Un prochain congrès pour nous permettre de mieux nous inscrire dans le combat environnemental

Le 29 mai 2022

Le congrès national de la LDH se tiendra les 4, 5 et 6 juin à Marseille. Nous vous avons fait parvenir les rapports d’activités, moral et budgétaire. Un projet de résolution « Environnement Ecologie et Droits » sera soumis au vote. Il fait suite à une importante réflexion conduite principalement par le Groupe de Travail Environnement. Notre section, petitement, a participé à ce travail grâce à l’implication entre autre de Didier Ott. Nous avons demandé que soit insérée la question de la qualité de l’air, notion qui apparait dans sa globalité dans le concept d’environnement sain, propre et durable. La section, à compter de septembre, reproposera au Comité Régional et aux sections des Pays de la Loire de revenir sur notre projet de lier environnement, aménagement du territoire et écologie.

Dans une région à forte attractivité touristique ayant des pôles industriels majeurs, les questions environnementales doivent être mieux prises en compte par nos sections. La décarbonation, la réduction de nos matières polluantes, la sobriété seront au cœur des politiques publiques dans les années à venir. Il est important que l’écologie soit un instrument de solidarité pour les droits et les libertés dans un environnement préservé.

L’intervention d’associations de défense de l’environnement et du climat a donné lieu à la condamnation de la France à deux reprises pour inefficacité climatique. La LDH a dénoncé les mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence lors de la COP 21. Elle s’est opposée à la démesure policière et judiciaire à Bure, ainsi qu’aux dérives de la cellule Demeter. D’ailleurs, une de nos ligueuses avait sensibilisé le National par rapport à une journaliste mise en danger par des lobbyes agro industriels. Nous continuerons à le faire. Toutes celles et tous ceux qui se sentent concernés de près ou de loin dans ce combat pourront compter sur la LDH. Mais les mesures de préservation de l’environnement ne doivent pas se faire au détriment des droits économiques, sociaux et culturels des plus fragiles.

Nous sommes dans une région où la préservation des éco systèmes comme ceux des marais salants ou des marais de Brière est essentielle pour le bien-être de tous. Nous devons conduire une décarbonation de l’économie qui n’emprunte pas à des conceptions liées à un néo capitalisme vert tels que croissance verte, développement durable, capital naturel.

Nous soutiendrons une préservation de nos écosystèmes dans une perspective écologique respectueuse du bien-être, du milieu de vie fondé sur les droits des personnes concernées et d’une économie durable et verdie.

Au large de St Nazaire se construit le premier parc éolien français. Son élaboration, dans un esprit de concertation, montre le chemin à prendre pour poursuivre vers une production d’énergie décarbonnée répondant aux impératifs liés au réchauffement climatique.

La reconnaissance des communs environnementaux sera probablement une ligne directrice dans nos combats d’avenir. Avec nos militants, nous devons interpeller nos élus pour que le système productif réponde impérieusement aux dangers d’un productivisme effréné et carboné. Les activités économiques de demain doivent se faire sans ravage écologique et aussi sans inégalité des rapports sociaux. Les mobilisations écologiques auxquelles nous participerons seront basées sur cette préoccupation de solidarité et d’une nouvelle articulation entre droits et responsabilités. Nous réclamerons à nos élus une participation effective, loyale et continue des associations environnementales et citoyennes pour que l’intérêt collectif soit pris en compte.

La LDH est signataire du pacte pour la transition. Cela doit participer à notre volonté d’être partie intégrante dans la co construction des politiques territoriales sur les communs environnementaux.

J’appelle tous nos adhérents à saisir l’enjeu des élections législatives pour amplifier ce pacte écologique et solidaire.

Jean-Luc Boero,  Président de la section

Edito : Des réactions à l’indignation internationale qui provoquent un changement de logiciel pour certains

Saint-Nazaire, le 13 mars 2022

Si je vous demande : qui a dit « il n’y a pas deux sortes de victimes : il n’y a pas les européens chrétiens qu’il faudrait défendre et puis des gens au Moyen-Orient qui seraient musulmans et qu’on aurait eu raison de ne pas accepter chez nous » ? La réponse est : Robert Ménard. Nous connaissons l’opportunisme politicien de certains, pour autant, cette guerre d’annexion en Ukraine rebat les cartes géostratégiques, politiques, économiques et l’Europe développe un sentiment de solidarité que certainement Poutine n’imaginait pas.

