La
démocratie n’est jamais acquise, il faut toujours la défendre !
Aujourd’hui, c’est contre cette loi liberticide « Sécurité globale »
que nous allons manifester, pour notamment le droit de manifester, d’informer
et d’être informé.
Dans
son état actuel, l’art. 24 de la proposition de loi empêcherait de filmer les
forces de police en action ; les journalistes devront bientôt être agréés
pour couvrir les évènements.
Des
décrets parus en décembre étendent les possibilités de fichage de trois
fichiers de police et de gendarmerie, des seules activités comme c’était le cas
auparavant, aux opinions politiques ou syndicales, aux convictions religieuses
ou philosophiques, aux données de santé, aux habitudes de vie ou à l’activité
sur les réseaux sociaux.Le
nouveau schéma national du maintien de l’ordre va dans le sens d’une
utilisation massive de la vidéo-surveillance et des drones et tend à organiser
un dangereux continuum entre polices nationales et municipales et polices
privées.
A
Nice, nous sommes particulièrement sensibles à cette problématique Sécurité /
Libertés, puisque notre ville est en quelque sorte « l’appartement
témoin » des dispositifs de surveillance de haute technologie, dont notre
maire est le zélé expérimentateur et démonstrateur. Rappelons-nous
les tentatives de la reconnaissance faciale, avortée, au lycée des Eucalyptus,
grâce à l’action conjointe de la Quadrature du Net, de la Fcpe 06, de la Cgt 06
et de la Ldh, mais aussi celle réalisée lors du carnaval de 2019, sur une
population de soi-disant « volontaires » qui a suscité les
commentaires négatifs de la Cnil.
Rappelons-nous
le projet d’application pour smartphone « Reporty », proposée par la
ville en 2018, heureusement retoquée par la Cnil, qui aurait permis d’intégrer
les smartphones de particuliers dans le dispositif de vidéosurveillance
municipal.
Tout
ceci s’inscrit dans la vision du maire de Nice d’une Safe City, dont des
capteurs, reliés au Centre de Supervision Urbain, pourraient permettre une
surveillance en direct de tous les instants, sur l’ensemble de l’espace public. La
mise en place de cette Safe City, rebaptisée Smart City, pour ne pas effaroucher
les citoyens et citoyennes, a fait l’objet d’un marché public
d’expérimentation, contracté avec l’entreprise Thalès et une kyrielle de
sociétés de haute technologie, la plupart ayant fait leurs premières armes dans
le domaine militaire. Pas
de doute, Nice est vraiment en pointe de la communication politique sur ces
technologies du « sécuritaire », sans qu’une quelconque efficacité
n’ait pu être démontré, ce qu’a bien mis en évidence l’attentat du 14 juillet,
si cruellement !
Pour
terminer, la LDH veut souligner que les efforts pour tenter d’aligner les
statuts de la police municipale sur ceux de la police nationale, en acceptant
de lui donner les mêmes accès directs à certains fichiers sensibles,
contribuent à un mélange des genres qui ne nous paraît pas souhaitable. Il
est sain que les missions de police nationale restent du ressort du pouvoir
régalien de l’État, gardien de l’indépendance de l’utilisation de la force
publique sur l’ensemble du territoire.
Une
police municipale, recrutée et gérée par le maire, devient rapidement la police
du maire. Donc, oui à une police municipale de proximité et non à une police
municipale progressivement alignée sur la politique nationale.
Pour
toutes ces raisons et considérations, nous ne pouvons, nous, LDH, mais aussi
toutes les organisations qui ont appelé à manifester aujourd’hui, que nous
opposer à la loi « Sécurité globale » et nous ne demandons pas
seulement au président de la république de revoir tel ou tel article de la loi,
mais nous demandons purement et simplement l’abrogation de cette loi
liberticide !
Christian
Braquet
Président
de la section LDH de Nice.