La persécution des femmes en Afghanistan : une urgence féministe mondiale

Depuis le retour au pouvoir des talibans en 2021 après des décennies de guerres impérialistes, les droits des femmes dans l’espace public et dans l’espace privé sont broyés. Femmes et filles sont soumises à une discrimination systématique et généralisée, un « crime contre l’humanité fondé sur le genre » selon Amnesty International. 

L’isolement forcé

Le régime taliban efface les femmes de la société. Il a détruit les institutions judiciaires qui défendaient leurs droits. Leurs fenêtres sont murées, elles ne doivent plus être vues ni entendues. Leur droit à l’éducation a été suspendu : en 2023, 80 % des filles étaient privées d’accès à l’école, 30 % n’avaient jamais commencé l’enseignement primaire. Selon ONU Femmes, d’ici 2026, la déscolarisation des filles élèvera de 45 % le taux de maternité précoce. Ce fléau touche déjà des milliers de femmes. La situation s’aggrave pour les plus jeunes : 28,7 % des filles de moins de 18 ans sont mariées, 10% avant l’âge de 15 ans.

Dans ce pays dévasté par la guerre et rongé par la misère, le mariage est un mécanisme de survie. Leur retrait du système éducatif a des conséquences dramatiques. Leur santé mentale est gravement atteinte. Le nombre de leurs suicide augmente, 80% sont des suicides de femmes.

En mars 2024,le Ministre du Vice et de la Vertu a restauré la lapidation des femmes accusées d’adultère et la flagellation. Ces graves atteintes aux droits humains ont été sévèrement critiquées par des experts, comme Abdul Wahid Sadat, président de l’Association des avocats afghans: “Du point de vue du droit musulman, elles contredisent les principes fondamentaux selon lesquels la promotion de la vertu na jamais été définie par la force, la coercition ou la tyrannie.” 

Malgré la persécution, les femmes afghanes font preuve d’une résilience et d’un courage remarquables. Elles résistent en dépit des interdictions et des menaces, organisent des radios, des classes clandestines et en ligne pour filles, forment des communautés de soutien. Beaucoup continuent de lutter pour la liberté, la dignité et le droit à la vie. « Les talibans veulent étouffer les femmes, mais elles ne seront pas réduites au silence » (Zubaida Akbar, militante afghane). Ces courageuses actions clandestines montrent la détermination des femmes afghanes.

La France et l’asile

Le monde et les pays occidentaux doivent réagir et traduire leurs engagements en actions concrètes. La situation sur le terrain est désastreuse. Les femmes qui parviennent à rejoindre des pays voisins, comme l’Iran ou le Pakistan, se heurtent à la difficulté d’obtenir un visa, la procédure est trop lente, restrictive. Laissées sans protection, beaucoup sont exposées à de nouvelles violences.

Des initiatives comme celles du « Comité International de Défense des Femmes Afghanes » appellent à une mobilisation internationale et font campagne pour l’accueil des femmes afghanes réfugiées. En juin 2024, Amnesty a remis une pétition à l’Élysée signée par 148.000 personnes demandant des visas pour les femmes afghanes. 

Le 11 juillet 2024, la Cour nationale du droit d’asile a estimé que les femmes afghanes doivent toutes pouvoir bénéficier du statut de réfugiée. Ce tournant reconnaît la persécution fondée sur le genre en Afghanistan: le gouvernement français doit désormais prendre ses responsabilités. 

La France a promis de protéger les femmes afghanes, elle doit passer de la parole aux actes et mettre en place les trois piliers d’un programme d’urgence: * la protection des femmes fuyant l’Afghanistan pour les pays voisins, ** la délivrance accélérée des visas leur permettant d’entrer en France, *** l’accueil des femmes et de leurs enfants sur le territoire national.

