Etre traité d’activiste extrémiste, est-ce péjoratif ?
Le cas de la défense des Droits de l’Homme
On entend de plus en plus fréquemment dans les communiqués de différents hommes politiques ou groupes de pression, les termes activistes ou extrémistes, quelquefois associés, pour désigner des personnes. Ces termes tendent à marginaliser ces personnes, voire à justifier contre elle des actions illégales.
Qu’en est-il des personnes qui « s’activent » pour la défense des Droits de l’Homme?
Un activiste des Droits de l’Homme, qui est-ce ?
C’est quelqu’un qui se mobilise pour défendre les Droits de l’Homme, pas ses droits à lui, mais les droits de chacun, de tous. Par définition, on pourrait dire qu’en apparence « il se mêle de ce qui ne le regarde pas ». Et pourtant les Droits de l’Homme, c’est la base de notre démocratie, le fondement de notre République et le socle de notre constitution.
C’est donc le droit, (et même le devoir !) de chaque citoyen de défendre les Droits de l’Homme.
Et c’est une action qui est favorable à la démocratie. Car le contraire, abandonner les Droits de l’Homme, ou les laisser se faire bafouer, serait une atteinte grave à la démocratie.
Donc, en aucun cas, ce terme activiste appliqué à quelqu’un qui se mobilise ou se bat pour des droits fondamentaux ne peut être péjoratif.
Un activiste des Droits de l’Homme, c’est quelqu’un qui s’intéresse aux droits fondamentaux, qui s’informe, alerte, relaie, combat ou manifeste. Ce sont des actions nobles et non violentes, légitimes, et en parfait accord avec les préambules de notre Constitution.
Parmi les droits fondamentaux émergents, il peut y avoir des droits non encore inscrits dans la Constitution ou en cours de rédaction, comme par exemple le droit des générations actuelles et à venir à vivre dans un environnement sain et préservé.
Il faut être fier d’être un activiste qui combat pour l’émergence de ce droit nouveau qu’est la défense de l’environnement.
Extrémiste, un terme péjoratif ?
On entend dans la bouche de certains que les extrémistes seraient forcement des inconscients et que seuls les « modérés » ou ceux qui recherchent ou acceptent une solution médiane seraient raisonnables.
Ce qui reviendrait à mettre hors du jeu politique toute personne taxée d’ « extrémisme ».
Or dans la défense des Droits de l’Homme, c’est exactement le contraire !
Dans la défense des Droits de l’Homme, ne pas être extrémiste, accepter une position mitigée est inacceptable et conduit inévitablement à une régression des Droits de l’Homme.
Prenons quelques exemples actuels dans la lutte pour les Droits de l’Homme.
Le droit de grève : une position « modérée » ou « consensuelle » pourrait être d’accepter le droit de grève, mais uniquement quand ça ne fait pas perdre d’argent aux employeurs ou que ça ne perturbent pas les clients ou usagers. Bien évidemment le droit de grève est un droit fondamental,
acquis pour tous, qui permet à chacun d’exprimer en cas de besoin un malaise très profond au point de renoncer à son salaire. Ce droit fondamental est inscrit dans notre constitution et seules les modalités pratiques comme les préavis ou les réquisitions sont règlementés. Prendre position pour un droit de grève limité serait aller à l’encontre des droits fondamentaux de chacun.
Le droit de manifester : ne pas être extrémiste serait de limiter le droit de manifester à certaines personnes et pas à d’autres, ou de le limiter à des causes « acceptables » (par qui ??). Ou de décider qu’il ne faut pas manifester « trop souvent » ou d’instaurer des limitations dans le temps ou l’espace. Cette position « médiane » ou « modérée » serait une attaque directe au droit fondamental de chacun, homme, femme ou enfant de manifester.
Le droit des étrangers : il pourrait n’être accordé qu’à un nombre limité d’étrangers entrainant une notion de quota. Il pourrait être accordé de manière distincte suivant la nationalité de l’étranger. Cette position « raisonnable », « non extrémiste » est totalement à l’encontre des droits individuels des étrangers, des réfugiés ou des demandeurs d’asile, tels qu’ils sont définis dans la déclaration de Droits de l’Homme et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Tous les hommes ont des droits fondamentaux, quelques soient leur origine, leur passeport, les pays où ils vivent ou d’où ils viennent.
Ne pas être extrémiste, instaurer des restrictions dans le droit des étrangers revient à promouvoir un recul par rapport à des textes unanimement reconnus il y a plusieurs décennies.
Les Violences Faites aux Femmes : Nous devons condamner tous les agresseurs et accueillir et protéger toutes les victimes ou futures victimes.
Une position « non extrémiste » ou « modérée » seraient d’excuser certains agresseurs ou de comprendre que certaines victimes « l’ont bien cherché ». Ou d’accorder une protection que dans « certains cas » . Ou, par extension, tolérer les viols dans certaines circonstances !
Là encore, la seule position acceptable est bien entendue l’extrémisme dans la Défense des Droits de l’Homme, avec une tolérance et une acceptabilité zéro.
Les droits à la santé et à la dignité : ces droits fondamentaux sont, comme les précédents, inscrits dans les préambules de notre constitution, les textes qui nous permettent de vivre tous ensemble. Une solution « médiane » « raisonnable » serait d’instaurer quelques limites comme :
« oui mais il ne faut pas que ça coute trop cher »
« oui mas pas pour ceux qui sont trop pauvres pour participer au soin, ou pour ceux qui n’ont pas eu un emploi stable suffisamment longtemps »
« impossible, construire des logements décents pour tous est une utopie »
Ces atermoiements ou ces compromis sont déjà en eux-mêmes une attaque aux droits fondamentaux de chacun.
Qui peut décider que certains seraient exclus des droits fondamentaux ? ou que ces droits pourraient ne pas être appliqués in extenso dans certaines circonstances ?
En matière des combats pour les Droits de l’Homme, il faut être fier de revendiquer le statut d’activiste des Droits de l’Homme ou d’extrémiste des Droits de l’Homme.
Quant au terme « droit-de-l’hommiste », il n’est péjoratif que pour celui qui ne reconnait pas les Droits de l’Homme comme des droits fondamentaux pour chacun.
Sachons être fier d’être traité d’activiste des Droits de l’Homme, d’extrémiste des Droits de l’Homme, ou même de « droit-de-l’hommiste ».
N’oublions pas de rappeler inlassablement en toute circonstance que :
Les Droits de l’Homme, c’est fondamental