Bienvenue sur le site de la LDH de St Nazaire Estuaire Presqu’île

La section de Saint-Nazaire existe depuis un siècle. Ses activités reposent sur le militantisme de ses adhérents.

Notre section se réunit le troisième jeudi de chaque mois à 18h30 à Agora (exceptés juillet et août)

Pour nous écrire : 

LDH Maison des Associations, Agora 1901

2, bis av. Albert de Mun

44600 Saint-Nazaire

Téléphone : 06 86 92 95 56

Courriel de la section : ldhsaintnazaire@gmail.com 

Edito : Des femmes et des hommes qui vivent dans des conditions insupportables en Afghanistan

Jeudi  14 octobre, la section a proposé une soirée-débat avec des réfugiés afghans. Après avoir présenté les éléments de contexte historique expliquant le chaos actuel et surtout pointé le jeu de dupe des Talibans auprès de la communauté internationale ainsi que la faiblesse de la réponse du conseil de sécurité de l’ONU et de l’Europe, nos camarades afghans ont abordé avec beaucoup d’à-propos la situation actuelle pour leur famille.

Ils sont terriblement inquiets et attendent que leurs familles soient exfiltrées ou puissent obtenir des visas. Ils diront que celles-ci vivent actuellement comme des rats dans des trous, qu’elles ne sortent pas ou peu, changent régulièrement de maisons et sont sans aide sauf de ceux qui sont partis depuis quelques années ou dernièrement.

Ils vivent une inquiétude lourde, sourde et terrible. Le temps presse, l’hiver arrive, l’économie afghane s’est écroulée et les exactions ont repris, même si cette fois, l’affichage est moins net.

Les Talibans d’aujourd‘hui ont la même idéologie et  préceptes religieux  obscurantistes que ceux d’hier. Les minorités religieuses, les chiites (victimes de plusieurs attentats dernièrement), les Hazaras, les Hindous, les Sikhs et surtout les homosexuels, les femmes, les LGBT++ ont de sombres jours devant eux.

Les 20 dernières années avaient donné lieu à une ouverture et l’émergence de droits nouveaux : les femmes pouvaient étudier, travailler, ne plus porter le voile. Aujourd’hui, certaines fort courageusement bravent encore les autorités talibanes, mais cela risque de leur coûter très cher. Il y a une expression politique dévoyée et dangereuse. En faisant croire que leurs droits seront préservés, l’attention internationale risque de retomber. Et puis, n’oublions pas que dorénavant, elles ne peuvent plus sortir sans homme ou sinon avec un niqab ou la burqa ! Et en matière de droit à l’éducation, les quelques femmes qui font des études supérieures sont très contrôlées et ne doivent plus fréquenter les hommes. Elles ne peuvent plus travailler dans la justice.

Bref, la situation est catastrophique et depuis le 31 août, l’Afghanistan est devenu une prison à ciel ouvert. Les avoirs ont été bloqués à l’étranger et les Afghans ne peuvent même plus retirer de l’argent que dans deux banques et seulement des sommes modiques. Les risques de famines sont sérieusement à prendre en compte. L’hiver est rude dans ce pays montagneux et aride.

Il faut réclamer sans faille le respect du droit d’asile, il faut des visas, il faut de l’aide humanitaire, il faut une surveillance de la communauté internationale et ne pas se faire duper par la tromperie affichée des Talibans.

Fort de ces axes de travail, la section va contacter Me Audrey Dufeu, notre député, Yannick Vaugrenard, notre sénateur et David Samzun, le maire de St Nazaire. Les associations qui souhaitent s’y associer seront les bienvenues. Nos élus doivent intervenir à leur niveau pour que les familles des réfugiés qui ont servi les intérêts français puissent très rapidement partir et il faut tout autant que le droit d’asile soit une réalité. Pour ne pas les oublier à l’aube d’une campagne électorale aux relents raciste et xénophobes, nous devons afficher notre soutien en inter-association et avec les syndicats et partis politiques progressistes.