En quelques jours ont volé en éclats les illusions de leaders européens sur les intentions de Poutine. Ils se retrouvent face à sa cruauté et sa logique impérialiste.

Des pays comme la Pologne, si peu accueillants à l’égard des Syriens, se montrent  aujourd’hui exemplaires face aux victimes ukrainiennes mais ont pu faire preuve de xénophobie pour les victimes  non ukrainiennes ou plus exactement à l’égard des non blancs.

La LDH, comme l’ensemble des organisations avec lesquelles nous collaborons, relève la nécessité que l’obtention du statut de réfugié soit à la hauteur des besoins de toute personne persécutée en Ukraine ou ailleurs.

Nous avons aussi une campagne électorale totalement bousculée par cette guerre, peut-être au bénéfice de Macron, car dans un monde insécure, nos concitoyens pourraient se rassurer par une certaine permanence politique. 

Incontestablement, nous ne connaissons pas aujourd’hui la durée de cette guerre mais nous savons déjà qu’elle fait de nombreux morts et blessés, un flot de réfugiés qui ne cesse d’augmenter et probablement des tensions en cascades pour des pans entiers de secteurs de l’économie mondiale fonctionnant avec des besoins énergétiques massifs, un renchérissement durable du prix du gaz et du pétrole et une augmentation importante des prix de certaines matières premières agricoles avec de possibles difficultés d’approvisionnement pour des pays en voie de développement.

Les leaders européens veulent nous rassurer en montrant leur solidarité à l’égard des Ukrainiens, en réagissant rapidement et massivement par un arsenal de sanctions à l’égard de la Russie, de son économie et de ses oligarques jamais égalé.

Nous devons apporter dans toute la mesure du possible notre soutien aux opposants russes à la guerre en Ukraine. Il est fondamental que les forces démocratiques russes puissent savoir, par des actions soutenues, par nos organisations, par les gouvernements et l’Europe,  notre solidarité. Il faut veiller au sort des défenseurs des droits, des artistes, des journalistes, mais aussi de toutes celles et ceux qui refuseront de rejoindre les bataillons armés.

L’un des enjeux majeurs est d’arriver le plus rapidement possible à un cessez-le-feu et au retrait de l’armée russe et de ses affiliés.

Nous serons encore et durablement avec tous ceux qui appellent, dans un cadre le plus unitaire possible, aux initiatives pour une paix juste. Sur St-Nazaire, nous nous sommes associés aux appels du MRAP et du Mouvement de la Paix, nous discuterons longuement lors de notre prochaine réunion des engagements de la section pour soutenir les Ukrainiens et tous ceux qui se mobilisent pour leur venir en aide.

Venez très nombreux à notre prochaine réunion de section.

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH de St-Nazaire

COMMUNIQUE DE PRESSE UNITAIRE POUR LA PAIX EN UKRAINE

L’attaque de l’Ukraine par la Russie se poursuit. En envahissant l’Ukraine, par des tirs qui atteignent des victimes civiles, la Russie a choisi de passer outre le droit international. Nous réitérons collectivement notre condamnation de l’agression russe et exigeons l’arrêt des bombardements et le retrait des troupes d’occupation 

Ce mardi 1er Mars, suite à la manifestation organisée samedi 26 février, à l’initiative du MRAP et du Mouvement de la Paix, nous(signataires) nous sommes retrouvé·es pour faire le point et organiser la mobilisation, la plus large possible, pour défendre en premier lieu la paix et le soutien sans faille aux peuples Ukrainiens et Russes qui manifestent pour la paix et qui vont subir la répression de Poutine.

Contre les attaques impérialistes de Poutine, il est de la responsabilité de tout·es les citoyen.ne.s de se dresser pour la paix et contre toute action armée.

