La Mairie de Paris 11ème accueille une soirée de projections et débats sur les ONG israéliennes et palestiniennes qui œuvrent à rendre une paix possible.
Ou comment les sociétés civiles font de la politique autrement.
La soirée est à l’initiative de trois organisatrices : Muriel Lutz, membre de la Ligue des droits de l’Homme (section de Paris 14/6) ; Michèle Fellous, membre de La Paix Maintenant (LPM) ; Martine Cohen, membre de la Ligue des droits de l’Homme (section de Paris 10/11).
Avec le soutien de la LDH.
Elles ont invité, pour introduire aux débats et répondre à nos questions:
- Bernard Ravenel, ancien Président de France-Palestine Solidarité, ancien Président de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine,
- et Alain Rozenkier, Président de La Paix Maintenant.
En Israël et en Palestine, comme dans plusieurs pays d’Europe, la désaffection vis-à-vis du politique et des partis n’implique pas forcément indifférence et repli sur soi. Des associations et des mouvements citoyens animent une société civile vivante ; ils donnent voix aux aspirations à la paix ou à des revendications politiques spécifiques. Ce sont des mouvements autour d’objectifs très concrets ou de mots d’ordre humanistes. Ils sont apparemment spontanés, se cristallisent parfois autour d’une initiative qui s’étend, dont on ne peut présumer de la durée. Ils veulent faire entendre une parole «vraie», sans intermédiaire, reconstruisant un lien d’humain à humain.
Nous proposons une soirée débat autour du travail de ces ONG israéliennes, israélo-palestiniennes et palestiniennes au sein de sociétés qui semblent paralysées par un conflit qui dure depuis plus de 70 ans et dont les répercussions sont internationales. Ces associations sont emblématiques d’une vague de citoyens ici comme ailleurs désireux d’œuvrer pour sortir de l’impasse politique où mène le refus de reconnaitre la légitimité de l’autre. Nous nous interrogerons sur leurs fondateurs, les circonstances dans lesquelles elles sont apparues, leurs types d’action, leur efficience, leurs limites.
Toutes les initiatives politiques prises pour résoudre le conflit israélo-palestinien se sont soldées par des échecs et les plans de paix sont restés sans suite. Dans ce contexte les sociétés civiles, confrontées à l’incapacité de leurs dirigeants à s’entendre sur un compromis qui préserverait l’essentiel de leurs revendications tout en reconnaissant à l’autre ses droits, refusent de baisser les bras. Les sociétés israélienne et palestinienne ne sont pas monolithiques. En Israël même, alors que les urnes indiquent une droitisation extrême de l’échiquier politique, une majorité de citoyens continuent de penser que la seule solution réside dans la création d’un État Palestinien à côté de leur pays. Mais ils ne le font peut-être pas assez clairement et sont peu entendus. A coté d’eux, d’autres agissent localement, dans leur entourage, leur milieu professionnel, ils fondent ou font partie d’ONG qui bâtissent des passerelles favorisant la connaissance mutuelle, d’humain à humain, entre les deux sociétés, afin d’ébranler des deux cotés les stéréotypes qui bétonnent les représentations de « l’autre ».
Depuis des années, des dizaines d’ONG israéliennes et israélo-palestiniennes (on en dénombre 120 environ regroupées dans le «Forum des ONG pour la paix») poursuivent sans relâche ce combat pour la paix. Alors que la haine et la peur érigent des murs de séparation, ces organisations ont fait le choix d’établir des liens de personne à personne, avec pour objectifs le dialogue et la reconnaissance mutuelle, par-delà l’asymétrie des situations. Elles interviennent sur les plans humanitaire (telle l’ONG «The road for recovery», qui se charge du transport de Palestiniens à partir des checks points), médical (tel «Physicians for human rights», groupe de médecins israéliens qui agit auprès des Palestiniens des territoires occupés, des prisonniers, réfugiés et sans-papiers), juridique pour alléger le poids de l’occupation et pour aider les Palestiniens à défendre leurs droits, comme «Yesh din», ou encore sur le plan purement humain tel «le cercle des familles endeuillées», qui réunit, par-delà les souffrances respectives, des familles qui ont toutes perdu un proche dans le conflit. La plus ancienne est sans doute «La Paix Maintenant», groupe de pression politique et la plus récente, depuis 2014, «Les femmes font la paix» qui réunit femmes militantes israéliennes et palestiniennes. Ces ONG mettent en œuvre d’autres stratégies pour construire une solution au conflit, contribuent à la coopération et au partage des mémoires et des douleurs pour lutter contre la méconnaissance et la déshumanisation de l’autre. Elles initient des projets dans le domaine de l’éducation et de la culture. Elles participent à ce refus d’une grande part des sociétés civiles de laisser s’imposer le scepticisme ambiant, l’indifférence et la lassitude devant une situation qui semble sans solution. Deux d’entre elles ont récemment reçu un prix de la CNCDH : B’Tselem, association israélienne qui fournit des moyens techniques à des photographes et vidéastes palestiniens pour documenter la conduite des soldats israéliens et habitants des implantations de Cisjordanie) et Al Haq (La vérité), ce qui a été salué par la LDH et la FIDH.
Pour en parler nous inviterons des militants français qui soutiennent ces mouvements israéliens et palestiniens en faveur de la paix sur la base de la création de deux états côte à côte (La Paix maintenant, Association France-Palestine Solidarité). Ensemble, ils pourront répondre à nos questions et interpellations. Nous nous interrogerons aussi sur les actions que nous pouvons entreprendre, en France, pour faire mieux connaitre et soutenir ces ONG et les aider à la résolution du conflit.
En introduction à ces échanges, nous proposons des extraits de films et des interviews illustrant concrètement l’action d’une ou plusieurs de ces associations. Tout au long de la soirée, une exposition de panneaux avec photographies et textes donnera à voir la pluralité des actions de celles et ceux que l’on appelle «Les activistes de la paix ».