Migrants : Je soutiens l’accueil des migrantes et des migrants !

Venez signer la pétition sur l’accueil des migrants de la LDH sur le lien ci-dessous :

TEXTE DU MANIFESTE, déjà signé par plus de 11 000 personnes dont plus 600 élus, nationaux et locaux

  • Parce que je n’oublie pas que notre pays a toujours donné refuge à ceux qui fuyaient des terres lointaines pour des terres plus hospitalières,
  • Parce que je n’oublie pas que nos aïeux ont été accueillis lorsqu’ils fuyaient guerre, dictature ou misère,
  • Parce que je n’oublie pas que personne ne s’exile par plaisir mais pour des raisons graves,
  • Parce que je n’oublie pas que chacun-e a droit au respect de sa personne dans sa dignité et dans ses droits,
  • Parce que je ne veux pas avoir honte du sort réservé aux migrants qui ont réussi à rejoindre notre pays,
  • Parce que les réactions xénophobes dont les migrants sont victimes, suite aux accords de relocalisation prévus par l’Union européenne et au démantèlement de la « jungle » de Calais, ternissent la devise « Liberté, égalité, fraternité » portée par notre République,

Je déclare soutenir toutes les initiatives, proches de chez moi comme partout sur le territoire, qui offrent aux migrants des conditions d’accueil respectueuses de leurs droits fondamentaux.

Je soutiens l’accueil des migrantes et des migrants !

Signez la Pétition « Pour nous, c’est définitivement non ! »

Communiqué commun

Paris, le 29 décembre 2015

Signez la Pétition « Pour nous, c’est définitivement non ! »

Ainsi le président de la République a décidé de modifier la Constitution dans le pire sens qui soit. Nous appelons les citoyens et les citoyennes à manifester d’ores et déjà leur opposition à ces projets en signant la pétition suivante :

« Pour nous, c’est définitivement non !

Non au projet de déchéance de la nationalité, non à une démocratie sous état d’urgence, non à une réforme constitutionnelle imposée sans débat, en exploitant l’effroi légitime suscité par les attentats.

Nous n’acceptons pas la gouvernance de la peur, celle qui n’offre aucune sécurité mais qui assurément permet de violer nos principes les plus essentiels.

Notre rejet est absolu. Nous appelons tous ceux et celles qui partagent une autre idée de la France à le manifester. »

SIGNEZ  :  http://www.nousnecederonspas.org/petition/

A l’initiative de :

AFD International, Agir pour le changement démocratique en Algérie (Acda), Altertour, Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (Acort), Association démocratique des Tunisiens en France (ADTF), Association femmes solidaires comité Saint-Denis, Association France Palestine solidarité (AFPS), Association des Marocains en France (AMF), Association pour la reconnaissance des droits et libertés aux femmes musulmanes (ARDLFM), Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Association des Tunisiens en France (ATF), Association des universitaires pour le respect du droit international en Palestine (Aurdip), Attac, Cadac, Cedetim, CGT Police Paris,  Centre islamique Philippe Grenier (CIPG), Cercle Condorcet de Paris, Collectif BDS Saint-Etienne, Collectif CGT Insertion-Probation (UGFF-CGT), Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), Collectif féministes pour l’égalité, Collectif Judéo Arabe et Citoyen pour la Palestine (CJACP), Collectif Mémorial 98, Collectif national des Faucheurs volontaires, Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), Collectif Stop le contrôle au faciès, Comité pour le développement et le patrimoine (CDP), Commission islam et laïcité, Conseil national des associations familiales laïques (Cnafal), Confédération générale du travail (CGT), Coordination de l’action non-violente de l’Arche (Canva), Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI), Droit solidarité, Emmaüs international, Espace franco-algérien, Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH), Fédération nationale de la Libre pensée,Fédération des Tunisiens citoyens des deux rives (FTCR), Femmes égalité, Filles et fils de la République (FFR), Fondation Copernic, Halte OPGM07, Ipam, Justice et libertés Strasbourg , La Cimade, Le Gisti, Le Mouvement de la paix, Liberpensula Frakcio de Sat, Ligue des droits de l’Homme, Mamans toutes égales (MTE), Minga-agir ensemble pour une économie équitable, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), Osez le féminisme !, Planning familial, Powerfoule,  Réseau d’alerte et d’intervention pour les droits de l’Homme (RaidH), Réseaux citoyens Saint-Etienne, Réseau éducation sans frontières (RESF), Revue Inprecor, RevueRegard, Romeurope 94, Syndicat des avocats de France (Saf), Syndicat de la magistrature (SM), Syndicat national des journalistes (SNJ), SNJ-CGT, SNPES-PJJ/FSU, Solidaires étudiant-e-s, Union générale des fédérations de fonctionnaires CGT (UGFF-CGT), Union juive française pour la paix (UJFP), Unef, Union syndicale de la psychiatrie (USP), Union syndicale solidaires.

