11 novembre : pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de la Grande Guerre

Rassemblement à l’invitation de la Libre Pensée 53, arbre de la liberté, Jardin de la Perrine, Laval. Allocution de la LDH Laval Mayenne

Comme les années précédentes, la section de Laval et de la Mayenne de la Ligue des droits de l’Homme, tient à remercier la Libre Pensée 53 de nous permettre de nous retrouver autour de l’arbre de la liberté, dans ce jardin magnifique par tous les temps, pour dire notre refus commun de la guerre, de toute guerre.

Un projet de loi « pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de la Grande Guerre », proposé à l’Assemblée nationale par le groupe de la France insoumise a été adopté en première lecture le 13 janvier 2022 (par 39 voix pour, 26 contre et 9 abstentions). Il a été transmis le 14 au Sénat. Semble-t-il, sans suite jusqu’à présent.

Depuis la Première Guerre mondiale, la LDH s’est saisie de cette cause des fusillés pour l’exemple, c’est sa seconde grande cause historique après l’affaire Dreyfus et elle continue sans cesse à la défendre.

Une vraie réhabilitation implique l’annulation judiciaire des condamnations et donc une série de décisions individuelles. La Ligue des droits de l’Homme ne peut que constater que ce combat continue.

Elle est aussi très attachée à faire connaître toutes les victimes de la justice militaire. Elle demande l’inscription des noms des fusillés sur les monuments aux morts. Elle cherche à faire entrer dans la mémoire collective le phénomène qui a fait infiniment plus de victimes: les déportés administratifs dans les bagnes coloniaux et les militaires affectés aux « bataillons de discipline » qui, de fait, par les tâches qui leur étaient confiées, étaient condamnés souvent à la mort. Cela fait partie des sujets qui sont ignorés dans le débat public et que la résolution adoptée par la LDH à son congrès de 2015 a voulu souligner. En particulier, le cas des engagés volontaires étrangers européens, victimes de traitements brutaux dans des régiments de marche de la Légion étrangère, celui des soldats coloniaux victimes de recrutements forcés, de promesses non tenues, d’un emploi inconsidéré et d’un quasi-abandon après-guerre, et celui de l’« importation » de dizaines de milliers d’indigènes militarisés, qui ont connu une mortalité très élevée dans les usines d’armement.

Il ne peut y avoir de récit national facteur de cohésion, de « vivre ensemble » ou de « faire ensemble », il ne peut y avoir de citoyenneté active s’il n’intègre pas cette mémoire.

La guerre, les guerres. Qui ne souhaiterait, comme vous l’écrivez dans votre invitation « une paix universelle, un désarmement général et la dissolution de tous les blocs militaires »?

Après le Yémen, le Haut Karabakh, Daesch auxquels nous faisions référence il y a 2 ans pour souligner que la guerre ne règle rien, voici maintenant la guerre en Ukraine.

En Occident au sens large, notre confort, notre progrès social, notre espérance de vie ont fait des bonds gigantesques depuis deux siècles, non sans soubresauts violents. La contrepartie en est le saccage de la planète, le pillage de ses énergies fossiles et de ses ressources non renouvelables, la dégradation devenue souvent irréversible de l’environnement et de la biodiversité, l’explosion des inégalités au niveau international, des mouvements migratoires dramatiques.

Nous commençons à en vivre l’ampleur dans nos vies au quotidien alors que les alertes sont lancées depuis des dizaines d’années.

L’hyper-libéralisme financier mondialisé en a été et en est le levier démesurément puissant. Il échappe à tout contrôle politique, quand la politique ne se met pas à son service.

Face à tant de désordres, face aux compétitions de toutes sortes qu’ils engendrent,

la brutalité, la force, la xénophobie, le nationalisme, les régimes dictatoriaux, la guerre, le mépris des droits fondamentaux, le déni du droit international sont les réponses de court terme les plus abjectes et qui plus est, les plus absurdes,

Il est illusoire de croire que la préservation des positions acquises et des inégalités au profit des mieux ou des moins mal placés y trouvera son compte dans la durée.

Le combat pour inverser le cours de l’histoire de la planète, pour abolir la guerre, il est de toute évidence essentiel de le partager avec les jeunes générations et leurs formes d’engagement et d’action.

Un challenge dont la composition de notre assemblée permet de mesurer l’urgence et, sans doute aussi, la difficulté.

La section LDH renouvelle les interrogations qu’elle avait exprimées il y a deux ans, quant à notre « rassemblement » du 11 novembre et à son périmètre.