Nous ne pouvonsnous résigner à un discours qui amalgame les Afghans à des terroristes, nous ne pouvons leur faire payer la déroute des armées alliées, l’impasse américaine et le sanctuaire donné par les Talibans à Ben Laden !

Les réfugiés afghans que nous avons écoutés sont dignes, ils comptent sur nous, ils ont besoin de notre solidarité.

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH St-Nazaire

Le 17 octobre 2021

Communiqué de presse : Hommage à Michel Tubiana

La section LDH de St Nazaire s’associe à tous les défenseurs des droits humains qui sont bien tristes de la disparition de Michel Tubiana, ancien président de la LDH entre 2000 et 2005, et présente ses condoléances à sa famille et ses proches.

Michel Tubiana était un militant actif, avisé et  attaché à tous les combats de la LDH.

Il fut un ardent défenseur d’une laïcité forte de l’esprit et de la lettre de la loi de 1905. Il refusait tous les discours de haine et de xénophobie et se montrait totalement attaché à une laïcité qui n’ostracise personne et aucune religion. Il luttait parfois avec véhémence contre les islamophobes et ceux qui nous font le procès de faire le jeu des islamistes.

Michel était un combattant de la cause Kanak et fut très attaché à la pacification de la question corse.

C’était un homme qui donnait de lui, qui s’engageait souvent avec clairvoyance et une profondeur de réflexion qui permettait à la LDH d’être cette vigie de la république.

Nous lui devons cette rigueur intellectuelle et la profondeur d’un esprit totalement attaché à l’universalité des droits de l’Homme.

Saint-Nazaire, le 3 octobre 2021

Edito : Une reprise forte pour les membres actifs de la section LDH

Nous avons décidé de participer au 30ème concours des Ecrits pour la Fraternité. Cela conduit à beaucoup de travail (établissement de listes, contacts avec les établissements scolaires et ceux de l’éducation spécialisée, constitution d’un jury, etc …).

Le 14 octobre, nous organisons une soirée sur la solidarité avec les réfugié(e)s afghanes et afghans. Votre large présence est souhaitée.

L’activité du comité régional est aussi dense et la dernière réunion était consacrée à l’avenir de la LDH. Il ne s’agit pas d’un débat succinct, mais bien de penser à la fois les modes d’organisation, les rapports entre local et le National,  la démocratie interne, et la question des combats à poursuivre ainsi que des partenariats pour ce faire. Il est aussi question du militantisme et évidemment de la recherche d’adhérents.

Notre section, avant la crise du Covid, conduisait des réunions mensuelles avec un nombre assez important de militants. Il serait souhaitable que nous revenions à cette situation pour que nos débats soient riches de points de vue divers et que nos prises de position soient très en lien avec cette variété.

Prochainement, notre section débattra lors d’une réunion spécifique sur un projet de manifeste pour mieux représenter les questions migratoires d’aujourd’hui. Cela concerne notre présence au sein de l’UCIJ. Nous avons eu l’occasion lors de la dernière réunion de ré aborder le projet de manifeste que nous présenterons, plus universaliste, plus large et inconditionnel que le précédent projet travaillé. Pour ce faire, nous avons pris attache avec Marie-Christine VERGIAT, vice-présidente à la LDH, qui nous a proposé de nous référer aux résolutions du National.

Sans pour autant nier une situation où l’aggravation des politiques migratoires conduit à une précarité, à des situations très tendues et très limites pour les droits humains élémentaires, la question migratoire agite pour autant beaucoup nos concitoyens et son instrumentalisation par bon nombre de partis politiques peut conduire à un rejet voire à des formes très clivées et passionnelles dans les débats. La LDH, si elle réaffirme sa position en faveur de la régularisation de toutes les personnes étrangères, si elle souhaite que le droit d’asile soit largement pris en compte dans la forme et dans le fond et que la notion de pays sûr soit revu, si elle s’offusque d’une dématérialisation abusive et complexe voire ubuesque pour l’obtention des papiers, si elle se bat pour le respect des droits de l’enfant et une vraie politique d’accueil des mineurs non accompagnés ainsi qu’un regard moins stigmatisant des parents étrangers d’enfants français et si elle souhaite une politique d’intégration largement rehaussée, il n’en reste pas moins vrai que nos idéaux doivent être sous-tendus par des réalités sociologiques et idéologiques. La question de l’accueil inconditionnel et du droit d’installation pour tous fait débat dans notre section et c’est légitime. Nous saurons le redire aussi à nos partenaires de l’UCIJ.

