Projet Pegasus : Christian Estrosi et l’industrie israélienne de la surveillance

C’est TOUJOURS le même schéma : on vous jure que c’est pour traquer les terroristes et à l’arrivée on espionne les opposants et les journalistes.

C’est TOUJOURS le même schéma : on vous jure que c’est pour traquer les terroristes et à l’arrivée on espionne aussi les opposants et les journalistes.

De longue date, le maire de Nice entretient des liens étroits avec l’industrie israélienne de l’hyper surveillance. Le cinq avril 2017, nous dénoncions les relations entre la mairie de Nice et le lobby sécuritaire israélien, ici : https://site.ldh-france.org/nice/2017/04/05/lobby-securitaire-franco-israelien-tient-congres-a-nice/

Véritable commis voyageur de cette industrie, le maire de Nice a organisé en mars 2017 un colloque destiné à promotionner l’industrie de la surveillance israélienne : « Elnet France, réseau qui travaille au renforcement des relations bilatérales entre la France et Israël […] entre autres des spécialistes français et israéliens autour des questions de sécurité » et en présence de M. Yoram Cohen « ancien directeur des services de la sécurité intérieure d’Israël « 

(Nice-Matin 23-03-2017)

Le dernier colloque en date, toujours à Nice, en décembre 2019 ; ici le programme (alléchant !) : https://www.nicecotedazur.org/actualite/2019/12/04/4%C3%A8me-%C3%A9dition-du-colloque-safe-smart-city

Création du Groupe de Travail Environnement Paca : le GTE LDH Paca.

Le Groupe de Travail Environnement LDH Paca  (GTE Paca) récemment crée, rassemble des membres de plusieurs sections de la LDH situées dans l’ensemble de la région SUD-PACA afin de pouvoir :

  • échanger infos, articles, voire apports théoriques sur l’articulation DH : droits de l’Homme et DE : droit de l’environnement…
  • informer des dates d’événements, actions autour de ce thème, chacun a son niveau pouvant faire profiter de son expérience, de ses connaissances et de ses propres contacts avec telle ou telle association environnementale.

Aujourd’hui cinq sections de la LDH sont déjà représentées : ce qui va nous permettre d’avoir des informations diversifiées , concernant des terrains différents : Aix, Martigues, Nice, Pertuis,Toulon, etc.

Le but visé est la prise en compte d’un troisième niveau de droits, après les droits fondamentaux et les droits économiques et sociaux, troisième niveau largement amorcée depuis une quinzaine d’années, notamment par la création d’un GTE national, dont chacun peut suivre les actions et publications sur le site web national de la Ldh, ici : https://www.ldh-france.org/sujet/environnement/

Le GTE Paca est complémentaire du GTE national, en faisant remonter telle ou telle situation inacceptable constatée en région Paca et veut contribuer à accélérer la réflexion sur une indispensable modification des statuts de la Ldh, qui fasse rentrer explicitement la dimension environnement dans son objet, donnant ainsi la capacité juridique pour agir auprès des tribunaux dans des affaires liées à cette problématique.

Cette avancée décisive, si elle était votée lors du prochain congrès de juin 2021, ouvrirait une fenêtre d’actions nouvelles pour la Ldh, qui pourrait apporter sa plus-value notamment au niveau juridique, plus spécifiquement sur l’articulation DH / DE, aux associations environnementales.

La catastrophe sanitaire que nous vivons depuis bientôt un an souligne d’ailleurs l’urgence de la lutte à mener mondialement contre les dégradations des éco-systèmes comme les déforestations, le réchauffement climatique avec pour conséquence majeure la fonte du permafrost, l’accélération des mobilités humaines notamment par le développement exponentiel du trafic aérien, alors que les scientifiques établissent aujourd’hui un lien de cause à effet entre ces phénomènes nouveaux et l’apparition de nouvelles pandémies : «vache folle», «grippe aviaire», «grippe porcine», «coronavirus»…

Il est encore possible d’inverser les tendances, nous n’avons par contre plus le temps de seulement les ralentir, il en va de l’avenir des prochaines générations.

Quand la police municipale fait les Shadocks

En ces temps préélectoraux, la presse locale dument convoquée (Nice-Matin et Radio France Bleu), le maire de Nice montre ses muscles sécuritaires.

Nice-Matin (9/01/2020), citant un policier : « la police municipale sait qu’elle ne fera pas de grosse saisie de stupéfiants. Ce n’est pas le but. ». On essaie régulièrement de casser le marché en venant faire des opérations de ce type » assure le chef du dispositif alors que ces hommes fouillent les « jeunes » qui squattaient en bas de la tour. C’est un point de deal connu, le vendeur est à l’intérieur, il a eu le temps de s’échapper. »

Au moins, c’est clair ! saisir la drogue « ce n’est pas le but » et arrêter un dealer non plus ; alors le but, c’est quoi ? c’est « casser le marché » Ah bon ? Mais ça fait combien de dizaines d’années qu’on essaie de « casser le marché » ?

Le maire de Nice remue beaucoup d’air et fait beaucoup de com, stigmatise les habitants « des quartiers » ; mais, benoitement, ses propres policiers municipaux le disent : dans ce domaine précis de la drogue, leur travail est inutile, ce sont les Shadocks qui remplissent le tonneau des danaïdes.

La Fondation Université Cote d’Azur et la responsabilité sociale.

On se souvient que la fondation Université Cote d’Azur, émanation de l’université côte d’Azur (auparavant université de Nice Sophia-Antipolis) s’était distinguée en tentant d’organiser un colloque dans lequel devait participer, entre autres, l’idéologue de l’extrême droite italienne Diego Fusaro.