Les signatures sont recueillies à l’adresse suivante :

http://www.nousnecederonspas.org/petition/

François Hollande, ne créez pas des sous-catégories de citoyens !

Par Dominique Sopo, Françoise Dumont, Pierre Tartakowsky, Alain Le Cléach et Pierre Henry, William Martinet, Sacha Reingewirtz, Frédérique Rolet

Comme chacun d’entre nous, Monsieur le président vous avez été touché au plus profond de votre chair par les événements tragiques du 13 novembre dernier. En tant que garant de nos institutions, vous êtes maintenant en quête de solutions pour réduire, autant qu’il est possible, le risque d’attentat dans notre pays. Pour ce faire, vous seriez manifestement prêt à proposer une loi permettant de déchoir de la nationalité française, les binationaux convaincus de terrorisme, y compris ceux nés Français.

Cette proposition, formulée de longue date par le Front national, nous parait dangereuse et nous attendons de vous que vous y renonciez. Car au-delà du fait que la déchéance de nationalité pour faits de terrorisme est déjà prévue dans le droit français pour les personnes binationales naturalisées depuis moins de 15 ans, de nombreux arguments nous poussent à nous élever contre cette annonce.

Tout d’abord, d’un point de vue pragmatique, permettez-nous de vous dire qu’une telle mesure ne dissuadera en aucun cas les terroristes de tenter de commettre des attentats sur notre sol. En effet, ceux-ci sont dans une logique nihiliste et ont parfaitement acquis que leurs projets, en cas de succès, se termineront dans le carnage et la mort. Risquer la déchéance de la nationalité n’est donc guère susceptible de les impressionner. De plus, comme le révèlent les investigations antiterroristes, les factieux peuvent aussi bien être français depuis plusieurs générations, que français de parents étrangers ou simplement étrangers. Le terrorisme n’est pas le monopole des Français binationaux nés sur notre sol.

Par ailleurs, la déchéance de nationalité étendue viserait donc à renvoyer davantage de monde de notre territoire. Concrètement, il s’agirait de renvoyer des gens vers le Maghreb ou le Mali, des zones qui ont déjà fort à faire avec les attaques menées par des organisations terroristes qui rêvent, de Tunis à Bamako, de ces renforts que nous leur apporterions.

Enfin, et il s’agit là de la conséquence la plus grave, vous valideriez, depuis le plus haut sommet de l’Etat, l’idée qu’il y aurait deux catégories de Français. Les binationaux nés Français, qui sont « un peu moins français » et les Français qui n’ont qu’une nationalité et qui seraient « un peu plus français ». Il s’agit là d’une idée contraire à notre pacte républicain et aux valeurs les plus nobles constitutives depuis 1789 de notre identité commune. Ce sont précisément ces valeurs que Daech cherche à détruire et que nous devons plus que jamais préserver. A l’heure où de trop nombreux jeunes doutent de leur pleine appartenance à la société française, cette mesure, quand bien même elle ne les concerne pas, serait un signal vécu comme une défiance supplémentaire à leur endroit, là où il faudrait au contraire que la France montre pleinement qu’elle embrasse l’ensemble de ses enfants. La déstabilisation serait d’autant plus grave que chacun sait que vous ouvririez là un dangereux précédent. Car, une fois cette brèche ouverte, qui sait quels seront les critères qui pourront, demain ou après-demain, provoquer la déchéance de la nationalité ?

Installer l’idée que les Français ne sont pas tous égaux face à la loi, c’est donner du grain à moudre aux discours haineux des djihadistes ou de l’extrême droite « traditionnelle » qui prétendent que la coexistence entre Français de différentes origines est impossible, c’est imprimer une marque indélébile sur nos concitoyens, nés en France, ayant vécu toute leur vie dans notre pays, mais ayant pour seul tort d’avoir un parent étranger. C’est en définitive tourner le dos à « l’âme de la France [qui] est l’égalité » comme vous l’affirmiez au Bourget, le 22 janvier 2012.

« Le terrorisme ne détruira pas la République, car c’est la République qui le détruira » avez-vous proclamé avec force lors de votre adresse aux parlementaires à Versailles. 
Monsieur le président, mettez vos actes en adéquation avec vos propos en renonçant à cette mesure qui n’a pas sa place dans la patrie qui offrit la Grande Révolution à ses citoyens et au monde.