Nous appelons en ce sens à la manifestation ce samedi 5 Mars à 11h Place des droits de l’homme pour :

  • Exiger l’arrêt des bombardements et le retrait des troupes russes
  • Exiger l’arrêt des combats par un cessez-le-feu immédiat 
  • Développer une aide humanitaire d’urgence en faveur de la population ukrainienne et des réfugiés fuyant l’Ukraine, sans discrimination
  • Permettre l’asile aux Ukrainiens, enfants, femmes, et hommes, qui fuient le conflit et doivent être accueillis dans le respect et la dignité.

La population d’Ukraine fuit les bombardements, nos concitoyens et concitoyennes sont nombreux à se mobiliser pour un accueil de ces réfugiés. Il est du devoir des pouvoirs publics d’organiser cet accueil. Les moyens adéquats, matériels mais aussi juridiques doivent être mobilisés à cette fin. 

La protection accordée doit s’étendre à toute la population résidant en Ukraine, y compris étrangère. Vivent en Ukraine plusieurs milliers d’étudiants originaires d’Afrique et de réfugiés ayant fui les conflits du Moyen Orient. 

C’est l’accueil de celles et ceux qui fuient la guerre qui doit s’organiser sans exception. 

Ici, à Saint-Nazaire, nous voulons que tous les acteurs, institutionnels ou non, prennent leur part pour garantir un accueil inconditionnel des réfugié.e.s et organisent collectivement la solidarité aux peuples en souffrance.

 Nous souhaitons poursuivre tant qu’il sera nécessaire les actions unitaires, sur les bases exclusives du combat pour la paix, contre les discriminations et pour la solidarité entre les peuples.

Communiqué de presse : Non à l’annexion de l’Ukraine par Poutine

La Ligue des Droits de l’Homme voit dans cette annexion de l’Ukraine par la Russie la confirmation de l’essence même de ce que sont les régimes totalitaires, autocratiques et dictatoriaux : des régimes qui proscrivent la souveraineté des Etats, les droits fondamentaux des peuples,  la libre adhésion à des traités, le mépris du droit international.

Ces régimes font prévaloir la force, la brutalité et veulent réduire au silence les expériences démocratiques.

Ainsi, nos démocraties ne doivent pas se tromper. En attaquant l’Ukraine sous le prétexte d’un expansionnisme de l’OTAN et d’un danger pour la sécurité de la Russie, Poutine fait œuvre de diversion et de dissimulation. Il tente avant tout d’asseoir son propre pouvoir à Moscou qui est menacé par l’expérience démocratique réussie dans cette ancienne république soviétique qu’est l’Ukraine.

Les Ukrainiens ont des choses à nous apprendre. Ils ont subi pendant deux siècles l’autocratie tsariste. Leur brève tentative d’indépendance a été rapidement écrasée par l’armée rouge qui a rétabli la domination russe. Les Ukrainiens ont ensuite vécu la terrible famine du Holodomor, la terreur stalinienne, l’occupation nazie et des décennies de dictature communiste écrasante. Malgré le poids de l’histoire et des obstacles insurmontables, les Ukrainiens ont mis en place une démocratie. Contrairement à ce qui se passe en Russie et en Biélorussie, les candidats de l’opposition ont accédé au pouvoir à plusieurs reprises. Face à la menace d’une dérive autoritaire en 2004 et 2013, les Ukrainiens se sont révoltés à deux reprises pour défendre leurs libertés. C’est ce modèle de démocratie qui est au cœur de la guerre menée par Poutine.

Cette guerre déclenchée par Poutine conduit à une incertitude mondiale. Nos valeurs et nos principes démocratiques doivent nous conduire à réagir avant tout et en premier lieu en solidarité avec le peuple ukrainien.

La désescalade immédiate et la protection des populations civiles sont prioritaires. Une culture de la paix ne pourra se faire tant que la libre autodétermination des Ukrainiens ne sera pas respectée.

La communauté internationale et l’Europe doivent tout faire pour sanctionner efficacement les oligarques russes sans humilier le peuple russe, son histoire et son droit à la sécurité. Il ne faudrait pas transformer en Russie l’agresseur en agressé.

