A Nice le « boulevard connecté » sera aussi un « boulevard surveillé »

Revue « Communication et organisation »  n° 46 – 2014 – Bruno Girard  « L’image donnée ».

Article accessible en ligne [ ICI ]

Ce très intéressant article analyse quelle peut être la puissance des images collectées par la vidéosurveillance, dès lors qu’elles se transforment en « données » traitées par un algorithme. A propos du fameux boulevard connecté à Nice, il indique : « Le Boulevard connecté à Nice constitue un excellent terrain d’observation de l’exploitation des données en environnement urbain avec une plateforme multiservice impliquant des caméras IP, des capteurs, un portail opendata, lesquels envisagent de traiter les problèmes de stationnement [ …], de gestion des déchets et des éclairages. »

L’auteur analyse ensuite certains éléments de la plaquette officielle de présentation, comme nous l’avons fait dans notre article  à propos du programme  « Eliot » de l’équipementier en matériel électrique Legrand, ainsi que du boulevard connecté vu par Cisco. ( voir article : « Eliot ou le monde merveilleux des objets connectés » dans la catégorie « Vidéosurveillance »).

Enfin, il indique : « Ainsi le boulevard connecté à Nice veut simplifier les déplacements, fluidifier la circulation, économiser l’énergie. À aucun moment, il n’est question de surveillance des usagers. Aucune dimension sécuritaire n’est mentionnée dans le dossier de presse. La vidéoverbalisation automatique par capture des numéros de plaque d’immatriculation, déjà en exploitation à Nice, n’est pas évoquée. Il paraît étonnant que ces objectifs soient omis alors que les caractéristiques indiquées pourraient permettre ces dispositions. C’est seulement à l’intérieur d’un autre article du blog de la société Cisco que l’on évoque un usage sécuritaire dans un compte rendu du salon Innovative City de juin 2012 à Nice  » 

Cisco Bd connecté, la version sécuritaire : [ ici ]

Cisco bd connecté, la version idyllique :

 

Nous voilà prévenus.

La ville de Nice et l’ouverture de l’institut « En Nour »

Communiqué de presse

Ville de Nice – Ouverture de l’Institut « En Nour » 

Depuis plus de dix ans, des associations locales poursuivent l’objectif d’édifier un bâtiment dédié principalement au culte musulman dans l’ouest de la métropole niçoise.

Ce projet a subi divers aléas juridico-administratifs et notre propos n’est pas de savoir quel acteur local, qu’il soit associatif, administratif ou politique, en est le responsable.

Aujourd’hui, alors que le projet est enfin arrivé à son terme, monsieur le maire de Nice semble soudain découvrir un impérieux besoin de création d’une crèche, qui prendrait opportunément la place de ce lieu de culte sur le point d’être inauguré ; il lance à cet effet une procédure de déclaration d’utilité publique en vue d’exproprier les occupants actuels. Dès lors, la volonté d’empêcher par tous les moyens la création d’un lieu de culte musulman est patente.

En agissant de la sorte, le maire ne fait que favoriser l’isolement de communautés au seul profit de ceux qui veulent anéantir la république et ses valeurs.

Nous observons par ailleurs que le maire de Nice ne manque pas une occasion d’écorner urbi et orbi et dans tous les médias le principe de neutralité qui s’impose à tous les édiles.

Parce qu’elle est profondément attachée à la laïcité, la Ligue des droits de l’Homme défend le droit de chacun de librement pratiquer la religion de son choix, comme celui de n’en pratiquer aucune, dès lors que les lois de la république sont scrupuleusement respectées.

Nice, le 7 janvier 2016.

Accueil de nuit des sans domicile fixe

LETTRE A MONSIEUR LE MAIRE DE LA COMMUNE DE NICE

Nice, le 20 décembre 2015

La Ligue des Droits de l’Homme – section de Nice

à

Monsieur le maire de la commune de Nice

Cabinet de M. le maire

Hôtel de Ville – 5, rue de l’Hôtel de Ville  06364 Nice

Objet : accueil de nuit des sans domicile fixe.

Monsieur le maire,

Les associations avec lesquelles nous sommes régulièrement en contact reçoivent dans leurs permanences, depuis quelques semaines, des hommes célibataires, mais également des femmes, en pleine détresse sociale, sans aucune possibilité d’être hébergés ou logés.

Ces personnes se présentent tous les soirs à « l’Accueil de nuit » où elles ne sont malheureusement pas prises en charge faute de place, ou parce qu’elles ont épuisé leurs droits à être hébergés, selon le règlement appliqué par cette structure municipale.