Dominique Sopo est président de SOS Racisme ; Françoise Dumont et Pierre Tartakowsky sont respectivement présidente et président d’honneur de la Ligue des Droits de l’Homme ; Alain Le Cléach et Pierre Henry sont respectivement président et directeur général de France Terre d’Asile ; William Martinet est président de l’Union nationale des étudiants de France ; Sacha Reingewirtz est président de l’Union des étudiants juifs de France et Frédérique Rolet est secrétaire générale du syndicat national des enseignements de second degré – FSU

La liste intégrale des signataires se trouve ici : http://sos-racisme.org/non-la-decheance-de-nationalite/

Le grand déménagement des mineurs isolés étrangers (MIE) des Yvelines

article paru sur le blog du RESF (site de médiapart)

http://blogs.mediapart.fr/blog/resf/151214/le-grand-demenagement-des-mineurs-isoles-etrangers-mie-des-yvelines

Un courrier lapidaire, une valise à faire à la hâte, des au revoir aux copains, aux profs, aux éducateurs. En Yvelines, le grand déménagement des mineurs isolés étrangers (MIE) a commencé le 3 novembre et va s’accélérer cette semaine. D’ici peu, ces jeunes, venus de pays de misère et de guerre, au terme de voyages souvent longs et périlleux, devraient tous être confiés à une association locale d’insertion par le logement, le Lien Yvelinois, sur la base d’un contrat signé le 10 octobre 2014 avec le Conseil général des Yvelines, présidé par Pierre Bédier.

Une avancée ? Un danger ? Les travailleurs sociaux du département en charge de ces MIE sont inquiets et protestent.

Comme tout mineur en danger, les jeunes étrangers sont pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE), financée par le Conseil général.La protection de l’enfance est une mission importante de la République, se rattachant à des conventions internationales ratifiées par la France.

Près de 250 MIE seraient confiés à l’ASE des Yvelines, un département pas vraiment pauvre, pas très loin de Paris, avec une implantation ancienne de foyers d’accueil pour la jeunesse en danger.

La situation depuis plusieurs mois est la suivante : Dès son arrivée en France et plus particulièrement dans notre département, tout MIE est soumis à un véritable parcours du combattant : souvent on lui refuse même de l’écouter sous prétexte que ses papiers seraient des faux. S’il arrive à se faire enregistrer, le plus souvent, il doit subir des « tests osseux ». S’il est déclaré majeur, c’est la rue. Si le test confirme sa minorité, l’ASE doit le prendre en charge et le placer : une partie d’entre eux se retrouvent en foyer éducatif spécialisé avec un réel suivi. Mais, de plus en plus nombreux, sont les jeunes, logés à l’hôtel, seuls, sans suivi éducatif, sans scolarisation et bien sûr, sans accompagnement pour effectuer les démarches nécessaires pour obtenir un passeport et un acte de naissance, pour préparer leur dossier afin d’être régularisé à 18 ans. Pour l’ASE, il s’agit «qu’ils attendent leurs 18 ans…. et qu’ils repartent au pays » comme le suggère ouvertement la hiérarchie !

C’est dans ce contexte qu’a été signé, le 10 octobre 2014, un contrat avec le Lien Yvelinois, une association locale d’insertion par le logement.

Dès le 3 novembre, le déménagement des MIE de 16 ans placés en hôtel a commencé, et depuis, il s’est poursuivi, affectant l’ensemble des MIE du département.

 

Les mineurs isolés étrangers « virés » sans ménagement

En novembre, l’ASE a vidé les hôtels d’une quarantaine de MIE. Ils ont été regroupés dans un hôtel à Coignières, puis certains ont ensuite emménagé dans des appartements loués par le Lien Yvelinois à leur intention.

Mais depuis le 9 décembre une offensive a été prise concernant les MIE hébergés en foyer (c’est à dire ceux qui bénéficient d’une réelle prise en charge éducative), pour les en faire sortir, pour qu’ils vident les lieux rapidement ; un courrier contenant la liste des jeunes concernés est arrivé dans chaque foyer leur donnant rendez-vous avec leur valise la semaine prochaine – une accélération incompréhensible pour les travailleurs sociaux.

