Ciné-débat : Santé au travail – 27 mai 2013

Lundi 27 mai 2013, à 20h30,

Espace Saint-Michel, 5 place Saint-Michel, Paris 5e (M°-RER : Saint Michel) Tarif du cinéma

Projection du film (59 mn) de Manuela Frésil , en sa présence. Le débat qui suivra sera animé parla réalisatrice et par un médecin du travail (sous réserve)


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Résumé :

« « Entrée du personnel » est né, comme souvent chez moi, d’un autre film, « Si loin des bêtes ». Mon enquête m’avait amenée à écouter de nombreux récits d’ouvriers travaillant dans les abattoirs. J’ai été stupéfaite de les entendre exprimer leurs souffrances physiques : elles les frappaient aux endroits précis, les épaules, les muscles, qu’ils découpaient chez les animaux.

S’agissait-il d’une vengeance divine ? Eux attribuaient leurs maux aux cadences de plus en plus infernales dans l’usine, tout en reconnaissant faire des cauchemars. J’ai souhaité rendre cette ambivalence sans chercher à donner de réponse. Je voulais restituer leur parole. » ((Interview de M. Frésil au Nouvel Obs, 1er mai 2013)

Entrée du personnel raconte le destin commun des ouvriers de la viande dans les grands abattoirs industriels. Manuela Frésil s’y est introduite aux côtés d’ouvriers à la chaîne, qui tranchent, dépiautent, ficellent… Réalisé à partir de récits de vies de salariés et de scènes tournées dans une dizaine d’usines, Entrée du personnel raconte l’emballement des cadences et la répétition infernale, l’affolement des gestes quotidiens, et ouvre sur des problématiques plus larges.

Pour résister à la pression des prix exercée par les distributeurs, l’entreprise achète de nouvelles machines pour aller plus vite, qu’il faut ensuite rentabiliser ; ainsi se met en place un cercle vicieux dont le salarié est la variable d’ajustement. Alors, produire toujours plus, pourquoi ? Quel sens a l’industrialisation de la filière viande, quelle violence exerce-t-elle sur les ouvriers ? Quelle est leur possibilité de résistance quand il n’y a pas d’autre offre de travail ? 

« Au début, on pense qu’on ne va pas rester.
Mais on change seulement de poste, de service.
On veut une vie normale.
Une maison a été achetée, des enfants sont nés.
On s’obstine, on s’arc-boute.
On a mal le jour, on a mal la nuit, on a mal tout le temps.
On tient quand même, jusqu’au jour où l’on ne tient plus.
Alors l’usine vous licencie… »

Ce qui fait la force de ce film est d’avoir su trouver la bonne articulation entre deux récits, celui du son qui dit une parole intime et celui de l’image qui raconte le fonctionnement froid de l’usine ; les deux restituant frontalement la violence inouïe des conditions de labeur.