Edito : Résistance ou résignation face à une réforme injuste

Les cabinets de conseil (comme Mckinsey), les conseillers auprès des principaux ministres et ceux du président de la république parient sur la résignation face à une réforme des retraites que l’ensemble des organisations syndicales et la grande majorité de nos concitoyen.ne.s refusent.

Le mouvement social doit savoir exploiter la communication brouillonne et la frilosité d’un certain nombre de partenaires non négligeables d’Emmanuel Macron. François Bayrou n’a de cesse de demander des améliorations sur le fond ; Edouard Philippe, qui pourtant en 2019 souhaitait une réforme avec une mesure d’âge, se montre bien aphone et distant ; l’aile gauche de Renaissance, Barbara Pompili et Patrick Vignal, menacent de voter contre ; des députés plus ou moins opportunistes sont attentistes. Du côté de LR, une quinzaine de députés sont frileux et ne veulent pas prendre un risque politique ; le groupe centriste LIOT et ses 20 députés manqueront à l’appel pour adopter cette réforme.

L’opinion publique se laissera-t-elle retourner par Gabriel Attal, Bruno Lemaire ou Olivier Dussopt ? En effet, le gouvernement et Emmanuel Macron ne semblent pas imposer leur récit d’une réforme juste. Il faut dire que la nécessité financière de cette réforme est loin d’être avérée. Le président du COR, Pierre-Louis Bras, déclarait le 21 janvier 2023 que « les dépenses ne dérapent pas ». Nous avons entendu que l’objectif de cette réforme était de participer au rétablissement des comptes publics puis de ne financer que le déficit des régimes de retraite. Face à un président entouré de technos qui dit tout et son contraire (rappelons-nous qu’en 2017 il était contre une mesure d’âge jugée injuste), et avec une surface politique réduite, sans réel ancrage dans la société, son projet de réforme, malgré des éléments de langage soi-disant rassurants (réforme juste, sauvegarde du régime par répartition, etc.) a entrainé une très forte mobilisation le jeudi 19 janvier.

Pourtant, la résignation et la morosité font partie des éléments pesant dans le choix du gouvernement et du président. Les chiffres alarmistes sur le ratio de cotisants et de retraités, le mur de dettes, la guerre à la porte de l’Europe, la flambée des prix, la dépendance énergétique et ses conséquences quotidiennes, une transition écologique qui sera fortement coûteuse, une éco anxiété auraient dû amoindrir la mobilisation.

Le gouvernement espère toujours une fissure dans le mouvement syndical. Entre ceux qui souhaitent à mots couverts des manifestations violentes pour aller vers un retournement de l’opinion et ceux qui aimeraient un blocage de l’économie dont les premières victimes seraient les salariés des territoires périphériques ou ruraux, il y a une nécessité à ce que les organisations syndicales soient très ajustées dans la stratégie.

La section LDH appellera à se mobiliser et à manifester au côté des organisations syndicales tout au long des journées de manifestation. Un prochain communiqué en soutien à la manifestation du 31 janvier paraitra prochainement.  

Jean-Luc BOERO, Président de la section LDH St Nazaire Estuaire Presqu’île

le 22 janvier 2023

Edito : Les théocraties ne font pas bon ménage avec les droits de l’Homme

En Iran, le 16 septembre dernier, la mort de Masha Amini, décédée après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour infraction au code vestimentaire à savoir un voile mal porté, a conduit à une révolte qui se poursuit au cri de « Zan, Indegui, Azadi » c’est-à-dire « Femmes, Vie, Liberté ».

L’accroissement de la pauvreté, les privations continues des libertés collectives et individuelles, un peuple iranien qui pâtit du blocus imposé par l’Occident et une oppression patriarcale du régime amènent une grande partie de la population, particulièrement chez les jeunes, à mettre leur vie en danger face à la répression terrible menée par le régime de l’ayatollah Ali Khamenei. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées. Les cours révolutionnaires ont condamné à mort une cinquantaine de personnes dans des jugements lapidaires, sans avocat et souvent avec des aveux obtenus sous la torture.

Déjà, 4 manifestants ont été exécutés.

En Afghanistan, l’un des pays les plus théocratiques au monde, les droits des femmes depuis le retour des Talibans sont aussi gravement bafoués. Le pouvoir politique aux mains de chefs religieux applique la charia islamique. Tous les jours, les femmes sont les premières victimes des lois islamiques. L’interdiction d’étudier et de travailler, le port de la burqa, l’obligation d’être accompagnée d’un homme dans la rue les privent de libertés essentielles.