Dans la même veine, cette fondation nous livre sur sa page Facebook (6 août 2019) – sans autre commentaire – l’information suivante : « Les industriels accordent toujours plus d’importance aux problématiques liées à la RSE (Responsabilité sociale et environnementale). C’est l’enseignement de l’étude réalisée par « L’Usine Nouvelle » et Dyson auprès de 229 décideurs de l’industrie au mois d’avril 2019. »

Concernant le « responsabilité sociale » des industriels, on retiendra que la France est « championne du monde de la distribution des dividendes » : charité bien ordonnée commence par soi-même. Que l’Usine Nouvelle chante les louanges des industriels, c’est dans l’ordre normal des choses ; mais qu’une institution universitaire fasse preuve de si peu d’esprit critique nous laisse perplexe. L’usine Nouvelle appartient à IPD, entreprise d’information créé en 2001 par Christophe Czajka. Or, ce monsieur a été à l’origine de mesures brutales dans le groupe d’édition du Moniteur avec le départ de plus de 60 journalistes ! Le syndicat national des journalistes parle de « brutalités envers les journalistes », de « détournements de droits » et de « mépris des salariés ». cliquez ici :  SNJ un management brutal . En matière de « responsabilité sociale »  il y a mieux !

Si la fondation Université Cote d’Azur a besoin de passer la brosse à reluire aux patrons d’industrie pour glaner des subsides, qu’elle les choisisse un peu mieux.

 

 

 

 

 

 

 

On punit toujours les miséreux d’être dans la misère.

Mercredi 17 Octobre 2018, la cour d’appel d’Aix en Provence s’apprête à rejuger Bianca, une jeune mendiante de 24 ans, condamnée à un an de prison ferme en première instance, ainsi qu’à une peine complémentaire d’interdiction de séjour de cinq ans dans le département des Alpes-Maritimes.

Son délit : faire la manche pour nourrir ses deux enfants. Ces enfants lui ont été retirés depuis son incarcération le 6 juin, puis se sont « enfuis » lors d’une audience au tribunal de Nice, vraisemblablement avec des proches de Bianca.

Si cette peine était confirmée en appel, elle accoucherait en prison.

Bianca a mendié à Nice, dans la rue, avec ses enfants, depuis au moins trois ans, sans que l’Etat, les services municipaux ou départementaux ou la protection de l’enfance ne s’en émeuvent.

Mercredi 17 octobre à Aix-en-Provence, nous devons briser ce cercle vicieux de misère et de condamnations. Nous ne pouvons pas laisser la justice punir Bianca en notre nom ; elle fait ce qu’elle peut pour subvenir aux besoins de ses enfants.

Son casier judiciaire est vierge, elle n’est pas coupable de vivre dans la misère.

Bianca ne dois pas être le bouc-émissaire d’une politique anti-mendicité qui ne s’attaque qu’aux plus faibles.

Libérez Bianca, le message à Nice est bien passé, les roms ont quitté les zones touristiques !

Premiers signataires :

Association pour la démocratie à Nice (ADN) – Association PRALES – Association initiatives Dionysiennes (La Réunion) – CIMADE 06 – Fédération des acteurs de la solidarité –  Groupe de réflexion et d’actions féministes (GRAF) – Ligue des droits de l’Homme Comité PACA – Médecins du Monde-PACA – Mouvement contre le racisme,l’antisémitisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) – Roya Citoyenne – Tous Citoyens !

 

 

 

Pour aller plus loin :

Bianca, la plus misérable des misérables – Chronologie critique

Le tribunal, une autre façon d’éloigner les SDF de Nice

Catalogne : nouveau gouvernement à Madrid, nouvelle donne à Barcelone ?

A l’automne 2017, la plupart des Français ont découvert avec surprise la vigueur du processus indépendantiste en Catalogne et la réaction violente de l’État espagnol. Début juin 2018, les principaux leaders indépendantistes sont toujours en prison préventive ou en exil. Mais la motion de censure votée au Parlement espagnol contre Mariano Rajoy (Parti populaire, PP) et l’élection de Pedro Sanchez (Parti socialiste ouvrier espagnol, PSOE) pour former un nouveau gouvernement donnent l’occasion de faire le point sur la situation de la démocratie en Catalogne et en Espagne.

La tradition catalane contre l’héritage du franquisme

Il est sans doute utile de rappeler brièvement aux lecteurs français que l’histoire de l’Espagne et de la France sont par certains aspects très différents et que par conséquent, la spécificité catalane ne peut pas s’apprécier en y projetant les catégories franco-françaises. La Catalogne s’adosse à une profondeur historique séculaire pour manifester avec constance des formes d’autonomie, se concrétisant notamment dans l’institution de la Generalitat, son rejet du pouvoir central castillan (et autoritaire) et de la monarchie Bourbon héritée du roi de France Louis XIV. La Catalogne revendique avec fierté sa tradition démocratique et républicaine, sa culture littéraire, artistique et commerciale et sa langue propre. Au contraire du processus vécu en France, où la 3e République a éradiqué les langues régionales, certes violemment, mais dans un cadre intégrateur et globalement démocratique, l’État espagnol, pour administrer les différentes composantes de la péninsule ibérique, n’a jamais bénéficié d’un cadre ni démocratique, ni républicain, sur une longue durée. Le démantèlement de l’empire colonial espagnol a donné lieu à une succession de soubresauts monarchiques et dictatoriaux. Jusqu’aux dernières années, l’expérience de la démocratie a toujours été courte et achevée dans la violence. Au 20e siècle, l’éphémère 2e République – proclamée en 1931 et qui tentait, entre autres, une forme de reconnaissance des différentes autonomies catalane, basque et galicienne notamment – a  été renversée par le coup d’État militaire mené par le Général Franco (1936). Après une guerre civile meurtrière, Franco a instauré une dictature qui a duré une quarantaine d’années, jusqu’à sa mort en 1975. Pendant cette longue dictature, toutes les formes d’autonomie sont niées et en Catalogne, par exemple, la langue catalane est interdite dans l’espace public. Ainsi, l’affirmation de l’identité catalane est un moyen d’incarner et la résistance et la république contre la dictature.

