Les personnels des urgences en grève insatisfaits des réponses du ministre de la Santé Agnès Buzyn

la LDH soutient les mouvements sociaux parce que les droits des salarié(e)s font partie intégrante des droits de l’Homme (droits humains). Les personnels des urgences sont en lutte et en grève de puis plusieurs mois, non seulement pour défendre leurs droits de salariés mais aussi pour le droit à la santé pour tou(te)s.

Publié jeudi 6 juin 2019 sur francebleu.fr

Crise des urgences : la ministre propose une « stratégie d’ensemble », les syndicats appellent à une nouvelle mobilisation

Après plusieurs mois de grève, d’actions et une grande manifestation ce jeudi à Paris, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a annoncé plusieurs mesures aux personnels des urgences pour tenter de résoudre la crise du secteur. Insatisfaits, les syndicats appellent à une nouvelle grève le 11 juin.

Des annonces insuffisantes. Voilà ce que disent les syndicats des urgentistes après les mesures proposées par la ministre de la Santé Agnès Buzyn, contrainte de réagir à leur mouvement après trois mois de grève et une grande journée de manifestation à Paris ce jeudi. La ministre a promis une « stratégie d’ensemble » pour refonder le secteur, alors que le nombre de patients pris en charge aux urgences est passé de 10 millions en 1996 à 21 millions en 2016.

À Paris, « urgences en souffrance = patients en danger »

La journée a été marquée par la manifestation qui a réuni plus de 200 personnels des services d’urgences dans la capitale. Ils ont défilé à partir de 14h à l’appel du collectif Inter-Urgences, soutenu par les syndicats CGT, SUD et FO et l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf). Une délégation de membres du collectif et des syndicats a été reçue par le directeur adjoint du cabinet de la ministre, qui ne leur a « pas apporté d’autres réponses » que celles déjà données par Mme Buzyn, et jugées « très insuffisantes », selon l’urgentiste de la CGT Christophe Prudhomme.

« Les urgences sont en détresse, je le sais », avait précédemment déclaré la ministre lors d’une visite aux urgentistes réunis en congrès à Paris. Consciente de la « colère » et du « découragement » de la profession, Agnès Buzyn a annoncé avoir confié une mission au Conseil national de l’urgence hospitalière (CNUH) et au député (LREM) Thomas Mesnier pour « adapter nos urgences aux nouveaux besoins ». Celle-ci devra aboutir à un rapport à l’automne, à l’issue d’une concertation incluant médecins et paramédicaux.

D’ici là, la ministre entend activer plusieurs leviers pour répondre au mécontentement exprimé par le mouvement de grève qui concerne 80 services en France, selon l’Inter-Urgences, qui réclame des hausses salariales de 300 euros nets par mois et plus d’effectifs.

La ministre veut accompagner financièrement les établissements en tension

Agnès Buzyn a ainsi souhaité, sans donner de chiffre ni annoncer de budget supplémentaire, « que l’on accompagne sur un plan financier, plus directement et plus spontanément, les établissements qui font face à un surcroît d’activité et à des afflux exceptionnels ».

Une prime de risque pour les personnels paramédicaux

« Nous manquons de sécurité, nous subissons des agressions verbales et physiques régulières des patients », lui a dit une infirmière de l’hôpital parisien Georges Pompidou. Pour les personnels paramédicaux, la ministre s’est engagée à inciter les hôpitaux à « mobiliser plus largement » une prime de risque existante, de près de 100 euros brut par mois. Elle a aussi promis l’instauration d’une prime de coopération pour les soignants à qui les médecins délégueront certaines tâches. Enfin, elle recevra les urgentistes mi-juin pour préparer la période estivale, « souvent critique » pour leurs services.

« Rien » pour les syndicats, qui appellent à une mobilisation plus générale le 11 juin

Autant d’annonces « insuffisantes » au regard des revendications « des personnels dans la rue aujourd’hui », a réagi Hugo Huon, infirmier et membre d’Inter-Urgences auprès de l’AFP. « Je suis très déçu », a abondé Patrick Pelloux, emblématique président de l’Amuf, pour qui « le gouvernement ne mesure pas l’ampleur de la contestation ». « Aucune mesure en matière de rémunération, d’effectifs, d’ouverture de lits d’aval (…) RIEN » a déploré de son côté l’intersyndicale FO-CGT-SUD, qui appelle à une journée de mobilisation plus générale dans les hôpitaux le 11 juin.