Non à la Loi Duplomb — Pour la santé, la sécurité, l’intelligence collective.

Par Rémy Dufaut



Acetamiprid: C10H11ClN4 autrement dénommé E)-N-[(6-Chloro-3-pyridinyl)méthyl]N’-cyano-N-méthyléthanimidamid



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C’est le nombre de signatures de la pétition lancée le 10 juillet par  Eléonore PATTERY, actuellement en Master QSE et RSE (Qualité, Sécurité, Environnement / Responsabilité Sociétale des Entreprises) sur le site de l’Assemblée nationale à l’instant précis où nous publions cet article (ce nombre augmente de plus de 200 par minute).

Les lobbies agricoles et agrochimiques redoublent d’efforts pour tenter de contrer cette vague citoyenne qui ne cesse de croître.

L’un des arguments des défenseurs de l’acétamipride c’est qu’il est un composant de nombreux produits utilisés régulièrement par les foyers français, depuis l’antipucerons systémique disponible dans tous les commerces de jardinage jusqu’aux colliers antipuces de nos compagnons à quatre pattes, selon la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard. Hors, cette affirmation est totalement fausse, l’acétamipride n’étant autorisé dans aucun produit vétérinaire.

L’acétamipride n’est pas présent dans tous les insecticides ménagers comme le prétend Mme Genevard, mais dans seulement 213 sur plusieurs milliers sur le marché, d’après la base de données officielle consacrée aux produits biocides.

Pendant ce temps, les études sur l’acétamipride « s’accumulent » et montrent des « toxicités chroniques très importantes ».

Et ça n’est pas d’aujourd’hui que des scientifiques, dont les objectifs sont de proposer aux agriculteurs des alternatives à ce produit toxique (découvert en 1989 et commercialisé en 1995 dans le monde entier) plutôt que de les « empêcher de produire », se démènent pour nous alerter. Une simple recherche sur Google nous renvoie à plus d’une centaine de publications scientifiques de 2021 à nos jours, dans lesquelles il est difficile d’en trouver qui ne dénoncent pas la toxicité de ce produit.

En décembre 2013, l’EFSA (l’Autorité européenne de sécurité des aliments) signalait deux insecticides qui « pourraient être nocifs pour le système nerveux humain » et seraient susceptibles d’affecter le développement cérébral des bébés et demandait à ce que « tout nouvel insecticide néonicotinoïde soit obligatoirement testé pour sa neurotoxicité humaine avant sa mise sur le marché ».

Le 1er septembre 2018, un an d’après l’élection d’Emmanuel Macron, entrait en vigueur l’interdiction des néonocotonoïdes, dont l’acétamipride. La France se positionnait alors « plus que jamais en pointe sur l’interdiction des produits phytopharmaceutiques dangereux pour les pollinisateurs ».

En janvier 2022, une étude très sérieuse révélait avoir observé la présence de « plusieurs néonicotinoïdes dans le liquide céphalo-rachidien, le plasma et l’urine des enfants ».

Une autre étude, proposée en décembre 2024, validée officiellement en juin 2025, sur l’exposition aux pesticides sur les femmes enceintes en Argentine, où l’on sait que les sujets environnementaux sont plutôt absents du débat politique, lancait un cri d’alarme sur la santé des mamans comme de celle de leurs enfants, en particulier dans les régions du centre-nord de Santa Fe, …/… caractérisées par une agriculture et une horticulture intensives.

La tronçonneuse du sénateur Duplomb ne parviendra pas à annihiler 60 années de lutte contre les pesticides et on veut encore espérer que ses soutiens à la FNSEA ne détiendront jamais la puissance des propriétaires terriens argentins qui cultivent à 800 plus de 30 millions d’hectares. En France, c’est moins de la moitié de la surface pour 600 fois plus d’exploitants. Cela devrait inciter les plus grands à encore un peu de modestie, d’autant que les Français ne veulent pas de leurs fermes géantes, dont la vocation est de produire toujours davantage en les empoisonnant plutôt que de les nourrir.

Nous attendons du président de la République qu’il prenne ses responsabilités.