Le régime actuel est issu directement d’un compromis délicat entre les héritiers directs du général Franco (notamment, le roi Bourbon qu’il a rétabli sur son trône, l’armée, la hiérarchie de l’église catholique et les créateurs du parti politique qui deviendra le PP) et les représentants de l’opposition (les partis de gauche issus de la République et les partis nationalistes périphériques, catalans notamment). La volonté de ne pas rouvrir les blessures du passé, d’éviter une nouvelle guerre civile et la perspective de réinsérer l’État espagnol dans un nouveau cadre démocratique européen se sont traduites dans une construction constitutionnelle faisant l’équilibre entre d’un côté, le maintien de l’ordre par la monarchie et de l’autre côté, le pluralisme politique et la reconnaissance d’autonomies à géométrie variable. La justice espagnole est encore aujourd’hui marquée par ce double héritage. Certaines juridictions et la hiérarchie des différents parquets sont directement issues de la dictature alors que certains juges luttent contre leurs institutions pour faire prévaloir une justice indépendante du pouvoir politique.

Au contraire de la situation française, où la constitution est régulièrement amendée en fonction des évolutions politiques (24 révisions constitutionnelles entre 1958 et 2008, dont 19 depuis 1992), la révision de la constitution espagnole est considérée comme un tabou. La constitution de 1978 semble cristallisée et toute proposition de modification semble susceptible de porter atteinte à l’équilibre magique de la transition démocratique, de rouvrir les plaies du passé et d’exposer l’État espagnol à de graves dangers. La constitution espagnole a été révisée seulement 2 fois.

 

Le rejet du statut de la Catalogne comme déclencheur du processus indépendantiste

Alors que précédemment, des référendums ont été organisés dans les communautés autonomes (et notamment, en Catalogne, pour l’adoption du projet de nouveau statut de la Catalogne, en 2006), et que d’autres États (comme le Royaume-Uni, pour l’Ecosse, en 2014) ont organisé des référendums d’autodétermination, celui de la Catalogne a été jugé anticonstitutionnel par le tribunal constitutionnel, ce qui pose une importante difficulté politique et a justifié la répression depuis quelques mois.

Comment en est-on arrivé à la situation de l’automne 2017 ? Il s’agit d’assurément d’une crise du régime espagnol doublé par une profonde remise en question citoyenne sur le mode de fonctionnement politique de l’État central.

En 2006, un nouveau statut de la Catalogne est adopté après négociations entre le gouvernement Zapatero en Espagne et les institutions politiques catalanes, approbation par le parlement catalan et par le parlement espagnol et ratification par un referendum du peuple catalan.

En 2010, après une mobilisation du PP mené par Mariano Rajoy, le nouveau statut est jugé anticonstitutionnel par le tribunal constitutionnel. Émerge alors en Catalogne la volonté d’affirmer un « droit à décider » (principe d’autodétermination) qui se manifeste par de gigantesques marches pacifiques. L’indépendantisme, jusqu’alors très minoritaire, devient une option politique pour de plus en plus de citoyen-ne-s. Une succession de déclarations au parlement, d’élections anticipées et de tentatives de consultations du peuple catalan sont organisées entre 2010 et 2017. Les indépendantistes catalans deviennent majoritaires pour la première fois au parlement catalan. Entre temps, une grave crise économique a affecté l’État espagnol et ses communautés autonomes et Mariano Rajoy est arrivé au pouvoir à Madrid. M. Rajoy reste sourd à toutes les demandes de négociation de la part des autorités de la Catalogne. La montée de l’indépendantisme en Catalogne lui permet de mobiliser en retour le nationalisme espagnol contre le séparatisme. Le nationalisme est également utilisé pour tenter de faire oublier les affaires de corruptions qui ont touché, de façon généralisée, le PP au pouvoir à Madrid et aussi à son niveau, l’ancienne coalition catalaniste Convergencia i Unió, au pouvoir à Barcelone.

Conformément au mandat donné par les élections anticipées de septembre 2015, les nouvelles autorités catalanes organisent le 1er octobre 2017 un référendum d’autodétermination. Conformément à son engagement d’empêcher toute consultation mettant en péril l’unité de l’Espagne, M. Rajoy interdit le référendum. Une importante mobilisation de milliers de citoyen-ne-s anonymes permet la tenue du vote, malgré la répression violente des forces de sécurité espagnoles. Un millier de blessé-e-s sont dénombré-e-s. Les images de la police matraquant sans discernement des personnes voulant juste « voter » font le tour du monde.