Et cela, sans contact officiel en amont entre le Lien et les éducateurs des foyers qui accueillaient jusqu’ici ces jeunes, dans la précipitation, en cassant pour nombre d’entre eux ce qui existe :

C’est irresponsable. Quand bien même les déménagements projetés le seraient dans l’intérêt des jeunes, ils ne peuvent pas être imposés uniformément, sans tenir compte de la situation, des intérêts et de la volonté de chacun des jeunes.

Le texte du contrat signé entre le Conseil général et le Lien Yvelinois donne à cette association une mission qui correspond exactement à ce que l’on peut attendre d’une prise en charge d’un mineur isolé : accueil, hébergement, accompagnement éducatif et social,…

Les travailleurs sociaux qui accompagnent ces mineurs isolés témoignent

« Notre intention était de préparer un départ vers « le Lien ». Nous pensions avoir un peu de temps pour cela, cependant, nous avons reçu une liste du Conseil général avant-hier, mentionnant le nom de tous les jeunes sur le départ. »

« Il doit quitter notre établissement en début de semaine prochaine, soit 6 jours après la réception du courrier et nous n’avons aucune information sur le lieu où il doit être accueilli, ni sur la prise en charge qui va lui être proposée. »

« Nous pensions au moins avoir des informations sur le lieu d’accueil. Cela nous aurait permis de mettre en place un certain nombre de choses qui lui permettent de rester dans une dynamique mais cela n’est pas envisageable. Il n’y a aucune négociation possible avec l’ASE. Sans compter qu’il doit également interrompre brutalement son suivi scolaire. »

« Tous les jeunes mineurs isolés sont sous le même régime. Y compris ceux arrivés depuis déjà plusieurs années et étant inscrits dans un projet. »

« Nous avons donc peu de temps pour les préparer et surtout peu d’éléments sur où ils vont atterrir et qui les suivra. Nous gardons le contact avec ces jeunes pour obtenir plus d’infos. »

Que dire du mépris avec lequel le Conseil général traite ces travailleurs sociaux, investis avec une haute conception de leur mission ?

Et que dire de la maltraitance du même Conseil Général à l’égard des jeunes étrangers en danger, déplacés sans assurance sur leur avenir proche, sans lien assuré avec leur éducateur et avec la structure où ils ont commencé à se reconstruire? Que dire des risques de rupture de leurs projets et de leur formation en cours ?

Le Conseil général « se débarrasse » des Mineurs Isolés Étrangers

Pourquoi le Conseil général a-t-il décidé de confier les MIE à une structure telle que « le Lien Yvelinois » ?

C’est tout à fait légal : le juge décide le placement du jeune à l’ASE, puis l’ASE confie le jeune à une association et peut à tout moment le retirer pour le placer ailleurs, sans même à avoir à donner des explications.

Il est donc logique que le foyer informe le jeune de sa convocation par « le Lien Yvelinois » pour qu’il se présente avec sa valise.

Mais dans la pratique, la méthode contrevient directement aux principes énoncés dans la loi de rénovation sociale de 2002 qui place le jeune au cœur de sa prise en charge, qui pose le libre choix de son accompagnement social et définit le projet personnalisé qui a une valeur contractuelle qui lie le jeune à sa structure d’accueil.

Alors, pourquoi ce contrat ?

Intérêt financier ? Cela voudrait dire que « le Lien Yvelinois » recevrait une dotation plus faible que les foyers actuellement ?

En Yvelines, comme ailleurs, l’ensemble des budgets à caractère social subit de sévères coupes sombres et tout au bout de la chaîne de la Protection de la jeunesse, on trouve les MIE, les plus fragiles, les plus isolés.

Faute d’informations, on peut s’interroger sur la capacité dans la durée de l’association à assurer pleinement le suivi des jeunes. Ainsi la responsabilité des défaillances liées à un manque de moyens retomberait sur « le Lien Yvelinois » et laisserait le Conseil général blanc comme neige.

Intérêt politique ? La méthode a toutes les apparences d’une tentative d’isolement et de ghettoïsation. Actuellement dans les foyers les jeunes étrangers apprennent le français et les habitudes de vie en côtoyant d’autres jeunes. Souvent, motivés pour avancer, ils sont même les éléments sûrs dans la vie collective du foyer. Les priver de cette vie collective en les « parquant entre eux », c’est à coup sûr, favoriser leur repliement, et rendre difficile, voire impossible leur insertion sociale. Dans quel but ?

RESF s’oppose à la discrimination des mineurs isolés étrangers

Dans ce contrat, le Conseil général et l’ASE restent maîtres des décisions importantes qui plombent la vie des MIE : recours à des vérifications d’âge avec les tests osseux, poursuite ou non, d’une prise en charge avec un contrat jeune majeur au delà de 18 ans. On peut craindre que sur ces deux points, la politique du Conseil général ne change pas : tests osseux pour tous et contrat « jeune majeur » pour aucun.