Depuis la prise du pouvoir par les Talibans en août 2021, les 41 millions d’Afghans subissent une catastrophe humanitaire. Les défenseurs des droits de l’Homme, les journalistes, les magistrats, des artistes, des avocats craignent pour leur vie et celle de leurs proches. Ne les oublions pas dans le tumulte informationnel et les priorités médiatiques.

Sur St-Nazaire, la LDH comme d’autres associations soutient le peuple iranien en lutte et le droit d’asile pour les Afghans-es.  

Notre section a interpellé en 2021 et 2022 les autorités publiques sur la situation de ressortissants afghans. Nous avons relayé la campagne du MRAP sur la mosaïque de photos « Femmes, Vie, Liberté ». Nous serons toujours aux côtés de celles et ceux qui dans leurs droits et libertés vivent cruellement l’oppression de régimes fondamentalistes théocratiques et du patriarcat qui en découle.

Les réactions de la communauté internationale face à la terrible répression qui s’abat sur le peuple iranien sont malheureusement bien trop timides. Le peuple iranien a besoin de marques de solidarité et nous devons renforcer nos pressions à l’égard de notre diplomatie.

Ne soyons pas dupes sur les opérations cosmétiques menées par Emmanuel Macron et son gouvernement. Ce ne sont pas des gesticulations humanitaires et morales qui feront plier   l’ayatollah Ali Khamenei.

Nous invitons le gouvernement à renforcer ses initiatives diplomatiques et à œuvrer sur le plan international pour que les autorités de la République islamique d’Iran honorent les conventions internationales dont le pays est signataire, à l’image du Pacte international relatif aux droits civils et politiques du 23 mars 1976.

Les propositions d’actions de solidarité du peuple iranien en lutte sont aussi une piste à ne pas négliger. La demande de démocratie doit être notre boussole d’actions.

Nous devons, à travers nos contacts avec nos élus et dans une action inter associative, poursuivre notre soutien.

Jean-Luc Boero, Président de la section, le 15 janvier 2023

Soutien de la section LDH aux manifestations du 19 janvier

Notre pays est à la veille d’un mouvement revendicatif puissant qui voit l’ensemble des organisations syndicales unies et déterminées pour refuser un projet de réforme des retraites qui n’a pas l ‘assentiment d’une majorité de la population.

La LDH n’est ni une organisation syndicale, ni un parti politique et ne se positionnera pas sur le bienfondé d’une réforme des retraites

 Pour autant, la LDH s’inquiète de la remise en cause, depuis plusieurs années, de pans entiers des droits sociaux sans qu’un réel débat démocratique puisse avoir lieu.

Que ce soit, hier, des ordonnances pour réformer le Code du travail au détriment des salarié.e.s ou, aujourd’hui, une réforme des retraites qui esquive un véritable débat public en utilisant une procédure législative accélérée (Article 47-1 de la constitution) par la voie d’un Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale rectificatif (PLFSS).

Il est aussi anormal que soit déjà annoncée la date d’application de la réforme, sans que les objections à ce projet ne soient sérieusement prises en compte.

De telles méthodes ne font que renforcer un sentiment d’injustice et accentuer une crise de confiance qui met en péril notre démocratie.

Cette réforme qui concerne chacun de nous doit donner lieu à un large débat national et nous ne pouvons accepter cette précipitation et cette tentative de passage en force.

La LDH tient à dire  que les retraités ne sont pas qu’un enjeu d’équilibre financier. Les retraités sont aussi producteurs de richesses et de cohésion sociale. Sans eux, le tissu associatif serait bien en difficulté et notre solidarité serait aussi en difficulté au quotidien. Cette valorisation du bénévolat ne doit pas uniquement apparaître dans nos bilans comptables associatifs mais aussi dans celui de notre richesse nationale. 

Le droit au respect des  âges de la vie basé sur une solidarité nationale qui ne vise pas uniquement à contenir les coûts de la protection sociale mais qui  doit repenser son financement en élargissant ses recettes serait un chemin bien plus juste que d’essorer encore plus les travailleurs.

Face à l’urgence sociale et à l’urgence démocratique, la Ligue des droits de l’Homme rappelle que toute évolution des droits sociaux doit amener plus de justice sociale et être conduite en respectant réellement le dialogue social.