Nos démocraties doivent soutenir tous les démocrates russes, les associations de défense des droits de l’Homme russes et lutter contre la propagande mensongère, le chantage et la dissimulation des vraies raisons de cette guerre.

L’ONU a les moyens de prendre des mesures face à l’escalade du conflit et des flagrantes violations du droit international. La section LDH de St Nazaire exhorte la communauté internationale à restaurer la paix par des sanctions et à mener les responsables de cette agression armée contre l’Ukraine devant la justice internationale.

Mais cette guerre va malheureusement conduire des millions d’Ukrainiens à fuir leur pays. Déjà, les pays frontaliers voient affluer des milliers de réfugiés.

Ici, sur St Nazaire, sur la Carène, nous devons, élus et associations, représentants de l’Etat, très rapidement tout mettre en œuvre pour accueillir dignement tous ces réfugiés.

Le « quoi qu’il en coûte » qui a été le mot d’ordre lors de la crise de la Covid 19 doit être de nouveau de mise à l’égard des réfugiés ukrainiens dont nous craignons qu’ils ne puissent revenir rapidement dans leur pays tout comme il devrait l’être pour tous les réfugiés du monde.

La section LDH de St Nazaire, dans ces heures graves, sera à la hauteur de l’intérêt du peuple ukrainien et des réfugiés. Nous comptons sur l’ensemble des forces démocratiques pour que l’aide aux réfugiés soit à la hauteur de leurs besoins.

Saint-Nazaire, le 26 février 2022

Edito : Garantir le droit à la santé pour tous

Saint-Nazaire, le 20 février 2022

Le comité régional des Pays de la Loire souhaite faire voter un vœu lors du congrès national de la ligue au mois de juin. Les questions de santé sont souvent minorées dans les résolutions, débats internes et autres lieux de production de la pensée interne à la LDH.

Il est important de garantir un droit à la santé et un accès aux soins pour tous. Aujourd’hui, il n’est pas un jour sans que les questions hospitalières de prévention sanitaire, de prise en compte de la dimension sociale de la santé, de la répartition des médecins sur le territoire national, des inégalités sociales de santé soient l’objet d’articles ou de crispations politiques et technocratiques.

Les dépenses de santé sont souvent considérées comme le vecteur pour conduire des réformes des dispositifs de santé. Cette approche purement comptable conduit à bien des désastres tels que les déserts médicaux en milieu rural, tels que la quasi absence de prévention de santé, tels  que la diminution de l’aide médicale d’état pour les personnes sans papiers ou tels que les difficultés d’accès à des soins médicaux gratuits.

Pour autant, bien des pays nous envient notre système de soin public bien plus efficient, bien moins cher que les systèmes de soin privatisés tel que celui qui existe aux Etats-Unis.

S’il est important d’accroitre la coordination sanitaire territoriale, il est aussi urgent de revoir la liberté d’installation des médecins libéraux pour pouvoir freiner les déserts médicaux. Il est important aussi que la pyramide médicale soit revue car il est anormal que quelques professions dont les médecins se gardent des rentes financières par le paiement d’actes médicaux qui pourraient largement être re dispatchés auprès d’infirmières puéricultrices, de kiné, ou autre professionnels spécialisés de santé sans que cela ne vienne en réduction de la qualité des soins.

Il a fallu la dernière pandémie de la Covid pour autoriser que la vaccination puisse être faite par un plus large panel de professionnels de santé.

Concernant l’hôpital public, la première réforme à faire est celle de déverrouiller son carcan budgétaire, la tarification à l’acte est une vraie calamité. Cela conduit à une privatisation galopante de la santé pour ceux qui ont des hauts revenus.

Revoir aussi la question de la gestion des urgences médicales s’avère aussi un autre grand chantier pour éviter que les urgences hospitalières ne deviennent une usine à non soin ou à soin parfois trop tardif comme la presse nous le montre régulièrement.

Envisager durablement une approche de la santé de la personne dans sa globalité, renforcer la médecine scolaire, la PMI, la médecine du travail et accroitre la prévention des maladies cardiovasculaires nécessite de formidables campagnes d’information et une lutte sans merci contre les lobbys agroalimentaires et l’industrie alimentaire.

