Communiqué de Presse : Soutien aux manifestations pro liberté en Chine

Vendredi dernier puis tout au long du week-end, les chinois-es ont bravé la dictature du Parti Communiste Chinois pour dénoncer les mesures « Zéro Covid » que des gardes sanitaires font appliquer avec violence et zèle depuis 3 ans. C’est un fait inédit depuis 1989 : les revendications ont aussi basculé vers le politique. Dans plus de 10 villes chinoises, et au Turkestan oriental (en CN Xinjiang), des slogans « Xi démission » ont été entendus.

En effet, il est notoire que le confinement en Chine, et surtout au Turkestan oriental et au Tibet relève de la privation de tous les droits, avec des zones de famine, et de nombreuses personnes décédées suite à l’impossibilité d’actions des services « publics ». Par ailleurs,  cette politique prive notamment les étudiants de se projeter dans l’avenir… En fera-t-elle une génération de militant-es ? 

La réponse du pouvoir est toujours la même : plus de répression, y compris dans la presse internationale, toujours moins de liberté d’expression, et un confinement toujours de rigueur faisant oublier les carences du système de santé chinois. 

La LDH Saint-Nazaire salue le courage du peuple chinois, et condamne la répression. Elle souhaite que la diplomatie française en fasse de même,  à l’image de ses propos face à la situation en Iran ou en Ukraine.  La prochaine visite du président Macron en Chine devra être l’occasion de rappeler nos valeurs.

Saint Nazaire, le 29 novembre 2022

Edito : Les dépenses sociales sont avant tout une affaire de droits !

Les collectivités territoriales (villes ou départements principalement) sont des pourvoyeuses de prestations sociales au titre du RSA, de l’enfance, de la pauvreté, des vulnérabilités sociales ou de politiques de solidarités facultatives.

L’Etat intervient principalement par une redistribution autour de 6 domaines : vieillesse, santé, famille, emploi, logement, pauvreté-exclusion. Des pays de l’OCDE, la France est le pays qui dépense le plus au titre de l’Etat-providence, soit un peu plus de 30% de son PIB.  Cela a aussi un impact fort sur son attractivité économique,  ce n’est pas qu’un pognon de dingue qu’il faut chercher à réduire.

Les contraintes européennes sur les comptes publics, les exigences des marchés financiers, les politiques de désendettement voulues par les traités imposent de plus en plus les états à un rationnement des dépenses publiques.  Les dépenses sociales sont souvent dans les premières à vivre des coupes budgétaires. C’est le cas pour la santé, (déremboursement, fermeture de lits, durée réduite d’hospitalisation, etc..), dernièrement pour l’assurance-chômage et prochainement pour les retraites.

La France est un des pays européens qui a le plus à craindre d’un effritement de son modèle social. Nos concitoyens n’en sont pas dupes et réagissent souvent avec un fatalisme lorsque des réformes dont le but est de diminuer les dépenses sociales pesant sur les entreprises et les comptes publics se font jour.

Cette politique est en place depuis plus de 30 ans avec cependant de nouveaux acquis sociaux comme le RSA mais a pris des formes parfois très inquiétantes comme la diminution des dépenses hospitalières qui a conduit à  des risques sanitaires majeurs lors de la pandémie de la COVID.  Le manque de personnel hospitalier, la dégradation des conditions de travail et la saturation de certains services en sont les phénomènes les plus visibles. Et cela touche aujourd’hui plein de secteurs : les EPHAD, les personnes handicapées, la Protection de l’Enfance, l’aide à domicile, etc..

Alors, lorsque l’on voit des mairies nous faire de beaux exposés sur leurs politiques de solidarité, on peut être dubitatif au regard de leurs contraintes financières et des besoins sociaux grandissants. Ce fut le cas lors du forum annuel social de la mairie de St Nazaire.  Les moyens mis au service des plus fragiles sont réels et importants. Mais derrière les chiffres, les dispositifs, se cachent aussi des politiques sociales à guichets fermés : il faut entrer dans les cases.

Saint Nazaire n’échappe pas à cette réalité. Son CCAS revoit son accompagnement des usagers en lien avec le département. Et cela reste encore bien difficile pour les usagers de trouver une réponse adaptée et durable à leurs difficultés. Le panier des aides sociales municipales ne répond qu’à des urgences et ne permet pas de sortir de situations chroniques de grande pauvreté et il ne concerne pas tous les publics.