La LDH réaffirme que face aux périls qui la menacent, la démocratie a tout à gagner à une mise en débats exigeante des voies et moyens de la justice et de l’égalité.

C’est pourquoi la LDH Saint-Nazaire, Estuaire, Presqu’île soutient l’intersyndicale et appelle à une très marge mobilisation le jeudi 19 janvier à 10h place de l’Amérique Latine.

Saint-Nazaire, le 13 janvier 2023

Une année 2022 bien triste pour les droits de l’Homme

L’année 2002 restera marquée par l’annexion de l’Ukraine par la Russie. Cette guerre européenne, longue, se traduit par des attaques contre les populations civiles, une destruction d’infrastructures, des massacres, des violences, des déportations d’enfants, des viols, et les conséquences psychologiques pour les Ukrainiens sont énormes. L’aide internationale et le soutien au peuple ukrainien commence à s’essouffler. En Pologne, premier pays européen d’accueil d’Ukrainiens, la solidarité s’effrite, les associations s’épuisent. A terme, en Europe et aux Etats-Unis, il faudra construire des propositions pour une sortie de crise. Les appels à la négociation d’un accord de paix en Ukraine se multiplient. Tout accord de paix est un compromis, les conditions doivent être recevables pour l’Ukraine comme pour la Russie. La question d’une zone démilitarisée se posera, l’ONU aura toute sa place. Il faudra aussi compter sur la Cour Internationale de Justice pour traiter des crimes de guerre et des crimes contre l’Humanité. Le peuple ukrainien a besoin de notre solidarité encore pour longtemps.

La situation en Ukraine ne doit pas nous faire oublier les conflits existants en Afrique, Erythrée, Soudan, Mali, ni les persécutions comme celles des Rohingyas en Birmanie. La médiatisation de l’épuration des Ouïghours en Chine doit aussi nous faire garder à l’esprit l’état désastreux des droits de l’Homme pour toutes les minorités ethniques ou religieuses vivant en Chine.

En Israël, le droit international est toujours bafoué et le nouveau gouvernement NETANYAHOU a pour objectif premier d’accroitre les colonies.

En Afghanistan et en Iran, la situation des droits des femmes est désastreuse. La répression iranienne est intense malgré une contestation et des manifestations du peuple iranien refusant le régime des Mollahs.

En Europe, la situation des droits des étrangers est inquiétante. Les politiques racistes et xénophobes et la suspicion à l’égard des étrangers sont de plus en plus conduites sans réserve par des pays européens de première importance comme l’Italie et prochainement la France avec le projet de loi DARMANIN.

Les droits économiques et sociaux ne sont pas en reste en ce qui concerne leurs restrictions, il n’y a qu’à voir la réforme de l’assurance chômage et la réforme voulue sans nécessité économique première mais avant tout promue par les marchés financiers, et la financiarisation développée des fonds de pension.

En France aussi, les mesures répressives concernant le monde associatif suite à la loi dite séparatisme du 24 août 2021 et l’émergence du Contrat d’Engagement Républicain remettent en cause l’existence même de l’action de bon nombre d’associations. Les violences policières ont toujours cours et ce n’est pas le traitement judiciaire adouci pour les personnels des forces de l’ordre et la solidarité sans faille des gouvernants à leur égard qui va diminuer leur nombre.

L’insécurité sociale et territoriale est intense au regard d’un traitement de la petite délinquance et du trafic de drogue totalement inefficace. Ce ne sont pas les quelques mesures concernant l’augmentation du budget de la justice toujours vers plus de répression qui changeront beaucoup de choses à la vie quotidienne de celles et ceux qui vivent dans les quartiers les plus défavorisés.

La France est un des pays d’Europe qui voit sa politique pénale régulièrement mise à l’index par les instances internationales comme la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Malgré un plan de création de places de prison, la surpopulation carcérale est toujours aussi importante.

Les violences faites aux femmes, aux enfants, n’ont pas diminué malgré le Grenelle et de nouvelles lois de protection de l’enfance inefficaces car portées par des budgets insuffisants.

Les fondements essentiels de l’Etat de droit sont régulièrement bafoués lorsque l’on voit les collusions entre le monde des affaires, certains dirigeants politiques et des dictatures sans scrupules. La dernière coupe du monde au Qatar en a été une des tristes illustrations.