Il faut aussi renforcer la démocratie sanitaire, permettre une participation active de la population dans le processus d’élaboration et la gouvernance de la politique de santé publique. Permettre qu’il y ait dans l’Union Européenne un indicateur de santé publique qui puisse être un facteur de promotion du bien-être serait aussi une avancée certaine.

Et pour ne pas oublier le combat de Didier Ott, luttons contre toutes les pollutions dont les pollutions des sols et de l’air qui favorisent l’émergence de pathologies lourdes voire comme sur St Nazaire une augmentation de la mortalité.

Jean-Luc BOERO, Président de la section nazairienne de la LDH

Edito – Pourquoi des Assises locales de la solidarité avec les migrants ?

Saint-Nazaire, le 15 février 2022

Depuis plusieurs décennies, des femmes, des hommes, des enfants originaires de l’Europe de l’Est, d’Afrique de l’Est, du Moyen-Orient ou d’Asie du Sud-Est tentent par tous les moyens de franchir les frontières pour venir s’installer en Europe. En dehors de la parenthèse 2015-2016 quand Mme Merkel a donné un accord pour l’installation d’environ 1 million de réfugiés syriens, la politique européenne, dans le cadre des accords de Schengen ou du nouveau Pacte européen pour les migrations, a donné lieu à des frontières de l’U.E. de plus en plus verrouillées.

Le droit des exilés est de plus en plus à la baisse. En France, l’OFPRA n’accorde le statut de réfugié qu’à environ 20 % des demandeurs, soit largement en dessous de la moyenne européenne qui est de 38 %.

Les thèses d’une submersion d’un grand remplacement ne se vérifient aucunement dans les réalités migratoires. Dans l’ensemble, le nombre des migrants tend effectivement à augmenter ces dernières années. Ainsi, entre 1970 et 2019, il est passé de 84 millions à 272 millions. Mais la part que représentent les migrants par rapport à la population mondiale a régressé. Au début du 20ème siècle, les migrations internationales représentaient 5 % de la population mondiale, aujourd’hui elles n’en constituent que 3,5 %. La plupart des personnes qui migrent le font sans quitter leur pays de naissance ou alors, pour s’installer dans un pays voisin. Par ailleurs, n’oublions pas qu’entre 1870 et 1920, plus de 20 millions d’Européens ont émigré vers les Etats Unis.

Malgré un volume du commerce mondial qui a été multiplié par 30 depuis les années 1950, les migrations n’ont augmenté que de manière relativement modérée. Partout en Europe, ces 3 dernières décennies, barbelés, barrières et murs sont venus entraver la mobilité des personnes. Pour autant, la population étrangère ne représente que 4,7 % de la population totale européenne.

Penser autrement la question migratoire devient une nécessité absolue car de plus en plus, la fermeture des frontières est devenue la solution pour stopper l’immigration. Le problème, c’est que cela ne marche pas, ce n’est ni le degré d’ouverture ou de fermeture des frontières qui détermine les flux migratoires, c’est avant tout les conditions de vie, le besoin d’échapper à la misère, les violences, les famines, les crises économiques, les crises sanitaires, les répressions politiques qui génèrent ces flux migratoires. La fermeture des frontières fait le business des passeurs. Si elle sert à renforcer le sentiment d’identité collective, elle ne règle rien des migrations mais participe au chaos migratoire et à des crises entre l’Europe et le reste du monde.

Vouloir externaliser les demandes d’asile, se conformer aux pays hostiles à l’accueil, renier davantage des valeurs qui fondent le projet européen, restreindre le droit d’asile, tels sont les projets du pacte européen de septembre 2020 sur l’asile et les migrations. C’est un cercle vicieux qui ne peut produire que de l’injustice.

Pour toutes ces raisons, une bonne vingtaine d’associations et organisations nazairiennes, de la Carène, de Cap Atlantique, d’Estuaire et Sillon, de Sud Estuaire ont décidé de présenter une autre image des migrations. Les migrations sont une constante de l’humanité, une autre politique migratoire est nécessaire qui tienne compte de la dignité humaine, qui cesse de dresser des obstacles et qui ne renvoie pas de nombreux migrants dans une précarité et dans un grand dénuement.

