Hébron, Palestine – oct 2017 – Quand les Territoires Occupés deviennent devient des territoires annexés…

Hébron, Palestine – oct 2017 – Quand les Territoires Occupés deviennent devient des territoires annexés…

A Hébron (Al-Khalil, en palestinien) au début du mois de septembre dernier et dans une indifférence quasi-générale, un cadre administratif municipal parallèle a été discrètement accordé aux colons israéliens illégalement installés en zone H2 (la zone sous occupation militaire depuis 1967), en «superposition » à la municipalité palestinienne.  Rappelons qu’au cœur de la vieille ville d’Hébron vivent 800 colons dans un climat électrique, violemment délétère.

Ainsi, après les annexions et les prérogatives imposées cette été aux Palestiniens à Jérusalem-Est, après l’affaire, l’été dernier des restriction d’accès à la mosquée Al Aqsa, puis au Tombeau des Patriarches à Hébron, et alors que s’accentuent les démolitions de maisons palestiniennes, désormais pluri-quotidiennes, ou leurs expropriations, Israël entreprend en sous-marin un processus de normalisation institutionnelle… en confiant aux colons eux-même le soin d’administrer l’ordre civil israélien de cette zone qu’ils occupent au mépris du droit international.

Badee Dwaik, Coordinateur du « Human Rights Defenders Group of Hebron » est particulièrement conscient du danger : « La décision du « Commandement Central » de transformer la Zone H2 en « Circonscription de Kiryat Arba » et celle d’en confier le contrôle aux colons, sont potentiellement les plus dangereuses mesures prises à l’encontre de la ville d’Hébron depuis le début de son occupation, en 1967. Ces décisions annoncent de nouvelles expropriations de maisons et de commerces palestiniens au profit des colons, dans une zone jusqu’alors épargnée de par sa fermeture. De plus, alors que les employés municipaux d’Hébron ne seront plus autorisés à travailler dans la zone, l’on redoute de nouvelles contraintes fiscales sur les administrés.
De fait, cette décision divise Hébron en 2 villes avec chacune son statut, celui d’un côté de municipalité palestinienne au sein d’un état arabe et palestinien, et de l’autre, celui de municipalité coloniale juive, statut qui s’impose désormais à tous les Palestiniens vivant dans la zone H2. »

Badee Dwaik s’étonne et s’effraie du silence autour de cette mesure; il garde néanmoins espoir : « Espérons que la population d’Hébron réagisse avec responsabilité… »

Cette décision intervient alors que pour la première fois depuis 2002, le gouvernement israélien vient d’autoriser de nouvelles implantations à Hébron ; provocation supplémentaire, sur « Shuhada Street », cette rue fantôme d’où ont été chassés les derniers commerçants Palestiniens en 2010. Cette rue était le poumon économique de la vieille ville… le message et les intentions sont claires. L’annexion pure et simple…

Le danger est prégnant et la menace se précise pour une population déjà soumise dans les faits au diktat des colons… Et donc bientôt sur le papier.
Espérons que Badee saura sensibiliser Michel Forst, rapporteur à l’UNHRC, qu’il a rencontré à Dublin cette semaine (photo) ; Source (page Facebook du Human Rights Defenders Group d’Hébron)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

loi « antiterroriste » les dérapages sont à venir

Interrogé à propos de ce qui était le projet de loi dite « antiterroriste », l’actuel ministre de l’intérieur déclarait : « On ne veut pas contrôler les étrangers, on veut contrôler les terroristes ». Outre que le contenu de la de loi définitivement adoptée le 18 octobre 2017 contredit cette affirmation, personne ne doute un instant que cette loi sera, par glissements successifs, aussi largement utilisée pour surveiller et entraver les actions de tous les opposants au pouvoir en place : militants politiques et associatifs, syndicalistes, journalistes, etc. Les perquisitions et assignations à résidence de militants écologistes survenus lors de la Cop21 sont à cet égard édifiantes.  Ce qui est à craindre, c’est un élargissement ultérieur, de certaines  dispositions de la loi.

L’exemple de l’évolution du fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) est à cet égard édifiant et laisse entrevoir quelles vont être les dérives de la loi dite « antiterroriste »

Le fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG),

un dérapage très contrôlé

Dans le paragraphe qui suit, nous utilisons de larges extraits d’un article de  Jerôme Hourdeaux, publié le 9 octobre 2017 dans Médiapart, sous le titre : « Fichage génétique : la France défie la jurisprudence européenne »

Le 22 juin dernier, la Cour européenne des droits de l’Homme a condamné la France pour avoir voulu inscrire un manifestant au fichier national des empreintes génétiques, le FNAEG estimant « qu’aucune différenciation n’est actuellement prévue en fonction de la nature et de la gravité de l’infraction commise, malgré l’importante disparité des situations susceptibles de se présenter, comme celle de M. Ayçaguer en atteste. Or, poursuivaient les magistrats, les agissements de celui-ci s’inscrivaient dans un contexte politique et syndical, et concernaient de simples coups de parapluie en direction de gendarmes ». En résumé, la CEDH estimait que des violences commises lors d’un mouvement social ne pouvaient être mises sur le même plan que « d’autres infractions particulièrement graves, à l’instar des infractions sexuelles, du terrorisme ou encore des crimes contre l’humanité ou la traite des êtres humains ». En conclusion, la CEDH jugeait que le FNAEG violait l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme protégeant la vie privée et condamnait la France à verser à l’agriculteur 3 000 euros de dommages et intérêts, ainsi que 3 000 euros pour frais et dépens. Selon eux, la condamnation de Jean-Michel Ayçaguer « s’analyse en une atteinte disproportionnée au respect de sa vie privée et ne peut passer pour nécessaire dans une société démocratique ».

 Cette condamnation est pourtant totalement ignorée des autorités françaises, comme le montrent le cas d’Yvan Gradis, convoqué par la police au mois d’août, mais également celui de Candice Marchal.

Historique du dérapage progressif du FNAEG :

 Créé en 1998 à la suite des crimes abominables du tueur en série Guy Geroges, il était donc à l’origine destiné à enregistrer les personnes mises en cause ou condamnées pour crimes et délits sexuels.

En 2001 le gouvernement socialiste l’étend aux crimes d’atteinte volontaire à la vie, aux actes de torture, au terrorisme, aux violences volontaires.

En 2003, M. Sarkozy élargit encore plus largement : dégradations, outrages à agents avec l’objectif très clair d’y faire inscrire des personnes participant aux mouvements sociaux.

Ainsi les inscriptions au FNAEG ont évolué de la façon suivante :

  • 128.000 en 2005
  • 1.000.000 en 2009
  • 2.000.000 en 2011
  • 3.000.000 en 2015

Par un glissement progressif, ont été inscrits au fichier des syndicalistes, militants écologistes et politiques, bref, des opposants aux gouvernements en place. Il en ira de même avec tout l’arsenal des lois, à l’origine prises pour combattre le terrorisme, mais qui ont déjà été utilisées pour entraver l’action des opposants. Le pouvoir est ainsi fait qu’il ne supporte pas les opposants, s’il dispose d’un outil pour les museler, à coup sûr, il finira par l’utiliser.