labellisations « amis des enfants » pour en finir avec les faux semblants

LETTRE OUVERTE A UNICEF FRANCE
Pour en finir avec les faux semblants de la labellisation des collectivités « amies des enfants »
Les associations signataires Nice, le 30 septembre 2016
c/o : Ligue des droits de l’Homme – section de Nice – Maison des associations- 12 ter place Garibaldi- 06300 Nice
à
Unicef France- M. Jean-Marie Dru, Président- 3 rue Duguay-Trouin-75282 Paris cedex 06
Monsieur le président,
Depuis plus de deux ans, les associations signataires vous ont alerté à propos de la situation des mineurs isolés étrangers dans le Département des Alpes-Maritimes. Le 26 décembre 2014, les associations ont porté à votre connaissance le profond malaise qu’elles ressentaient en constatant que l’Unicef avait labellisé plusieurs collectivités territoriales du Département des Alpes-Maritimes « amie des enfants » alors même que nous constations, sur le terrain, que certaines d’entre elles menaient un politique ouvertement hostile envers certains mineurs et plus particulièrement les mineurs étrangers.
A titre d’exemple, nous vous indiquions que M. Ciotti, président du Conseil Départemental des Alpes-Maritimes, avait annoncé dans tous les médias, le 18 mars 2013, sa décision de refuser l’admission au sein des services du CG 06 des «mineurs délinquants étrangers » à compter du mois de juillet 2013 (cf. par exemple, article du quotidien Nice Matin du 19 mars 2013). Or, la protection des mineurs étrangers non accompagnés constitue une obligation internationalement souscrite par la France, notamment en application des articles 3.1, 20 et 22 de la convention internationale des droits de l’enfant.
De même, le 8/01/2014, le président du CD 06 prenait un arrêté provisoire suspendant toute admission dans le Foyer Départemental de l’Enfance ; le motif réel était clairement affiché dans l’avant dernier considérant de l’arrêté : « Considérant que le Département des Alpes-Maritimes accueille actuellement au Foyer de l’enfance  73 mineurs isolés étrangers en accueil de longue durée, soit 40 % de la capacité maximale d’accueil du foyer ». Nous vous avons aussi, par lettre datée du 1er juin 2015, signalé par courrier toute une série d’actes, de déclarations ou de décisions prises par des collectivités locales, contraires aux intérêts de certaines catégories d’enfants.
Sans méconnaître la situation particulière qui est celle, par exemple, du Département des Alpes-Maritimes, Département frontalier et en particulier la charge financière qui pèse sur cette collectivité, nous constatons avec amertume que vous continuez d’accorder un label flatteur, malgré nos alertes, à certaines collectivités qui stigmatisent les mineurs isolés étrangers.
Nous avons étudié en détail les dossiers d’habilitation à la labellisation « ami des enfants » des collectivités territoriales, y compris dans leur toute nouvelle version postérieure aux élections municipales et communautaires de 2014 et alors que de très graves problèmes concernant les mineurs isolés étrangers se posaient déjà dans notre Département : à aucun moment, ces dossiers d’habilitation n’abordent la question des mineurs isolés étrangers, comme si les mineurs isolés étrangers constituaient une sous catégorie négligeable.
Les associations signataires n’ignorent pas que l’Unicef s’est intéressé, depuis peu, à la situation des mineurs non accompagnés, en particulier dans le nord de la France, en publiant au mois de juin 2016 une enquête sans complaisance intitulée : « Ni sains, ni saufs, une enquête sociologique sur les enfants non accompagnés sur le littoral du Nord et de la Manche ».
Les associations signataires saluent cette nouvelle orientation, mais elles vous invitent à mettre, enfin, vos actes en accord avec vos paroles et vos écrits.
Nos associations restent à votre disposition pour vous expliquer, sur place et dans le détail, la situation actuelle, dans notre Département, des mineurs isolés étrangers ; nous sommes déjà en contact avec les services du Défenseur des Droits, ainsi qu’avec le HCR. La situation est actuellement proprement catastrophique : une bonne partie d’entre eux est laissée à l’abandon et vit dans la rue, le droit de déposer une demande d’asile leur est dénié, ils sont refoulés vers la frontière italienne en dépit du droit et de toutes les convention internationales signées par la France.
La situation des mineurs isolés étrangers perdure sans que, à notre connaissance, aucune des six collectivités que vous avez labellisées « amies des enfants » s’en soient émues publiquement ou aient pris des initiatives pour leur venir en aide, alors même que, du fait de leur statut de mineurs, ils ont le droit de rester en France et d’y être protégés. Vous devez faire cesser les faux semblants.
Dans l’attente d’une réponse, veuillez agréer l’expression de nos salutations distinguées.
Contact : amnestyasile06@yahoo.fr
Plus d’informations : https://amidesenfants.wordpress.com/
Association pour la démocratie à Nice (ADN).
Amesty international – Relais réfugiés 06.
Comité inter-mouvements auprès des évacués 06 (Cimade).
Habitat et Citoyenneté.
Ligue des droits de l’Homme (LDH) Sections des Alpes-Maritimes.

Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP ). Comité Nice – Grasse

Réseau éducation sans frontières (RESF) 06.

SOLIDARITÉ AVEC LES CITOYENS SOLIDAIRES DES RÉFUGIÉS !

Dernière minute : le procès de Cédric Herrou est reporté à une date ultérieure ; celui de Pierre-Alain Mannoni est maintenu au 23/11/2016 13h.
SOLIDARITÉ AVEC LES CITOYENS SOLIDAIRES DES RÉFUGIÉS !

La petition, ainsi que que la liste des premeirs signataires est sur le site « change.org »

Lisez et  signez la pétition ici : [ PETITION ]

Plus d’infos :
Facebook Roya citoyenne : https://www.facebook.com/royacitoyenne/?fref=ts
Blog Résistances en Roya : http://roya06.unblog.fr/
Blog Association pour la Démocratie à Nice : http://ademonice06.com/
Site Habitat et Citoyenneté : http://www.habitatetcitoyennete.fr/

Aide aux réfugiés – texte de Cédric Herrou poursuivi pour « aide au séjour illégal »

« La vallée de la Roya, connue par l’emblématique «Vallée des Merveilles», serpente sur les territoires français et italien à l’image de l’Europe : image ou mirage de Liberté, d’Egalité et de Fraternité portée à un peuple oppressé par des dictatures, des guerres, où l’implication de nos Etats impacte la condition humaine dans ces pays.

Des femmes, des enfants, des hommes, chassés par la guerre et la dictature, chassés de leur pays, de leur ville, leur quartier, leur famille, traversant désert et mer, finiront pour beaucoup par appartenir à cette « mer au milieu des terres », accueillant à elle seule la plus grande et la plus morbide des destinations.

Les plus chanceux arrivent enfin sur la terre «des sages», « doués de raison et de conscience, agissant les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ».

Terre connue pour ses valeurs fondant notre République, notre fierté; valeurs où le droit humain, la famille, l’enfant sont au sommet de la hiérarchie des droits.

Nous avons été éduqués par et pour ces valeurs

Et voilà que nos fondamentaux s’ébranlent à la vue de quelques milliers de réfugiés en Europe.

En vallée de la Roya, nous sommes las d’être spectateurs de cette crise humanitaire orchestrée par nos élites politiques, synthétisée par les accords de Dublin, accord confortant une politique populiste et irresponsable.

Des hommes, des femmes, des enfants, marchant des jours et des jours au péril de leur vie, ils tentent de passer la frontière, sur les chemins, sur la voie ferrée, l’autoroute, frôlés par les camions, les trains, et parfois percutés. Ces gens tentent de rejoindre femme, frère, mari, cousin, ou amis en Allemagne, Suède, Angleterre… La frontière est fermée aux Humains, non aux marchandises sous prétexte de crise. Mais qui est réellement responsable de cette crise ?