Pour cet hiver, il semblerait que vous ayez décidé de ne pas ouvrir le gymnase qui était, les années précédentes, ouvert aux SDF ; de sorte qu’une grande partie de cette population n’est pas hébergée et dort dans la rue depuis plusieurs semaines.

Sans hygiène, exposées au froid, aux intempéries et à toutes sortes sorte de dangers, ces personnes sont menacées dans leur intégrité physique. Elles perdent également peu à peu leur dignité.

C’est pourquoi, nous vous sollicitons afin que vous procédiez sans délai à la réouverture d’un gymnase pour les accueillir durant la période hivernale.

Dans l’attente, nous vous prions d’agréer, monsieur le maire, l’expression de nos sentiments distingués.

La présidente de la section de Nice

Swanie Potot

Chambre Régionale Cour des Comptes la vidéosurveillance à Nice

La Chambre Régionale de la Cours des Comptes de Provence Alpes Côte d’Azur à rendu en 2010 un rapport d’observations définitives sur la politique de sécurité de la commune de Nice. Nous présentons ici l’extrait de ce rapport qui traite de la vidéosurveillance à Nice.  Cliquez ici : CRC Nice vidéosurv 2010

Visdéosurveillance : la Chambre Régionale des comptes pas convaicue

Le rapport d’observations définitives publié en mai 2010 par la Chambre Régionale des Comptes Rhône-Alpes, après analyse des activités de sécurité publique de la ville de Lyon , contient un volet « Vidéosurveillance » dont les conclusions sont très réservées quant à l’efficacité réelle du dispositif mis en place par les édiles lyonnais. Pour accéder à la partie « vidéosurveillance » du rapport, cliquez ici : CRC Lyon extraits vidéosurv

 

Vidéosurveillance, qui vous surveille ?

« Que fait un agent de vidéosurveillance devant son écran? Principalement, il s’ennuie… assure le journaliste Jérôme Thorel qui se base sur une étude faite par le sociologue Tanguy Le Goff, chercheur de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France (IAU-IDF). La conclusion du journaliste est sans appel : exiger une cellule psychologique dans chaque CSU [Centres de surpervision urbaines] de France et de Navarre. »
Jérôme Thorel  – Le blues du vidéosurveillant.
Pour accéder à l’article, cliquez ici : Qui vous surveille ?

Les réflexes pavloviens de M. Estrosi

Dans le cadre des traditionnelles opérations médiatiques liées à la rentrée des classes, un élu local s’est particulièrement distingué cette année : M. Estrosi. En effet, dans la semaine de la rentrée, le maire de Nice a trouvé un nouveau sujet pour « faire le buzz » : l’ouverture du collège Avicenne à Nice, collège confessionnel musulman.

Engagé dans un combat électoral quasi fratricide avec le Front National, dans une région PACA mar­quée par l’histoire de la décolonisation, une démographie et un profil socio-économique de sa po­pulation qui déterminent un vote particulièrement conservateur, M. Estrosi se livre à une surenchère autour du triptyque idéologique qui était il y a quelques années encore le pré carré du FN : immigra­tion, islam, sécurité.

Un twitt, une page Facebook et c’est parti ! Ajoutons un article dans la presse locale, plutôt équilibré, mais présentant un maire à l’offensive, qui « menace », « part en campagne » et qui « attaque », sans souffler mot du contexte lié aux élections régionales (Nice Matin 04/09/2015). Pour accéder à l’article, cliquez ici :   Article de NM   ( pour lire, utilisez la fonction « rotation horaire » ) :

Nous le savons, l’évocation du substantif « musulman » provoque depuis quelques années chez le maire de Nice un réflexe pavlovien d’exigence de garanties, de contrôles en tout genre, demandes jamais formulées lors de l’ouverture des nombreux établissements privés locaux. M. Estrosi in­voque de « potentielles dérives » qui guetteraient, à priori, ce collège musulman, instillant l’idée particulièrement pernicieuse que musulman serait égal à danger.

Toute aussi grave est la demande formulée par le maire de Nice qui exige à présent qu’on lui pré­sente les « éléments attestant le respect des bonnes mœurs » de la part du personnel du collège, comme si, malgré la mise en œuvre de la  procédure de contrôle prévue par la loi, le personnel musulman était particulièrement susceptible d’être de mauvaises mœurs.