Nous devons toujours nous battre pour que la laïcité ne soit pas dévoyée. L’islamophobie est bien inscrite dans le discours politique et nous constatons, ô combien avec une certaine désespérance, la banalisation et l’aggravation des phénomènes racistes, des propos à caractère antisémites ou xénophobes. Les dernières manifestations de l’ultra droite et la vague idéologique sur le grand remplacement font tous les jours beaucoup de dégâts à notre cohésion nationale.

Mais il ne faut pas croire pour autant que la solidarité n’existe pas, elle est là, sa force et sa présence au quotidien auprès des plus vulnérables, des demandeurs d’asile, des étrangers sans papiers, est une réalité palpable pour nous autres militants des droits de l’Homme.

Dans le respect des différences et des valeurs qui nous habitent, la section LDH continuera sa combativité et ne se laissera pas aller au pessimisme ambiant voire au découragement.

Pour agir plus efficacement et de manière permanente, au nom des principes fondateurs de la République et de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, il est nécessaire de nous développer. N’hésitez surtout pas à faire connaître la vie de la section autour de vous.

A tous les membres de la section, à leur famille, à leurs amis, je souhaite une bonne année 2023.

Jean-Luc BOERO, Président de la section LDH St Nazaire

le 1er  janvier 2023

Edito : Un projet de loi DARMANIN qui vise à rendre encore plus précaire la situation des étrangers les plus vulnérables

En cette fin d’année commence à être discuté le 23ème projet de loi concernant les étrangers depuis 1980.

Dans une course en avant effrénée pour contrer l’extrême droite, le gouvernement pense qu’en durcissant la politique d’immigration, il évitera une prochaine déconfiture électorale. Rien n’est moins sûr car face à une situation de plus en plus xénophobe, nous constatons au quotidien que la situation des personnes étrangères, selon le pays d’où elles viennent, n’est pas traitée de la même manière.

Les chiffres sont manipulés. Ainsi, 7 millions de personnes immigrées soit 10,3 % de la population vivent en France. Mais il faut savoir que 36 % d’entre elles soit 2,5 millions de personnes ont acquis la nationalité française. Ainsi, on ne compte que 5 millions de personnes de nationalité étrangère.

Il est utile de rappeler que l’immense majorité des personnes étrangères vivant sur notre sol sont en situation régulière. Il arrive en moyenne plus de 250 000 personnes étrangères tous les ans en France et un nombre non négligeable de celles-ci retournera un jour ou l’autre soit dans son pays, soit vivra dans un autre pays (les étudiants, les retraités étrangers, etc.).

La période des années SARKOZY a modifié sensiblement le traitement des étrangers hors union européenne. Ce fut l’époque de la création d’un Ministère de l’immigration, de l’intégration et de l’identité nationale. Les compétences autrefois déléguées au Ministère des affaires sociales furent intégrées au Ministère des affaires étrangères. C’est une vision de plus en plus régressive et répressive des politiques migratoires.

La dernière loi date de 2018 et elle n’a même pas donné lieu à un bilan d’application. Le débat sur les OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) a pris une tournure nauséabonde suite à la mort crapuleuse de la jeune Lola. M. DARMANIN s’est fendu d’une circulaire en date du 17 novembre pour renforcer l’exécution des OQTF, son propos étant, comme il a pu le dire en conférence de presse, d’être « méchant avec les méchants ». Il veut rendre la vie impossible à celles et ceux qui ont reçu une OQTF.

La LDH et d’autres associations ont rappelé à notre Ministre d’Etat que la question de l’hébergement d’urgence ne peut aucunement déroger à l’inconditionnalité de l’accueil telle que prévue dans les textes réglementaires. Vouloir une fois de plus recourir à l’expulsion des étrangers en situation irrégulière est une vue de l’esprit totalement irréalisable car faut-il le préciser, l’expulsion nécessite des accords avec des pays tiers, des moyens financiers et humains très importants si l’on veut expulser chaque année 100 000 personnes contre 10% des OQTF exécutées en moyenne actuellement. Et faut-il rappeler que des recours sont possibles contre des OQTF.

Monsieur DARMANIN, comme sous le président SARKOZY, veut réhabiliter la notion d’immigration choisie et Monsieur DUSSOPT, Ministre du travail, parle de régulariser les personnes qui occupent des métiers en tension, mais cette régularisation se fera via les cartes de séjour temporaires d’un an et correspondra à des professions choisies en fonction des besoins de l’économie.

