JUSQU’OÙ IRONT LE GOUVERNEMENT, LA POLICE ET LA JUSTICE POUR DÉCOURAGER LA SOLIDARITÉ 

JUSQU’OÙ IRONT LE GOUVERNEMENT, LA POLICE ET LA JUSTICE POUR DÉCOURAGER LA SOLIDARITÉ ?

 

Communiqué du collectif Délinquants Solidaires, dont la LDH est membre
Au Col de l’Échelle, impunité pour les identitaires d’un côté, prison ou tabassage pour les soutiens pacifiques des migrants de l’autre…Alors que des citoyen-ne-s, associations et collectifs locaux se mobilisent depuis de longs mois pour organiser l’accueil de personnes exilées sur leur territoire face aux pratiques irrégulières des forces de l’ordre, les évènements de ce week-end à Briançon montrent bien que le délit de solidarité a encore de beaux jours devant lui.Dans le cadre d’une mise en scène médiatique au col de l’Échelle à la frontière franco-italienne, le groupe d’extrême-droite Génération Identitaire a bloqué la frontière entre le 21 et 22 avril, étalant des messages haineux en pleine montagne, barrant la route à des personnes épuisées par un trajet en montagne, les mettant ainsi potentiellement en danger, puis relayant les photographies de leurs faits d’armes sur les réseaux sociaux à grand renfort de commentaires xénophobes. Ainsi, à l’instar de ce qui s’est passé lors de l’action organisée en Méditerranée à l’été 2017 pour saborder les sauvetages de personnes migrantes, des militant-e-s d’extrême droite de plusieurs pays européens sont venues bloquer symboliquement la frontière sans que les forces de l’ordre interviennent ou que les autorités condamnent clairement cette action, se bornant à évoquer des « gesticulations ».

Le dimanche 22 avril, une manifestation pacifique composée de plus de 150 personnes exilées et de leurs soutiens est partie de Clavière en Italie pour rejoindre Briançon à pieds et ainsi protester contre la militarisation de la frontière et la non prise en charge des personnes mineures ou en demande d’asile par les autorités françaises. Les organisations locales et régionales alertent depuis 2015 sur les atteintes systématiques aux droits des personnes migrantes à la frontière franco-italienne, de Menton à Briançon sans qu’elles soient entendues par les responsables politiques.

A l’issue de cette manifestation spontanée, six personnes ont été interpellées par les forces de l’ordre. Trois ont finalement été relâchées mais trois autres sont toujours en détention provisoire, enfermées à Gap et à Marseille. Poursuivies pour « avoir par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée irrégulière en France de plus d’une vingtaine d’étrangers, avec cette circonstance que les faits ont été commis en bande organisée », elles risquent selon la loi française jusqu’à 10 ans de prison assortie de 750 000 euros d’amende. Le jugement ayant été renvoyé au 31 mai 2018, ces trois personnes originaires de Suisse et d’Italie resteront donc potentiellement enfermées jusqu’à cette date.

En marge de la manifestation, cinq participant-e-s attablé-e-s à la terrasse de l’Hôtel de la Gare à Briançon vont faire l’objet d’un contrôle d’identité. Les policiers demandent à l’une des personnes de les suivre, refusant d’en donner la raison. « On va pas te le répéter deux fois » lance un policier. La personne sort son téléphone pour prévenir un avocat, les policiers le lui arrachent et la projettent au sol, lui sautent dessus. Face contre terre, coups de matraque, clef de bras, coup de genoux, pouces enfoncés dans les yeux, étranglement, la personne est finalement traînée par les pieds dans les escaliers, toujours face contre terre, puis jetée sur le goudron deux mètres plus loin. Alertés par les cris, des gens arrivent, les policiers gazent tout le monde, y compris la personne gisant au sol, visage tuméfié, en sang, la mâchoire gonflée, respirant difficilement et aveuglée par les gaz lacrymogènes. Souffrant de multiples contusions, d’un énorme hématome à la mâchoire, d’une entorse aux cervicales, et de douleur au niveau de la trachée, cette victime de la violence policière est amenée aux urgences. Résultat : 10 jours d’interdiction totale de travail.

Il est inadmissible que ces personnes soient actuellement privées de liberté ou violentées alors qu’elles ont été interpellées dans le cadre d’une manifestation pacifique. En outre, ces militant-e-s de la solidarité ont participé à de nombreuses opérations de sauvetage en montagne, se rendant juste « coupables » d’assistance à personne en danger. Un cas de plus de dissuasion de la solidarité.

Le collectif Délinquants solidaires s’inquiète du peu de cas qui est fait par les pouvoirs publics de l’expression sans complexes d’une xénophobie et du blocage des frontières par des militant-e-s d’extrême-droite, qui a pour conséquences immédiates la mise en danger des personnes migrantes parmi lesquels des mineur-e-s, ainsi que le déni pur et simple du droit d’asile, qui est encore une obligation conventionnelle de la France.