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH St-Nazaire

Le 26 septembre 2021

Rassemblement en soutien aux résistantes et résistants afghans

Prise de parole de la LDH le samedi 18 septembre 2021

Depuis la prise du pouvoir par les Talibans le 15 août dernier, le monde assiste au basculement de l’Afghanistan dans la peur, le chaos. Pour de larges fractions de sa population, la terreur domine.

En solidarité avec les femmes, les minorités ethniques et religieuses, la section de la LDH de St Nazaire soutient toutes ces résistantes et tous ces résistants qui manifestent avec un grand courage pour leurs droits, pour la liberté et la justice face au pouvoir des Talibans et à la mise en place de la charia.

Nous réclamons que la France accueille sur son sol toute personne mise en danger par l’accession au pouvoir des Talibans. Le droit d’asile ne se marchande pas, le regroupement familial doit être appliqué.

Nous demandons que la France fasse tout pour rendre possible la sortie du pays de celles et ceux qui le réclament.

Nous réclamons que la France et les pays de l’union européenne participent à l’aide humanitaire en Afghanistan

Nous réclamons que la France soutienne les résistantes et les résistants afghans qui luttent actuellement pour le respect des droits humains.

La section LDH de St Nazaire appelle tous les élus locaux, nos députés et nos sénateurs à rejoindre tous les défenseurs des droits de l’Homme et à se démarquer de toutes celles et ceux qui, au nom de la peur du terrorisme, font des amalgames avec les réfugiés afghanes et afghans.

Edito : Des droits de l’homme malmenés cet été

En France, la situation reste toujours difficile pour les étrangers sans titre de séjour. Dans nos contacts avec certains d’entre eux, nous constatons avec souvent beaucoup d’impuissance que l’administration est sourde aux détresses humaines malgré les mérites et les efforts conséquents de ces personnes pour s’intégrer. Nous avons d’ailleurs répondu au communiqué de presse nauséabond de la députée Josso. Pour rappel, 88 Afghans sont arrivés sur Piriac et sont hébergés dans un centre géré par une association d’éducation populaire. Le sort de ces Afghanes et Afghans devrait donner lieu au statut de réfugié. Certains d’entre eux tenteront de rejoindre leur famille qui vit dans d’autres pays européens. La situation en Afghanistan préoccupe tous les défenseurs des droits humains. La LDH, comme d’autres associations, est bien évidemment inquiète sur le sort des femmes, des enfants et de toutes celles et ceux qui ont travaillé avec les forces alliées et qui sont parti(e)s dans une précipitation qui a de quoi nous inquiéter fortement sur l’avancée des groupes islamistes à travers le monde. Il nous faudra encore plus marquer notre opposition ferme à toute forme d’islamophobie. Nous serons aussi vigilants auprès de toutes celles et ceux qui au nom de la laïcité tentent de nous associer à des islamo-gauchistes.

Une fois de plus, la laïcité a été attaquée par la validation par le conseil constitutionnel de la plupart des articles sur la loi confortant les principes républicains. Des recours seront engagés par la LDH contre les décrets prévus dont celui sur le Contrat D’engagement Républicain (CER). En lien avec le comité régional, nous nous associerons à toutes les interventions communes sur la mise en place de ce CER. C’est avec regret que la disparition annoncée de l’observatoire de la laïcité a eu lieu. N’hésitez surtout pas à nous commander le livre de Nicolas Cadène (« En finir avec les idées fausses sur la laïcité »), ouvrage réalisé par l’observatoire de la laïcité.