Le droit d’asile, dans le projet DARMANIN, risque aussi d’être mis à mal par l’usage systématique de la visioconférence, par des procédures écourtées, par la mise en place d’un juge unique et par la territorialisation de la Cour Nationale du Droit d’Asile.

La LDH revendique une politique migratoire basée sur le respect des droits et libertés fondamentales et notamment la libre circulation et l’égalité des droits. Nous revendiquons de faire de l’asile un droit effectif avec le principe de non refoulement, le libre choix du pays d’asile, une procédure assurant les garanties effectives et un traitement adapté. Nous demandons que la notion de pays sûr soit abandonnée ainsi que le recours aux procédures dites accélérées. Elles constituent en elles-mêmes une rupture d’égalité des droits.

Nous demandons depuis très longtemps une revalorisation de l’Aide aux Demandeurs d’Asile et un accès à l’emploi facilité. Nous avons dit depuis de très nombreuses années que la LDH réaffirme sa position en faveur de la régularisation de toutes les personnes étrangères vivant sous notre territoire. Il nous semble important de changer de paradigme concernant la fermeture des frontières et ce en raison de la richesse qu’ont apporté et qu’apportent les migrations, de l’enjeu que représente aujourd’hui le droit d’asile en raison des conflits religieux ou territoriaux à travers le monde, des régimes autocratiques et d’un exil souvent lié aux misères économiques, sociales et sanitaires. Rappelons aussi que l’enjeu climatique conduit et conduira inexorablement à l’augmentation sensible des migrations. Vouloir nier ces réalités, c’est se parer dans des postures idéologiques qui ne permettent pas de régler les questions de flux migratoires et encore moins celle de l’inclusion des étrangers.

Il n’existe pas de grand remplacement, il existe avant tout des êtres humains qui cherchent protection, accueil et sécurité. Vouloir opposer les citoyens et les migrants en les catégorisant, en rejetant la légitimité des demandes, en les associant à des délinquants, en précarisant leurs conditions d’existence est une rupture d’égalité des droits qui déchire notre tissu social.

La section LDH s’opposera avec force avec nos partenaires habituels comme avec l’ensemble des associations qui travaillent sur ces questions à un projet de loi qui viendrait confirmer la manipulation politicienne de Monsieur MACRON en ratissant largement sur ces terres droitières.

Jean-Luc BOERO, Président de la section LDH-St Nazaire,

le 11 décembre 2022

Communiqué de Presse : Des Droits de l’Homme en second plan

Le maire de St- Nazaire, David SAMZUN, estime qu’un parcours des Bleus à la coupe du monde qui se déroule au Qatar, si celui-ci va jusqu’en finale, pourra être l’occasion d’un moment de communauté, de rassemblement populaire et il ouvrira l’alvéole 12 de la base sous-marine pour une retransmission gratuite. Nous savons bien que les rassemblements populaires sont particulièrement appréciés de nos concitoyens. Nous comprenons que nos élus y soient sensibles.

Mais que fait-on de la question des Droits de l’Homme ? Notre ville peut-elle être solidaire des pays et communes qui refusent de cautionner cet événement au Qatar ? Comment pouvons-nous prévenir dans l’avenir que de grandes manifestations sportives ne se déroulent pas dans des pays dictatoriaux ? Le besoin légitime de joies collectives ne peut à nos yeux se faire au détriment des droits de l’Homme et en ce qui concerne le Qatar, nous ne pouvons que confirmer l’absurdité de l’organisation de cette coupe du monde dans ce pays au régime politique plus que contestable.

Cette décision est d’autant plus incompréhensible que la ville de St- Nazaire se montre sensible aux questions de droits de l’Homme depuis de très nombreuses années.

Nous ne pouvons que regretter le choix fait par la mairie de St-Nazaire.

St- Nazaire, le 07 décembre 2022

Communiqué de Presse : Soutien aux manifestations pro liberté en Chine

Vendredi dernier puis tout au long du week-end, les chinois-es ont bravé la dictature du Parti Communiste Chinois pour dénoncer les mesures « Zéro Covid » que des gardes sanitaires font appliquer avec violence et zèle depuis 3 ans. C’est un fait inédit depuis 1989 : les revendications ont aussi basculé vers le politique. Dans plus de 10 villes chinoises, et au Turkestan oriental (en CN Xinjiang), des slogans « Xi démission » ont été entendus.

