Graves violences policières dans le quartier de Ménilmontant à Paris 20°, le soir du deuxième tour des élections présidentielles
Le 7 mai au soir, dans le quartier de Ménilmontant, près de trois cents manifestants d’extrême gauche étaient rassemblés pour protester contre l’élection présidentielle. Les manifestants ont occupé la chaussée et ont scandé des slogans.
Les manifestants ont été confrontés rapidement à de nombreux policiers qui les ont encerclés après avoir fait usage de gaz lacrymogènes. Ils ont tenté de quitter le quartier populaire de Ménilmontant peu avant 21 heures mais la plupart d’entre eux ont rapidement été bloqués par les forces de l’ordre.
Une partie des manifestants ont été pris comme dans une nasse à l’extérieur et à l’intérieur du bar Saint Sauveur une grande partie de la nuit. Sans aucune raison apparente, la police a procédé à des matraquages violents, les policiers se regroupant parfois à plusieurs pour battre une personne à terre. Les témoignages font état d’une grande violence et d’une population du quartier effrayée par ce déploiement de forces et de matériel quasiment militaire.
Cette opération de police s’est soldée par 141 interpellations, 9 gardes à vue et l’arrestation d’une personne finalement libérée mais qui comparaitra devant le tribunal correctionnel le 12 juin prochain.
Les forces de l’ordre ont procédé à des contrôles, notamment pour vérifier si certains manifestants faisaient ou non partie des 69 personnes visées par un arrêté préalable d’interdiction de séjour dans l’Est parisien pris par le préfet de police.
Nous ne pouvons que dénoncer cette violence qui de plus s’est déroulée à l’intérieur d’un lieu privé, en l’occurrence le bar Saint Sauveur, et contre ses clients.
Quelle peut être la justification d’un tel déploiement de policiers et de matériel et d’un véritable piège conduisant à encercler et à commettre des violences sur la population en quadrillant tout un quartier ?
On peut également s’interroger sur le bien-fondé de ces interdictions de séjour dans une partie de la capitale. Découleraient-ils d’ une interprétation très large des règles de l’état d’urgence toujours en cours, officiellement destiné à lutter contre le terrorisme et contre lequel la Ligue des droits de l’Homme a protesté à chacune de ses prolongations ?
Nous resterons vigilants et contribuerons à ce que les victimes de ces violences fassent valoir leurs droits.
Comme la Ligue des droits de l’Homme, l’a déjà souligné: « La violence policière charrie son lot de toxines et empoisonne lentement mais sûrement les valeurs d’égalité, de fraternité et de liberté qui fondent la démocratie et la citoyenneté ».
Fédération LDH de Paris
Paris, le 16 mai 2017