La situation sanitaire et les débats confus, passionnels et parfois nauséabonds à partir de thèses complotistes, antisémites, nous a conduit à nous dissocier du collectif nazairien opposé au pass sanitaire et à la vaccination obligatoire entre autre pour les soignants. Certes, la gestion autoritaire du gouvernement effectuée dans une logique de surveillance et de restriction constante de libertés publiques ne peut que créer des tensions. La LDH réaffirme le droit universel à l’accès aux soins et aux vaccins. La marchandisation de la santé est inacceptable. Nous avons réclamé la levée des brevets sur les vaccins contre la Covid19. Il est important de favoriser un accès de tous à la vaccination dont les plus fragiles, les personnes isolées et vulnérables et les étrangers, avec ou sans papiers. Le pass sanitaire pose beaucoup de questions sur la privatisation des contrôles, sur l’accès au droit du travail, sur le secret médical. La LDH est opposée à la suppression de la prise en charge des tests, nous revendiquons le maintien de la gratuité sur ceux-ci. Il est urgent d’ouvrir un débat sociétal sur la gestion des crises sanitaires et climatiques à venir, en lien avec la société civile, car la question des libertés publiques et individuelles ne saurait être oubliée dans les précipitations  sanitaires ou climatiques.

Sur Saint-Nazaire et sa presqu’île, nos combats seront encore plus que jamais nécessaires dans les jours, semaines et mois à venir. Nous serons particulièrement vigilants sur la question de l’étude de zone, à savoir celle de la pollution industrielle, cause d’une surmortalité. L’excellent article paru dans Charlie Hebdo cet été est bien l’illustration d’une dérive industrielle des années 70 à laquelle les pouvoirs locaux ont bien souvent fait les yeux doux, et peut-être continuent-ils toujours à le faire sur le dos de la santé des populations locales.

Nous serons peut-être amenés après débat en section à intervenir sur l’affaire de conflit d’intérêt du maire de St-Nazaire concernant des délibérations très favorables au Crédit Immobilier de Saint-Nazaire (CISN), sa femme y occupant un poste à responsabilités. Il est à noter que c’est une fois de plus la société civile via l’association ANTICOR qui a fait ce travail de recueil des faits et a transmis cela au parquet. Attention pour autant à respecter la présomption d’innocence et ne pas en faire un enjeu politicien qui desservirait tous les démocrates et affaiblirait encore plus l’image des élu(e)s et de tous celles et ceux qui consacrent leur vie à la chose publique sans bien évidemment en attendre un quelconque avantage, d’autant plus que nous nous gardons bien pour le moment de pouvoir dire si cet organisme, si Mme Samzun ou le maire en ont tiré un quelconque avantage. Pour le moins, le maire a été très imprudent en votant les délibérations.

Bruno Lahaye, membre du bureau de la section, a travaillé de nombreuses années pour la télévision. Il a été directeur délégué en Nouvelle Calédonie pendant 4 ans. Il s’est particulièrement intéressé aux questions sociétales, culturelles et politiques calédoniennes, fervent défenseur de la liberté dont celle de l’information et de l’accès aux médias numériques. Avec Naouiâme Yewéno, il vient de réaliser un ouvrage intitulé « Désobéissance pacifique ». C’est à travers des échanges entre les deux auteurs qu’un partage d’idées, de visions, peut apparaître sur ce qu’il nomme « l’apartheid numérique ». Cet ouvrage parle de la société Kanak. Nous vous recommandons vivement de lire cet ouvrage tiré à compte d’auteur. N’hésitez surtout pas à lui en faire la commande.

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH St-Nazaire

Le 12 septembre 2021

Edito : Scepticisme démocratique ou démission du politique par nos élus

Le premier tour des élections régionales et départementales a conduit à un taux d’abstention record. On assiste, d’élection en élection, à l’émergence d’une césure démocratique. Le peuple ne se déplace plus vers les urnes. Peut-être que les crises sanitaires, sociales, environnementales, viennent réduire à néant le discours politique dont les effets ne se font pas voir dans le quotidien des citoyens. Peut-être est-ce cet abandon à long terme de ce qu’est une humanité solidaire, abandon de ce que doit être la régulation mondiale juste que déplore le peuple ?