Le cabinet du préfet de Moselle a reçu le 9 décembre notre délégation départementale du « Comité International de Défense des Femmes Afghanes » qui demandait que les dossiers déposés en préfecture soient traités favorablement. La sécurité intérieure a entendu notre demande et la transmettra au service compétent (la direction de l’immigration) sans garantie de réponse.

Nous poursuivons notre campagne pour un accueil digne de toutes les femmes afghanes et notre appel à signer notre lettre ouverte au Ministère des Affaires étrangères. 

Une mobilisation mondiale

Les violences et discriminations infligées aux femmes en Afghanistan ne sont pas seulement une tragédie locale, mais un défi mondial que doit combattre une solidarité internationale exigeant des gouvernements qu’ils agissent pour les en protéger.

Les femmes et les enfants restent les premières victimes des guerres, des catastrophes climatiques et du patriarcat, et nous devons faire en sorte qu’elles ne soient pas oubliées. Le combat pour la sécurité et la liberté des femmes ne peut plus se limiter à des actions symboliques ou ponctuelles.

Buchers, talibans, culture du viol ou industrie pornographique, les châtiments corporels infligés aux femmes obscurcissent l’horizon et nous devons nous demander ce qu’ils révèlent de la misogynie dont reste imprégnée l’humanité. Il est vital que partout nous utilisions nos plateformes afin d’organiser la mobilisation et la solidarité pour mettre fin à cette violence destructrice. 

Aldjia MOULAI

Membre du Comité international de défense des femmes afghanes

Article parut dans « La lettre  » N°102

Lutte contre le racisme et les discriminations

Illustration par Carlos El Puentea

Que vous soyez victime ou témoin, nous vous écoutons et vous accompagnons pour agir face aux situations de discriminations. Nous pouvons aussi vous accompagner ou vous orienter en cas de violences et de propos haineux.

Nous proposons notre aide, nos compétences, en partenariat avec le Défenseur des Droits et la mise en place de la plateforme anti-Discriminations.

  • Vous êtes victime d’une discrimination en fonction d’un critère prohibé (origine, religion,  sexe, identité de genre, orientation sexuelle, handicap…)
  • On vous refuse l’accès à un bien ou un service ou vous rencontrez des difficultés à faire valoir vos droits  (RSA, allocations familiales, CMU, Aide médicale d’Etat, accès aux soins, droit du travail, ouverture d’un compte bancaire, inscription scolaire…).
  • Vous êtes victimes ou témoin de propos haineux

Vous souhaitez en parler, connaître vos droits, les possibilités d’action, prenez rendez vous par téléphone (06 41 94 12 69) les mardis et jeudis de 9h à 12h .

Nous étudierons avec vous les moyens d’actions : intervention directe de la LDH auprès des personnes concernées, saisine du défenseur des droits, orientation vers d’autres acteurs ou institutions ….

VIEILLIR, UNE CHANCE OU UNE FATALITE ?

Hans Hartung 1955

Le 26 Mai 2009, le Républicain Lorrain, journal local, titrait en gros caractères « La France n’aime pas ses vieux ». Ce fait avait été rapporté dans la Lettre de l’époque et avait suscité quelques réactions vives et intéressantes. L’article se voulait volontairement provocateur afin de susciter un débat pointant du doigt la place des personnes âgées dans une société où la performance, la réussite, l’apparence, restent toujours les critères les plus valorisants.

Cet article avait permis bien des débats, des échanges, des réactions diverses, particulièrement dans la maison de retraite où je rencontrais des résidents. Des questions comme : « mais c’est qui la France ? Les plus jeunes ? Les autres ? Faut-il que nous nous sentions coupables d’être vieux ? On ne nous aime pas parce qu’on dérange ». La France, c’est tout le monde.

Ça fait presque dix ans aujourd’hui…Le même titre provoquerait-il un sursaut de protestation ? Une réflexion ? Un débat lors d’une soirée entre amis ? Ou bien passerait-il inaperçu au milieu de toutes les informations dont les Médias nous inondent ?

