UN SCANDALE SILENCIEUX…. LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES


PREAMBULE DE L’EXPOSITION PRESENTEE LES 25 ET 26 NOVEMBRE A PERTUIS

UN SCANDALE SILENCIEUX…. LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

« La violence à l’égard des femmes traduit des rapports de force historiquement inégaux entre hommes et femmes, lesquels ont abouti à la domination et à la discrimination exercées par les premiers et freiné la promotion des secondes, et elle compte parmi les principaux mécanismes sociaux auxquels est due la subordination des femmes aux hommes. » (Déclaration de l’ONU en 1994)

La Journée internationale de lutte contre les violences envers les femmes n’est pas un simple rituel. Elle rappelle que le monde n’en a pas fini avec les inacceptables violences commises contre les femmes : le viol comme arme de guerre, les agressions contre des fillettes revendiquant leur scolarisation, la traite des femmes, la lapidation, les mutilations sexuelles, les violences conjugales, le harcèlement… En France même, les violences contre les femmes sont une réalité quotidienne, dans le couple comme dans l’espace public. Seulement un viol sur dix, autant que l’on puisse évaluer, fait l’objet d’une plainte à laquelle justice n’est rendue ni assez rapidement ni, souvent, dans le respect de la dignité de la victime.

Les luttes féministes ont progressivement fait admettre que la violence contre les femmes, au-delà des comportements individuels, reste le symptôme le plus grave d’un système de domination séculaire et universel, le patriarcat. Cette question appelle une réponse politique.

La loi de juillet 2010 constituait une avancée, mais incomplète, uniquement répressive, avec une ordonnance de protection mal connue et mal appliquée, sans formation des personnels concernés et sans moyens. La LDH prend acte de la volonté du gouvernement actuel et des nouvelles avancées que constitue le projet de loi sur l’égalité entre les femmes et les hommes, comme l’abandon de la dangereuse médiation pénale. Mais elle rappelle la nécessité que la loi comporte un véritable volet préventif et éducatif, mobilisant les médias et l’Education nationale, et que soient mis en place les moyens de son application réelle, à commencer par la formation des personnels concernés, par une aide suffisante aux associations en charge des femmes victimes de violence et par des mécanismes de contrôle de l’application de la loi. Elle rappelle, enfin, que cette loi doit s’appliquer à toutes les femmes, y compris les étrangères non communautaires et les prostituées.



DECLARATION DE LA SECTION DE PERTUIS

Les violences intrafamiliales, sont souvent silencieuses, cachées par la victime autant que par son bourreau.

Ce scandale est d’autant plus choquant qu’il est occulté et qu’on n’aborde ce problème suscitant pourtant l’indignation que lorsqu’il est trop tard. Le foyer, normalement cellule protectrice, devient lieu de cauchemar, de martyre impuni à l’abri des regards et dans l’indifférence générale. Même quand certains sont témoins plus ou moins proches de ces exactions, le silence est la règle : c’est « privé », on hésite à agir, pire on pense qu’après tout la victime l’a peut-être mérité ! On ne reconnaît pas aux violences conjugales le statut de crime. Or c’est un crime. Il n’y a nulle légitimité à exercer des sévices quels qu’ils soient contre des femmes, des enfants ou des hommes. Ces crimes sont très lourdement sanctionnés et il existe de nombreux dispositifs législatifs internationaux et nationaux pour combattre ces actes indignes de l’humanité. La cellule familiale n’échappe pas aux règles de la société et un auteur de violence ne peut y exercer sa tyrannie en toute impunité.

L’objectif de cette exposition est de donner à chacun les moyens de prendre la mesure de l’ampleur du problème, de s’informer sur l’arsenal juridique à la disposition des citoyens, de découvrir dans une proximité immédiate les associations locales et départementales qui luttent très activement pour déceler les situations de mise en danger, aider les victimes à se sortir de l’enfer et à se reconstruire.