En effet et le maire de Nice le sait, l’ouverture d’un établissement privé d’enseignement est soumise à une longue procédure administrative déterminée par la loi (1) et dans laquelle interviennent successivement, le Recteur de l’académie, le Conseil aca­démique de l’Education Nationale, le Procureur de la République et, enfin le Prefet, lesquels, en ver­tu de l’article L 441-7 du Code de l’Education « peuvent s’opposer à l’ouverture de l’établisse­ment, dans l’intérêt des bonnes mœurs ou de l’hygiène ». (2)

Il semblerait que les garanties fournies par le travail des trois plus hauts fonctionnaires de l’Etat du Département ne soient pas suffisantes aux yeux du maire de Nice, pas plus que le dispositif légal prévu pour le contrôle du fonctionnement des établissements (3). Il prétend déposer une proposi­tion de loi pour que soit établi « un contrat d’association avec l’Etat » sans expliquer le moins du monde ce que le dit contrat apporterait de plus comme garanties que lourd dispositif législatif actuellement en vigueur.

M. Estrosi ne s’est jamais autant intéressé à l’ouverture d’un établissement privé d’enseignement que dans un contexte où il cherche à séduire l’électorat d’extrême droite, affirmant une nouvelle fois que l’islamophobie n’est plus la propriété du seul FN.

(1) Code de l’Education, pour l’essentiel : Livre IV, Titre IV, chapitre Ier : ouverture des établissements d’enseignement privés (article L441-5 et suivants ).  cliquez ici  : Article L441-5

(2) On observera que le maire peut aussi s’opposer à l’ouverture d’un établissent privé d’enseignement ; en effet, l’article L441-1 du Code de l’Education dispose que « Si le maire juge que les locaux ne sont pas convenables, pour des raisons tirées de l’intérêt des bonnes mœurs ou de l’hygiène, il forme, dans les huit jours, opposition à l’ouverture de l’école, et en informe le demandeur. »

(3)  Cliquez ici : Contrôle de l’Etat sur les établissements privés d’enseignement

Eric Ciotti : laïcité et jeu de bonneteau.

Dans le cadre de la rentrée scolaire 2015, M. Eric Ciotti, président du Conseil Départemental des Alpes-Maritimes, vient de poster sur Twitter les message suivants, dont le premier débute par : « autorité, égalité, laïcité »

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Il s’agit, pour M. Ciotti de faire la promotion de la tenue unique en milieu scolaire ; pourquoi pas ?  Mais de là à donner en exemple de laïcité réussie la très respectable institution d’enseignement  St Vincent de Paul à Nice, dont le non moins respectable projet d’établissement se propose de : « traduire en actes l’Évangile en annonçant la bonne nouvelle » cliquez ici :  Projet pédagogique , c’est prendre ses lecteurs, dans la meilleure des hypothèses, pour des nigauds.

Diluer le principe de laïcité dans un maelstrom, pratiquer un jeu de bonneteau  dans lequel  tous les projets pédagogiques relèveraient d’un même concept laïque, c’est assurément une excellente  méthode pour  tenter de l’affaiblir.

 

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Consultation pour ou contre la privatisation de l’aéroport de Nice Cote d’Azur : une consultation pleine de contradictions

La délibération adoptée le 19/12/2014 par le conseil municipal de Nice organise la consultation dans le cadre du "code général des collectivités territoriales, et notamment ses articles L.1112-15 à L.1112-22 et R.1112-18". L'article L1112-15 précise que "les électeurs d'une collectivité territoriale peuvent être consultés sur les décisions que les autorités de cette collectivité envisagent de prendre pour régler les affaires relevant de la compétence de celle-ci"

Or, la privatisation de l'aéroport ne relève pas de la compétence de la ville de Nice. Ainsi, cette consultation a un caractère purement politique.


Si le maire de Nice considère que c'est le patrimoine et l'avenir des Niçois qui est en jeu, tous les habitants de Nice sont concernés, y compris les non communautaires ; pourquoi les exclure ? S'il s'agit de peser sur
une décision qui relève du Parlement français, alors, pourquoi faire participer les citoyens européens non français ?

Dès lors, rien ne justifie la réduction du corps électoral aux seuls résidents ressortissants des États membres de l'Union européenne ; rien ne justifie l'exclusion des autres résidents de la commune, soit au minimum 19.122 habitants, contribuables, usagers de la commune de Nice(1).

 

(1) Insee RP 2011 –  tranches d’âge 25 à 55 ans et plus (la tranche 15/25 ans n’étant pas exploitable).

Nice – Adresse aux élus de l’opposition républicaine –

 

 

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Adresse aux élus de l’opposition républicaine du conseil municipal de la commune de Nice

« La démocratie pure peut engendrer la démagogie. Le remède à cette pente dangereuse c’est notre république #colloquejihad » – M. Christian Estrosi – Twitter 24/01/2015

Nous venons de vivre des événements d’une grande violence, lesquels vont sans doute influencer, pour une longue période, la vie politique de notre pays et notre ville, gérée depuis des lustres par la droite la plus réactionnaire, en ces moments de grande inquiétude, a su montrer à la hauteur de sa réputation. Nous en voulons pour preuve la grand messe médiatique organisée dans la précipitation, sous couvert d’un conseil municipal extraordinaire, par notre maire, lequel, à l’évidence, se contenterait d’un république, certes démocratique, ma non troppo.