 

Une révolution pacifique et républicaine réprimée dans le silence de l’Europe

Les événements s’enchaînent. D’un côté, les indépendantistes catalans se prévalent de la répétition des votes et des mobilisations pacifiques en faveur de leur projet pour demander un dialogue, refusé par Madrid, une médiation européenne, refusée par Bruxelles, puis enfin proclamer une déclaration unilatérale d’indépendance, sans reconnaissance internationale. De l’autre côté, M. Rajoy commence par nier qu’un référendum ait eu lieu avant de saisir l’opportunité de la déclaration d’indépendance pour activer l’article 155 de la constitution et pour destituer le gouvernement catalan, prendre le contrôle de la Generalitat, dissoudre le parlement catalan et convoquer de nouvelles élections en Catalogne.

Parallèlement, la machine judiciaire s’active pour réprimer les leaders indépendantistes catalans : arrestation de Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, responsables associatifs, dès la mi-octobre, puis, début novembre, de certains membres du gouvernement catalan, notamment Oriol Junqueras, vice-président catalan et Joaquim Forn, en charge de l’intérieur. Le président de la Generalitat, Carles Puigdemont, part en exil en Belgique avec d’autres conseillers. Les charges pesant contre les responsables catalans sont très lourdes : rébellion, sédition, malversation de fonds pour l’organisation du processus indépendantiste.

Début juin 2018, J. Sanchez, J. Cuixart, O. Junqueras et J. Forn sont toujours en prison préventive depuis plus de 7 mois. Cinq autres responsables politiques sont également emprisonné-e-s depuis le 23 mars ou d’autres encore se sont exilées dans plusieurs pays européens. Rappelons que la seule violence qui a été perpétrée l’a été par les forces de sécurité espagnole et qu’au contraire, les responsables associatifs et politiques catalan-e-s emprisonné-e-s (ou en exil) ont toujours mis en avant une stratégie strictement pacifique et politique. C’est la mobilisation citoyenne non-violente qui s’est exprimée massivement et de manière répétée ces dernières années que l’on tente de museler par les poursuites judiciaires.

Le 21 décembre 2017, les élections au parlement catalan sont marquées par une très forte participation et donnent une nouvelle fois une courte majorité en sièges aux listes indépendantistes. Néanmoins, il a fallu plus de 5 mois pour que cette majorité électorale puisse se concrétiser. En effet, les entraves mises par le gouvernement Rajoy, les poursuites menées contre certain-e-s élu-e-s (en prison ou en exil) ont différé à plusieurs reprises l’élection d’un nouveau président de la Generalitat et ensuite, la composition de son nouveau gouvernement. Joaquim Torra a finalement été élu le 14 mai et le gouvernement catalan est finalement entré en fonctions le 2 juin, le jour même de la motion de censure contre M. Rajoy.

 

Une nouvelle étape ?

Le remplacement de M. Rajoy par P. Sanchez, la levée de l’article 155 et d’un nouveau gouvernement en Catalogne marquent incontestablement un changement d’étape. Mais sur le fond, les problèmes posés politiquement par la volonté d’indépendance d’une partie importante de la population catalane restent sans solution politique immédiate. Le traitement qui en a été donné par l’État espagnol jusqu’à présent est plutôt de nature judiciaire et policière. Les principaux leaders indépendantistes sont tous en prison ou en exil, menacés de lourdes peines de prison (30 ans pour le motif de rébellion). C. Puigdemont a été brièvement arrêté en Allemagne et reste sous le coup d’un mandat d’arrêt européen. Les justices écossaise, belge, allemande et suisse ont chacune été saisies par la justice espagnole pour remise des responsables catalan-e-s poursuivi-e-s. Jusqu’à présent, elles n’y ont pas donné suite mais la situation demeure incertaine.

P. Sanchez est arrivé à renverser M. Rajoy en coalisant des groupes politiques dont le seul accord a été de mettre un terme au gouvernement Rajoy. C’est le jugement de l’affaire Gürtel touchant à un énorme scandale de corruption publique mettant en cause le PP qui a déclenché la décision du PSOE de renverser M. Rajoy. Mais la nouvelle coalition regroupe à la fois le PSOE (qui a soutenu l’application de l’article 155 en Catalogne et annonce vouloir appliquer le budget récemment adopté par la droite), Podemos et Compromis (gauche alternative, qui défend l’idée d’une issue politique au conflit catalan par l’organisation d’un référendum), Nueva Canarias et le Parti nationaliste basque (qui ont dénoncé le 155 mais soutenu le budget de droite préparé par le PP) et les partis indépendantistes basque (EH-Bildu) et catalans (ERC, gauche républicaine catalane et PDeCat, centre droit). Ainsi, l’émergence d’une réponse cohérente au problème catalan n’est pas garantie.

A terme, l’organisation de nouvelles élections générales en Espagne pourrait redistribuer les cartes. Avant le vote de la motion de censure contre M. Rajoy, les sondages laissaient présager une victoire relative du parti nationaliste espagnol Ciudadanos, que d’aucuns qualifient en France de centre-droit mais qui défend en Espagne des positions conservatrices en matière sociale et culturelle, néolibérales en économie et réactionnaires vis-à-vis des revendications périphériques.

Face au mouvement citoyen catalan, globalement pacifique et républicain, l’État espagnol n’a pour le moment opposé qu’une réponse autoritaire et violente. La question qui est posée maintenant est de retrouver les voies du dialogue. Pour cela, la libération des prisonniers politiques et la levée des poursuites contre les responsables politiques et associatifs catalan-e-s est une première exigence. La deuxième exigence est de donner une réponse politique et d’ouvrir la voie vers une consultation du peuple catalan sur son avenir.