En effet, il est notoire que le confinement en Chine, et surtout au Turkestan oriental et au Tibet relève de la privation de tous les droits, avec des zones de famine, et de nombreuses personnes décédées suite à l’impossibilité d’actions des services « publics ». Par ailleurs,  cette politique prive notamment les étudiants de se projeter dans l’avenir… En fera-t-elle une génération de militant-es ? 

La réponse du pouvoir est toujours la même : plus de répression, y compris dans la presse internationale, toujours moins de liberté d’expression, et un confinement toujours de rigueur faisant oublier les carences du système de santé chinois. 

La LDH Saint-Nazaire salue le courage du peuple chinois, et condamne la répression. Elle souhaite que la diplomatie française en fasse de même,  à l’image de ses propos face à la situation en Iran ou en Ukraine.  La prochaine visite du président Macron en Chine devra être l’occasion de rappeler nos valeurs.

Saint Nazaire, le 29 novembre 2022

Edito : Les dépenses sociales sont avant tout une affaire de droits !

Les collectivités territoriales (villes ou départements principalement) sont des pourvoyeuses de prestations sociales au titre du RSA, de l’enfance, de la pauvreté, des vulnérabilités sociales ou de politiques de solidarités facultatives.

L’Etat intervient principalement par une redistribution autour de 6 domaines : vieillesse, santé, famille, emploi, logement, pauvreté-exclusion. Des pays de l’OCDE, la France est le pays qui dépense le plus au titre de l’Etat-providence, soit un peu plus de 30% de son PIB.  Cela a aussi un impact fort sur son attractivité économique,  ce n’est pas qu’un pognon de dingue qu’il faut chercher à réduire.

Les contraintes européennes sur les comptes publics, les exigences des marchés financiers, les politiques de désendettement voulues par les traités imposent de plus en plus les états à un rationnement des dépenses publiques.  Les dépenses sociales sont souvent dans les premières à vivre des coupes budgétaires. C’est le cas pour la santé, (déremboursement, fermeture de lits, durée réduite d’hospitalisation, etc..), dernièrement pour l’assurance-chômage et prochainement pour les retraites.

La France est un des pays européens qui a le plus à craindre d’un effritement de son modèle social. Nos concitoyens n’en sont pas dupes et réagissent souvent avec un fatalisme lorsque des réformes dont le but est de diminuer les dépenses sociales pesant sur les entreprises et les comptes publics se font jour.

Cette politique est en place depuis plus de 30 ans avec cependant de nouveaux acquis sociaux comme le RSA mais a pris des formes parfois très inquiétantes comme la diminution des dépenses hospitalières qui a conduit à  des risques sanitaires majeurs lors de la pandémie de la COVID.  Le manque de personnel hospitalier, la dégradation des conditions de travail et la saturation de certains services en sont les phénomènes les plus visibles. Et cela touche aujourd’hui plein de secteurs : les EPHAD, les personnes handicapées, la Protection de l’Enfance, l’aide à domicile, etc..

Alors, lorsque l’on voit des mairies nous faire de beaux exposés sur leurs politiques de solidarité, on peut être dubitatif au regard de leurs contraintes financières et des besoins sociaux grandissants. Ce fut le cas lors du forum annuel social de la mairie de St Nazaire.  Les moyens mis au service des plus fragiles sont réels et importants. Mais derrière les chiffres, les dispositifs, se cachent aussi des politiques sociales à guichets fermés : il faut entrer dans les cases.

Saint Nazaire n’échappe pas à cette réalité. Son CCAS revoit son accompagnement des usagers en lien avec le département. Et cela reste encore bien difficile pour les usagers de trouver une réponse adaptée et durable à leurs difficultés. Le panier des aides sociales municipales ne répond qu’à des urgences et ne permet pas de sortir de situations chroniques de grande pauvreté et il ne concerne pas tous les publics.

Et en ce qui concerne l’accueil inconditionnel et global qui est inscrit dans le droit positif, on peut faire beaucoup mieux, car l’accompagnement est souvent conditionné à des notions d’ayant-droit et de répartition des champs de compétences entre Etat, Département et communes. Pour l’hébergement d’urgence, la compétence est d’Etat mais au titre de l’action sociale volontariste, les communes et les Départements peuvent agir et créer des dispositifs d’hébergement d’urgence. Il ne faut pas que les collectivités et l’Etat se renvoient la balle laissant des personnes vulnérables sur le carreau.

