Questionner la vidéosurveillance à Nice : utilité, coûts, dangers – édition mise à jour au 30/09/ 2016

Nous avions prévu d’actualiser notre étude sur la vidéosurveillance à Nice afin d’y intégrer les informations relatives à l’analyse des activités de la Commission Départementale de la vidéosurveillance. Le 14 juillet 2016, un massacre de masse venait endeuiller notre ville. La section de Nice de la Ligue des droits de l’Homme a obstinément refusé d’entrer dans les indécentes polémiques qui ont surgi moins de 24 heures plus tard, à propos du fonctionnement de la vidéosurveillance.

Dans cette deuxième édition, nous maintenons le même cap : notre objectif fondamental est d’alerter nos concitoyens sur le coût prohibitif, l’utilité très limitée et les dangers pour les libertés publiques que représente une vidéosurveillance massive, omniprésente et instrumentalisée par certains élus.

Télécharger ou consulter le dossier : [ ICI ]

 

 

Nice ville numérique, Smart city ou future ville « panoptique » ?

La ville de Nice communique beaucoup autour du concept de « ville intelligente » [ [ ICI ] sans doute pour faire évoluer  son image de « ville de retraités « . En dépit de fiascos retentissants, comme celui des parcmètres dits « intelligents », lesquels ont laissé un facture de 10 millions d’euros à la commune, la ville entend poursuivre cette politique. Tout n’est pas à rejeter en bloc dans le concept de ville intelligente ; toutefois,  nous attirons à nouveau l’attention des citoyens sur les dangers potentiels que recèlent ces technologies, dès lors qu’elles se déploient hors de tout contrôle démocratique réel et sans aucun véritable contre pouvoir efficace.

A ce sujet, la CNIL commente un très intéressant article de la sociologue Liesbet Von Zoonen.

La totalité de l’article de la CNIL ici : [ ville numérique et vie privée ]

Extraits :

« La ville numérique ou la « smart city », fait l’objet de nombreux débats parmi les chercheurs et les spécialistes. Ses promoteurs voient dans le big data une opportunité pour les villes de devenir plus riches, plus propres et plus efficaces ; d’autres considèrent que les villes deviendront des espaces robotisés, ennuyeuses, gérés par les seules data (data driven), et où la créativité n’aura plus aucune place. Le géographe Rob Kitchin, considère que la collection tous azimuts de données urbaines risque de produire des villes « panoptiques », qui risquent de menacer le droit à la vie privée et à la liberté d’expression. »

  • Quadrant II – Collecte de données personnelles à des fins de surveillance.

« Ce quadrant recouvre les données personnelles collectées par la police, les autorités organisatrices des transports publics, mais aussi des caméras de surveillance, des bases liées à la reconnaissance faciale, etc. Ce quadrant cristallise les contestations par les citoyens et les militants du respect de la vie privée. Liesbet van Zoonen note que le Règlement européen   [ ICI ]     apportera de nouvelles garanties aux citoyens pour faire valoir et protéger leurs droits. »

  • Quadrant III – Collecte de données « non –personnelles » à des fins de surveillance.

« On retrouve ici les données liées à la surveillance de l’espace urbain, sans a priori de reconnaissance possible des individus : le monitoring du trafic automobile, de gestion des foules, par exemple par des caméras infrarouge ou des capteurs de chaleur. Ces données peuvent cependant permettre de reconnaître une personne, par exemple lorsque l’on utilise un logiciel de reconnaissance faciale sur des vidéos. »

  • Quadrant IV – Collecte de données « non-personnelles » à des fins de services.

« La dernière catégorie correspond à toutes les données non-personnelles collectées et utilisées pour le bénéfice des citoyens, telles que les données environnementales, de gestion des déchets ou de l’énergie (hors les données de chaque foyer). Ce quadrant ne présente à première vue pas d’inquiétudes quant au respect de la vie privée, mais l’auteur rappelle que là aussi, grâce à l’agrégation et au recoupement de données pourtant anonymisées, il reste parfois possible de reconstituer des données personnelles. «    [ Cliquez ici ]

Le Conseil d’Etat suspend l’arrêté de la commune de Villeneuve-Loubet

Le Conseil d’État suspend l’arrêté dit « anti burkini »

de la commune de Villeneuve-Loubet

La section de Nice de la LDH prend acte de la décision du Conseil d’État concernant la commune de Villeneuve Loubet ; elle demande aux communes concernées du Département des Alpes-Maritimes d’abroger immédiatement les arrêtés similaires, désormais entachés d’illégalité.