Alors quoi faire ?

A qui appartient le devoir d’agir ? Est-ce à nous simple citoyens de nous substituer un devoir d’Etat ?

Quelle est la réponse des pouvoirs publics à nos actions ?

Oui nous avons agi !

Oui nous avons accepté de porter secours à ces enfants, ces familles !

Oui nous avons peur de voir ces jeunes adolescentes seules à Vintimille, prêtes à monter dans un fourgon sans connaître la destination finale !

Nous nous sentons impuissants et à la fois responsables.

En leur portant secours nous avons enfreint la loi, non par irrespect de la justice, mais pour que la condition humaine prône avant tout.

Exigeons que les pouvoirs publics fassent leurs devoirs.

Exigeons que l’Etat respecte les lois.

Exigeons que le protocole de renvoi à la frontière soit respecté.

Exigeons que les mineurs isolés cessent d’être systématiquement reconduits à la frontière et exigeons que l’Etat français, Etat souverain, accepte que ces réfugiés puissent demander l’asile une fois sur le territoire et que ces réfugiés puissent accéder à leurs droits.

Parmi nous, des acteurs solidaires aux réfugiés sont menacés de 5 ans d’emprisonnement
et de 40 000 euros d’amende pour avoir porté assistance à des femmes, enfants et jeunes hommes mis en danger par l’entrave à la libre circulation sur le sol européen. Le désengagement des pouvoirs publics face à cette crise humanitaire, qui bafoue ainsi le droit international, la Convention de Genève et les droits de l’Homme, nous amène à agir et
nous avons agi. »

Cédric Herrou

Pourquoi j’ai secouru des réfugiés ? Texte de P.A Mannoni poursuivi pour « aide au séjour illégal »

Ci-dessous, le texte que Pierre-Alain Mannoni nous autorise à diffuser.

Pierre Alain est convoqué au TGI de Nice le mercredi 23 novembre 2016 à 13h30, prévenu, comme Cédric Herrou, d’aide au séjour irrégulier d’un étranger en France.

Pourquoi j’ai secouru des réfugiés ?

« J’ai 45 ans et 2 enfants. Je suis fonctionnaire de l’Education Nationale et travail comme ingénieur dans un laboratoire de recherche et aussi comme enseignant à la Faculté des Sciences. Je n’étais pas jusqu’à présent militant politique ou associatif.


Dans ma famille on est Corse. J’ai passé toutes mes vacances au village dans la maison de mon grand-père, le médecin du canton qui faisait ses visites à cheval. Au village, presque 50 ans après sa mort, les gens en parlent encore car que ce soit en pleine nuit à l’autre bout du canton, que ce soit un bandit blessé ou un paysan qui n’ait pas de quoi payer, il soignait. Dans les récits que me racontait mon père et dans les expériences que j’ai vécu là-bas, j’ai appris et compris qu’on ne laisse pas quelqu’un en danger sur le bord de la route, d’abord parce que c’est la montagne mais aussi parce que c’est une question de dignité. Ou d’honneur comme on dit.

J’ai la chance d’avoir des enfants et en tant que père avec la garde partagée, j’ai pris cette tâche pas évidente très au sérieux. Pas évidente car aujourd’hui le monde va mal que ce soit d’un point de vue social ou environnemental alors au delà d’une “bonne situation”, ce que je souhaite pour mes enfants, c’est qu’ils soient l’espoir d’un monde meilleur.
Le Dimanche 16 octobre en rentrant en voiture de la fête de la brebis à la Brigue avec ma fille de 12 ans, nous avons secourus 4 jeunes du Darfour. Ce village français est dans la vallée de la Roya qui est frontalière de Vintimille en Italie. C’est dans cette vallée que sont régulièrement secourus hommes mais surtout femmes et enfants qui se trouvent sur ces routes de montagnes et qu’on appelle migrants. Ces 4 jeunes étaient complètement perdus et se dirigeaient à pied, certains en bermuda, vers les montagnes enneigées. Avec ma fille on les a ramené à Nice, ils ont mangé et dormi avec nous dans mon appartement de 40m². Le lendemain comme tous les jours d’école nous nous sommes levés à 6h15. Ils sont venus avec moi déposer ma fille à l’école puis je les ai déposé dans une petite gare peu surveillée par la police et je leur ai payé un billet de train pour la première partie du trajet. Ils devaient retrouver leur famille à Marseille.