Cette délégation de prise en charge qui frappe spécifiquement les MIE, est en fait un traitement discriminatoire et inégalitaire entre les mineurs qui sont confiés à l’ASE par une ordonnance de protection.

Les structures éducatives en charge jusque-là des MIE des Yvelines n’ont pas l’intention d’en rester là. Effet direct des plaintes et protestations des travailleurs sociaux, certains départs des foyers ont été différés, le Conseil général est directement interpellé (cf lettre envoyée le 10 décembre par le groupe inter-associatif protection de l’enfance des yvelines), comme le sera le Défenseur des droits sur les questions de maltraitance et de discrimination, s’il y a lieu.

Pour RESF

  • La pratique de tests osseux qui jettent à la rue de nombreux mineurs doit cesser.
  • Tous les mineurs isolés étrangers (MIE) doivent être pris en charge dans les mêmes conditions que les autres jeunes confiés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE).
  • Ils doivent tous pouvoir recevoir une formation comme ils le souhaitent
  • À leur majorité, ils doivent pouvoir signer un « contrat jeune majeur » comme la loi l’indique pour leur laisser le temps d’aller au bout de leurs projets qui les rendrait autonomes.
  • Ils doivent tous obtenir de la Préfecture un titre de séjour qui leur permettrait de rester sur le territoire.

 

Contrôles d’identité : de quel droit ?

Cette tribune de Nathalie Ferré a été publiée le 30 janvier 2013 sur le site web Métropolitiques :

http://www.metropolitiques.eu/Controles-d-identite-de-quel-droit ]

Les débats actuels sur le contrôle d’identité et sa régulation sont au cœur de l’interrogation sur les voies de réconciliation de la police avec la population. À l’heure où se discutent l’opportunité d’instaurer un récépissé, le rétablissement des numéros de collet ou l’institution d’un nouveau code de déontologie, un retour sur le cadrage juridique actuel des contrôles s’impose.

L’existence d’une véritable réglementation des contrôles d’identité est relativement récente. Jusqu’aux années 1980, la police agissait sur la base de textes de portée limitée, et procédait, en conséquence, le plus souvent, en toute illégalité. En effet, seules quelques dispositions éparses du Code de procédure pénale permettaient aux agents d’intervenir en la matière. Encore fallait-il qu’ils fussent alors à même d’établir un lien entre les personnes contrôlées et la commission d’un crime ou d’un délit. Seuls les contrôles d’identité dits judiciaires, effectués sur la base d’un soupçon, étaient ainsi autorisés. Ils pouvaient procéder à un contrôle soit dans le cadre d’une enquête préliminaire [1], soit en cas d’infraction flagrante [2]. La gendarmerie était, en apparence, mieux lotie. Elle pouvait contrôler l’identité de tout individu circulant sur la voie publique, sur la base d’un vieux texte datant de 1903, à la condition d’agir « avec politesse, et de ne se permettre aucun acte qui puisse être qualifié de vexation ou d’abus de pouvoir [3] »…

Le tournant des années 1980 : la loi « Sécurité et liberté »

Les années 1980 vont constituer un tournant. Elles sont marquées par l’adoption de la loi « Sécurité et liberté » du 2 février 1981 [4], quelques mois avant le changement de majorité vers la gauche, que ses opposants qualifient de liberticide. Initialement dans le projet de texte, on ne trouve rien sur la procédure de contrôle d’identité : simple oubli ? On peut en douter car le ministère de la Justice, comme celui de l’Intérieur, n’est pas indifférent aux revendications de la police, qui réclame avec force un support juridique permettant d’interpeller et de contrôler l’identité, à l’image de celui dont bénéficient les gendarmes. Plus précisément, les agents souhaitaient pouvoir agir en dehors de tout lien avec la commission d’une infraction, en dehors de toute enquête et donc opérer au nom du respect de l’ordre public considéré comme menacé (en raison d’un rassemblement, d’une manifestation, de troubles sur la voie publique…). Les contrôles d’identité dits administratifs, s’inscrivant dans ce cadre, ne sont alors pas consacrés par la loi. Certes, la Cour de cassation, dans une décision rendue en 1973 [5], a autorisé les policiers à contrôler l’identité d’un manifestant au seul motif que le rassemblement était interdit – ce qui caractérisait des « circonstances particulières » –, mais l’absence de loi, alors même que la liberté d’aller et de venir est atteinte, confère à ce fondement trop de fragilité et d’aléa.

