TROIS COMMUNIQUES de LDH PARIS
1° les engagements de la LDH
2° la Syrie, école de barbarie de POUTINE
3° NON au boycotte des artistes russes
Ukraine, les engagements de la LDH
Communiqué LDH 11.03.2022
Comment les organisations de défense des droits de l’Homme, singulièrement
la Ligue des droits de l’Homme (LDH), peuvent-elles réagir et agir ?
- Il ne s’agit pas de tracer ici un programme d’actions face à une situation très évolutive et dont les enjeux nécessitent les mobilisations d’une kyrielle d’acteurs, allant des Etats aux composantes des sociétés civiles. Les rappels qui suivent constituent des points de repères généraux, des lignes directrices pour guider l’action et l’intervention de la LDH et de ses sections.
- Même en cas de guerre, le poids des opinions publiques ne doit pas être négligé. Il convient donc d’imaginer une multiplicité d’initiatives dans le cadre d’une mobilisation globale pour une paix juste. Cette mobilisation de la LDH s’opère dans le cadre le plus unitaire possible, dans les termes définis dans son communiqué du 24 février 2022.
- Dans un premier temps, au-delà des débats forcément complexes et contradictoires soulevés par la période, l’essentiel reste bien pour la LDH de porter et contribuer à faire grandir la revendication d’un cessez-le-feu et d’un retrait des troupes russes du territoire ukrainien. En attendant, les forces qui s’opposent à l’agression militaire doivent pouvoir bénéficier d’une solidarité leur permettant de pérenniser leur résistance.
Un soutien massif doit être apporté à la population qui reste en Ukraine comme à celle qui quitte l’Ukraine, ce qui revient évidemment à prendre en compte la question des centaines de milliers de réfugiés.
Il est essentiel de dénoncer avec force les discriminations dont
ont été victimes des non-Ukrainiens, ou plus exactement des « non-Blancs »,
empêchés de sortir de l’Ukraine. Toutes les personnes, de nationalité
ukrainienne ou non, doivent pouvoir quitter le pays si tel est leur
souhait. Elles doivent pouvoir bénéficier d’une protection et d’un
accès au séjour dans tous les pays d’accueil, sans discrimination
d’aucune sorte, quel que soit leur statut.
- Ce soutien doit aussi être apporté dans toute la mesure du possible aux opposants russes à la guerre en Ukraine, avec lesquels il convient, dans toute la mesure du possible, de garder le contact à l’intérieur de la Russie. Toutes manifestations de solidarité utiles doivent être envisagées envers tous les membres de la société civile empêchés de s’exprimer et d’agir y compris en étant emprisonnés (notamment les journalistes, les défenseurs des droits…). Il faut veiller au sort des artistes2, chercheurs, universitaires russes dans leur pays et refuser à l’étranger le boycott de leurs activités.
- L’un des enjeux est de parvenir, malgré le contrôle absolu de l’information en Russie, à discréditer et isoler Poutine non seulement à l’extérieur, mais aussi dans son propre pays où les conséquences négatives de la guerre sont par ailleurs de nature à générer des défections, y compris parmi ses soutiens.
- Il faut dénoncer les atteintes quotidiennes commises au regard du droit international notamment humanitaire, et aux règles posées par les conventions de Genève en temps de guerre, telles que les bombardements frappant des populations civiles, les bâtiments d’habitation et d’hospitalisation, les infrastructures essentielles pour la vie des habitants… D’ores et déjà, il y a lieu de documenter les violations commises et de rassembler un maximum de preuves pour pouvoir ensuite diligenter les enquêtes et procédures de poursuite des responsables qui devront être engagées.
- Rappelons que si ni la Russie ni l’Ukraine n’ont adhéré au statut de la Cour pénale internationale (CPI), l’Ukraine a accepté en 2014 de se soumettre à la compétence de cette juridiction pour les crimes de guerre ou contre l’humanité perpétrés en Ukraine. Plusieurs pays dont la France ont saisi de leur côté la CPI dont le procureur a indiqué que des enquêtes sont d’ores et déjà en cours. De même, dans un autre registre, la Cour internationale de justice (CIJ) a été saisie par l’Ukraine d’un recours contre la Russie du fait de sa compétence pour se prononcer sur les questions de génocide dès lors que Poutine a accusé le pouvoir ukrainien de se livrer à un tel génocide sur une partie de la population.
- Le recours à la justice pour lutter contre l’impunité, d’effet limité dans l’immédiat, n’en est pas moins un levier et un instrument indispensable pour peser sur les responsables des atrocités commises. La LDH y apportera sa contribution en liaison avec la FIDH, très engagée dans le combat pour une justice internationale effective, notamment par le recours au mécanisme de la compétence universelle qui permet de poursuivre ces criminels hors de leur pays.
Paris, le 11 mars 2022
[1] Contrairement à ce que prévoit la décision du Conseil prise sur la base de la directive dite protection temporaire (https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX:32022D0382)
[2] Cela a déjà été fait pour les artistes par l’Observatoire de la liberté de création (www.ldh-france.org/lobservatoire-de-la-liberte-de-creation-soppose-au-boycott-des-artistes-russes/)
Télécharger le communique LDH “Ukraine, les engagements de la LDH” en pdf.