Dans un élan d’une unité républicaine bien factice, vous avez voté, à notre grand étonnement, quatorze délibérations, certaines insignifiantes, d’autres sans doute utiles et plusieurs potentiellement dangereuses pour les libertés publiques.

Vous avez voté, comme un seul homme, la délibération n°1-3 « Commerces de proximité, politique en matière de fermetures tardives » alors que saviez parfaitement que cette délibération vise de façon à peine voilée les petits commerces maghrébins du centre ville. Vous avez voté cette délibération « Considérant les attentats perpétrés en France les 7, 8 et 9 janvier 2015 » suscitant la suspicion et jetant l’opprobre sur une population harcelée en permanence et de longue date, par des arrêtés municipaux, sans qu’il y ait eu à cette époque l’ombre d’une menace terroriste. Vous avez prêté votre concours à cette basse manœuvre.

Vous avez voté la délibération n° 0.4 «Décision de principe d’autoriser la transmission d’images de caméras privées au centre de supervision urbain.» alors que vous saviez parfaitement que ce sont principalement les immeubles gérés par l’office HLM qui sont visés par cette délibération, que l’objectif réel est d’intensifier le contrôle policier qui s »exerce sur les populations « des quartiers », que malheureusement, ce ne sont pas les caméras vidéo qui vont arrêter les terroristes déterminés et aguerris.

Bien que cette mesure ne soit envisageable que « lors de circonstances faisant redouter la commission imminente d’une atteinte grave aux biens ou aux personnes », une fois ces circonstances disparues, il sera, dans la pratique, impossible d’en contrôler leur stricte application. Si vous avez eu connaissance d’un quelconque rapport ou observation de la fantomatique « Commission départementale de la vidéoprotection » des Alpes Maritimes, nous vous serions reconnaissants de nous en communiquer une copie. En tout état de cause, la Cour des Comptes, dans son rapport sur « L’organisation et la gestion des forces de sécurité publique » (7/7/2011), indiquait : « Le taux d’élucidation des faits de délinquance de proximité n’a pas davantage progressé dans les circonscriptions de sécurité publique (CSP) équipées de caméras de vidéosurveillance de la voie publique que dans celles qui ne le sont pas. ». Ne pensez-vous pas que les 400.000€ consacrés à ces caméras supplémentaires auraient pu être investis plus efficacement pour favoriser l’insertion sociale de jeunes désœuvrés, potentiellement victimes des leaders jihadistes qui nous menacent ? La menace est réelle, nous le savons tous ; mais, favoriser la mise en place des dispositifs liberticides est une très mauvaise réponse à cette menace.

Vous avez voté la délibération n° 8.1 « Mesures complémentaires de sécurité pour les moyens informatiques d’accès à internet mis à disposition du public.» enjoignant aux fournisseurs d’accès à internet (F.A.I) de bien vouloir respecter la loi, comme si ces grandes entreprises internationales avaient attendu les rodomontades médiatiques de M. le maire de Nice pour appliquer la loi ; moins comique, mais plus grave : vous avez autorisé notre maire d’opérer sur les moyens mis à disposition du public, sans plus de précisions, « une surveillance particulière de l’utilisation de ces moyens par le public. ». Ainsi donc, la surveillance des communications internet déjà exercée par les services compétents de l’Etat serait dédoublée, en parallèle, par une surveillance exercée sous les ordres du maire.

Nous savons parfaitement que la menace terroriste plane toujours sur notre ville, notre région, notre pays. L’Etat et c’est son rôle, a pris toute une série de mesures pour garantir la sécurité des citoyens, même si certaines sont, à nos yeux, contestables ; pour autant, nous n’avons pas connaissance que d’autres collectivités territoriales aient pris, dans la précipitation et le battage médiatique, comme cela a été fait à Nice, certaines mesures dont l’objectif réel est le contrôle purement policier de la population par des élus locaux.

Nous sommes atterrés : vous avez prêté votre concours zélé à cette triste comédie.

« il y a d’autres façons de porter atteinte à l’Etat de droit que par la guerre ou l’état d’exception. Au nom de la prévention du terrorisme », la législation de ce pays « utilise » déjà « des pratiques dérogatoires d’évitement du juge judiciaire au profit de pouvoirs de plus en plus larges confiés à l’administration ou à la police, constituant un véritable régime de police qui ne dit pas son nom ».

Mireille Delmas-Marty, professeure honoraire au Collège de France, citée par O. Le Cour Grandmaison politologue.