FEMMES AUBOISES

Par Nicole François

Il y a un an, à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes, la section LDH Troyes et Aube présentait une exposition « Portraits de femmes auboises ».

Retour sur ces portraits : aujourd’hui 


Marguerite Buffard-Flavien par Ernest-Pignon Ernest



Marguerite Buffard-Flavien, fille d’instituteurs laïques, est  née dans le Jura en 1912. Après de brillantes études  à l’E.N.S de Sèvres, elle  devient professeur de philosophie. Elle s’engage en 1934 dans le combat antifasciste avec Barbusse et Romain Rolland. Elle est  nommée en Alsace puis à Caen (1937) où elle milita activement avant d’être mutée à Troyes pour faits de grève (fin 1938). Elle arrive en février 1939 au Lycée de jeunes filles (aujourd’hui Lycée Marie-de-Champagne), Malgré l’excellence de son travail d’enseignante, elle est révoquée fin 1939 (décrets Sérol). Elle refuse toute compromission et toute aide de la direction du lycée. Entre temps, elle s’est mariée à Jean Flavien, cultivateur à Voué et dirigeant communiste aubois.   

Elle s’embauche en bonneterie puis apprend le travail de la ferme. Son mari est soldat puis prisonnier en Poméranie. Un bel échange de lettres, retrouvées par Christian Langeois permet de comprendre l’attachement de ces deux militants à leur parti, malgré l’exclusion de Marguerite en janvier 40, exclusion qu’elle ressent très durement.

Les coups durs se suivent sans interruptions. Elle est arrêtée dans la ferme de Voué et conduite en 1942 au camp de La lande puis de Mérignac d’où elle s’évade (fin 43) pour rejoindre la Résistance à Lyon. Elle est nommée responsable du 2ème. Bureau des FTP où elle a 9 départements à administrer.

C’est dans cette ville qu’elle est arrêtée le 10 juin 1944 et conduite au siège de la Milice où sévit Paul Touvier. Elle se jette par la fenêtre le 13 juin  pour ne pas parler et meurt à l’hôpital.

Marguerite  Buffard et bien d’autres surent se conduire en héros, leur leçon peut aujourd’hui être méditée.

Le 9 novembre 1944, Robert Ballestié, adjoint communiste du Maire de Troyes Fernand Giroux qui fut lui-même engagé dans la résistance, proposa que les martyrs résistants aubois soient honorés. Les avenues Marguerite Flavien (près du Lycée) et Brossolette (Fg Croncels), les rues Maurice Romagon (Moulin de Pétal), et des Martyrs de la Résistance (Labourat), la place  Langevin, et la place de la Libération furent inaugurées. La rue Thiers devient alors rue du Gal De Gaulle.

Une dizaine de conférences furent données dans l’Aube pour honorer cette « sainte laïque » ainsi qu’une  émission en 30 chapitres sur Thème-radio »