Et en ce qui concerne l’accueil inconditionnel et global qui est inscrit dans le droit positif, on peut faire beaucoup mieux, car l’accompagnement est souvent conditionné à des notions d’ayant-droit et de répartition des champs de compétences entre Etat, Département et communes. Pour l’hébergement d’urgence, la compétence est d’Etat mais au titre de l’action sociale volontariste, les communes et les Départements peuvent agir et créer des dispositifs d’hébergement d’urgence. Il ne faut pas que les collectivités et l’Etat se renvoient la balle laissant des personnes vulnérables sur le carreau.

Les avancées comme la création en 2023 d’un dispositif d’hébergement d’urgence en modulaire, pour des SDF avec des chiens et avec des problématiques d’addictions, etc. est une réponse que les professionnels, les associations sociales attendent depuis longtemps. Dans un tel projet, il ne faut pas croire que c’est uniquement les questions de droit des personnes qui ont été les seuls déclencheurs de ce programme. Les aspects autour de la tranquillité publique, de l’attractivité touristique, de l’image de la ville ont aussi influencé les choix politiques. Saint Nazaire veut se montrer proche des préoccupations des classes moyennes ou supérieures qui s’y installent. Le dire n’est pas remettre en cause les intentions sociales de la mairie, mais c’est aussi dans ces différentes dimensions que se pense l’action sociale, d’où l’importance que des associations comme la LDH rappellent les droits des plus fragiles.

La section LDH sera présente à la table-ronde initiée par la mairie de St Nazaire sur l’hébergement d’urgence et notre propos sera de redire que les droits sont avant tout notre ADN !  Il ne faudra pas que cette table-ronde soit une fois encore le lamento sur le désengagement de l’Etat dans cette politique qui lui incombe.

Nous revendiquerons la reconnaissance pleine et entière des expérimentations sociales conduites par les associations, de l’importance de prendre en compte la parole des usagers, de l’absolue nécessité de dépasser les approches trop sectorielles ou par catégories et de travailler dans la durée à partir de la prise en compte de la globalité de la personne et de ses droits. Nous demanderons  qu’un diagnostic des besoins qui inclut les réalités rencontrées par toutes les associations et non par le seul prisme des décideurs ou financeurs soit mis en avant pour éclairer les besoins et droits à couvrir.

Nous serons donc aux côtés des associations, des bénévoles, des professionnels et des élus pour faire en sorte que les droits ne soient pas écornés par des politiques de rationalisation budgétaire qui sont forcément plus coûteuses à terme. Recoudre un tissu social éclaté, des détresses humaines aggravées par des manques revient plus cher. Et sur le plan démocratique c’est un vrai risque de voir l’extrême-droite au pouvoir.

Le 27 novembre 2022

 Jean-Luc BOERO, Président de la section

Edito : Combattons l’exploitation politicienne et raciste des migrations

Arthur KOESTER, en 1941 a écrit  «La lie de la terre »,  livre bouleversant sur le parcours d’un exilé juif hongrois et communiste. Ce livre lucide et prémonitoire par bien des aspects, d’une sensibilité extrême, nous narre la fabrication du racisme et ses racines très anciennes.

En 2022, les ressorts de la haine de l’étranger sont toujours vivaces. Ils prennent des tournures religieuses, économiques, culturelles ou sociales.

Les politiciens plus souvent de droite et d’extrême droite, sans pour autant  exclure des politiciens de gauche et non des moindres, ressortent régulièrement les thématiques sur les migrants faiseurs d’insécurité, dévoreurs de nos aides sociales, amalgamant musulmans et intégristes.

Le grand remplacement en est la thèse la plus caricaturale. Mais ne perdons pas de vue que ces postures conduisent inexorablement à un durcissement de lois anti-immigrés et fabriquent un risque démocratique certain. Car courir derrière l’hydre autoritaire et la préférence nationale ne fait pas un rempart contre l’extrême-droite. Cela conduit d’abord à une politique migratoire calamiteuse et pourvoyeuse de dangers pour les personnes et leurs droits les plus élémentaires. C’est  aussi rendre banal le fond idéologique de l’extrême-droite. Les valeurs démocratiques et l’action publique n’en sortent pas grandies.

