Communiqué LDH

Zyed et Bouna

Zyed et Bouna

Communiqué LDH

Paris, le 19 mai 201

Zyed et Bouna : triste verdict, triste justice

 

En relaxant les deux policiers poursuivis pour non-assistance à personne en danger, en les dédouanant au point d’oublier que la police a aussi pour mission de protéger, le tribunal correctionnel de Rennes a sans doute suivi sa logique. Mais il a surtout rendu un verdict terrible contre la justice elle-même.

Car ce jugement a toutes les apparences de l’injustice.  Il en a l’allure, il en a le goût, il en a l’odeur et il en a les mots. Il en aura l’impact.

Comment en effet sera-t-il possible de prétendre que les policiers, à l’instar de tous les citoyens, sont responsables de leurs actes, comme de leur inaction ?

Comment pourra-t-on faire croire aux habitants de Clichy-sous-Bois qu’ils sont considérés à l’égal des autres citoyens de ce pays ?

Comment pourra-t-on espérer dire que justice a été rendue avec un « deux poids, deux mesures » aussi écrasant ?

Le triste verdict de Rennes vient s’ajouter à un sentiment d’injustice et de mépris, au climat de méfiance et de violence latente existant entre les forces de l’ordre et les habitants des quartiers d’habitat social, singulièrement une bonne partie de la jeunesse qui y réside. Qu’on ne s’y trompe pas, le silence incrédule avec lequel le pays l’a accueilli – exception faite de quelques cris de joie du Front national ou de membres de l’UMP – n’est pas de bon augure. Lorsque des hommes et des femmes ne croient plus en la justice de la République, c’est la démocratie elle-même qui est en péril.

Les quartiers relégués, celles et ceux qui sont victimes de la crise sociale, des inégalités territoriales, de toutes sortes de discriminations et se voient, de surcroît, exposés à des contrôles policiers incessants et indignes, vont continuer de réclamer une tout autre justice.

 

Communiqué commun LDH, Licra, Mrap et SOS Racisme

 Paris, le 7 janvier 2015charlie hebdo

Rendre hommage et dire non

La LDH, la Licra, le Mrap et SOS Racisme appellent tous les citoyens à sortir de chez eux partout en France le dimanche 11 janvier 2015 à 14h30 en hommage aux victimes de la tuerie de Charlie Hebdo.

Parce que nous n’acceptons pas le fanatisme et la violence, parce que nous sommes attachés à la démocratie et l’Etat de droit, parce que la liberté de la presse est un des biens les plus précieux que nous avons acquis, nous voulons vivre ensemble, sans racisme et sans discrimination, en paix et en harmonie quelles que soient nos origines, nous appelons les femmes et les hommes vivant en France, les organisations syndicales et politiques, les associations et tous ceux et toutes celles qui sont attachés à cet idéal de se joindre à nous, sans mot d’ordre ni slogan, sans banderole ni bannière.

 

Juste pour être ensemble.

Hommage a Rémi Fraisse

 

Assassiné dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014

Rémi Fraisse, assassiné dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014

Contester et mourir…

Conséquence du refus de la confrontation démocratique,

Si nous sommes là ce soir, c’est pour rendre hommage à Rémi Fraisse qui est mort dans la nuit du 25 octobre 2014 lors de la manifestation qui s’opposait à la construction d’un barrage de retenue d’eau à Sivens, dans le Tarn.

Nous ne sommes pas pour crier vengeance ou semer le désordre, et c’est pour cela que je vous demanderai de rester dignes et respectueux pour honorer sa mémoire.

Si vous le voulez bien, nous allons observer quelques instants de silence en ayant une pensée pour lui et aussi pour ses proches.

Rémi Fraisse était un militant écologiste, membre de France nature environnement, il faisait partie des nombreux acteurs, et en particulier locaux, qui voulaient faire connaître un point de vue différent, pourtant largement partagé, de contestation d’un projet dont l’utilité méritait pour le moins d’être interrogée. Malheureusement, les événements récents sont de nature à lui donne à postériori Raison.

Et c’est bien pour cela, aussi que cette mort n’est pas acceptable. En tant que représentant local de La Ligue des droits de l’Homme et avec toutes celles et tous ceux ici présents, je tiens à présenter à sa famille et à ses proches, toutes nos condoléances.

La LDH prend acte de l’ouverture d’une information judiciaire, seule mesure de nature à permettre d’établir la vérité des faits sur cette mort inadmissible. Nous notons aussi que l’usage de grenades telles que celles utilisées par les forces de l’ordre est provisoirement suspendu. Ce que demande depuis 1977, la famille de Vital Michalon, mort dans des circonstances similaires lors d’une manifestation contre la centrale nucléaire de Creys-Malville.

Cependant, quelles que soient les responsabilités individuelles qui se révéleront, la mort d’un manifestant atteste d’un mauvais usage, voire d’un usage excessif par les forces de l’ordre, de moyens inadaptés. Les militaires en charge du maintien de l’ordre sont des professionnels, laisser un mort sur le carreau est il un gage de professionnalisme ?

D’aucuns distillent l’idée, pour se dédouaner, que s’il est mort il l’a aussi cherché. Je m’élève en faux contre cette présentation indigne d’un combat militant digne et juste. C’est laisser croire qu’aller manifester pour défendre ses idées un droit qui est inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme c’est s’exposer au pire.

La Ligue des droits de l’Homme fait le constat amer que de Continental à Notre-Dame-des-Landes, de la ferme des « Mille vaches » à Sivens, de la défense des acquis sociaux à celle des Palestiniens, la contestation est aujourd’hui en France, criminalisée et réprimée (voir la circulaire Alliot Marie qui n’est toujours pas abrogée) tandis que persiste l’impunité d’élus publiquement confondus de malversations.

Cette politique place l’ensemble de la société sous tension alors même qu’elle aurait besoin de raison. Elle substitue l’autoritarisme au débat et à l’imagination dont nous avons tant besoin collectivement pour relever les défis qui nous sont posés.

La société française doit apprendre à débattre avec calme du bien-fondé de ses aéroports, de ses barrages et de son industrie agroalimentaire, de la transition écologique…..

Le gouvernement doit apprendre à compter avec les refus populaires, d’autant plus quand ils dénoncent des conflits d’intérêts, et à en valoriser l’apport dans des processus démocratiques de confrontation. Il doit aussi accepter enfin de considérer que l’avenir n’est pas de son seul ressort.

Le décès de Rémi est la conséquence directe de l’absence de dialogue mais aussi du refus de la confrontation démocratique et de l’autisme de gouvernements successifs qui ne trouve pour toute réponse à l’exigence citoyenne de transparence, de justice et de responsabilité, que le déni de réalité, les coups de menton et la violence du maintien de l’ordre.

Alors que montent les extrémismes qui menacent les fondements même de notre République, notre démocratie ne peut se payer le luxe de faire l’impasse de la transparence du dialogue démocratique et de l’échange des idées. A défaut, on peut prévoir d’autres tensions, d’autres durcissements, d’autres drames, provoqués de fait par des acteurs très éloignés de l’intérêt général.

La Ligue des droits de l’Homme entend rester vigilante quant au respect par les pouvoirs publics, des libertés et droits fondamentaux des citoyens, dans ce contexte comme dans d’autres.