Nice : et maintenant, la police dans les écoles

La section de Nice de la Ligue des droits de l’Homme redit son opposition au quadrillage policier à l’intérieur des écoles de la commune de Nice ; avec les enseignants et les parents d’élèves, elle réaffirme que les 130 agents municipaux qu’il est prévu de recruter à cet effet seraient bien mieux utilisés pour épauler les enseignants dans leurs taches d’activités culturelles et de prévention de tous types de risques.

Quelques prises de position du monde enseignant et des parents d’élèves :

SNUippFSU

Police dans les écoles à Nice?

L’annonce de policiers municipaux non armés dans les écoles niçoises à partir de mars a provoqué de nombreuses réactions. RTL a invité lundi 29 janvier le SNUipp sur ses ondes: « Une telle présence peut être anxiogène. Il faut veiller à la sécurité des élèves, c’est ce que font très bien les enseignants  tous les jours« .

 

FCPE

Nice : La Fcpe contre la police dans les écoles

Après la CGT, la Fcpe de Nice s’insurge contre la dérive sécuritaire dans les écoles nicoises. » En juin, les fêtes d’école ont été interdites. A la rentrée, les parents d’élèves n’ont plus pu pénétrer dans les établissements et cela a entraîné des attroupements sur le trottoir devant les écoles. Là, c’est un palier supplémentaire qui est franchi, c’est inacceptable », a déclaré à l’AFP Laetitia Siccardi, secrétaire générale de la FCPE du département.

Sur le site Facebook de la Fcpe, l’association de parents d’élèves s’oppose au déploiement à demeure d’un policier armé dans chaque école de la ville.  » Ce à quoi personne ne s’attendait, c’est que les policiers municipaux armés soient affectés DANS les établissements scolaires toute la journée, et que les écoles soient de fait transformées en postes de police. C’est un nouveau seuil qui est franchi, et il est inacceptable ! Un policier armé n’a rien à faire l’intérieur d’une école, sauf à intervenir dans des cas très précis. Nous dénonçons une décision qui entretient volontairement les peurs, les craintes et n’apporte pas de réponse adaptée au milieu scolaire ».

cafepedagogique

 

CGT Educ’Action

Le Ministre Blanquer a donc décidé d’autoriser, à « titre expérimental et non armés » le Maire de Nice à mettre des policiers à l’intérieur des écoles… Le coût estimé de cette mesure : 4.400.000€/an, soit l’équivalent de 8 800 sorties en car pour permettre aux enfants de notre ville de participer à des activités sportives ou culturelles…

A un moment où la ville a gelé les crédits pédagogiques des écoles, où l’Etat a supprimé les Aides Administratives aux Ecoles, où la Ville ne prend plus en charge la médecine scolaire (infirmières), où les ATSEM ne sont pas remplacées en cas d’absence, où l’Etat ne donne pas les moyens à l’Ecole Publique d’assurer les missions qui lui sont confiées, cette mesure démagogique qui vise à renforcer une politique sécuritaire illusoire, n’a pas de sens.

Ce qu’il nous faut dans les écoles, ce ne sont pas des policier-es mais des secrétaires administratives, des ATSEM, des infirmier-es scolaires… Ce qu’il faut à la prévention, ce n’est pas un-e policier-e dans les écoles, mais du budget pour les services sociaux que l’ancien grand  ami du maire et ancien président du Conseil Départemental, M. Ciotti, a largement contribué à réduire.

La Cgt-Éduc’Action  condamne cette décision et mettra tout en œuvre pour la combattre. 

Nice le 27 janvier 2018

CGT Educ action

L’imbécile et l’opportuniste

Ainsi donc, Trump, dans sa grande et souveraine sagesse, a frappé un grand coup en déplaçant son ambassade à Jérusalem, instituant de facto et unilatéralement Jérusalem en capitale d’Israël. Et Nétanyahu l’opportuniste de se frotter les mains; et la Palestine de protester; et l’occupation de se durcir, de jour en jour, d’heure en heure. Et la colonisation de s’accélérer…

 Mais alors que les États-Unis tournent ouvertement le dos au Droit International, aux résolutions de l’ONU et au status-quo fragile du processus en panne d’Oslo, que se passe-t-il dans la société palestinienne?

 Depuis la mort d’Arafat et le gel du processus de Paix, depuis la scission entre les « légitimistes » du Fatah et les trublions guerriers du Hamas, jamais la Palestine n’a retrouvé l’unité nécessaire à son combat. Mais l’on a vu récemment le Hamas mettre de l’eau dans son vin et assagir son extrémisme, et voici que les frères ennemis se rapprochent et se parlent.

 Respectueux du processus d’Oslo, Abbas n’a jamais pendant 25 ans de total bourbier pris d’initiative notoire. On l’accusé de complaisance et sauvegarder sa situation. Il a été traîne dans toutes les boues par les siens. Il aussi certainement bénéficié, lui et ses proches, ou même profité, de la situation.

Peu importe, le fait est qu’il a jamais eu en main les cartes qui lui auraient permis de discuter ou négocier la paix « occidentale » dans des conditions acceptables. Dans un rapport de forces trop déséquilibrées, et prisonnier virtuel d’Israël, exiger quoique ce soit de sa part n’aurait servi qu’à essuyer des refus dévastateurs pour sa position supposée être souveraine, nationalement comme internationalement. Souveraineté qu’il aura cependant suffisamment gardée assise, pour qu’aujourd’hui flotte le drapeau palestinien sur l’esplanade des Nations-Unies.