Finalement, la loi Peyrefitte de 1981 comprend trois articles sur les contrôles d’identité [6], dont un qui vient légaliser les pratiques policières de sécurité publique : les agents peuvent désormais procéder à des contrôles « pour prévenir une atteinte à l’ordre public, notamment une atteinte à la sécurité des personnes et des biens ». La notion évolutive d’ordre public se définit classiquement à partir de trois éléments : la tranquillité (mettre terme à un tapage nocturne, par exemple), la salubrité (sont ici visées notamment les questions d’hygiène et de pollution) et la sécurité (les accidents, etc.). Le texte autorise dans le même temps la procédure de vérification d’identité, qui consiste à conduire la personne au poste de police lorsqu’elle n’a pas été en mesure de justifier de son état civil. Elle peut y être retenue le temps nécessaire à l’établissement de son identité et au plus pendant six heures (durée qui passera à quatre heures en 1983). Notons que l’identité ne se confond pas avec la notion d’état civil, qui comprend d’autres éléments que ceux nécessaires à l’identification. La preuve de l’identité peut se faire « par tous moyens ». La possession d’une carte nationale d’identité est toujours restée facultative sur le plan du droit.

Une légalité irréprochable, une légitimité discutable dans les faits

Le Conseil constitutionnel, saisi à l’époque par l’opposition parlementaire, a considéré le dispositif juridique comme parfaitement conforme à la Constitution. Il a estimé, en effet, que la procédure était entourée de garanties suffisantes, et qu’il appartiendrait en tout état de cause « aux autorités judiciaires et administratives de veiller à leur respect intégral, ainsi qu’aux tribunaux compétents de censurer et de réprimer les illégalités qui seraient commises et de pourvoir éventuellement à la réparation de leurs conséquences dommageables » [7]. Cette ligne restera celle du Conseil constitutionnel chaque fois qu’il sera saisi à propos des procédures de contrôle et de vérification d’identité. Elle nous inspire trois remarques.

La première tient à l’utilisation qui est faite de la phase de vérification d’identité, exceptionnelle en pratique si on la ramène au nombre de contrôles opérés. Elle sert, pourtant, à juger le dispositif d’interpellation conforme à la Constitution.

La deuxième est liée au rôle que le Conseil entend confier aux juges. Il se trouve qu’en pratique, la plupart du temps, les opérations échappent à tout examen judiciaire, d’autant que les agents n’ont pas à faire connaître les raisons pour lesquelles ils procèdent à un contrôle d’identité. C’est seulement dans les cas où le contrôle a débouché sur une procédure judiciaire (ou sur un processus d’éloignement du territoire français, s’il s’agit d’un étranger) qu’un magistrat peut être amené à se pencher sur les conditions de l’interpellation.

Enfin, l’autorité constitutionnelle ne s’est jamais interrogée sur la véritable utilité des contrôles d’identité administratifs : à quoi servent-ils dans la mesure où ils ne permettent sûrement pas de prévenir, comme le texte l’énonce, une atteinte à l’ordre public ? La présence policière suffit en principe à remplir – ou à tenter de remplir – cet objectif.

La gauche maintient les contrôles préventifs

Lorsque le changement de majorité politique intervient en mai 1981, la loi « Sécurité et liberté » est d’emblée mise sur la sellette. Le président Mitterrand avait, d’ailleurs, inscrit son abrogation parmi ses 110 propositions. Mais l’heure est à la recherche d’un compromis, entre un ministre de la Justice qui veut réformer le dispositif au nom du respect des droits et libertés et ainsi mettre un terme aux contrôles d’identité administratifs, et un ministre de l’Intérieur attaché à donner à la police des pouvoirs plus vastes leur permettant d’agir. La disparition programmée des contrôles d’identité administratifs n’a pas lieu. En place de cela, le législateur fait le choix de soumettre leur légalité à deux conditions, l’une liée au périmètre d’action, l’autre à l’urgence [8]. Par ailleurs, les contrôles d’identité judiciaires opérés sur la base d’un soupçon ou dans le cadre d’une enquête, adoptés pour cette raison, d’ailleurs, dans l’indifférence, font l’objet de reformulations offrant de nouveaux espaces d’action aux agents. La police peut ainsi contrôler une personne sur la base « d’indices [9] » laissant penser qu’elle a commis une infraction, tenté de la commettre ou qu’elle se prépare à commettre un crime ou un délit. Les agents sont davantage à l’aise avec ce cadre juridique, plus proche du langage policier, lorsqu’il s’agit de motiver a posteriori l’opération d’interpellation.