Nous devons agir tous ensemble, en finir avec ces idées xénophobes, racistes qui nourrissent le rejet et la peur. Il faut promouvoir un monde plus juste et plus solidaire, prêt à surmonter les défis sociaux et environnementaux à venir.

Soyez très nombreux le samedi 19 mars pour ces Assises qui se tiendront toute la journée à l’Alvéole 12 de St Nazaire.

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH de St-Nazaire

Edito : Les inégalités : un choix politique ?

Saint-Nazaire, le le 30 janvier 2022

Dans le débat politique actuel, la question des inégalités est réduite à celle de l’héritage. Question certes éminemment importante, mais réduire les inégalités à cette seule variable n’explique pas tout.

Il y a eu ces 20 dernières années beaucoup d’évolution sur la distribution des richesses, qui rend la dynamique des inégalités de revenu et de patrimoine beaucoup plus criante. Au niveau du patrimoine, avec d’un côté les 50 % les plus pauvres qui n’en possèdent quasiment pas ou à peu près 5 % du total, et de l’autre les 1 % les plus riches qui en possèdent à peu près 25 % du total, nous avons de la marge de progression sur ce plan.

Par-delà ces inégalités de patrimoine, on observe une persistance très forte des inégalités entre hommes et femmes. Au rythme actuel, une parité parfaite entre homme et femme ne pourra pas être atteinte avant la fin du XXIème siècle. Nous pourrions aller encore plus vite !

Un autre combat devrait être mené, c’est celui de l’injustice du lieu de naissance. Renoncer à la dimension universaliste des droits de l’Homme conduit directement à une fracturation selon le bon côté du périphérique où l’on nait. Il en est de même de l’injustice entre les pays qui conduit d’ailleurs à un exil de plus en plus important et une politique de fermeture de nos frontières.

Lutter contre les inégalités doit aussi conduire à une politique très forte sur la mutation écologique de nos entreprises et de nos outils de production, car nos ressources ne sont pas inépuisables et le prix des énergies fossiles ne cesse d’augmenter.

La crise des gilets jaunes a émergé autour de la question du pouvoir d’achat. D’ailleurs, pour 45 % de nos concitoyens, cette question est centrale selon un sondage Odoxa. Faut-il que nos politiques publiques et que nos systèmes de production aillent vers toujours une politique de prix bas avec des produits de mauvaise qualité ou faut-il aller vers une consommation raisonnable si possible dé carbonée et avec des produits écologiquement neutres ? Poser cette question de cette manière est déjà y répondre.

Nous lutterons efficacement contre les inégalités lorsque nous lierons les questions d’une production écologiquement responsable à celles d’une redistribution des richesses et d’une lutte contre la concentration par le haut du patrimoine et des revenus. En luttant contre ces inégalités structurelles générées par le système capitaliste et en n’effaçant pas la question sociale  toujours prédominante,  nous pourrons rallier nos concitoyens vers des solutions justes et universelles.

C’est ce que devrait sous-tendre l’issue de la prochaine élection présidentielle. Soyons réalistes, exigeons par le vote d’autres choix politiques !

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH de St Nazaire

Communiqué de presse : Des violences et des dérapages qui minent notre démocratie

Dans un espace médiatique où la petite phrase sert souvent d’écho à l’expression politique de ceux qui attisent la haine et le rejet, des citoyens agissent avec la même démesure scandaleuse en s’en prenant à des élus.

Débattre, contester sont des éléments fondateurs d’une démocratie. Invectiver, rejeter, faire des déclarations scandaleuses minent le tissu social. S’en prendre aux enfants handicapés, aux musulmans, à ceux qui défendent les minorités, déformer notre histoire et réduire les combats d’émancipation à une lutte fratricide sont très présents dans le discours d’Éric Zemmour. Valérie Pécresse et son propos sur les 72 zones de reconquête républicaine vient aussi renforcer la stigmatisation des quartiers populaires. Les deux remettent frontalement en cause le principe d’égalité civile et pénale qui est au cœur de notre constitution.