Et voici que récemment, ces mêmes Nations-Unies votent d’une majorité écrasante contre la décision israélo-américaine concernant Jérusalem. Et ce à l’initiative de Macron, je rappelle, dont il serait intéressant de comprendre les desseins à plus long terme, après son refus de reconnaître l’état palestinien. Il a peut-être raison d’attendre et ce n’est pas pour lui le plus important immédiatement, alors que le rapport de force prend la bonne direction : l’isolement d’Israël et des Etats Unis sur la scène internationale.

 Réaction d’Abbas le 13 janvier : « Je prends acte de l’enterrement du processus d’Oslo ».

Silence international (pour l’instant, on peut comprendre, la sacro-sainte feuille de route explose), mais surtout, un ange passe au dessus de la Palestine. Une lumière, oubliée, au bout du tunnel. Car sauter d’un train sans voie ferrée devant lui ne peut être qu’un progrès, et tous les palestiniens l’ont bien compris, et s’y dessine une unité inespérée qui se cristallise, pour une fois, autour de la souveraineté et du droit international et non de la vindicte anti-israélienne, légitime mais contre-productive. Oslo est mort, nouvelle étape. On avance.

 Car en Palestine, la solution à 2 états, c’est au bout du compte celle d’aujourd’hui et on voit de là-bas comme d’ici ce que ça donne: disparition lente et inexorable de l’un d’entre eux et apartheid insupportable sur sa population. Gaza meurt et la Cis-Jordanie change de propriétaire. Ce n’est pas une question de 1 état, ou 2 états… C’est une question de rapport de forces et de volonté d’en sortir. Les frontières ne changent pas les idées. Si tu vis en bonne intelligence avec ton voisin, peu importe la couleur de son passeport, mais plutôt la sincérité des deux à partager la même terre.

 Quand on pense que c’est à Trump et Netanyahu qu’on doit cette prise de conscience…

 Merci donc, Messieurs, l’Imbécile et l’Opportuniste, d’avoir malgré vous ouvert cette fenêtre d’espoir à vos adversaires.

L’indépendance de la Catalogne : boîte de Pandore ou nouvelle invention démocratique ?

Depuis quelques mois, les Européen·ne·s découvrent l’émergence d’une aspiration de la Catalogne à son indépendance vis-à-vis de l’Espagne. Pour les Français·e·s ne connaissant pas les spécificités de l’histoire et les réalités contemporaines spécifiques de l’Espagne et de la Catalogne, le problème catalan est sans doute incompréhensible. Tout·e Catalan·e vivant en France a sans doute vécu de grands moments de solitude quand des ami·e·s se rendent à Barcelone : « Je vais en Espagne, on va se régaler de tapas, de jambon, de gazpacho, faire la fiesta, la sieste, visiter la Sagrada Familia… ». « Ah, tu vas en Catalogne ? ». « Oui, je vais en Espagne à Barcelone mais il faut que je révise un peu mon espagnol, amigo ! ».

L’objet de cet article n’est pas d’entrer dans le détail de la situation actuelle ni dans les spécificités espagnoles et catalanes. Il conviendrait assurément de distinguer le processus de formation des deux Etats voisins en rappelant au moins, pour le cas espagnol et catalan, l’ancienneté de l’autonomie catalane, sa résistance historique devant toute tentative d’assimilation castillane et surtout, pour le dernier siècle, l’importance de la dictature franquiste. Au 20e siècle, la relation entre la Catalogne et l’Etat espagnol a été marquée par la répression. L’Etat monarchique actuel est le fruit de cette histoire violente et la Constitution de 1978 est le produit de délicates négociations avec les héritiers directs du franquisme. Contrairement à la situation française, il n’y pas eu d’intégration nationale des diversités régionales dans un cadre démocratique long. Au contraire, l’Espagne est plurinationale. La Galice, le Pays Basque et la Catalogne revendiquent haut et fort leurs spécificités. Pour les lectrices et lecteurs français·e·s, il conviendrait d’exposer ces spécificités et sans doute, de comparer la situation de l’Espagne à celle de la France, d’en discuter les différences et les rapprochements, mais cela méritera un article à part. Par ailleurs, l’histoire politique et sociale est en train de s’écrire et les rebondissements que l’on a connus depuis la fin de l’été 2017 continuent en janvier 2018 et risquent de se perpétuer encore longtemps. Cet article n’a donc pas pour objet de traiter de l’actualité catalane.

L’objet de cet article est de proposer, brièvement, une interprétation du problème catalan comme une manifestation parmi d’autres d’un problème qui est plus global : l’organisation politique du monde.

En 1648, suite à des guerres de plusieurs dizaines d’années en Europe, les traités de Westphalie font émerger un nouveau système global sur la Terre, où les Etats se partagent la planète, ses territoires, ses ressources, et ses populations. Tout le globe est quadrillé et tout lieu terrestre est censé appartenir à un Etat et un seul, et toute personne humaine est censée appartenir à un Etat (et dans « l’idéal », un seul), une nation.

Ce modèle politique est conçu initialement entre quelques rares puissances européennes, puis exporté dans la planète par les processus de colonisation et de décolonisation. A l’issue de la Deuxième Guerre mondiale, une cinquantaine d’Etats se partageaient ainsi la planète. Le nombre d’Etats a quadruplé en 70 ans et on compte aujourd’hui presque 200 Etats. Est-ce que le modèle issu des traités de Westphalie est toujours valable pour répondre aux enjeux de la volonté d’émancipation et des défis auxquels fait face l’humanité au 21e siècle ?