Certains me diront qu’il faut sortir de l’angélisme d’accueil  si nous ne voulons pas que l’extrême-droite prenne le pouvoir. Pour autant, ce sont les mêmes politiciens qui  demandent aux Français d’ouvrir leurs  portes aux réfugiés ukrainiens. En effet, nous ostraciser car nous serions des doux-rêveurs est plus facile à faire que de construire une politique devant à la fois lutter contre les préjugés, les haines ancestrales et permettre une intégration réussie. Il faut avoir du courage pour affronter les contre-vérités dites à longueur de journée et soutenir une autre politique migratoire.

Discernons aussi les causes à défendre et ne sombrons pas dans l’inaction face aux intégrismes qui sont de vraies atteintes aux droits humains. Continuons de dénoncer les causes écologiques, sociales géopolitiques, économiques qui conduisent à l’exil, mais luttons sans merci contre ceux qui s’enrichissent dans le trafic migratoire dont le trafic d’êtres humains. Nous le devons à tous ceux qui combattent l’obscurantisme religieux, ceux qui sont morts ici en France ou ailleurs à travers le monde pour notre liberté d’expression, pour le droit des femmes, contre l’application de la charia dans les régimes islamistes.

Refusons les amalgames, ayons un propos clair sur tous les profiteurs des migrations, soyons pédagogues et refusons l’hystérie du sujet.

Le futur projet de loi DARMANIN sera la 21ème loi sur l’immigration depuis 1986. Si Emmanuel Macron veut sortir d’une politique absurde à la fois inefficace et inhumaine, il faut lui rappeler que la dernière loi date de 2018, loi qui a réduit la durée pour déposer une demande d’asile et qui a conduit aussi à un rallongement des durées d’enfermement en centre de rétention. La proposition de loi de M. DARMANIN a principalement pour visée de rendre encore plus difficiles les conditions pour obtenir un titre de séjour. Il visera également à réduire les délais pour déposer des demandes d’asile et les recours à la CNDA, il rallongera les durées de rétention. Le projet vise aussi à augmenter d’un an à trois ans les Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF). Il accélèrera la dématérialisation des dossiers, veut accroître le volet de l’immigration économique, sans oublier des projets d’ouverture de nouveaux centres de rétention administrative inscrits dans ce projet.

La création d’un centre de rétention administrative sur NANTES présenté dernièrement dans une actualité sur la délinquance nantaise a conduit la LDH de NANTES à réagir avec les associations de défense des migrants, en précisant qu’il était anormal d’amalgamer immigration et délinquance. Si la délinquance est plus élevée dans les quartiers populaires où il y a une forte concentration de personnes d’origine étrangère, encore faut-il y noter que cette délinquance est pour grande partie liée au trafic de drogue qui est le résultat d’une politique prohibitive totalement inefficiente et inefficace pour lutter contre le fléau de la drogue, des addictions et de l’argent facile. Cette économie souterraine est aussi le fruit des difficultés économiques graves et de la précarité importante de bon nombre d’habitants de ces quartiers. Donner ces explications sociologiques et criminologiques ne vient nullement amoindrir les responsabilités individuelles ni la lutte à développer contre les réseaux mafieux qui ne cessent malheureusement de prendre de l’ampleur.

Pour continuer à travailler sur les conditions d’une intégration réussie, prenons comme exemple les facilités données fort heureusement aux Ukrainiens. Faciliter l’obtention de titres de séjour, du droit au travail et à l’éducation  conduit à un affaiblissement des réseaux mafieux et produit forcément une meilleure sécurité de tous et les conditions d’une intégration à l’image des valeurs de notre République. 

La ville de SAINT-BREVIN se rappelle à notre souvenir. Lors de la fermeture de la zone de CALAIS en 2016, des migrants avaient été installés dans un centre de vacances de cette commune. Leur arrivée avait généré un mouvement de haine, il y avait eu un tir de chevrotine dans ce centre, fort heureusement sans faire de victime. Mais il y est né un formidable mouvement de solidarité qui existe toujours et qui a permis des brassages culturels et humains riches.