Quand les étrangers sont visés : les « signes extérieurs d’extranéité »

En 1986, le gouvernement laisse tomber le voile sur le rôle et l’importance des contrôles d’identité dans le processus d’éloignement des étrangers indésirables. Jusqu’alors, même si les pratiques en témoignaient, ce rapport n’avait pas été établi de façon publique [10]. C’est désormais chose faite avec la nouvelle réforme du code de procédure pénale [11] : elle réserve un traitement propre aux étrangers, sans que l’on sache, d’ailleurs, très bien comment s’articulent alors contrôle d’identité et vérification de la situation administrative des étrangers.

Comment demander directement à un individu de produire son titre de séjour, contrôle préalable permettant d’établir sa nationalité étrangère ? La Cour de cassation va inventer les fameux « signes extérieurs d’extranéité » [12], permettant de présumer une personne comme étrangère, ce qui permet de se dispenser de respecter la loi sur les contrôles d’identité. À l’époque, par voie de circulaires, les ministres de l’Intérieur et de la Justice s’ingénient à imaginer ces fameux signes : jouer d’un instrument emprunté au folklore étranger sur la voie publique, lire un journal ou un ouvrage écrit dans une langue étrangère ou encore circuler à bord d’une voiture immatriculée hors de France. En pratique, les agents et officiers de police utilisent peu ces contrôles spécifiques pour motiver, dans les procès-verbaux, leurs interventions.

Des pouvoirs de police croissants

La réglementation subit une dernière réforme importante avec la loi du 10 août 1993 [13]. Celle-ci crée deux nouveaux cadres juridiques pour opérer des interpellations.

En premier lieu, elle autorise les contrôles d’identité sur réquisition du procureur de la République : il suffit, pour ce dernier, de limiter un périmètre d’intervention, de fixer une durée pour mener l’action et de préciser les infractions recherchées. La police n’a alors plus besoin de motiver davantage son opération dès lors qu’elle agit conformément aux instructions. Ce cadre va être largement utilisé pendant les années Sarkozy pour interpeller des sans-papiers. Par circulaire, les ministres compétents (Intérieur et/ou Chancellerie, selon les cas) incitent les procureurs à prendre des réquisitions [14] autour des foyers, près des associations assurant des permanences pour les ressortissants étrangers ou dans certains quartiers de la capitale. Se développent ainsi les contrôles ciblés, les arrestations au guichet des préfectures et les opérations sur les lieux de travail. Ces opérations répondent à la culture du chiffre, défendue par le gouvernement, pour atteindre un certain niveau d’éloignement du territoire français.

En second lieu, le législateur instaure les contrôles frontaliers, censés compenser la disparition des frontières et donc des contrôles intérieurs dans l’espace Schengen. La police, comme les agents des douanes, peut ainsi procéder à des vérifications de situation administrative sur toute personne se trouvant dans une bande terrestre (entre la frontière et une ligne de 20 km à l’intérieur du territoire) et circulant dans une gare, port ou aéroport ouvert au trafic international [15].

Ce dispositif, à la fois complexe et laissant aux agents de contrôle une marge confortable d’intervention, a subi deux assauts. Le premier est venu du juge communautaire [16], suivi du juge national [17], qui ont l’un après l’autre condamné les contrôles frontaliers et les opérations de vérification de situation administrative propres aux étrangers. Ils ont considéré que, à défaut de mieux définir les raisons qui permettaient à la police d’agir, ces deux cadres produisaient un effet équivalent aux contrôles aux frontières que la convention de Schengen, désormais intégrée au droit de l’Union européenne, avait entendu abolir.

Par ailleurs, sous l’impulsion de l’ONG Open Society [18], a pu émerger un mouvement de dénonciation des contrôles au faciès dont sont victimes plusieurs catégories de personnes, au rang desquelles figurent les jeunes perçus comme d’origine étrangère habitant ou circulant dans certains quartiers et les ressortissants étrangers. Un collectif d’associations a ainsi porté plusieurs actions contentieuses (questions prioritaires de constitutionnalité, action en responsabilité de l’État à la suite de contrôles discriminatoires, toujours en cours d’instruction) et appelé à une réforme globale de la réglementation [19] dans un nouveau contexte politique, le candidat Hollande ayant pris l’engagement de lutter « contre le délit de faciès dans les contrôles d’identité pour une procédure respectueuse des droits de l’homme » [20].

