COMMUNIQUE DE LA FEDERATION AMF

amfLe 18ème congrès de la Fédération des Associations des Marocains en France s’est tenu les 23 et 24 mai 2015 à Avignon en présence de l’ensemble des associations membres de la Fédération.

Les travaux du congrès ont été précédés par une conférence-débat autour du thème de la « Citoyenneté des deux rives : histoire et perspectives », animée par Karim MESSAOUDI (ancien président de l’AMF), Mohammed Ouaddane (Délégué général) Réseau Mémoires-Histoires en Ile-de-France, et Ali BOUTOUALA (professeur et chercheur en économie).

La mémoire de l’immigration, l’histoire de l’AMF et les luttes issues de l’immigration, la migration dans le contexte du rapport inégal entre le Nord et le Sud, mais aussi les épreuves difficiles que traverse actuellement l’immigration six mois après les terribles attentats qui ont secoué la France, ont été les principaux points discutés au cours de cette conférence.

Ce congrès coïncide avec le cinquantième anniversaire de l’enlèvement et de la disparition de Mehdi BEN BARKA, l’un des principaux fondateurs de l’AMF. A cette occasion, l’ensemble des congressistes ont rendu un vif hommage à ce leader et ont acclamé haut et fort la vérité sur cette disparition tragique pour le peuple marocain et l’ensemble des peuples opprimés.

Ce congrès a été marqué par la nouvelle dynamique qui règne au sein de la fédération et l’ancrage remarqué des associations membres sur le terrain de la lutte pour l’égalité et contre toutes les formes de discrimination et d’exclusion. Cette dynamique et ces jeunes militants, porteurs d’espoir, ont ainsi donné un nouveau souffle à notre fédération.

Après avoir adoptés les rapports financiers et d’activité, les congressistes se sont attardés sur la discussion de la motion d’orientation qui fixe les principales lignes de conduite pour les prochaines années. Le débat a été très riche. Plusieurs points ont été abordés : La valorisation de la mémoire de l’immigration comme arme de combat contre le racisme et l’extrême droite, ou encore la cohabitation au sein de l’AMF entre plusieurs générations de militants. Le rapport entre la fédération et ses associations membres a été évoqué, ainsi que la politique migratoire européenne et nationale. Enfin, les congressistes ont prononcé leur inquiétudes quant  la montée du racisme et de l’islamophobie, la disparition des migrants en méditerranée, la situation internationale marquée par les guerres, l’exploitation des peuples, ou encore les atrocités commises par DAESH…

En conclusion, le 18ème congrès de l’AMF a tenu à :

–      Continuer à lutter pour une véritable égalité de droit entre tous les citoyens en France quelques soient leur origine, leur religion ou leur statut social.

–      Dénoncer toutes les politiques sociales, sécuritaires ou migratoires favorisant l’exclusion, les discriminations, ou la précarité.

–     Dénoncer la politique migratoire européenne aveuglée par l’obsession sécuritaire et dont la conséquence est la mort de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants au large de la méditerranée.

–     Dénoncer toutes les formes du racisme et d’islamophobie et se à prononcer pour une laïcité tolérante et intelligente mais ferme envers l’ensemble des mouvances  extrémistes religieuses.

–        Exprimer sa solidarité envers tous les peuples victimes des guerres impérialistes et de l’exploitation des pays nordistes

–         Renouveler son soutien total au combat du peuple palestinien pour un état libre, démocratique et laïc, dont Jérusalem est sa capitale

Un nouveau Bureau fédéral a été élu et se compose comme suit :

–          Souad CHAOUIH, présidente ;

–          Mohamed LACHHAB, secrétaire général ;

–          Sami GHALBZOURI, trésorier ;

–          Nora BELGADA, vice-présidente chargée des relations avec les partenaires institutionnels et associatifs;

–          Ali ZARGUIT, vice-président de la communication et de la formation;

–          Youssef TAHRI, vice-président chargé du développement de la vie associative;

–          Mohamed KHADIR, vice-président chargé du développement et des projets.