Le 15 octobre 2022, une contre-manifestation a eu lieu devant la mairie de ST-BREVIN car un projet de création d’un CADA a amené de soi-disant Brévinois apolitiques mais soutenus par le Rassemblement National à manifester leur désaccord contre cette création. Les arguments sur l’insécurité, sur le coût de cette installation et sur la dépréciation immobilière étaient une fois encore cités par ces Brévinois. Mais le nombre de manifestants favorables à cette ouverture de CADA, venus à l’appel du collectif des Brévinois attentifs et solidaires, étaient bien plus nombreux.

La LDH a rappelé lors de cette manifestation que la fraternité n’était pas à géométrie variable et qu’une politique migratoire accueillante avait montré tout son plein succès à ST-BREVIN.

Jean-Luc BOERO, Président de la section LDH-St Nazaire

Le 15 octobre 2022

Lettre ouverte à Monsieur le sous-préfet

Saint-Nazaire, le 06 octobre 2022

Par lettre ouverte,  vous indiquez que vous ne participerez pas à une table-ronde sur l’hébergement d’urgence au motif que le Collectif d’Urgence Sociale(CUS) n’y a pas sa place et que seules les associations de terrains bénéficiant de crédits publics peuvent y siéger. Et vous y écrivez que seules les autorités publiques sont légitimes pour décider des politiques publiques.

Il serait prétentieux de vous rappeler que nombre de politiques publiques ont émergé de la société civile. Coluche n’a pas créé les restos du cœur pour se faire de la publicité mais bien parce qu’il y avait une vraie carence des politiques publiques qui s’est  traduite par la suite par des lois sur l’aide alimentaire. Lois bien souvent insuffisantes.

L’Abbé Pierre, en son temps, s’est indigné du sort réservé aux sans –logis. Avez-vous lu son appel à l’insurrection de la bonté ? Et c’est bien son action qui a conduit à des politiques publiques de construction de logements sociaux ! Que les gouvernements, depuis 2017, réduisent.

Pensez-vous sérieusement que les militants du CUS ont mené leur action avec autant de détermination, de temps et de sérieux pour uniquement occuper illégalement des maisons non-occupées  appartenant à la ville ?

Ouvrez les yeux et regardez autour de vous : les sans-abris sont nombreux. Certes, une grande partie est invisible. Pour rappel, Saint Nazaire a un taux de 16% d’habitants vivant sous le seuil monétaire de pauvreté  contre 14,6% en France (statistique de l‘INSEE).C’est grâce à l’action d’associations financées sur fonds publics mais aussi à l’énergie déployée par des centaines de bénévoles, d’argent provenant de dons, d’autofinancement que les sans-abris sont accueillis et hébergés.

L’Etat que vous représentez a fait appel en février 2022 dernier à la solidarité de tous-tes  pour héberger des Ukrainiens…Et aujourd’hui refuser de vous mettre autour de la table avec des militants de la solidarité est scandaleux !

Faire le tri dans vos interlocuteurs pourrait se comprendre si ces militants ne vous reconnaissaient aucune légitimité et s’ils avaient pour  projet de mener des actions illégales !

Les membres du CUS soutenus par 25 organisations dont la LDH n’ont pas envie de continuer à mettre juridiquement en difficulté le maire, eux-mêmes et surtout à faire vivre une insécurité à des hébergés.

La LDH a toujours soutenu un dialogue constructif et une démarche pour sortir de l’illégalité.

Votre lettre ouverte montre que vous n’êtes pas disposé  à assurer pleinement une politique publique qui soit capable de répondre au sans-abrisme, car c’est bien de cela dont il est question.

Vous  mettre autour de la table avec le CUS et d’autres associations aurait bien montré que vous reconnaissez les carences de l’Etat en matière d’hébergement d’urgence.

Alors  maquiller votre décision par un argument sur l’illégalité est pour le moins surprenant, car tous les jours l’Etat ne répond pas à l’obligation républicaine du droit au logement pour tous !

L’’Etat est souvent dans l’illégalité  sur les droits de l’homme !

Pour la section LDH de St Nazaire, Jean Luc BOERO- Président

CP à propos de l’installation du foyer Blanchy avenue de la république,

La LDH ne rentrera pas dans une polémique ni dans une surenchère avec ceux qui craignent pour leur tranquillité ou activité commerciale car le foyer Blanchy va temporairement s’installer dans l’ancien Hôtel Bretagne.

