Le Président de la République adoube la Préfète : les habitants de Gilibert appellent Grégory Doucet à l’aide
Monsieur le Maire,
Le 21 novembre 2024, toutes les familles qui étaient installées dans le campement de la place Carnot ont trouvé refuge dans les locaux désaffectés de l’ancienne école maternelle Gilibert. Trente enfants y ont ainsi été mis à l’abri. Hormis les deux bébés, tous sont scolarisés dans les écoles, collèges et lycées de Lyon. De nombreuses personnes souffrent également de graves problèmes de santé.
Tous ont trouvé à Gilibert un répit : même si les conditions de vie sont loin d’être idéales en raison de la promiscuité et du manque d’équipements, ils sont enfin au chaud et en sécurité.
La ville de Lyon a décidé de tolérer cette occupation et de financer la sécurité du site. Ce sont les soutiens bénévoles qui assurent quant à eux la gestion humanitaire de Gilibert : alimentation, hygiène, santé, accompagnement des familles dans leur démarches, médiation, relai auprès des structures d’éducation populaire pour offrir des activités au enfants.
Durant ces trois mois d’occupation, plusieurs ménages ont pu obtenir une solution d’hébergement : certains par le logement social, d’autres via l’OFII.
Mais 60 personnes demeurent encore sur ce site.
Or, lors d’une rencontre avec les familles de Gilibert, en présence des soutiens, vos adjointes Sophia Popoff et Marie Alcover ont informé les familles du lancement d’une démarche d’expulsion au 1er avril.
Cette annonce est un traumatisme pour les familles qui ont toutes connu pendant des mois, parfois des années, le cauchemar du sans-abrisme.
Votre municipalité prévoit à long terme un projet de bains-douches sur ce site, et dans un premier temps la mise à disposition des locaux aux amateurs de l’ENSBA à partir de septembre. Nous ne remettons pas en cause l’intérêt pour les amateurs de l’école des Beaux Arts de poursuivre leurs enseignements, mais il nous semble que la mise en sécurité des enfants doit primer sur ces considérations.
La Ville de Lyon, qui fait partie du réseau UNICEF « Villes amies des enfants », a adopté un plan « Zéro enfant à la rue » il y a trois ans. Hélas le sans-abrisme infantile ne cesse de croître à Lyon, et le nombre d’enfants sans toit a été multiplié par 10 en 3 ans. Les velléités de la Préfète du Rhône de « fluidifier » le système d’hébergement risquent d’aggraver une situation déjà critique.
D’autant plus que, désavouant ses ministres qui s’étaient la semaine dernière prononcés contre cette expérimentation, le Président de la République vient d’apporter son soutien à la Préfète.
Ce faisant, il porte atteinte aux deux principes intangibles qui régissent le droit à l’hébergement d’urgence : l’inconditionnalité et la continuité.
Dans ce contexte inquiétant, il serait absolument indigne de remettre ces familles vulnérables à la rue. En ce moment même, 24 établissements scolaires sont déjà occupés par des enseignants et parents d’élèves à bout de souffle.
Nous vous demandons donc solennellement de ne pas lancer cette procédure d’expulsion, et de continuer à faire tout ce qui est en votre pouvoir pour qu’elles puissent obtenir un logement digne et adapté à une vie familiale.
Nous souhaitons également que les services du CCAS ou un opérateur social puissent désormais intervenir régulièrement auprès de ce public fragile.
Nous comptons sur votre engagement et nous nous tenons à votre disposition afin de bâtir ensemble une solution.
Le collectif Jamais Sans Toit
Soutenu par :
Coordination Urgence Migrants, Hébergement en danger, Solidarité entre femmes à la rue, Soutiens Migrants/Croix-Rousse, Droit Au Logement, L’Intersquat, la Cimade, C.L.A.S.S.E.S, Solidaires, CGT éduc’action, FSU, SUD éduc, la FCPE, LFI du Rhône, PCF, Ensemble !, l’Après, L’Anticapitaliste /NPA, LDH69, Anaïs Belouassa-Chérifi – Députée de la première circonscription du Rhône, Gabriel Amard -Député de la sixième circonscription du Rhône, Abdelkader Lahmar -Député de la septième circonscription du Rhône, Idir Boumertit -Député de la quatorzième circonscription du Rhône, André Gachet -fondateur de l’ALPIL, Aurélie Gries, adjointe à la petite enfance de la maire du 7ème arrondissement de Lyon, Samira Dadache -administratrice nationale FCPE en charge de la question des enfants à la rue