Nous sommes loin de ce qui fonde l’égalité des droits. Vouloir une France uniforme et fantasmée est un danger face à notre diversité.

Les petites phrases récentes du Président de la République sur les non vaccinés nous inquiètent elles-aussi sur cette vision de la société et de la citoyenneté. Cette aspiration autoritaire rejetant l’Autre avec l’idée d’une puissance d’Etat promotrice d’un ordre moral qui n’est pas l’ordre public fragilise la paix sociale.

Il y a des combats d’idées et de valeurs autour des droits et libertés dans la société et sur la forme démocratique que nous entendons maintenir. Mais ce n’est pas en essayant de diviser, de faire peur, que nous éclairerons nos concitoyens sur les questions de fond tel que la question d’un pacte écologique nécessaire à notre survie.

Des individus s’en prennent violemment à nos élus, nous condamnons ces actes comme nous rejetons tout le venin et tous les discours nauséabonds de certains politiciens.

Saint-Nazaire, le 24 janvier 2022

Edito : L’universalisme face aux bouleversements du monde

Saint-Nazaire, le 16 janvier 2022

Face à une gauche atomisée, fracturée, au corpus idéologique dissonant, minée par le narcissisme de ses vedettes, la droite réactionnaire assimile l’universalisme avec l’occidentalisme.

L’antiracisme est bien souvent assimilé au totalitarisme. Nous sommes taxés avec ce sobriquet infamant d’islamo gauchiste ou de wokiste. Les féministes de notre ère sont réduites à des postures victimaires, le généreux est acculé à une posture d’idiot.

A la veille de l’élection présidentielle 2022, l’idéologie réactionnaire semble désormais majoritaire.

Pourtant, notre planète vit de plus en plus en étroite interdépendance avec les autres vivants et peut produire les conditions de sa propre destruction. Nous savons qu’un bouleversement de nos modes de vie est nécessaire, nous vivons un changement anthropologique majeur, ce qui nous oblige me semble-t-il à sortir de notre anthropocentrisme. Comme le dit Philippe Descola, professeur émérite au Collège de France, « nous ne pouvons plus séparer la nature de la culture et nous devons désormais composer un monde commun ».

Toutes les institutions sont ébranlées par cette nouvelle réalité qui entraîne une grande insécurité narcissique. Ce n’est pas étonnant que des pamphlétaires réactionnaires comme Eric Zemmour veuillent défendre le paternalisme.  

Mais l’intensification de la mondialisation avec ses délocalisations, avec la montée en puissance de la Chine et plus largement de l’Asie, et la crise environnementale migratoire et sanitaire traumatisent une partie importante de nos concitoyens. Les thèses réactionnaires représentent une tentative de perpétuation d’une identité fixée à tout jamais.

Comme le dit Edgar Morin, « plutôt que d’être effrayé par la crise planétaire qui nous emporte, on nous demande de nous terrifier du mouvement wok », mouvement minoritaire de la pensée française. Cette volonté de faire diversion, de se focaliser sur ce concept de la culture française veut par-dessus tout jeter le discrédit sur un mouvement intellectuel de fond, celui de l’universalisme et du progressisme.

Pourtant, les clivages entre les réactionnaires et les forces émancipatrices perdurent même si la gauche a abandonné le social au profit du sociétal. L’opposition entre les rapports de classe et de race est une distinction superficielle. La lutte contre les discriminations que subissent ceux qui en raison de leur origine supposée ne trouvent pas de travail et ne parviennent pas à s’insérer dans notre société est évidemment sociale. Il faut en finir avec ces fausses oppositions, il faut cesser d’opposer antiracistes avec universalistes, lutte contre les discriminations et lutte contre les inégalités ; défense des classes populaires et défense des minorités.

C’est une bonne occasion d’associer le pessimisme de la raison à l’optimisme de la volonté et je vous invite d’urgence à une alliance de toutes les pensées de l’émancipation.

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH de St-Nazaire