Avignon, le25/05/2015

La laïcité c’est la liberté

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Déclaration commune :

Il ne faut pas toucher à la loi de 1905 !

Il faut défendre les libertés publiques !

Les associations laïques : Ligue de l’enseignement, Ligue des droits de l’Homme et Fédération nationale de la Libre pensée ont décidé de rendre publique cette déclaration au vu de la situation préoccupante qui existe dans ce pays aujourd’hui.

La laïcité, c’est la liberté !

La laïcité, qui est le libre exercice de sa conscience, est garantie par la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat de 1905. Elle est aujourd’hui menacée par ceux qui veulent en faire un instrument contre une certaine catégorie de la population : les citoyens d’origine arabo-musulmane.

Ainsi, on entend interdire les repas de substitution dans les cantines des collectivités publiques pour les végétariens et les personnes ne voulant pas, pour des raisons diverses, manger du porc. Imposer une nourriture contraire aux convictions personnelles, ne relève pas de la laïcité, mais de la xénophobie. S’il est juste d’un point de vue laïque de refuser de diffuser dans les collectivités publiques les produits casher et hallal, imposer des repas avec de la viande de porc relève de la discrimination.

Ainsi, on entend réclamer l’interdiction du voile dit « islamique » à l’Université. Rappelons qu’il existe, dans les facultés, les franchises universitaires qui sont des libertés arrachées au pouvoir et aux clergés. Remettre en cause les libertés universitaires ne relève pas de la laïcité, mais d’une remise en cause de la démocratie.

Ainsi une proposition  de loi qui doit être examinée en mai prévoit la modification du Code du travail ; on veut y intégrer des dispositions relevant de la sphère publique et de la nécessaire neutralité des agents des Fonctions publiques. Le Code du Travail régit les rapports entre les dirigeants d’entreprise et les salariés. Au sein des entreprises, la liberté de conscience est régie par l’Article 10 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi. »

On veut étendre à l’infini la sphère publique et imposer  la nécessaire neutralité des agents des services publics à tous les salariés dans tous les secteurs de la vie économique et quotidienne. Cela relève d’une volonté de normalisation à outrance de la société et entraînerait une diminution drastique des espaces où s’exercent les libertés individuelles. C’est transformer les entreprises en champ clos d’affrontements communautaristes et religieux. Il est possible de mettre des limites à la liberté de comportement des salariés, en raison des besoins de l’entreprise et de la sécurité, mais cela doit être strictement délimité et soigneusement encadré. Aucune entreprise n’a le droit de posséder un blanc-seing pour régenter la conscience des salariés.

Ainsi, contre le principe de Séparation des Eglises et de l’Etat, on entend des propositions visant à suspendre, modifier, abroger la loi de 1905 pour «  intégrer » l’Islam. Rappelons que la loi de 1905 a été promulguée alors qu’il y avait 10 millions de musulmans sur le territoire de la République dans les 3 départements d’Algérie. Son article 44 prévoyait son application en Algérie. C’est pour des raisons d’intérêts colonialistes et de contrôle des « indigènes », via les imams qu’il fallait garder assujettis au système colonial, que cette disposition n’a jamais été appliquée, alors qu’elle était réclamée avec force par toute l’élite nationale et indépendantiste algérienne.

Rappelons aussi que les cultes bouddhistes (600 000 adeptes en France) ont été intégrés dans les dispositions des associations cultuelles prévues dans la loi de 1905 sans qu’il ait été besoin de modifier un mot de la loi de 1905. Il n’appartient pas à l’Etat et au gouvernement de s’ingérer dans l’organisation des cultes, ni de désigner ses « interlocuteurs officiels », ni de former les religieux et encore moins de délivrer des diplômes religieux. Nos associations rappellent ce que disait Victor Hugo : « L’Etat chez lui, les Eglises chez elles ». Toute autre disposition visant à l’ingérence de l’Etat dans les cultes relève de l’esprit de concordat.

La laïcité et les libertés sont menacées !