Les avancées comme la création en 2023 d’un dispositif d’hébergement d’urgence en modulaire, pour des SDF avec des chiens et avec des problématiques d’addictions, etc. est une réponse que les professionnels, les associations sociales attendent depuis longtemps. Dans un tel projet, il ne faut pas croire que c’est uniquement les questions de droit des personnes qui ont été les seuls déclencheurs de ce programme. Les aspects autour de la tranquillité publique, de l’attractivité touristique, de l’image de la ville ont aussi influencé les choix politiques. Saint Nazaire veut se montrer proche des préoccupations des classes moyennes ou supérieures qui s’y installent. Le dire n’est pas remettre en cause les intentions sociales de la mairie, mais c’est aussi dans ces différentes dimensions que se pense l’action sociale, d’où l’importance que des associations comme la LDH rappellent les droits des plus fragiles.

La section LDH sera présente à la table-ronde initiée par la mairie de St Nazaire sur l’hébergement d’urgence et notre propos sera de redire que les droits sont avant tout notre ADN !  Il ne faudra pas que cette table-ronde soit une fois encore le lamento sur le désengagement de l’Etat dans cette politique qui lui incombe.

Nous revendiquerons la reconnaissance pleine et entière des expérimentations sociales conduites par les associations, de l’importance de prendre en compte la parole des usagers, de l’absolue nécessité de dépasser les approches trop sectorielles ou par catégories et de travailler dans la durée à partir de la prise en compte de la globalité de la personne et de ses droits. Nous demanderons  qu’un diagnostic des besoins qui inclut les réalités rencontrées par toutes les associations et non par le seul prisme des décideurs ou financeurs soit mis en avant pour éclairer les besoins et droits à couvrir.

Nous serons donc aux côtés des associations, des bénévoles, des professionnels et des élus pour faire en sorte que les droits ne soient pas écornés par des politiques de rationalisation budgétaire qui sont forcément plus coûteuses à terme. Recoudre un tissu social éclaté, des détresses humaines aggravées par des manques revient plus cher. Et sur le plan démocratique c’est un vrai risque de voir l’extrême-droite au pouvoir.

Le 27 novembre 2022

 Jean-Luc BOERO, Président de la section

Edito : Combattons l’exploitation politicienne et raciste des migrations

Arthur KOESTER, en 1941 a écrit  «La lie de la terre »,  livre bouleversant sur le parcours d’un exilé juif hongrois et communiste. Ce livre lucide et prémonitoire par bien des aspects, d’une sensibilité extrême, nous narre la fabrication du racisme et ses racines très anciennes.

En 2022, les ressorts de la haine de l’étranger sont toujours vivaces. Ils prennent des tournures religieuses, économiques, culturelles ou sociales.

Les politiciens plus souvent de droite et d’extrême droite, sans pour autant  exclure des politiciens de gauche et non des moindres, ressortent régulièrement les thématiques sur les migrants faiseurs d’insécurité, dévoreurs de nos aides sociales, amalgamant musulmans et intégristes.

Le grand remplacement en est la thèse la plus caricaturale. Mais ne perdons pas de vue que ces postures conduisent inexorablement à un durcissement de lois anti-immigrés et fabriquent un risque démocratique certain. Car courir derrière l’hydre autoritaire et la préférence nationale ne fait pas un rempart contre l’extrême-droite. Cela conduit d’abord à une politique migratoire calamiteuse et pourvoyeuse de dangers pour les personnes et leurs droits les plus élémentaires. C’est  aussi rendre banal le fond idéologique de l’extrême-droite. Les valeurs démocratiques et l’action publique n’en sortent pas grandies.

Certains me diront qu’il faut sortir de l’angélisme d’accueil  si nous ne voulons pas que l’extrême-droite prenne le pouvoir. Pour autant, ce sont les mêmes politiciens qui  demandent aux Français d’ouvrir leurs  portes aux réfugiés ukrainiens. En effet, nous ostraciser car nous serions des doux-rêveurs est plus facile à faire que de construire une politique devant à la fois lutter contre les préjugés, les haines ancestrales et permettre une intégration réussie. Il faut avoir du courage pour affronter les contre-vérités dites à longueur de journée et soutenir une autre politique migratoire.