C’était ma première action de secours envers ces “migrants”. Pourquoi je l’ai fait ce jour là ? Jusqu’à présent avec mes enfants j’avais déposé des vêtements à la croix rouge à Vintimille, des chaussures, un sac à dos, pour aider mais aussi pour leur montrer qu’il y a des injustices dans le monde et que chacun de nous peut faire quelque chose… Là c’était la deuxième fois que je voyais un groupe sur le bord de la route. La première fois j’avais hésité, je n’avais pas eu le courage, mais cette fois ci il y avait ma fille et j’ai pu lui montrer l’exemple.

Le lendemain lundi 17 octobre, après une soirée chez des amis dans cette même vallée, sur le retour vers Nice, je décide de m’arrêter dans ce camp pour migrant à St Dalmas de Tende, un bâtiment désaffecté pour colonies de vacances de la SNCF qui a été ouvert en urgence quelques heures auparavant, sans autorisation, par un collectif d’associations dont la Ligue des Droits de l’Homme, Amnesty International et un tas d’associations nationales et locales. L’ouverture de ce lieu à fait l’objet d’un communiqué de ces associations dans les médias. Je sais bien que mon retour vers Nice est une opportunité d’en sortir quelques-un de ce lieu sans eau ni électricité et ou la température en pleine nuit ne doit pas dépasser 10 degrés. Je décide d’en ramener chez moi et de les déposer à la gare le lendemain.

Ce sont 3 filles qu’on vient d’aller chercher à l’étage. Elles sont contentes de ma proposition me dit on car elles sont attendues par une association à Marseille pour être soignées. Quand je les vois mon coeur se déchire. Elles ont peur, elles ont froid, elles sont épuisées, elles ont des pansements aux mains, aux jambes, l’une boite en faisant des grimaces de douleurs et l’autres ne peut pas porter son sac avec sa main blessée. J’apprendrais plus tard que l’une d’elles est la cousine de la jeune fille tuée sur l’autoroute vers Menton quelques semaines avant. Elles ne parlent ni français, ni anglais. Il faut marcher une centaine de mètres pour rejoindre ma voiture et cela prend très longtemps car l’une marche très difficilement. J’en profite pour essayer de savoir de quel pays elles sont. Erythrée. Une fois dans la voiture, je constate qu’elles n’ont jamais utilisé de ceinture de sécurité. Je suis dans l’embarras de m’approcher d’elles qui ont peur pour leur mettre la ceinture. Elles n’ont pas peur de moi mais dans leurs yeux je lis qu’elles savent que rien n’est gagné. Il ne faut pas être un génie pour comprendre qu’au long des 6000 km qu’elles ont fait pour arriver jusqu’ici, elles ont fréquenté la mort et le cortège d’horreurs qu’on n’ose imaginer. Je démarre avec à mon bord ces filles dont je dois prendre soin et que je dois amener à bon port. J’éteins la radio, la situation est suffisamment incroyable.

Nous n’arriverons pas à Nice. Au péage de la Turbie les gendarmes nous arrêtent et nous conduisent à la Police de l’Air et des Frontières. Ils m’ont séparé des Érythréennes. Ce n’est pas clair ce qu’ils ont fait d’elles mais je ne crois pas qu’elles aient été soignées. Elles auraient été renvoyées au sud de l’Italie comme ça se fait souvent. Les policiers m’ont dit qu’au moins l’une d’elle était mineure. Je n’ai pas réussi à les protéger.