Est-ce que l’histoire est censée s’arrêter, figer les frontières et les représentations, alors que les êtres humains et les sociétés ne cessent de se reconfigurer, alors que le présent et l’avenir placent l’humanité face à des problèmes sans cesse redéfinis ? Est-ce que devant le réchauffement climatique, les problèmes énergétiques et de partage des ressources sur la planète, l’humanité peut se contenter d’une gestion strictement étatique où chaque Etat serait absolument maître chez lui ? Si l’Espagne décide de construire une centrale nucléaire à 1 km de la frontière avec la France, est-ce que la France devra considérer cette affaire comme une affaire strictement interne à l’Espagne ?

Et puisque ces Etats se prétendent l’expression politique démocratique de leurs peuples constitutifs, peut-on ignorer l’aspiration d’un peuple (ou au moins, d’une partie très importante, voire majoritaire, d’un peuple) à décider de son destin ? Est-ce que les frontières actuelles doivent être figées pour toujours ? Nous ne pouvons qu’observer que l’histoire de la planète, ces dernières dizaines d’années, est celle d’une multiplication du nombre des Etats. Peut-on et doit-on arrêter le mouvement actuel ?

Et en même temps, quelles sont les conséquences de la fragmentation des Etats ? Si l’on respecte la volonté démocratique des peuples, cette fragmentation est sans doute inévitable, vu que l’aspiration à l’émancipation prend bien souvent la forme de l’affirmation d’une collectivité à prendre en main son propre destin. Mais en même temps, devant l’émergence d’Etats de plus en plus petits, quelles formes de coordination, de fédération, voire de subsidiarité sont-elles à inventer pour faire face aux défis de l’humanité d’aujourd’hui ? Comment changer le rapport de forces entre, d’une part, quelques Etats qui demeurent très puissants, en capacité de détruire plusieurs fois la planète et d’autre part, de nombreux autres Etats beaucoup plus petits, moins riches et dépendants également du bon vouloir de quelques multinationales ? Peut-on rompre avec la violence comme principe d’ordonnancement du monde et construire une nouvelle organisation respectueuse du droit des personnes et des collectivités humaines ?

Est-ce que l’Europe, telle qu’elle a émergé ces 70 dernières années, comme stratégie d’intégration volontaire – et non pas impériale, pour une fois – d’Etats qui se sont fait la guerre pendant des siècles, peut constituer le laboratoire de nouvelles reconfigurations démocratiques ? On peut en douter quand on voit le fonctionnement de l’Union européenne et les réponses qui sont données, dans ce cadre, aux problèmes économiques (Grèce par exemple), sociaux (migrations) ou politiques (Catalogne). On peut en douter, mais a-t-on un meilleur cadre pour inventer une nouvelle distribution du pouvoir parmi les peuples européens et leurs territoires, en lien avec de nouvelles relations avec le monde proche et lointain ?

Aujourd’hui, la volonté d’émancipation des citoyen·e·s prend notamment la forme, renouvelée, d’affirmation de nouvelles nations. Aujourd’hui comme hier, nous sommes conduits à vouloir projeter dans l’avenir des modèles hérités du passé. Ainsi, l’aspiration à l’émancipation du peuple catalan prend en partie la forme d’un nationalisme ancien : affirmation de l’ancienneté (indéniable) de la Catalogne, de ses institutions autonomes (et démocratiques), de sa langue et de sa culture. Ainsi, puisque l’Union européenne accueille comme Etats membres la Slovénie, la Croatie, la République tchèque, la Slovaquie, les pays baltes, …, Etats tous issus de l’éclatement récent d’autres Etats, pourquoi ne pourrait-elle pas accueillir également une Catalogne aussi légitime historiquement, aussi viable économiquement et aux valeurs démocratiques et républicaines sans doute encore plus ancrées dans la tradition ?

Mais par ailleurs, la revendication d’émancipation du peuple catalan est aussi porteuse d’autres aspirations, peut-être plus révolutionnaires dans le sens où elles portent quelque chose de nouveau, de nouvelles pratiques, à même de relever de nouveaux défis. Par exemple, certains courants politiques mobilisant aujourd’hui la Catalogne vers son indépendance aspirent non pas à la fermeture, à la création de nouvelles frontières, à créer de nouvelles catégories d’étrangers, mais au contraire, à intégrer de façon la plus ouverte possible non seulement toutes les personnes vivant sur le territoire catalan, mais aussi les réfugié·e·s à accueillir. C’est bien une nouvelle citoyenneté qui est ici inventée. La volonté d’ouvrir au maximum l’intervention politique des citoyen·ne·s est non seulement expansive (dans la volonté de considérer toute personne comme étant un·e citoyen·ne, indépendamment de sa nationalité d’origine), mais aussi intensive (dans le sens de recourir à l’intervention citoyenne dans le cadre d’une démocratie participative renouvelée). Et c’est bien l’aspiration à mener des politiques sociales plus généreuses au niveau de la Catalogne qui a été systématiquement entravée, ces dernières années, par l’Etat espagnol en les déclarant non conformes à la Constitution. Enfin, c’est uniquement par le dialogue et par la stratégie de la non-violence que les indépendantistes catalans mènent leur combat et mobilisent massivement et de façon répétée, ces dernières années, des millions de personnes.

Face au problème catalan, il n’est que deux attitudes possibles.