Une réforme promise… et enterrée

Pour l’heure, aucun projet de loi [21] modifiant la loi sur les contrôles d’identité, dans le sens demandé par les organisations, n’a été déposé. Point de remise envisagée d’un récépissé aux personnes interpellées indiquant le cadre juridique de l’interpellation, d’adoption de règles claires sur les palpations de sécurité, ni de réforme des hypothèses légales jugées trop permissives.

On peut regretter ce manque de volonté politique de changer un dispositif juridique prompt à produire des pratiques illégales et à envenimer toujours plus des relations entre la police et une partie de la population. Le rétablissement du matricule visible sur l’uniforme de l’agent, permettant de l’identifier, seule mesure reprise par le ministre de l’Intérieur, non seulement ne sera pas de nature à diminuer le nombre des contrôles discriminatoires [22], mais semble surtout servir à enterrer les préconisations du défenseur des droits [23] et les promesses prises lors de la dernière campagne présidentielle.

[1] L’article 8 de la loi du 27 novembre 1943 dispose : « toute personne dont il apparaît nécessaire au cours des recherches judiciaires d’établir ou de confirmer l’identité doit, à la demande d’un officier de police judiciaire, se prêter aux opérations qu’exige le but à atteindre ».

[2] Article 61 du Code de procédure pénale.

[3] Article 165 du décret du 20 mai 1903.

[4] Loi n° 81-82 du 2 février 1981 renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes.

[5] Cass. crim. 5 janvier 1973, Bull. crim. n° 7.

[6] Alors les articles 76, 77 et 78 du Code de procédure pénale.

[7] DC 19-20 janvier 1981.

[8] Loi n° 83-466 du 10 juin 1983 portant abrogation ou révision de certaines dispositions de la loi n° 81-82 du 2 février 1981 et complétant certaines dispositions du Code pénal et du Code de procédure pénale. Voir article 78-2 du Code de procédure pénale.

[9] La formule « indices laissant présumer » sera remplacée en 2003 par « une ou plusieurs raisons plausibles de croire » sans que cela change le sens du texte ni les exigences pour les juges.

[10] Le gouvernement précédent avait tenté de le faire, mais y avait renoncé devant les réactions vives des parlementaires.

[11] Loi n° 86-1004 du 3 septembre 1986 relative aux contrôles et vérifications d’identité.

[12] Cass. Crim. 25 avril 1985, Bull. crim. n° 159. La Cour de cassation, pour consacrer la légalité des contrôles spécifiques aux étrangers alors même qu’à l’époque la loi ne le prévoyait pas, avait fondé sa décision sur des décrets de 1946 relatifs à la réquisition des titres de séjour.

[13] Loi n° 93-992 du 10 août 1993 relative aux contrôles et vérifications d’identité. Il y aura d’autres lois mais elles ne modifient pas l’architecture des hypothèses légales de contrôle d’identité.

[14] La pire des circulaires en ce domaine reste, pour l’heure, celle du 21 février 2006 relative aux conditions d’interpellation des étrangers en situation irrégulière. Il s’agit d’un véritable « guide » au juridisme glaçant et facilitant la chasse aux sans-papiers.

[15] L’arrêté ministériel du 22 mars 2012 fournit la liste des gares, ports et aéroports concernés.

[16] Notamment CJUE du 22 juin 2010, affaire C-188/10, Melki.

[17] Cass. QPC, 29 juin 2010, pourvoi n° 10-40001 ; Cass. civ. 1re 6 juin 2012, pourvoi n° 10-25233.

[18] Open Society a ainsi financé une enquête mettant en évidence la surreprésentation des Noirs et des Arabes dans la population visée par les contrôles d’identité (« Police et minorités visibles : les contrôles d’identité à Paris », Open Society Institute, 2009).

[19] Voir en ce sens le communiqué signé par plusieurs associations.

[20] Extraits des engagements pris par le candidat Hollande.

[21] Au contraire, le projet de loi relatif à la retenue pour vérification du droit au séjour déposé le 28 septembre 2012 tend à rétablir le dispositif de contrôle propre aux étrangers (art. L. 611-1 du Code des étrangers).

[22] Voir à cet égard la décision du défenseur des droits (n° MDS 2011-113) qui dénonce notamment les opérations de contrôle d’identité dont sont victimes les migrants dans le Calaisis.

[23] Rapport du défenseur des droits relatif aux relations police–citoyens et aux contrôles d’identité, octobre 2012.

www.gisti.org/spip.php?article3026