Après 36h de garde à vue, j’ai été libéré sous contrôle judiciaire. Ma voiture a été saisie ainsi que mon téléphone et je n’ai pas le droit de quitter Nice sauf pour emmener mes enfants à l’école mais il n’y pas de transport en commun à moins de les réveiller à 5h30 du matin. Mon procès est renvoyé au 23 novembre 2016 à 13h30 à la même audience que Cédric Herrou membre d’associations humanitaires qui est également poursuivi pour avoir aidé des étrangers.

Le lendemain de ma libération, alors que, coup du sort, j’effectuais un point de compression sur un accidenté de la route qui se vidait de son sang en bas de chez moi, un “jeune migrant” est mort percuté par une voiture sur l’autoroute à Menton, il a été projeté par dessus le parapet du viaduc et a fait une chute de plusieurs dizaines de mètres. Venu du bout du monde, perdu sur l’autoroute et mort à 20 km de chez moi.

Mon geste n’est ni politique, ni militant, il est simplement humain et n’importe quel citoyen lambda aurait pu le faire et que ce soit pour l’honneur de notre patrie, pour notre dignité d’hommes libres, pour nos valeurs, nos croyances, par amour ou par compassion nous ne devons pas laisser des victimes mourir devant nos portes. L’histoire et l’actualité nous montrent suffisamment que la discrimination mène aux plus grandes horreurs et pour que l’histoire ne se répète plus, nous devons valoriser la solidarité et éduquer nos enfants par l’exemple. »

Pierre-Alain Mannoni

Les refoulements de mineurs étrangers à la frontière reprendront dès que les médias auront tourné le dos.

Réagissant à une lettre ouverte adressée à l’Unicef par plusieurs associations à propos de la situation des mineurs étrangers isolés, FR3 Cote d’Azur publiait un reportage le 6 octobre 2016 : « La situation des migrants mineurs non accompagnés se complexifie de plus en plus entre les autorités et les associations. Renvoyés en Italie, certaines ONG contestent la procédure » . Ce reportage contient une courte vidéo [ ICI ] dans laquelle le directeur de cabinet du préfet des Alpes-Maritimes conteste la position des associations (à la minute 1:28 ) et explique que depuis le rétablissement du contrôle des frontières, « aucune personne ne peut passer si elle n’a pas de titre, qu’elle soit mineure ou qu’elle soit adulte ». Effectivement, tous les observateurs présents dans la zone frontalière le savent, les mineurs étrangers interpellés sont refoulés vers l’Italie.

Toutefois, à la suite de l’action médiatisée de l’association « Roya Citoyenne » à St Dalmas de Tende, ouvrant « un lieu d’accueil humanitaire de transit » dans un local désaffecté propriété d’EDF, seront interpellés, outre les militants associatifs, 39 mineurs et 5 adultes. Bien que tenus à l’écart, les médias étaient présents. Le journaliste de Fr3  précise : « Les jeunes mineurs, ont été orientés vers une structure médicale pour un bilan de santé et tenter de vérifier la véracité de leur déclaration quant à leur âge. Les autres ont été remis à la police aux frontières ».  [ ICI ]

Il y aurait donc un changement d’attitude de la préfecture vis à vis des mineurs isolés étrangers entre le 6 et le 20 octobre ? L’avenir le dira, mais on peut très fortement en douter.

Les refoulements à la frontière recommenceront, dès lors que les médias auront tourné le dos.

 

 

Nice : quand la police nationale retient « en dehors de tout cadre juridique » une mineure étrangère

Nice : quand la police nationale retient « en dehors de tout cadre juridique » une mineure étrangère

A Nice, le 10 février 2016 à 4h20 du matin, la police nationale interpellait, entravait et retenait illégalement dans ses locaux, de 5h à 10h40, sans l’informer de ses droits, l’empêchant de prendre tout contact avec l’extérieur, Mlle M. H., mineure de 13 ans, demandeuse d’asile conjointement avec sa famille de nationalité Arménienne. Elle sera retenue dans les locaux de la police jusqu’à 10h40.

