France Culture, le 13 juin 2014 :
Invités :
Stéphane Troussel, président socialiste du Conseil général de Seine Saint Denis.
Martin Olivera, ethnologue, auteur de : « Rom en bidonvilles : quelle place pour les migrants précaires aujourd’hui ? » aux éditionsRue d’Ulm
Les plus anciens se souviennent sans mal du bidonville d’Aubervilliers, dans les années 60 : la boue, les taudis et des milliers de travailleurs algériens entassés le long du chemin de halage. Cet habitat insalubre – qui accueillait 75 000 migrants – fut entièrement résorbé dans les années 70, par Jacques Chaban-Delmas. Aujourd’hui pourtant, les bidonvilles des familles Roms, qui abritent moins de 20 000 personnes, n’ont rien à envier aux anciens campements.
Ils restent l’objet de toutes les fantasmes, et se transforment souvent en arguments électoraux. Quatre ans après le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy, les langues se sont encore (un peu plus) déliées : le maire UMP de Roquebrune-sur-Argens, en décembre dernier, déplorait ainsi : « Ce qui est presque dommage, c’est qu’on ait appelé trop tôt les secours ! » après un incendie dans un campement rom.
Manuel Valls, de son côté, prône la « fermeté ». En 2013 il y a eu deux fois plus d’évacuations de campements insalubres que l’année précédente. L’ancien locataire de la Place Beauvau affirmait aussi que « seule une minorité, hélas, des occupants des bidonvilles souhaite s’intégrer dans notre pays »
Cela dit, le gouvernement socialiste a assoupli l’accès au travail. Et Adoma – l’ancienne Sonnacotra – s’est vu confier une mission d’accompagnement des familles vers le logement... Comme si la priorité n’était plus (seulement) de renvoyer les Roms vers leurs ghettos à Plovdiv, Sofia ou Timisoara.
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