Le politique s’est laissé progressivement aspirer à la fois par la technostructure ministérielle et le pouvoir des énarques dans notre pays. Les collectivités territoriales fonctionnent aussi sur les mêmes bases de gouvernance. Les cabinets des présidents de région ou de département sont constitués des mêmes personnages. Les hauts dirigeants de nos administrations sortent trop souvent des mêmes écoles.

Depuis des décennies, l’orthodoxie budgétaire a aussi conduit à raboter toute volonté politique vers la défense d’un modèle social égalitaire. L’absence d’une vision sociale et politique, écologique et solidaire européenne a encore réduit toute chance d’espoir vers une société moins fracturée. L’appétit coriace des ultralibéraux et des fonds de pension réduit à néant toute volonté d’une autre politique économique. La conduite de politiques sociales et économiques vers moins de services publics et vers une casse de notre modèle social viennent certainement en écho à cette désillusion et à cette désaffection pour la politique.

Si on rajoute la guerre des égos dans les appareils politiques, les scandales financiers et politiques, la collusion parfois louche entre affaires et politique, les liens « incestueux » pourrions-nous dire entre un secteur privé ultra financiarisé et nos anciens hommes politiques de premier plan, nos concitoyens sont parfois dubitatifs face aux politiques. C’est le règne des tous pourris ! Evidemment, c’est largement faux mais ce ne sont pas les exemples de Sarkozy ou DSK qui gagnent encore plus d ‘argent aujourd’hui qui permettent de redresser l’image..

Les politiques se sont bien souvent convertis au libéralisme et la conduite des affaires publiques est devenue progressivement et insidieusement celle des intérêts des plus nantis.

A cela s’ajoute l’absence d’une vraie représentation sociologique au parlement ou dans les assemblées départementales malgré des tentatives de plus grandes mixités hommes femmes. Notre démocratie est malade d’une absence de représentativité sociale.

La LDH s’est toujours voulue une fervente défenseuse d’une démocratie représentative et d’une démocratie participative. La captation par quelques élites de nos organes démocratiques est un vrai danger qui concoure à cette désaffection démocratique.

 Il faut réinvestir le champ du politique, il faut que les politiques aient le courage de faire de la politique à l’aune des défis humains, sociaux, écologiques, migratoires de demain. Pour cela, nous devrons probablement en passer par une révision profonde de notre constitution.

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH St-Nazaire

Le 26 juin 2021

Edito : Que cachent nos violences politiques ?

Claque à Macron, enfarinage de Mélenchon, et voilà que les chaines de TV d’info continue en tirent vite les conclusions sur l’ensauvagement de la société française. Pourtant, les violences sur les dépositaires de l’autorité publique ne sont pas nouvelles. Peu de médias ont parlé du meurtre d’Audrey Adam, travailleuse sociale, elle aussi était dépositaire d’une mission de service public. C’est peut-être cela qui pose problème, la violence est bien souvent invisible pour celles et ceux qui ne se fient qu’au buzz médiatique. Dans les quartiers populaires, la violence gangrène bien souvent la vie quotidienne, ce sont les rodéos, le deal, les insultes racistes, les contrôles de police au faciès, l’insécurité du lendemain, des logements mal entretenus, le déficit de service public et la ghettoïsation qui créent cette insécurité, cette violence et encore pire le sentiment d’insécurité.