Alertée par la mère de la mineure, l’association « Habitat et Citoyenneté » nous alerte et contacte les avocats.

La mineure a été interpellée en compagnie de son beau père, tous deux soupçonnés à tort d’avoir commis une tentative de vol, alors que le beau père venait lui même de constater le vol de son téléphone portable. Pour tenter de le récupérer, ils compose le numéro du portable, un individu lui répond, lui fixant un rendez-vous à 4h du matin pour le lui restituer ; les deux personnes se rendent sur le lieu fixé, mais c’est la police qui les attend et les interpelle, car le rendez-vous avait été fixé par les policiers eux mêmes ; ils interpellent le beau-père et la mineure qui l’accompagnait pour servir d’interprète.

L’affaire, plaidée par Me Myriam Houam, à été jugée par le tribunal correctionnel de Nice, le 15 septembre 2016 ; les juges ont estimé que :

« il est incontestable que l’audition de la jeune fille […] n’a pas respecté la procédure pénale […] étant retenue en dehors de tout cadre juridique »

– « le procédé  imaginé par les policiers ayant en main un téléphone portable découvert à proximité d’un lieu où venait de se produire une tentative de cambriolage de proposer à ceux qui ne cessaient d’appeler sur ce téléphone aux fins de la récupérer de venir aux abords d’un centre commercial en pleine nuit vers 4h du matin apparaît  parfaitement déloyal à l’égard du titulaire du téléphone qui leur avait indiqué son adresse »

Le tribunal prononcera la nullité de la mesure de garde à vue, ordonnera le retrait des procès verbaux de placement en garde à vue et, bien entendu, prononcera la relaxe. Dans le silence de la presse locale, pour une affaire qui se termine bien, combien d’abus du même genre ne sont pas sanctionnés ?

Questionner la vidéosurveillance à Nice : utilité, coûts, dangers – édition mise à jour au 30/09/ 2016

Nous avions prévu d’actualiser notre étude sur la vidéosurveillance à Nice afin d’y intégrer les informations relatives à l’analyse des activités de la Commission Départementale de la vidéosurveillance. Le 14 juillet 2016, un massacre de masse venait endeuiller notre ville. La section de Nice de la Ligue des droits de l’Homme a obstinément refusé d’entrer dans les indécentes polémiques qui ont surgi moins de 24 heures plus tard, à propos du fonctionnement de la vidéosurveillance.

Dans cette deuxième édition, nous maintenons le même cap : notre objectif fondamental est d’alerter nos concitoyens sur le coût prohibitif, l’utilité très limitée et les dangers pour les libertés publiques que représente une vidéosurveillance massive, omniprésente et instrumentalisée par certains élus.

Télécharger ou consulter le dossier : [ ICI ]

 

 

Nice ville numérique, Smart city ou future ville « panoptique » ?

La ville de Nice communique beaucoup autour du concept de « ville intelligente » [ [ ICI ] sans doute pour faire évoluer  son image de « ville de retraités « . En dépit de fiascos retentissants, comme celui des parcmètres dits « intelligents », lesquels ont laissé un facture de 10 millions d’euros à la commune, la ville entend poursuivre cette politique. Tout n’est pas à rejeter en bloc dans le concept de ville intelligente ; toutefois,  nous attirons à nouveau l’attention des citoyens sur les dangers potentiels que recèlent ces technologies, dès lors qu’elles se déploient hors de tout contrôle démocratique réel et sans aucun véritable contre pouvoir efficace.

A ce sujet, la CNIL commente un très intéressant article de la sociologue Liesbet Von Zoonen.

