Section LDH de l’EHESS
Paris, le 22 novembre 2016
Aucun d’entre nous ne peut rester indifférent à la répression qui frappe nos collègues de Turquie et de nombreux étudiants. Le Président de l’EHESS, comme d’autres responsables universitaires français, a pris déjà des mesures opportunes pour aider certains collègues de Turquie contraints à l’exil, en les accueillant sur des postes d’invités ou en leur procurant certaines allocations.
Lundi dernier 14 novembre, la police est intervenue brutalement à l’Université du Bosphore pour réprimer une manifestation d’étudiant(e)s qui protestaient contre l’annulation par le président Erdogan de la réélection de la Rectrice de l’Université, jugée trop indépendante par le pouvoir, et contre son remplacement par un universitaire aux ordres du régime. Le Président Erdogan agissait ainsi en application d’un décret-loi supprimant l’autonomie des Universités.
Deux étudiants, Levent Piskin et Olcay Celik ont été arrêtés à leur domicile. Ces arrestations s’ajoutent aux 400 étudiants déjà emprisonnés et au millier d’universitaires et de chercheurs qui ont déjà été arrêtés, licenciés ou harcelés par la police.
Le drame que vit l’Université du Bosphore nous touche particulièrement en raison des liens anciens que l’École entretient avec elle. En 1984 déjà un colloque pluridisciplinaire d’études comparées organisé conjointement par cette Université et l’EHESS y avait eu lieu auquel avaient participé des collègues de l’École appartenant à divers centres et à diverses disciplines. Nous avions pu apprécier l’ouverture et la qualité intellectuelle de cette Université, îlot de liberté dans la Turquie sous régime militaire. La mémoire de cette rencontre, entretenue depuis par bien d’autres contacts, nous oblige.
Notre solidarité s’adresse bien sûr également à tous les universitaires et étudiants victimes de la répression policière du président Erdogan. Nous venons d’apprendre qu’un grand nombre de collègues de l’Université de Yildiz ont été arrêtés ce jeudi. Elle s’adresse aussi à toutes les victimes de la répression, en particulier aux journalistes, aux avocats et aux élus défendant les droits des Kurdes.
C’est pourquoi nous dénonçons les mesures répressives du président Erdogan et nous tenons à marquer notre solidarité avec tous les universitaires, chercheurs et étudiants qui en sont victimes. Nous demandons à la Conférence des Présidents d’Universités (CPU), au Conseil Scientifique du CNRS , à Monsieur le Secrétaire d’État chargé des Universités, à Monsieur le Ministre des Affaires Étrangères et du Développement International, qui ont déjà formellement condamné ces graves violations des libertés fondamentales et des franchises universitaires, d’utiliser tous les moyens de pression dont ils disposent pour venir en aide aux victimes de cette répression et pour amener le président Erdogan à la faire cesser. Nous leur demandons également de proposer des initiatives dans le même sens aux autres États de l’Union Européenne.
André BURGUIERE, Claude CALAME, Sophie DESROSIERS, Klaus HAMBERGER, Christiane KLAPISCH-ZUBER, Véronique NAHOUM-GRAPPE, Emmanuel TERRAY, Lucette VALENSI et toute la section de l’EHESS de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH)