dignement les enfants qui nous sont confiés par les familles dans le cadre de la protection administrative ou sur décision des juges des enfants doit donner lieu à une vraie impulsion nationale. Le gouvernement doit favoriser les investissements en la matière. Il doit injecter les moyens financiers auprès des départements qui manquent de places d’accueil. Il doit permettre des créations diversifiées et faciliter les implantations territoriales de maisons d’enfants et de lieux de vie et d’accueil. Il ne pourra y avoir prise en compte de la réalité rencontrée sans un panel diversifié de modes d’accueil. Les départements avec l’aide conséquente de l’Etat doivent œuvrer en ce sens et accroitre leur complémentarité qui s’est raréfiée ces dernières années en raison du manque de places. Un effort sensible doit aussi exister pour le maintien des fratries en cas de placement. Construisons massivement des villages d’enfants. Il est encore trop difficile de maintenir ensemble les enfants d’une même fratrie. Certes parfois la séparation est nécessaire en raison des souffrances massives et des places occupées dans les familles pathogènes. Un tel effort doit aussi se faire pour les mesures en milieu ouvert et pour la prévention éducative. Ce nouveau dessein de la protection de l’enfance doit aussi prendre en compte l’expertise des professionnels et le pouvoir d’agir des familles. Tout enfant doit trouver une solution, toute décision prise par un juge des enfants ou par une autorité administrative doit se mettre en place dès que possible, toute information préoccupante doit donner lieu à une évaluation dans un délai de trois mois maximum, tel que prévu par la loi. Toute mesure en milieu ouvert administrative ou judiciaire doit s’appliquer rapidement. Il ne s’agit pas de réduire la crise actuelle à un effet de la crise sanitaire. La dégradation est bien antérieure à cette pandémie, même si celle-ci est venue l’accroître. Dans bon nombre de départements, la crise existait bien avant mars 2020. Elle est apparue progressivement depuis que les politiques sociales ont été déterminées par l’orthodoxie budgétaire. Il n’y a plus d’adéquation entre les besoins et les moyens mis à disposition. Nous sommes confrontés à la même crise que la crise de l’hôpital public : activité à l’acte, primat de l’approche budgétaire, manque d’investissements, manque de personnel, fonctionnement en silo, mauvaise répartition territoriale, salaire dérisoire, gouvernance opaque et pouvoir exclusif aux technocrates, déconstruction des cultures-métiers et accroissement sensible des besoins, comme ce fut le cas avec les mineurs non-accompagnés. L’empilement de lois devenues de plus en plus inappliquées vient bien mettre en avant que réformer la protection de l’enfance ne devra pas se traduire dans les cinq années à venir par une nouvelle inflation de textes, de lois, de décrets, si ces obligations légales ne viennent pas donner du sens à un secteur sinistré et si les moyens financiers ne sont pas massifs et globaux. Faudra-t-il aller vers un texte qui rende opposable la protection de l’enfance ? C’est à se le demander. Ainsi, j’ai envie de dire à M. Macron, « chiche, nous vous attendons pour sortir de cette situation et enfin redonner espoir aux professionnels, aux enfants et aux familles. »

https://www.lien-social.com/%E2%96%BA-BILLET-o-Pour-une-politique-de-protection-de-l-enfance-qui-sorte-des-incantations

Jean-Luc Boero, le 10 juin 2022

Un prochain congrès pour nous permettre de mieux nous inscrire dans le combat environnemental

Le 29 mai 2022

Le congrès national de la LDH se tiendra les 4, 5 et 6 juin à Marseille. Nous vous avons fait parvenir les rapports d’activités, moral et budgétaire. Un projet de résolution « Environnement Ecologie et Droits » sera soumis au vote. Il fait suite à une importante réflexion conduite principalement par le Groupe de Travail Environnement. Notre section, petitement, a participé à ce travail grâce à l’implication entre autre de Didier Ott. Nous avons demandé que soit insérée la question de la qualité de l’air, notion qui apparait dans sa globalité dans le concept d’environnement sain, propre et durable. La section, à compter de septembre, reproposera au Comité Régional et aux sections des Pays de la Loire de revenir sur notre projet de lier environnement, aménagement du territoire et écologie.

Dans une région à forte attractivité touristique ayant des pôles industriels majeurs, les questions environnementales doivent être mieux prises en compte par nos sections. La décarbonation, la réduction de nos matières polluantes, la sobriété seront au cœur des politiques publiques dans les années à venir. Il est important que l’écologie soit un instrument de solidarité pour les droits et les libertés dans un environnement préservé.

L’intervention d’associations de défense de l’environnement et du climat a donné lieu à la condamnation de la France à deux reprises pour inefficacité climatique. La LDH a dénoncé les mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence lors de la COP 21. Elle s’est opposée à la démesure policière et judiciaire à Bure, ainsi qu’aux dérives de la cellule Demeter. D’ailleurs, une de nos ligueuses avait sensibilisé le National par rapport à une journaliste mise en danger par des lobbyes agro industriels. Nous continuerons à le faire. Toutes celles et tous ceux qui se sentent concernés de près ou de loin dans ce combat pourront compter sur la LDH. Mais les mesures de préservation de l’environnement ne doivent pas se faire au détriment des droits économiques, sociaux et culturels des plus fragiles.

Nous sommes dans une région où la préservation des éco systèmes comme ceux des marais salants ou des marais de Brière est essentielle pour le bien-être de tous. Nous devons conduire une décarbonation de l’économie qui n’emprunte pas à des conceptions liées à un néo capitalisme vert tels que croissance verte, développement durable, capital naturel.

Nous soutiendrons une préservation de nos écosystèmes dans une perspective écologique respectueuse du bien-être, du milieu de vie fondé sur les droits des personnes concernées et d’une économie durable et verdie.

Au large de St Nazaire se construit le premier parc éolien français. Son élaboration, dans un esprit de concertation, montre le chemin à prendre pour poursuivre vers une production d’énergie décarbonnée répondant aux impératifs liés au réchauffement climatique.

La reconnaissance des communs environnementaux sera probablement une ligne directrice dans nos combats d’avenir. Avec nos militants, nous devons interpeller nos élus pour que le système productif réponde impérieusement aux dangers d’un productivisme effréné et carboné. Les activités économiques de demain doivent se faire sans ravage écologique et aussi sans inégalité des rapports sociaux. Les mobilisations écologiques auxquelles nous participerons seront basées sur cette préoccupation de solidarité et d’une nouvelle articulation entre droits et responsabilités. Nous réclamerons à nos élus une participation effective, loyale et continue des associations environnementales et citoyennes pour que l’intérêt collectif soit pris en compte.

La LDH est signataire du pacte pour la transition. Cela doit participer à notre volonté d’être partie intégrante dans la co construction des politiques territoriales sur les communs environnementaux.

J’appelle tous nos adhérents à saisir l’enjeu des élections législatives pour amplifier ce pacte écologique et solidaire.

Jean-Luc Boero,  Président de la section

Edito : Des réactions à l’indignation internationale qui provoquent un changement de logiciel pour certains

Saint-Nazaire, le 13 mars 2022

Si je vous demande : qui a dit « il n’y a pas deux sortes de victimes : il n’y a pas les européens chrétiens qu’il faudrait défendre et puis des gens au Moyen-Orient qui seraient musulmans et qu’on aurait eu raison de ne pas accepter chez nous » ? La réponse est : Robert Ménard. Nous connaissons l’opportunisme politicien de certains, pour autant, cette guerre d’annexion en Ukraine rebat les cartes géostratégiques, politiques, économiques et l’Europe développe un sentiment de solidarité que certainement Poutine n’imaginait pas.

En quelques jours ont volé en éclats les illusions de leaders européens sur les intentions de Poutine. Ils se retrouvent face à sa cruauté et sa logique impérialiste.

Des pays comme la Pologne, si peu accueillants à l’égard des Syriens, se montrent  aujourd’hui exemplaires face aux victimes ukrainiennes mais ont pu faire preuve de xénophobie pour les victimes  non ukrainiennes ou plus exactement à l’égard des non blancs.

La LDH, comme l’ensemble des organisations avec lesquelles nous collaborons, relève la nécessité que l’obtention du statut de réfugié soit à la hauteur des besoins de toute personne persécutée en Ukraine ou ailleurs.

Nous avons aussi une campagne électorale totalement bousculée par cette guerre, peut-être au bénéfice de Macron, car dans un monde insécure, nos concitoyens pourraient se rassurer par une certaine permanence politique. 

Incontestablement, nous ne connaissons pas aujourd’hui la durée de cette guerre mais nous savons déjà qu’elle fait de nombreux morts et blessés, un flot de réfugiés qui ne cesse d’augmenter et probablement des tensions en cascades pour des pans entiers de secteurs de l’économie mondiale fonctionnant avec des besoins énergétiques massifs, un renchérissement durable du prix du gaz et du pétrole et une augmentation importante des prix de certaines matières premières agricoles avec de possibles difficultés d’approvisionnement pour des pays en voie de développement.

Les leaders européens veulent nous rassurer en montrant leur solidarité à l’égard des Ukrainiens, en réagissant rapidement et massivement par un arsenal de sanctions à l’égard de la Russie, de son économie et de ses oligarques jamais égalé.

Nous devons apporter dans toute la mesure du possible notre soutien aux opposants russes à la guerre en Ukraine. Il est fondamental que les forces démocratiques russes puissent savoir, par des actions soutenues, par nos organisations, par les gouvernements et l’Europe,  notre solidarité. Il faut veiller au sort des défenseurs des droits, des artistes, des journalistes, mais aussi de toutes celles et ceux qui refuseront de rejoindre les bataillons armés.

L’un des enjeux majeurs est d’arriver le plus rapidement possible à un cessez-le-feu et au retrait de l’armée russe et de ses affiliés.

Nous serons encore et durablement avec tous ceux qui appellent, dans un cadre le plus unitaire possible, aux initiatives pour une paix juste. Sur St-Nazaire, nous nous sommes associés aux appels du MRAP et du Mouvement de la Paix, nous discuterons longuement lors de notre prochaine réunion des engagements de la section pour soutenir les Ukrainiens et tous ceux qui se mobilisent pour leur venir en aide.

Venez très nombreux à notre prochaine réunion de section.

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH de St-Nazaire