Les travailleurs sociaux et les usagers de cette structure d’hébergement d’urgence sauront rapidement dissiper toute appréhension.

Nous ne ferons pas de commentaires sur la situation économique de commerçants qui après la crise du COVID prennent de plein fouet l’inflation et la crise énergétique. Mais nous leur rappelons que tous les nazairiens subissent ces crises.

Le « quoi qu’il en coûte »  leur a permis de ne pas mettre la clé sous la porte et ce « quoi qu’il en coûte » n’a pas été aussi favorable pour les plus démunis.

Depuis de nombreuses années, la ville de St-Nazaire souffre d’un manque de personnel de police, de justice et de prévention. Si l’insécurité est réelle, il faut la corréler avec cette réalité et une politique publique inefficace sur le trafic de drogue, sur la petite délinquance, et malheureusement largement insuffisante sur les violences intrafamiliales.

Oui, tous les nazairiens (commerçants, travailleurs, retraités, SDF, etc.) ont le droit de vivre dans la bienveillance et le respect mutuel. L’éducation à ces valeurs est une nécessité. Les combats pour une sécurité pour tous, pour une justice pour tous, pour une politique éducative au service de l’égalité des chances, pour une économie au service de tous et pour la fraternité ne se gagneront pas sur le dos des plus précaires !

LDH – section de St Nazaire

Le 29 septembre 2022

Edito : Lutter contre les inégalités : une nécessité

Saint-Nazaire, le 20 septembre 2022

Comme vous avez pu le constater, la section est très active dans le combat des Maisons d’Hébergement Solidaire(MHS). Dès février 2021 et la réquisition citoyenne des deux maisons du boulevard Jean DE NEYMAN nous avons été sur une ligne politique très claire :

  • Le droit au logement est un droit constitutionnel et les ressorts légaux ne sont malheureusement pas  toujours mis en œuvre à la hauteur des besoins  par l’Etat et les collectivités territoriales. Les associations professionnalisées étant dépendantes de l’argent public, elles ont souvent une ligne politique molle. Les associations caritatives, malheureusement, n’utilisent pas suffisamment les ressors légaux tels que le DAHO ou le DALO.  Le dispositif d’hébergement d’urgence est largement embolisé et la politique nationale sur le logement favorise la concentration du patrimoine, la spéculation, et se fait sur le dos du logement social. Sur St-Nazaire, nous n’échappons pas aux effets de cette politique, même si en matière de logement social, la ville s’est traditionnellement montrée volontariste.
  • le droit de propriété n’exclut pas la possibilité de signer des conventions d’occupation précaire, voire de faire des réquisitions (loi du 23 novembre 2018), et pour cela nous avons demandé dès le premier trimestre 2021 à la mairie de Saint Nazaire d’ouvrir des négociations avec le collectif d’urgence sociale.

Depuis deux ans, nous avons rencontré plusieurs fois les membres du Collectif d’Urgence Sociale (CUS) pour qu’ils acceptent de rentrer dans le jeu républicain en se constituant en association.  Nous leur avons demandé de déposer un dossier sur leur projet, sa philosophie et les principes directeurs auprès de la mairie.

Notre engagement auprès d’eux a toujours été conditionné par une nécessité d’ouvrir un dialogue positif avec la mairie, de mener un combat pacifique, sérieux et sans provocation.  

A deux reprises, nous avons rencontré l’élue en charge des solidarités, Mme TRIGODET, et ce à notre demande. Nous avons proposé, au regard des positions fermées du maire, d’être médiateur pour faciliter le dialogue et obtenir que l’expérience des MHS soit reconnue par les pouvoirs publics. Les membres du CUS nous ont toujours sollicités pour que cette fonction de médiation par la LDH facilite le dialogue.

Avec le CUS, la mairie a conduit deux réunions avec une épée de Damoclès : une assignation devant la justice pour occupation illégale. Mme TRIGODET et son directeur des Solidarités ont tergiversé sur la suite à donner à l’expérience conduite par le CUS. Est-ce la démarche horizontale des MHS, sont-ce les soutiens apportés par des organisations situées à l’extrême-gauche, est-ce l’assimilation à une image de squatteur radicalisé ou est-ce la ligne politique de la mairie qui ne veut pas froisser la préfecture qui a conduit à ce positionnement municipal ?