Discernons aussi les causes à défendre et ne sombrons pas dans l’inaction face aux intégrismes qui sont de vraies atteintes aux droits humains. Continuons de dénoncer les causes écologiques, sociales géopolitiques, économiques qui conduisent à l’exil, mais luttons sans merci contre ceux qui s’enrichissent dans le trafic migratoire dont le trafic d’êtres humains. Nous le devons à tous ceux qui combattent l’obscurantisme religieux, ceux qui sont morts ici en France ou ailleurs à travers le monde pour notre liberté d’expression, pour le droit des femmes, contre l’application de la charia dans les régimes islamistes.

Refusons les amalgames, ayons un propos clair sur tous les profiteurs des migrations, soyons pédagogues et refusons l’hystérie du sujet.

Le futur projet de loi DARMANIN sera la 21ème loi sur l’immigration depuis 1986. Si Emmanuel Macron veut sortir d’une politique absurde à la fois inefficace et inhumaine, il faut lui rappeler que la dernière loi date de 2018, loi qui a réduit la durée pour déposer une demande d’asile et qui a conduit aussi à un rallongement des durées d’enfermement en centre de rétention. La proposition de loi de M. DARMANIN a principalement pour visée de rendre encore plus difficiles les conditions pour obtenir un titre de séjour. Il visera également à réduire les délais pour déposer des demandes d’asile et les recours à la CNDA, il rallongera les durées de rétention. Le projet vise aussi à augmenter d’un an à trois ans les Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF). Il accélèrera la dématérialisation des dossiers, veut accroître le volet de l’immigration économique, sans oublier des projets d’ouverture de nouveaux centres de rétention administrative inscrits dans ce projet.

La création d’un centre de rétention administrative sur NANTES présenté dernièrement dans une actualité sur la délinquance nantaise a conduit la LDH de NANTES à réagir avec les associations de défense des migrants, en précisant qu’il était anormal d’amalgamer immigration et délinquance. Si la délinquance est plus élevée dans les quartiers populaires où il y a une forte concentration de personnes d’origine étrangère, encore faut-il y noter que cette délinquance est pour grande partie liée au trafic de drogue qui est le résultat d’une politique prohibitive totalement inefficiente et inefficace pour lutter contre le fléau de la drogue, des addictions et de l’argent facile. Cette économie souterraine est aussi le fruit des difficultés économiques graves et de la précarité importante de bon nombre d’habitants de ces quartiers. Donner ces explications sociologiques et criminologiques ne vient nullement amoindrir les responsabilités individuelles ni la lutte à développer contre les réseaux mafieux qui ne cessent malheureusement de prendre de l’ampleur.

Pour continuer à travailler sur les conditions d’une intégration réussie, prenons comme exemple les facilités données fort heureusement aux Ukrainiens. Faciliter l’obtention de titres de séjour, du droit au travail et à l’éducation  conduit à un affaiblissement des réseaux mafieux et produit forcément une meilleure sécurité de tous et les conditions d’une intégration à l’image des valeurs de notre République. 

La ville de SAINT-BREVIN se rappelle à notre souvenir. Lors de la fermeture de la zone de CALAIS en 2016, des migrants avaient été installés dans un centre de vacances de cette commune. Leur arrivée avait généré un mouvement de haine, il y avait eu un tir de chevrotine dans ce centre, fort heureusement sans faire de victime. Mais il y est né un formidable mouvement de solidarité qui existe toujours et qui a permis des brassages culturels et humains riches.

Le 15 octobre 2022, une contre-manifestation a eu lieu devant la mairie de ST-BREVIN car un projet de création d’un CADA a amené de soi-disant Brévinois apolitiques mais soutenus par le Rassemblement National à manifester leur désaccord contre cette création. Les arguments sur l’insécurité, sur le coût de cette installation et sur la dépréciation immobilière étaient une fois encore cités par ces Brévinois. Mais le nombre de manifestants favorables à cette ouverture de CADA, venus à l’appel du collectif des Brévinois attentifs et solidaires, étaient bien plus nombreux.

La LDH a rappelé lors de cette manifestation que la fraternité n’était pas à géométrie variable et qu’une politique migratoire accueillante avait montré tout son plein succès à ST-BREVIN.

Jean-Luc BOERO, Président de la section LDH-St Nazaire

Le 15 octobre 2022