Très probablement, la question des violences et des libertés seront centrales dans les années à venir et la LDH, comme d’autres organisations et partis de gauche, devra aussi être beaucoup plus claire non pas sur les causes sociales, non pas sur le traitement judiciaire mais bien sur la capacité de nos sociétés à pouvoir apporter une réponse promotrice de droits et de libertés dans une société apaisée. Aujourd’hui, les débats sont souvent passionnés et crier contre les manifestations d’une police qui au quotidien vit au contact d’une société fragmentée sans prendre en compte cette réalité, c’est forcément rendre encore plus tendues nos relations avec une police républicaine, citoyenne et luttant contre les discriminations. Pour les défenseurs des droits et des libertés, il n’y a pas d’avancée possible sans justice. Et ce n’est pas la justice qui est un problème pour la police, mais ce sont les  violences de la domination économique des plus riches ou de l’économie souterraine, les inégalités nombreuses et une police qui est trop souvent au service des intérêts des gouvernants et non du peuple qui posent problème.

Une autre des difficultés de notre police est le penchant sécuritaire qui s’est développé ces 20 dernières années au détriment d’une police de contact, de dialogue et de médiation. Maintenant, pour exemple, lorsque les travailleurs sociaux effectuent un placement de protection de l’enfance avec les forces de l’ordre, ce qui est bien évidemment très rare, ils sont escortés d’une brigade de 7 policiers surarmés. Il y a encore quelques années, ils avaient deux policiers en civil avec eux, formés au dialogue. Ces procédures sécuritaires existent dans bon nombre de missions de la police nationale ou de la gendarmerie. Cela entraine forcément un surarmement et des effets d’incompréhension et d’illégitimité. Accroitre les procédures, l’armement et la démesure sécuritaire revient à créer une escalade de violence, c’est ce que tous les spécialistes de la sociologie des violences urbaines et de la criminologie familiale disent. Mais forcément, lorsque l’on est gouvernant, face à la droitisation syndicale policière, on répond avec des peines toujours plus lourdes et une militarisation de nos policiers.

Le résultat de cette politique est malheureusement de plus en plus un risque démocratique car cela entraine une montée des polices parallèles, le marché de la sécurité augmente et dans les quartiers populaires, il existe maintenant des réseaux mafieux qui sécurisent une partie des habitants.

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH St-Nazaire

Le 13 juin 2021

Edito : Droits de l’Homme et scène internationale

Ces dernières semaines, l’actualité internationale nous a ramenés au conflit israélo-palestinien. La LDH s’est exprimée à plusieurs reprises et nous avons largement incité nos adhérents à venir aux manifestations en soutien au peuple palestinien pris en otage entre une politique du Hamas visant à faire des Gazaouis un peuple vivant sous une mainmise musulmane de plus en plus radicale et un gouvernement israélien où NETANYAHOU cherche des alliances chez des extrémistes religieux pour former une majorité gouvernementale. Sur fond d’une politique colonialiste d’un refus de deux Etats viables et d’un côté d’une logique de terreur et de l’autre d’une supériorité militaire écrasante, la frustration, la colère et l’humiliation vont probablement durer encore des années et des années tant que la communauté internationale n’aura pas reconnu les Palestiniens dans leurs droits essentiels, que ceux-ci soient des droits économiques, sociaux, culturels et bien évidemment leur droit à un Etat souverain. Nous pouvons constater qu’en France, produire une parole critique sur la colonisation sioniste et extrémiste revient pour certains à tenir une position antisémite. Une fois de plus, les défenseurs des droits de l’Homme doivent se méfier de toutes celles et ceux qui veulent instrumentaliser ce conflit pour parfaire une hégémonie religieuse sur fond de frustration sociale et territoriale, ou d’exploitation des ignobles délits et crimes antisémites.

En Loire Atlantique, à l’approche des élections départementales, les personnels de l’Aide Sociale à l’Enfance ont fait grève pour dénoncer le manque de moyens pour protéger les enfants et des conditions de travail de plus en plus dégradées qui conduisent à une perte de sens et à une rotation du personnel inquiétante. Notre section et celle de Nantes se sont associées dans la signature d’une lettre commune adressée aux différents partis hors RN, candidats à ces élections départementales. Nous demandons qu’un plan de création de places en maison d’enfants, en familles d’accueil, en lieux de vie, soit conduit ainsi que des moyens renforcés pour pouvoir exercer toutes les mesures d’aide éducative en milieu ouvert. Souhaitons que la protection de l’enfance soit l’enjeu d’un nouvel élan pour le prochain exécutif départemental.