Face au peu d’enthousiasme municipal, face à une demande tatillonne et technocratique de la mairie, face à la responsabilité de l’Etat en matière d’hébergement d’urgence, face à la position de la municipalité de maintenir l’assignation en justice, le CUS s’est refusé à poursuivre un dialogue qu’il a jugé insincère.

Suite au jugement de juin 2022 confirmant l’expulsion, nous avons demandé à la mairie que l’expulsion ne se fasse pas tant que le relogement de tous les expulsés soit une réalité. A cet effet, lors d’une réunion avec un adjoint, nous avons demandé expressément à être de nouveau reçus par Mme TRIGODET.

Ainsi, au regard du manque de dialogue municipal dès août dernier, nous avons été très présents avec le CUS et les 25 organisations solidaires sur deux mots d’ordre : le relogement de tous les expulsés et l’ouverture de négociations pour légaliser le projet poursuivi par les MHS.

Dans les réunions conduites, au regard de l’expulsion imminente, nous avons demandé au CUS que celle-ci se fasse sans débordement.

Le  jeudi 15 septembre lors de l’expulsion des MHS, nous avons constaté le sang-froid des membres du CUS, des représentants des organisations présentes et des expulsés dans une situation de démonstration de force du sous-préfet.

Le même jour, en début d’après-midi, nous avons expressément demandé une entrevue en urgence avec Mme TRIGODET car 10 expulsés se retrouvaient à la rue.

Avec le père Arnaud, curé de la paroisse de St-Gohard, qui a accepté par charité chrétienne que les expulsés installent un campement sur son terrain, nous avons été reçus par Mme TRIGODET en présence d’un membre du CUS. Le propos de celle–ci sur le relogement était une fois de plus un renvoi de responsabilité vers le sous-préfet et le 115, comme si la situation n’était pas suffisamment complexe et critique pour 10 personnes à la rue, situation enclenchée par le maire suite à l’assignation en justice.

Nous avons demandé qu’il y ait rapidement une nouvelle réunion sur la situation des expulsés sans relogement. Mme TRIGODET a accepté de nous revoir le lundi 19 septembre. Lors de cette réunion, les deux membres du CUS présents ont exposé la situation des 7 expulsés qui se retrouvaient sans relogement. Ils ont proposé la mise à disposition sous forme de convention d’occupation précaire de maisons appartenant à la mairie en attendant un relogement par le 115. Ils ont fait état que la dynamique dans le campement conduisait à des tensions, la venue de SDF et des risques de reprise d’addictions pour certains hébergés. Ils ont demandé que tout soit fait pour que ce campement ne perdure pas. Mme TRIGODET n’avait aucune solution et manifestement durant tout le week-end précédent avait fait le service minimum. Elle doit donner une réponse d’ici la fin de la semaine.

Le maire, par voie de communiqué, a fait savoir qu’il était prêt à ouvrir des négociations concernant un tiers-lieu à condition de sortir des postures clivantes. Si aujourd’hui la situation est dans une impasse, monsieur le maire en est largement responsable. Il a dit que sa responsabilité juridique pouvait être engagée en cas de maintien du squat ! Il pouvait signer une convention d’occupation précaire, il s’agit d’une convention mettant à disposition un local soit à des personnes physiques, soit à une personne morale.

La réglementation sur les Établissements accueillant du public (ERP) est certes complexe mais en matière d’hébergement avec nuitées, les obligations sont avant tout très contraignantes lorsque l’activité va au-delà de 20 hébergés. Si le maire avait tant peur de se retrouver en prison, il pouvait facilement et à peu de frais revoir l’installation électrique, installer des extincteurs et selon la commission de sécurité y adjoindre des portes coupe-feu. Les membres du CUS ont effectué par eux-mêmes de gros travaux avec un coût d’achat du matériel de l’ordre de 4000 €. Il faut savoir qu’un maire, dans le Puy de Dôme, a saisi la justice pour que l’Etat lui rembourse les frais de mise aux normes d’un local mis à la disposition pour faire de l’hébergement d’urgence.