L’une consiste à la négation du problème et à l’obsession de la conservation. Selon cette optique, le problème catalan est une affaire interne à l’Espagne au nom de la sacro-sainte souveraineté de l’Etat espagnol. Les acteurs qui adoptent cette posture (notamment les principaux responsables politiques européens) sont mus par la peur d’ouvrir « la boîte de Pandore » (des frontières en Europe) et par les ébranlements politiques dont sont porteuses les mobilisations politiques et sociales catalanes. Cette attitude est stérile. L’histoire n’a aucune chance de s’arrêter. Elle est dangereuse car elle mine les principes mêmes du système qu’elles prétendent défendre. En effet, sacrifiant la volonté massive, non-violente et démocratique du peuple catalan à décider de son destin, elle liquide le principe démocratique fondant les Etats souverains. Préférant la matraque de Rajoy (au nom de la Constitution espagnole) au bulletin de vote des Catalans, elle saborde l’idée même de démocratie.

L’autre attitude consiste à faire face aux enjeux démocratiques de la mobilisation catalane. Elle ne consiste pas à nier la complexité du problème et les ambiguïtés de l’aspiration nationale catalane. S’agit-il simplement d’obtenir la reconnaissance d’une sorte de Danemark du Sud de l’Europe, le tracé de nouvelles frontières pour un nouvel Etat conservateur ? Comment reconnaître les aspirations à l’indépendance sans nier la volonté d’une partie importante de la population catalane à rester en Espagne ? Rien de démocratique ne peut émerger comme issue au problème sans une consultation démocratique du peuple qui est concerné, sans un débat, sans dialogue. Affirmer cela, ce n’est pas seulement réaffirmer – jusqu’à présent, dans le vide – le respect des valeurs démocratiques. Affirmer cela, c’est ouvrir les yeux sur ce que les mobilisations non-violentes de la Catalogne portent de nouveau, sur les espérances d’une reconfiguration politique plus démocratique, plus égalitaire, plus sociale. Osons voir au cœur du laboratoire européen la possibilité de l’émergence d’une république catalane comme la semence de nouvelles républiques émancipatrices. Le reste de l’histoire, l’organisation (fédérale, confédérale, ou encore plus décentralisée) des différents niveaux entre les problèmes politiques les plus locaux aux plus globaux, est sans doute en train de s’écrire. A des degrés divers, nous sommes en train de l’écrire… L’affirmation de la solidarité avec la lutte non-violente du peuple catalan est une contribution pour le nouveau monde à inventer.

Hébron, Palestine – oct 2017 – Quand les Territoires Occupés deviennent devient des territoires annexés…

Hébron, Palestine – oct 2017 – Quand les Territoires Occupés deviennent devient des territoires annexés…

A Hébron (Al-Khalil, en palestinien) au début du mois de septembre dernier et dans une indifférence quasi-générale, un cadre administratif municipal parallèle a été discrètement accordé aux colons israéliens illégalement installés en zone H2 (la zone sous occupation militaire depuis 1967), en «superposition » à la municipalité palestinienne.  Rappelons qu’au cœur de la vieille ville d’Hébron vivent 800 colons dans un climat électrique, violemment délétère.

Ainsi, après les annexions et les prérogatives imposées cette été aux Palestiniens à Jérusalem-Est, après l’affaire, l’été dernier des restriction d’accès à la mosquée Al Aqsa, puis au Tombeau des Patriarches à Hébron, et alors que s’accentuent les démolitions de maisons palestiniennes, désormais pluri-quotidiennes, ou leurs expropriations, Israël entreprend en sous-marin un processus de normalisation institutionnelle… en confiant aux colons eux-même le soin d’administrer l’ordre civil israélien de cette zone qu’ils occupent au mépris du droit international.

Badee Dwaik, Coordinateur du « Human Rights Defenders Group of Hebron » est particulièrement conscient du danger : « La décision du « Commandement Central » de transformer la Zone H2 en « Circonscription de Kiryat Arba » et celle d’en confier le contrôle aux colons, sont potentiellement les plus dangereuses mesures prises à l’encontre de la ville d’Hébron depuis le début de son occupation, en 1967. Ces décisions annoncent de nouvelles expropriations de maisons et de commerces palestiniens au profit des colons, dans une zone jusqu’alors épargnée de par sa fermeture. De plus, alors que les employés municipaux d’Hébron ne seront plus autorisés à travailler dans la zone, l’on redoute de nouvelles contraintes fiscales sur les administrés.
De fait, cette décision divise Hébron en 2 villes avec chacune son statut, celui d’un côté de municipalité palestinienne au sein d’un état arabe et palestinien, et de l’autre, celui de municipalité coloniale juive, statut qui s’impose désormais à tous les Palestiniens vivant dans la zone H2. »

Badee Dwaik s’étonne et s’effraie du silence autour de cette mesure; il garde néanmoins espoir : « Espérons que la population d’Hébron réagisse avec responsabilité… »

Cette décision intervient alors que pour la première fois depuis 2002, le gouvernement israélien vient d’autoriser de nouvelles implantations à Hébron ; provocation supplémentaire, sur « Shuhada Street », cette rue fantôme d’où ont été chassés les derniers commerçants Palestiniens en 2010. Cette rue était le poumon économique de la vieille ville… le message et les intentions sont claires. L’annexion pure et simple…

Le danger est prégnant et la menace se précise pour une population déjà soumise dans les faits au diktat des colons… Et donc bientôt sur le papier.
Espérons que Badee saura sensibiliser Michel Forst, rapporteur à l’UNHRC, qu’il a rencontré à Dublin cette semaine (photo) ; Source (page Facebook du Human Rights Defenders Group d’Hébron)