Notre section défendra toujours les conditions d’un accueil digne et d’une intégration sociale et citoyenne des exilé.e.s avec ou sans papiers. C’est pour cela que nous demandons l’abrogation du règlement de Dublin et la défense d’un droit d’asile large et non discriminant. Nous voulons une harmonisation du droit d’asile par le haut. Nous voulons promouvoir le sauvetage et la mise à l’abri inconditionnel des exilé.e.s en danger. Nous souhaitons que le pacte mondial pour des migrations sûres soit mis en place et nous demandons la ratification de la convention internationale des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille. Nous voulons aussi assurer la protection, l’éducation des mineurs non accompagnés et des jeunes majeurs.

La lutte contre le racisme et la xénophobie et la dénonciation d’un enjeu migratoire largement diabolisé pour restreindre les droits des étrangers et des exilés restera au centre de notre combat. Pour autant, notre section ne confond pas droits des exilés avec droits et installation inconditionnelle et suppression de toute procédure visant à accueillir dignement. Une politique migratoire doit offrir des possibilités réelles de protection, de sauvegarde d’éducation, de formation et d’intégration. Aujourd’hui, faire des migrations un combat qui, au nom d’une inconditionnalité ne permettrait pas une lecture dépassionnée mais réelle de ce qu’engendrent les migrations en termes humain, socioculturel, économique, religieux et spatial, c’est nuire à l’intérêt des migrants et bien évidemment c’est jeter de l’huile sur le feu et donner encore plus de gages à celles et ceux, fort nombreux, qui veulent restreindre les politiques migratoires et qui bien souvent reprennent les thèses de l’extrême-droite.

Jean-Luc BOERO, Président de la section

Le 24 mai 2021

Edito : Des préoccupations majeures sur la situation des Ouïghours et des Palestiniens

En avril dernier, je vous faisais état de l’espoir que la nouvelle politique américaine pouvait donner concernant la justice fiscale. Cependant, nous voyons bien que les Etats Unis poursuivent actuellement une stratégie d’accommodements avec la politique de l’état israélien d’invasion de territoires palestiniens. Cette situation est à l’origine de la nouvelle crise qui fait beaucoup de morts chez les Palestiniens et qui conduit le Hamas à faire de son peuple un otage de cette surenchère de la violence. Il est temps que la France et l’Europe puissent faire respecter l’ensemble des résolutions onusiennes prises dans le cadre de ce conflit.

La situation est catastrophique pour la population de Gaza. La section est toujours en lien avec le Comité Solidarité Palestine de la Région Nazairienne qui a appelé à une manifestation vendredi 14 mai.

Concernant les Ouïghours, le dernier « Droits et Libertés » consacre un article signé d’Alain BOUC que nous vous conseillons de lire. La situation est pour le moins terriblement inquiétante. Le nombre de détenus passés par les camps depuis 5 ans s’élèverait à un million. L’union européenne, face à cette situation, doit pouvoir conditionner l’hégémonie économique chinoise à la question des droits de l’homme. L’interdiction du travail forcé doit devenir un combat. S’il ne s’agit pas de tomber dans une incohérence à l’égard de la Chine en acceptant son expansionnisme économique et militaire, nous devons aussi sortir la tête de l’eau et pouvoir chacun de la place que l’on occupe, faire pression sur nos parlementaires pour que le pouvoir de Xi Jinping respecte les religions et en particulier l’Islam.

En France, deux tribunes sont parues dans le magazine d’extrême droite « Valeurs Actuelles » sur le séparatisme et le délitement de notre pacte républicain. Les militaires de réserve ou d’active ainsi que quelques généraux retraités agitent le chiffon rouge et parlent d’une situation incontrôlable. Il ne faudrait pas qu’au nom d’une islamophobie galopante les partis républicains restent aussi fades dans leurs réactions face à cette tentative de déstabilisation et de pression politique. Nous pouvons regretter la réponse fade du gouvernement et de Macron fasse à cette prise de position dangereuse pour les enjeux économiques et sociaux que nous défendons. Que dirait notre Président si en Allemagne des militaires, nostalgiques du 3ème Reich, faisaient de même ?