L’argument du sous-préfet sur l’hébergement d’urgence saturé malgré les créations de places et une situation de logement très inquiétante sur St-Nazaire est une analyse partiellement fausse. La loi de finances de 2022 a réduit de 10 000 places l’hébergement d’urgence. Le projet pour 2023 est encore de réduire de 7000 places. Cela étant dit, la loi s’applique et la saturation du dispositif géré par le 115 ne dédouane aucunement le sous-préfet des obligations légales. Rappelons qu’un toit est un droit. Pour cela, le sous-préfet peut très bien attirer l’attention auprès de son préfet afin d’obtenir des crédits supplémentaires.

En France, 9 à 10 millions de femmes, d’enfants et d’hommes vivent sous le seuil de pauvreté. En Pays de Loire, 400 000 personnes sont en situation de pauvreté et il y a 124 000 enfants qui ne mangent pas à leur faim dès le 15 du mois. 104 000 demandes de logements sociaux restent en attente sur la région (chiffre du collectif Alerte qui regroupe 34 associations dont la LDH). Cette réalité de la pauvreté et des inégalités ne peut être niée par les pouvoirs publics.

Nous continuerons à nous battre pour que les droits des plus vulnérables soient effectifs.

Jean Luc Boero, Président de la section nazairienne de la LDH

Edito : Une mobilisation plus que nécessaire

Le 11 septembre 2022

La situation internationale est très préoccupante avec une guerre en Ukraine qui fait beaucoup de morts, des dégâts colossaux, des crimes de guerre, un risque d’accident nucléaire, un renchérissement des prix du blé, un chantage russe sur le gaz et dans une moindre mesure le pétrole; une situation de montée de l’armement chinois et un risque à tout moment d’annexion de Taiwan; des crimes contre l’humanité des minorités ethniques en Chine (Ouïghours, Tibétains pour les plus connus); des combattants musulmans inféodées à des groupes radicalisés un peu partout en Afrique et toujours présents au Moyen Orient; des défis climatiques mondiaux que nous mesurons au quotidien avec une absence coordonnée de prise en compte pour atteindre les objectifs des COP.; des pays qui sombrent dans l’aventure autoritaire (Nicaragua, Birmanie, Syrie, Russie, Chine, etc…), la liste est longue; un spectre de la colonisation qui ne cesse de nous miner et qui conduit à des tensions; une gouvernance mondiale qui ne se réforme pas ; bref  nous avons bien de quoi nous inquiéter !

Les urgences sociales, climatiques, mondiales conduisent à des risques de radicalisation majeurs et de nouvelles tensions internationales voire de guerres. L’ère des crises n’est pas finie et pourrait devenir systémique.

Nous pourrions nous contenter de pérorer dans des colloques, d’avoir des propos bienpensants dans nos revues, de distribuer les bons et mauvais points auprès de ceux qui luttent et manifestent dans nos rues. Ce n’est pas le rôle de la LDH d’être absente des luttes présentes !  C’est ce que nous faisons ici comme dans d’autres villes.

Ainsi, la résolution votée lors du dernier congrès à Marseille « Environnement, écologie et droits »  donne un cadre à notre lutte pour l’amélioration de la qualité de l’air dans le bassin nazairien et nous allons dans les mois prochains accentuer ce combat essentiel.

Comme vous le savez via nos mails, nous sommes très présents dans le combat pour la fin du sans-abrisme à St Nazaire. D’autres sections comme Le Mans sont aussi très impliquées dans cette lutte.

Nous avons aussi été visibles lors du dernier forum des associations de St Nazaire et avons fait de nouvelles adhésions. Nous avons été approchés par l’association ”Le choix citoyen pour une mort choisie” pour organiser en décembre une conférence-débat en présence de François Damas, chef de service de soins intensifs à Liège, promoteur du respect de la volonté de patients médicalement condamnés et désireux d’un suicide assisté pour une fin de vie digne.

Nous sommes toujours actifs avec l’UCIJ, et avec le collectif réclamant une application sans effet du Contrat d’Engagement Républicain (CER) inscrit dans le décret du 31 décembre 2021 prévu par la loi confortant les principes de la République et la lutte contre les séparatismes.