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10.03.2022
La Syrie est le laboratoire de la barbarie guerrière que Vladimir Poutine perpétue aujourd’hui en Ukraine
Mars 2011 – Mars 2022 Le peuple syrien se révoltait contre la dictature de Bachar Al Assad Appel à un rassemblement, signé par la LDH, à PARIs
dimanche 20 mars 2022, à 15 heures, Place Saint Michel,
Aujourd’hui, la Syrie compte un demi-million de morts, plus de 10 millions de déplacés, au moins 29.661 enfants ont été tués dont 181 du fait de la torture, selon le Réseau syrien des droits de l’Homme.
Des dizaines de milliers de civils ont été ou sont encore détenus arbitrairement dans le cadre de disparitions forcées pendant les onze années de cette répression menée par le régime syrien contre sa propre population. Le sort de
plusieurs dizaines de milliers d’entre eux demeure inconnu. Des milliers d’autres personnes, dont des femmes et des adolescents, ont été ou sont torturées dans les geôles du régime.
Quelque 3 millions de déplacés sont dans des camps soumis aux bombardements des avions syriens et russes, et survivent dans des conditions dramatiques, victimes aussi de l’insuffisance criante de l’aide humanitaire.
Refuser le retour forcé des réfugiés en Syrie, tant que l’État de droit ne leur est pas garanti.
La diplomatie française doit s’engager à faire respecter la Résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies, fondement d’une transition politique conduite et prise en main par les Syriens et visant à mettre fin au conflit.
Télécharger l’appel à rassemblement en pdf.
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L’Observatoire de la liberté de création
s’oppose au boycott des artistes russes
Communiqué de l’Observatoire de la liberté de création 08.03.2022
L’Observatoire de la liberté de création, qui réunit une quinzaine d’organisations luttant ensemble contre la censure des œuvres, affirme son plein et entier soutien aux artistes ukrainiens et prépare une initiative en ce sens.
Nous sommes informés de demandes de limogeage d’artistes russes des institutions auxquels ils collaborent et de demandes de boycott des œuvres des artistes russes dans les concerts, festivals, théâtres, etc., certaines organisations membres de l’Observatoire étant sollicitées en ce sens.
Nous tenons à rappeler fermement les principes qui nous unissent : la liberté de création et la liberté de diffusion des œuvres. Personne ne saurait en être privé en raison de sa nationalité. Ce serait confondre des hommes et des femmes et le gouvernement de leur pays. Et ce serait méconnaître les risques que prennent bon nombre d’artistes russes, actuellement, pour affirmer leur refus de la guerre, ou leur refus du régime qui les contraint, parfois jusqu’à l’enfermement carcéral. Démissionner d’une institution en Russie, comme l’ont fait de nombreux responsables culturels, est un droit et un risque.
Evincer des artistes russes de nos institutions culturelles, boycotter leurs œuvres, au seul motif qu’ils sont russes, est une discrimination inacceptable.
The Observatory for creative freedom, which draws together some fifteen organizations to fight against the censorship of artistic works, states its full support for Ukrainian artists and is preparing an initiative to this end.
We are aware of requests to remove Russian artists from the institutions in which they collaborate and of requests to boycott the participation of Russian artists in concerts, festivals, theatres, etc. Certain Observatory member organizations have been contacted in this respect.
We wish to restate firmly the principles that unite us: the freedom to create and diffuse artistic works. No one should be deprived of this freedom solely because of his or her nationality. This would mean a lack of distinction between the individual members and the government of their country. And it would mean a lack of recognition of the risks currently taken by a large number of Russian artists when they state their rejection of the war or their rejection of the regime that constrains them, even to the point of jailing them. Resigning from an institution in Russia, as many cultural actors have done, is a right and a risk.
To oust Russian artists from our cultural institutions and to boycott their work, simply because they are Russian, is unacceptable discrimination.
Liste des membres de l’Observatoire de la liberté de création :
Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion (Acid) ; Association des cinéastes documentaristes (Addoc) ; Section française de l’Association internationale des critiques d’art (Aica France) ; Fédération des lieux de musiques actuelles (Fedelima) ; Fédération nationale des syndicats du spectacle, du cinéma, de l’audiovisuel et de l’action culturelle (FNSAC-CGT) ; Fédération nationale des arts de la rue ; Ligue des droits de l’Homme (LDH) ; Ligue de l’enseignement ; Les Forces musicales ; Scénaristes de Cinéma Associés (SCA) ; Syndicat français des artistes interprètes (SFA-CGT) ; Syndicat national des artistes plasticiens (Snap-CGT) ; Syndicat national des scènes publiques (SNSP) ; Société des réalisateurs de films (SRF) ; Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac).
Paris, le 8 mars 2022.
Télécharger le communiqué de l’Observatoire de la liberte de creation en pdf.
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