Le collectif Délinquants solidaires condamne fermement la détention de soutiens des exilé-e-s et appelle à leur libération immédiate. Par ailleurs, il répète que la solidarité et l’accueil sur nos territoires manifestés par des milliers de citoyens et citoyennes doivent être encouragés au lieu d’être systématiquement dénigrés ou réprimés. Si les député-e-s ont raté l’occasion d’abroger le délit de solidarité, nous restons mobilisé-e-s et solidaires des personnes exilées pour réclamer un accès aux droits effectifs pour toutes et tous et le droit de s’organiser collectivement.
Paris, le 26 avril 2018

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Pour une Europe accueillante la LDH rejoint l’ICE « LET US HELP! »

Nos gouvernements n’ont plus de solutions et compromettent nos valeurs fondamentales, il est temps que les citoyens soient inclus dans la discussion!

Qu’est-ce qu’une Initiative citoyenne européenne (ICE) : une ICE est un instrument de démocratie participative à l’eche européenne. Elle permet à ses organisateurs de présenter leur projet d’initiative devant le parlement européen.

Ainsi la Commission européenne n’a d’autre choix que de répondre à des propositions qui sont trop souvent laissées de côté. Cependant, une telle initiative doit répondre à certains critères : l’ ICE doit recueillir un million de signatures provenant d’au moins sept États membres de l’Union européenne. C’est pourquoi il est nécessaire pour les organisateurs de recueillir des informations personnelles sur les signataires afin que les signatures soient officiellement prises en compte.

Pour en savoir plus sur la législation européenne concernant l’ICE CLIQUEZ ICI.

POURQUOI S’ENGAGER ?

Des citoyens et citoyennes européens de tous horizons se sont mobilisés pour apporter leur soutien aux personnes migrantes. Mais aux yeux de nos dirigeants, cette solidarité est un délit. Aujourd’hui, en Europe, des milliers de citoyens et citoyennes solidaires risquent des amendes ou des peines de prison car ils viennent en aide à celles et ceux qui fuient les violences en tous genres. Ce n’est pas l’Europe que nous voulons ! Ces actes de solidarité sont le reflet des traditions européennes d’humanisme et de générosité, et ils doivent être reconnus comme tels ! C’est la raison pour laquelle Migration Policy Group lance la toute première Initiative citoyenne européenne (ICE) pour une #EuropeAccueillante. Et la LDH rejoint la démarche ! Grâce à cette pétition, exigeons que la Commission et le Parlement européens répondent à nos demandes. Demandez à la Commission européenne de  :

  • METTRE FIN AU DÉLIT DE SOLIDARITÉ

  • SOUTENIR LES CITOYENS ET CITOYENNES QUI OFFRENT UN FOYER ET UNE VIE NOUVELLE À DES PERSONNES RÉFUGIÉES

  • GARANTIR DES MOYENS ET DES RÈGLES PLUS EFFICACES POUR DÉFENDRE TOUTES LES VICTIMES DE L’EXPLOITATION ET DE LA CRIMINALITÉ

 

Cette ICE est votre chance de vous exprimer et de participer à une meilleure politique migratoire européenne.

Paris, le 18 avril 2018

Signez notre Initiative citoyenne européenne pour une politique migratoire accueillante !

Pour signer c’est ICI

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Face aux provocations de Génération identitaire, lettre du président de la LDH au ministre de l’intérieur

Monsieur le Ministre,
Vous n’êtes pas sans savoir que l’organisation d’extrême droite Génération identitaire s’est livrée le samedi 21 avril à une opération provocatrice d’une extrême gravité à l’encontre de migrants. En effet, une centaine de ses militants ont pris d’assaut un col des Hautes-Alpes, le col de l’Echelle, réputé pour être souvent utilisé par des migrants cherchant à passer d’Italie en France. Cette opération, menée à six kilomètres de la frontière italienne, a pris des allures de manœuvres militaires. Les activistes ont en effet matérialisé une frontière en déployant du grillage de chantier et une banderole, dont le message valait sommation à destination d’éventuels migrants.
Dans un communiqué à l’AFP, l’un des porte-parole de Génération identitaire s’est appuyé sur cette démonstration de force pour dénoncer le « manque de courage des pouvoirs publics » au regard du contrôle des frontières.
Nous avons bien pris note de la réaction de la ministre Jacqueline Gourault, assurant que « les services de l’Etat [étaient] pleinement mobilisés pour assurer l’ordre public au col de l’Echelle ».
Mais il ne semble pas que ces propos se soient traduits par une présence effective de force de l’ordre sur place.
Indépendamment de sa dimension symbolique scandaleuse, la provocation de Génération identitaire aurait pu tourner au drame. Rappelons qu’elle fait suite à une autre initiative, tout aussi scandaleuse, avec l’affrètement d’un navire en charge de « défendre l’Europe » face aux migrants naufragés…Cette récurrence témoigne donc d’une véritable stratégie de communication au contenu haineux et au risque de la mise en péril de vies humaines. Il est déplorable que tout en dénonçant la faiblesse des politiques publiques, ces initiatives puissent surfer sur leur orientation générale de rejet des migrants.
C’est pourquoi nous vous demandons, Monsieur le Ministre, ce que vous-mêmes et vos services entendez faire afin de mettre fin aux activités provocatrices et dangereuses de Génération identitaire. Vous comprendrez que nous rendions cette lettre publique compte tenu de l’actualité.
Dans l’attente, je vous prie d’agréer, monsieur le Ministre, mes salutations les plus distinguées.

Malik Salemkour, président de la LDH-Francecontre l'extreme droite