Nous serons aussi présents pour la commémoration de la fin de l’esclavage.

Nous avons très régulièrement des interpellations de citoyens sur leurs situations face à la police, la justice, les services sociaux, etc.

Et nous relançons pour la deuxième année consécutive la campagne pour les Ecrits pour la Fraternité qui aura pour thème “Il n’y aura pas de paix sur cette planète tant que les droits de l’homme seront violés en quelques parties du monde que ce soit “ de René CASSIN, prix Nobel de la paix en 1968.

Mais notre activité et nos combats ne peuvent être le seul fruit de l’énergie de quelques un.e.s. Venez aux réunions mensuelles, participez à nos actions, proposez vos compétences, vos talents et votre temps à des actions ciblées !

Bonne rentrée à toutes et tous !

Jean-Luc Boero, président de la section LDH- St Nazaire

Lettre commune MHS

Pas d’expulsion sans relogement et ouverture de négociations pour pérenniser des expériences innovantes et solidaires d’hébergement !

Le jugement d’expulsion des Maisons d’Hébergement Solidaire (MHS) du 107-109 boulevard Jean de Neyman deviendra très rapidement une réalité.
Le relogement des 18 personnes, dont 5 enfants, encore hébergées est une absolue nécessité. Ce relogement doit prendre en compte les besoins et la réalité familiale, sociale, professionnelle et de santé des hebergé.e.s .
Nous ne pourrons nous satisfaire d’un éventuel relogement uniquement de quelques personnes !

Entre février 2021 et août 2022, ces MHS ont permis l’accueil et la mise à l’abri de 123 personnes, hommes, femmes, enfants avec parfois des animaux. Les bénévoles de l’association « Les ami.e.s du collectif urgence sociale » avec l’appui d’associations et d’acteurs du domaine social ont mis en place un accompagnement social multidimensionnel qui a permis à
certain.e.s de trouver un logement, un emploi, une formation, d’ouvrir des droits et de réaliser des démarches de soin.

Les missions d’hébergement d’urgence et de mise à l’abri de la responsabilité de l’Etat sont gravement défaillantes. L’accompagnement social relevant des collectivités territoriales (Ville et Département) est aussi insuffisant.
Cette situation démontre que le projet des MHS est bien fondé et indispensable.
Les pouvoirs publics doivent accepter d’ouvrir des négociations pour légaliser la mise à disposition aux associations de bâtiments d’habitation sans usage et dont ils sont propriétaires pour créer des tiers-lieux d’hébergement.

Nous demandons aux pouvoirs publics :

  • De proposer à l’ensemble des 18 personnes hébergées actuellement aux MHS des solutions pérennes d’hébergement à Saint-Nazaire, là où ils et elles ont des attaches et une vie sociale, avant qu’une expulsion ait lieu.
  • De rencontrer sans délai les organisations signataires de cet appel pour aboutir rapidement à une existence légale de tiers-lieux qui pallient les insuffisances et les manquements des pouvoirs publics.

Le Jeudi 8 Septembre 2022, à Saint-Nazaire

Signataires :
Les ami.e.s du Collectif Urgence Sociale, la Ligue des Droits de l’Homme, l’Association Solidarités
Créations (ASC), le Secours Catholique, le Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples
(MRAP), l’Union Contre l’immigration jetable (UCIJ), le Collectif de Soutien aux Personnes Sans Papiers
(CSPSP), Réveillons la solidarité (RLS), le Droit Au Logement Nantes/Saint-Nazaire (DAL), Amnesty
International, Planning Familial 44, Union Syndicale Solidaires, Femmes Solidaires Saint-Nazaire, Comité
départemental Femmes Solidaires, CGT, FSU, ATTAC, Parti Communiste Français, Europe Écologie Les
Verts (EELV), La France Insoumise / Union Populaire (LFI), Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Lutte
Ouvrière, (LO) Fédération des Conseils de Parents d’Élèves (FCPE), Les Ami.e.s de May, Groupes des
élu.e.s de l’opposition Ensemble, Solidaires et Écologistes, Guerrières de l’Ouest, Collectif des brévinois
attentifs et solidaires, Choisir la Cause des Femmes, Émancipation Tendance Intersyndicale.