Certes, la place des personnes âgées s’est modifiée au fil du temps, mais le constat est sans appel : la France vieillit, notre société compte de plus en plus de personnes âgées, et en réalité, la vieillesse fait peur.

Selon le ministère des Solidarités et de la Santé, la France compte aujourd’hui 1,5 million de personnes de 85 ans et plus. A l’horizon 2050, elles seront 4,8 millions.  Ces chiffres ont été publiés le 27 février 2018, et à eux seuls ils donnent la mesure du défi que représente le vieillissement de la population pour notre société.

L’allongement de la durée de la vie est certes une victoire pour l’humanité. Les progrès de la science, de la médecine, de la technique, ont permis à l’Homme de mieux maîtriser sa vie dans le domaine du travail, des loisirs, de l’accès à la culture, dans ses relations avec le reste du monde grâce aux moyens de communi­cation, alors, pourquoi dans ce qui devrait être reconnu comme un bienfait, le grand âge fait-il si peur ?

Perte d’autonomie, difficultés financières, dépendance, poids que la situation peut représenter pour les proches, la solitude non choisie, l’isolement. Si notre société compte de plus en plus de personnes âgées, en réalité, elle n’aime guère la vieillesse !

Quelle est la place des personnes âgées dans notre pays aujourd’hui ? Quel est notre regard sur ceux qu’on appelle pudiquement les anciens ?

Il existe de nombreux termes pour désigner les personnes âgées : vieux, aînés, vétérans, le troisième âge, voire le quatrième, les seniors, les inactifs, les anciens et d’autres moins sympathiques ! Ces mots ne sont pas des simples synonymes, certains, à travers leur connotation, sans le savoir, expriment dans l’opinion publique une valeur souvent négative et parfois blessante pour la dignité des personnes concernées ;

Dans le dictionnaire de 1984, apparaissait un mot nouveau : l’âgisme !

Ce mot, défini comme une attitude et un comportement, regroupe toutes les formes de discrimination, de ségrégation, de mépris fondées sur l’âge. Pourtant, cette discrimination fondée sur l’âge n’est pas perçue dans l’opinion publique comme une discrimination aussi importante que les autres, comme le racisme par exemple, alors que ses conséquences peuvent être aussi dévastatrices sur le plan social.

« Les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits »  c’est dans l’article premier de la déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen de 1789.

Les Droits ne se divisent pas, ne disparaissent pas avec l’âge, ils demeurent !

La vieillesse n’est pas une maladie, c’est un âge de la vie. Vieillir c’est vivre.

Je voudrais citer ici un extrait de « La Vieillesse » de Simone de Beauvoir :

« Cessons de tricher, le sens de notre vie est en question dans l’avenir qui nous attend. Nous ne savons pas qui nous sommes si nous ignorons ce que nous serons. Ce vieil homme, cette vieille femme, reconnaissons-nous-en eux. Il le faut si nous voulons assumer dans sa totalité notre condition humaine. Du coup, nous n’accepterons plus avec indifférence le malheur du dernier âge, nous nous sentirons concernés : nous le sommes »

Françoise Maix

Sans égalité seuls les dominants sont libres

Aujourd’hui, je suis venu vous parler d’égalité et de justice sociale. La liberté et l’égalité sont deux causes indissociables. Pour dire les choses rapidement : sans égalité, seuls les dominants sont libres et c’est cela que nous vivons aujourd’hui. Nous vivons dans un monde où on nous dit que du fait de la crise, de la dette, de la situation dramatique, il faudrait remettre à plus tard la justice sociale, le rattrapage des inégalités. Mais nous, nous croyons le contraire. Nous, nous croyons que les charges sociales, ce ne sont pas les patrons qui les supportent, mais les chômeurs et les salariés, et nous croyons que porter le fer dans les inégalités c’est justement se libérer de la crise, de la dette et construire une autre société. Sans égalité seuls les dominants sont libres