La totalité de l’article de la CNIL ici : [ ville numérique et vie privée ]

Extraits :

« La ville numérique ou la « smart city », fait l’objet de nombreux débats parmi les chercheurs et les spécialistes. Ses promoteurs voient dans le big data une opportunité pour les villes de devenir plus riches, plus propres et plus efficaces ; d’autres considèrent que les villes deviendront des espaces robotisés, ennuyeuses, gérés par les seules data (data driven), et où la créativité n’aura plus aucune place. Le géographe Rob Kitchin, considère que la collection tous azimuts de données urbaines risque de produire des villes « panoptiques », qui risquent de menacer le droit à la vie privée et à la liberté d’expression. »

  • Quadrant II – Collecte de données personnelles à des fins de surveillance.

« Ce quadrant recouvre les données personnelles collectées par la police, les autorités organisatrices des transports publics, mais aussi des caméras de surveillance, des bases liées à la reconnaissance faciale, etc. Ce quadrant cristallise les contestations par les citoyens et les militants du respect de la vie privée. Liesbet van Zoonen note que le Règlement européen   [ ICI ]     apportera de nouvelles garanties aux citoyens pour faire valoir et protéger leurs droits. »

  • Quadrant III – Collecte de données « non –personnelles » à des fins de surveillance.

« On retrouve ici les données liées à la surveillance de l’espace urbain, sans a priori de reconnaissance possible des individus : le monitoring du trafic automobile, de gestion des foules, par exemple par des caméras infrarouge ou des capteurs de chaleur. Ces données peuvent cependant permettre de reconnaître une personne, par exemple lorsque l’on utilise un logiciel de reconnaissance faciale sur des vidéos. »

  • Quadrant IV – Collecte de données « non-personnelles » à des fins de services.

« La dernière catégorie correspond à toutes les données non-personnelles collectées et utilisées pour le bénéfice des citoyens, telles que les données environnementales, de gestion des déchets ou de l’énergie (hors les données de chaque foyer). Ce quadrant ne présente à première vue pas d’inquiétudes quant au respect de la vie privée, mais l’auteur rappelle que là aussi, grâce à l’agrégation et au recoupement de données pourtant anonymisées, il reste parfois possible de reconstituer des données personnelles. «    [ Cliquez ici ]

Le marché de la prédiction du crime aux Etats Unis

Un algorithme peut-il prédire les crimes ? Les forces de police américaines s’équipent depuis plusieurs années de logiciels censés détecter le lieu des futurs crimes et délits. Leur succès tient pourtant davantage du marketing que de leur efficacité prédictive.

Bilel Benbouzid, « À qui profite le crime ?. Le marché de la prédiction du crime aux États-Unis », La Vie des idées , 13 septembre 2016. ISSN : 2105-3030.

Article : [ ICI ]

Le Conseil d’Etat suspend l’arrêté de la commune de Villeneuve-Loubet

Le Conseil d’État suspend l’arrêté dit « anti burkini »

de la commune de Villeneuve-Loubet

La section de Nice de la LDH prend acte de la décision du Conseil d’État concernant la commune de Villeneuve Loubet ; elle demande aux communes concernées du Département des Alpes-Maritimes d’abroger immédiatement les arrêtés similaires, désormais entachés d’illégalité.

Le droit fondamental de manifester sa religion ou ses convictions dans l’espace public sera à nouveau respecté et nous nous félicitons d’y avoir contribué ; mais, en même temps, la section de Nice de la LDH réaffirme qu’elle désapprouve le port de vêtements qui symbolisent la soumission des femmes et portent ainsi atteinte à l’égalité entre les hommes et les femmes.

Les arrêtés démagogiques et populistes sont inutiles et même dangereux ; notre région a surtout besoin de politiques de lutte contre la ségrégation urbaine et en faveur de la cohésion sociale. Nous faisons confiance aux enseignants, aux éducateurs, au monde associatif et syndical, aux hommes politiques de bonne volonté, afin que, par un travail de proximité et au quotidien, les capacités d’intégration de notre société laïque soient renforcées.

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