Souhaitons, s’il en est besoin, que la prochaine élection présidentielle ne tourne pas à cette simplification politique autour de deux thèmes : l’insécurité et l’Islam. La LDH a toute sa place pour diffuser l’universalité et l’effectivité des droits humains. Nous devons rester vigilants même si la période reste incertaine, en lien avec une évolution pandémique non maitrisée. 

Jean-Luc BOERO, président de la section LDH St-Nazaire

Le 16 mai 2021

Communiqué de Presse : Enfance en danger : un satisfecit gouvernemental qui masque une situation bien plus complexe et inquiétante

Dans un communiqué de presse paru le 22 avril dernier, le secrétaire d’Etat à la protection de l’Enfance atteste de l’efficacité de la campagne de sensibilisation du gouvernement à destination du grand public puisque sur la semaine du 13 au 19 avril, il y a eu une augmentation de 89,35 % des appels au 119.

Cette satisfaction gouvernementale confirme que le confinement aggrave la situation des femmes et des enfants vivant sous la coupe de conjoint ou proche violent et ne pouvant plus bénéficier de respiration sociale tels que le travail, l’école, les loisirs.

Pour autant, malgré des instructions transmises aux forces de l’ordre dès le 26 mars pour une intervention rapide pour les faits de violences intrafamiliales, il n’en reste pas moins vrai qu’une partie de la chaîne de traitement des informations préoccupantes a manqué de moyens à la hauteur des enjeux.

Le Service National d’Accueil Téléphonique pour l’Enfance en Danger (SNATED) a bénéficié d’un renforcement de ses moyens mais la plupart des départements, pourtant en première ligne dans le traitement des informations préoccupantes, n’a pas bénéficié d’une telle politique. Evidemment, le gouvernement pourra toujours dire que la responsabilité incombe aux Conseils Départementaux. Il faut rappeler que les services sociaux départementaux fonctionnent majoritairement en distanciel durant cette pandémie.

Dans cette période qui pouvait laisser craindre une augmentation des violences intrafamiliales, les équipes d’évaluation ont souvent reçu des consignes vagues, n’ont eu ni formation à l’évaluation par téléphone ni eu une augmentation de leurs moyens.  

Des départements ont priorisé des tranches d’âge (par exemple les 0-3 ans) et demandé à leurs agents de s’enquérir de l’état de santé de la famille avant d’effectuer des visites à domicile. Face à l’impossibilité de faire un travail de fond, cela s’est souvent traduit par des évaluations brèves et souvent sans possibilité d’accompagner les familles vers un mieux-être.

Depuis 15 jours, les Cellules de Recueil d’Informations Préoccupantes (CRIP) de certains départements ont eu une baisse sensible du nombre d’informations. Cela était prévisible car une fois les situations les plus bruyantes détectées par les voisins ou celles pour lesquelles les mineurs pouvaient s’emparer du 119, la grande majorité des situations s’est retrouvée enfermée dans le silence du huis clos familial.

Nos cabinets ministériels, nos experts et nos politiques auraient pu envisager cette situation. Croire que sans services sociaux de proximité ouverts, sans école, sans centres de loisirs pouvant aussi repérer les situations et ne faire appel qu’à une campagne de sensibilisation au 119 protègerait les enfants est une navrante simplification de la réalité.

Ne tombons pas dans le leurre du gouvernement ni dans la croyance que le travail social à distance peut produire des réponses adaptées aux situations. Dans une situation de confinement, les plus fragiles d’entre nous sont bien souvent des invisibles et continueront à vivre l’invisibilité tant qu’aucun regard professionnel ne pourra détecter leur souffrance.

Saint-Nazaire, le 04 mai 2020

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