Le droit fondamental de manifester sa religion ou ses convictions dans l’espace public sera à nouveau respecté et nous nous félicitons d’y avoir contribué ; mais, en même temps, la section de Nice de la LDH réaffirme qu’elle désapprouve le port de vêtements qui symbolisent la soumission des femmes et portent ainsi atteinte à l’égalité entre les hommes et les femmes.

Les arrêtés démagogiques et populistes sont inutiles et même dangereux ; notre région a surtout besoin de politiques de lutte contre la ségrégation urbaine et en faveur de la cohésion sociale. Nous faisons confiance aux enseignants, aux éducateurs, au monde associatif et syndical, aux hommes politiques de bonne volonté, afin que, par un travail de proximité et au quotidien, les capacités d’intégration de notre société laïque soient renforcées.

Lobby de la vidéosurveillance : obsolescence programmée, leçons de morale et essaims de drones

Monsieur le maire : vous vouliez battre des records de mises en service de caméras de vidéosurveillance  1500, 2000  et plus ? Las, le lobby de la vidéosurveillance ( Association nationale de la vidéoprotection – AN2V ) vient de vous ringardiser. Après avoir refilé des dizaines de milliers de caméras aux élus de tous bords, aux communes de toutes tailles, voici que son représentant, M. Dominique Legrand déclare dans la presse  (Sud Ouest du 06/05/2016   [ ICI ]  ) : « Il ne sert à rien de faire du quantitatif et de placer des caméras à tout prix [ … ] Notre position est claire : nous prônons moins de points de visualisation mais avec des images de meilleure qualité » Bref, ça revient à dire : jusqu’à maintenant on vous a refilé, en quantité, du matériel inutile et obsolète, jetez donc tout ça à la poubelle et équipez vous avec mon beau matériel, vous serez « hig tech friendly », vos administrés vont adorer.

Faisant preuve d’un sacré culot, le lobbyiste se pose en moraliste de la vidéosurveillance : « le coût, les aspects juridiques et éthique ont-t-ils été pris en compte ? Puis il préconise « une vue d’ensemble pour sortir de l’émotion et des petits calculs électoraux des municipalités ». Bref, un tract de la LDH !

Et pour terminer en beauté  : vous surveillez vos concitoyens  d’en bas ? et bien, surveillez aussi d’en haut, tant qu’à faire, surveillez en 3D, donc,  « Pourquoi pas un essaim de drones plutôt qu’un hélicoptère pour suivre un rodéo nocturne ? ». Plutôt que de vendre un seul  et inutile drone, autant en vendre un essaim, sans doute au titre de la maitrise des coûts. Des esprits malveillants prophétisent : « la saison du ball trap est ouverte ».

 

Drones

A Nice le « boulevard connecté » sera aussi un « boulevard surveillé »

Revue « Communication et organisation »  n° 46 – 2014 – Bruno Girard  « L’image donnée ».

Article accessible en ligne [ ICI ]

Ce très intéressant article analyse quelle peut être la puissance des images collectées par la vidéosurveillance, dès lors qu’elles se transforment en « données » traitées par un algorithme. A propos du fameux boulevard connecté à Nice, il indique : « Le Boulevard connecté à Nice constitue un excellent terrain d’observation de l’exploitation des données en environnement urbain avec une plateforme multiservice impliquant des caméras IP, des capteurs, un portail opendata, lesquels envisagent de traiter les problèmes de stationnement [ …], de gestion des déchets et des éclairages. »

L’auteur analyse ensuite certains éléments de la plaquette officielle de présentation, comme nous l’avons fait dans notre article  à propos du programme  « Eliot » de l’équipementier en matériel électrique Legrand, ainsi que du boulevard connecté vu par Cisco. ( voir article : « Eliot ou le monde merveilleux des objets connectés » dans la catégorie « Vidéosurveillance »).

Enfin, il indique : « Ainsi le boulevard connecté à Nice veut simplifier les déplacements, fluidifier la circulation, économiser l’énergie. À aucun moment, il n’est question de surveillance des usagers. Aucune dimension sécuritaire n’est mentionnée dans le dossier de presse. La vidéoverbalisation automatique par capture des numéros de plaque d’immatriculation, déjà en exploitation à Nice, n’est pas évoquée. Il paraît étonnant que ces objectifs soient omis alors que les caractéristiques indiquées pourraient permettre ces dispositions. C’est seulement à l’intérieur d’un autre article du blog de la société Cisco que l’on évoque un usage sécuritaire dans un compte rendu du salon Innovative City de juin 2012 à Nice  » 

Cisco Bd connecté, la version sécuritaire : [ ici ]

Cisco bd connecté, la version idyllique :

 

Nous voilà prévenus.

La ville de Nice et l’ouverture de l’institut « En Nour »

Communiqué de presse

Ville de Nice – Ouverture de l’Institut « En Nour » 

Depuis plus de dix ans, des associations locales poursuivent l’objectif d’édifier un bâtiment dédié principalement au culte musulman dans l’ouest de la métropole niçoise.