Comment ne pas être inquiets quand on prend connaissance du projet de loi présenté par le Premier Ministre qui « légalise  des mesures de surveillance jusqu’ici interdites. Les possibilités d’écoute, d’espionnage d’Internet et de visites clandestines de domiciles sont étendues. (Le Monde du 21 mars 2015). Et ce  pour protéger «   Les intérêts essentiels de la politique étrangère et l’exécution des engagements européens et internationaux de la France. Les intérêts économiques et scientifiques… »

 

Là aussi, la part des libertés individuelles ne cesse de se réduire au détriment du « tout sécuritaire ». Une grande menace se fait jour sur les libertés de communication téléphonique où les moyens techniques légalisés ne laisseront plus aucune part à la préservation de la vie privée. Tout est possible, tout sera-t-il permis ? Les moyens de contrôle sautent les uns après les autres. La CNIL n’a plus aucun rôle dans cette affaire et le juge judiciaire est totalement dessaisi au profit de l’Administration.

 

Comment ne pas être inquiets aussi quand l’une des nouvelles missions affectée aux services secrets est : « La prévention des violences collectives de nature à porter gravement atteinte à la paix publique ? » Cette notion peut recouvrir tout et n’importe quoi, y compris dans le domaine social et syndical. Une nouvelle loi anticasseurs ?

Comment ne pas être aussi stupéfiés que la lutte antiterroriste et son dispositif légal aient conduit une personne en état d’ivresse avancée, qui n’était plus dans l’état de comprendre quoi que ce soit, à être condamnée à des années de prison pour des propos d’ivrogne ?

Il serait temps de se rappeler ce que disait Benjamin Franklin : « Ceux qui pensent qu’en abandonnant un peu de liberté, ils auront un peu plus de sécurité, n’auront au bout de chemin ni sécurité ni liberté. »

Il faut défendre nos libertés et la laïcité :

Il s’agit de notre liberté de conscience !

Rue du 19 mars 1962

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Comité régional Languedoc Roussillon

Le 11 Décembre dernier, le Maire de Béziers, Robert Ménard, présente et fait voter par le Conseil Municipal (39 voix, dont les 37 élus de sa liste d’extrême droite) le changement de dénomination d’une rue de la ville commémorant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu en Algérie le 19 Mars 1962, par le nom du Commandant Denoix de Saint Marc.

19 Mars 1962 ? Cette date est qualifiée par les nostalgiques de l’Algérie Française de « trahison », puisque selon eux, ce qui se passait en Algérie n’était pas une guerre d’indépendance, mais une opération de maintien de l’ordre dans un département français.

Mr Denoix de St Marc a été en effet résistant et déporté pendant la guerre de 40, tout en étant un fervent soutien de la domination coloniale française, d’abord au Vietnam puis en Algérie. Il a participé et couvert de son autorité les méthodes du Général Massu ; puis en 1961 il a engagé son autorité lors du putsch des généraux.

Monsieur Ménard fait par là non seulement une forme de retour vers la glorification de la colonisation au mépris de la véritable histoire de la France et de l’Algérie, mais aussi une politique malsaine et stigmatisante sur l’espace public, après l’introduction d’une créche à la Mairie, l’affichage dans les rues de la ville d’une profession de foi militariste, et d’autres mesures discriminantes entre citoyens.

Nous savons que Mr Ménard sait manier une communication provocante qui lui permet de se faire remarquer à un niveau national, nous savons qu’il attaque certains journalistes qui essaient de faire leur travail d’information et d’analyse sur place, nous savons qu’il aime mettre en avant des valeurs identitaires qui sont à l’opposé des valeurs que notre organisation soutient et défend, dans le respect de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme.

C’est pourquoi la LDH régionale appelle à rejoindre les collectifs d’associations républicaines biterroises, des associations d’anciens combattants et de rapatriés, qui vont se mobiliser d’ici le 14 Mars pour participer à un rassemblement unitaire contre ce changement de nom de rue à Béziers.