Ce projet a subi divers aléas juridico-administratifs et notre propos n’est pas de savoir quel acteur local, qu’il soit associatif, administratif ou politique, en est le responsable.

Aujourd’hui, alors que le projet est enfin arrivé à son terme, monsieur le maire de Nice semble soudain découvrir un impérieux besoin de création d’une crèche, qui prendrait opportunément la place de ce lieu de culte sur le point d’être inauguré ; il lance à cet effet une procédure de déclaration d’utilité publique en vue d’exproprier les occupants actuels. Dès lors, la volonté d’empêcher par tous les moyens la création d’un lieu de culte musulman est patente.

En agissant de la sorte, le maire ne fait que favoriser l’isolement de communautés au seul profit de ceux qui veulent anéantir la république et ses valeurs.

Nous observons par ailleurs que le maire de Nice ne manque pas une occasion d’écorner urbi et orbi et dans tous les médias le principe de neutralité qui s’impose à tous les édiles.

Parce qu’elle est profondément attachée à la laïcité, la Ligue des droits de l’Homme défend le droit de chacun de librement pratiquer la religion de son choix, comme celui de n’en pratiquer aucune, dès lors que les lois de la république sont scrupuleusement respectées.

Nice, le 7 janvier 2016.

Accueil de nuit des sans domicile fixe

LETTRE A MONSIEUR LE MAIRE DE LA COMMUNE DE NICE

Nice, le 20 décembre 2015

La Ligue des Droits de l’Homme – section de Nice

à

Monsieur le maire de la commune de Nice

Cabinet de M. le maire

Hôtel de Ville – 5, rue de l’Hôtel de Ville  06364 Nice

Objet : accueil de nuit des sans domicile fixe.

Monsieur le maire,

Les associations avec lesquelles nous sommes régulièrement en contact reçoivent dans leurs permanences, depuis quelques semaines, des hommes célibataires, mais également des femmes, en pleine détresse sociale, sans aucune possibilité d’être hébergés ou logés.

Ces personnes se présentent tous les soirs à « l’Accueil de nuit » où elles ne sont malheureusement pas prises en charge faute de place, ou parce qu’elles ont épuisé leurs droits à être hébergés, selon le règlement appliqué par cette structure municipale.

Pour cet hiver, il semblerait que vous ayez décidé de ne pas ouvrir le gymnase qui était, les années précédentes, ouvert aux SDF ; de sorte qu’une grande partie de cette population n’est pas hébergée et dort dans la rue depuis plusieurs semaines.

Sans hygiène, exposées au froid, aux intempéries et à toutes sortes sorte de dangers, ces personnes sont menacées dans leur intégrité physique. Elles perdent également peu à peu leur dignité.

C’est pourquoi, nous vous sollicitons afin que vous procédiez sans délai à la réouverture d’un gymnase pour les accueillir durant la période hivernale.

Dans l’attente, nous vous prions d’agréer, monsieur le maire, l’expression de nos sentiments distingués.

La présidente de la section de Nice

Swanie Potot

Chambre Régionale Cour des Comptes la vidéosurveillance à Nice

La Chambre Régionale de la Cours des Comptes de Provence Alpes Côte d’Azur à rendu en 2010 un rapport d’observations définitives sur la politique de sécurité de la commune de Nice. Nous présentons ici l’extrait de ce rapport qui traite de la vidéosurveillance à Nice.  Cliquez ici : CRC Nice vidéosurv 2010

Visdéosurveillance : la Chambre Régionale des comptes pas convaicue

Le rapport d’observations définitives publié en mai 2010 par la Chambre Régionale des Comptes Rhône-Alpes, après analyse des activités de sécurité publique de la ville de Lyon , contient un volet « Vidéosurveillance » dont les conclusions sont très réservées quant à l’efficacité réelle du dispositif mis en place par les édiles lyonnais. Pour accéder à la partie « vidéosurveillance » du rapport, cliquez ici : CRC Lyon extraits vidéosurv

 

Vidéosurveillance, qui vous surveille ?

« Que fait un agent de vidéosurveillance devant son écran? Principalement, il s’ennuie… assure le journaliste Jérôme Thorel qui se base sur une étude faite par le sociologue Tanguy Le Goff, chercheur de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France (IAU-IDF). La conclusion du journaliste est sans appel : exiger une cellule psychologique dans chaque CSU [Centres de surpervision urbaines] de France et de Navarre. »
Jérôme Thorel  – Le blues du vidéosurveillant.
Pour accéder à l’article, cliquez ici : Qui vous surveille ?