Nous considérerions notre objectif atteint si les visiteurs devenaient attentifs et vigilants pour venir en aide à toute personne en détresse. Les victimes cachent ce qu’elles subissent parce qu’elles ont peur, sont dans le déni, éprouvent de la honte, se sentent coupables et rabaissées et ne trouvent pas toujours en elle la force morale pour se sauver et sauver leurs enfants. Pour leur venir en aide il faut surtout leur donner des renseignements précis pour qu’elles s’orientent de leur propre initiative vers la première démarche qui les conduira à se sortir de cette spirale infernale.

Cette exposition a été conçue pour livrer au public des informations très pratiques afin de venir en aide aux victimes des violences conjugales.

LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES AU SEIN DU COUPLE


Dans nos sociétés, toutes les violences à l’égard des femmes sont scandaleuses, mais c’est au sein de la famille que le scandale est le plus violent et cela touche tous les milieux sociaux, des plus protégés aux plus défavorisés, ces derniers étant les plus touchés. Sous quelle forme ?

Violences physiques : femmes battues, torturées, violées par leur compagnon, quel que soit le statut de ce dernier.

Violences psychologiques : femmes insultées, rabaissée, parfois devant leurs enfants, isolées, voire séquestrées, privées de moyens économiques, chantage avec les enfants otages de la situation.

Violences sociales : abandon sans ressources dans le cas de femmes au foyer sans emploi, chassées hors de la maison ou de l’appartement quand ces derniers sont au nom du conjoint.

Nous savons cela et des lois existent depuis longtemps pour sanctionner de tels actes mais le scandale réside dans le fait qu’elles ne sont pas encore suffisamment appliquées.

Pourquoi ce scandale ?

Parce que le SILENCE, celui de la victime ou de son entourage, renforce l’agression :

Silence des victimes par déni, les femmes aiment leur compagnon-bourreau et espèrent que les choses « s’arrangeront », par crainte des représailles, par manque de ressources, par honte, par culpabilité.

Silence de l’entourage : la victime n’ose pas se plaindre dans sa propre famille de crainte de n’être pas crue car l’auteur des violences peut être pervers. La famille peut faire pression pour que la « réputation » familiale soit sauvegardée, même en sacrifiant celle qui en est victime. La famille peut aussi être « hostile » à la victime, parce qu’elle la rejette, la juge responsable de son propre sort et protège l’auteur des violences, agissant en complice, ce qui est encore plus scandaleux.

Silence de la communauté autour du couple : amis, voisins, commerçants qui se doutent, ou ont des preuves de ces violences. Mais par « discrétion », « pudeur », ou carrément « indifférence », les proches ou les témoins de proximité préfèrent ignorer la situation de la victime. Parfois c’est par crainte que l’auteur des violences amplifie sa violence contre la victime s’ils interviennent en adoptant une démarche d’empathie. Cette non intervention dans la « vie privée » relève de la non assistance à personne en danger.

Pourquoi ce scandale ?

Quels sont les défauts de la cuirasse institutionnelle ?

Le nombre des instances officielles pouvant intervenir n’est pas en cause, elles sont nombreuses : ministères, gendarmerie, police, hôpitaux, aides juridiques, psychologues, services de proximité et surtout associations spécialisées dans la protection des victimes de violences qui écoutent, conseillent et coordonnent toutes les instances précitées. Mais, en dehors des professionnels ou des bénévoles à l’écoute qui mettent tout en œuvre pour les aider, les institutions se montrent-elles bienveillantes, suffisamment protectrices pour la sauvegarde des victimes ? La coordination entre les institutions est-elle efficace, rapide et surtout opérationnelle ?

La première difficulté pour la victime est de témoigner, c’est un acte qui lui demande une force extraordinaire, beaucoup de victimes ne le font pas, freinées par de multiples difficultés ou attendent plusieurs années, poussées par la gravité des sévices. En France, il n’y a qu’une victime sur dix qui porte plainte. Comment détecter les autres, comment les conduire à entreprendre elles-mêmes une démarche : quelle personne, quelle structure peut l’aider à cette étape ?

Pour l’Institution la difficulté est de recevoir et de croire le témoignage : combien de victimes ont eu le sentiment qu’elles n’étaient pas crues, qu’on restait indifférent aux faits rapportés, voire qu’elles étaient l’objet de suspicion ou de mépris. Certes des efforts sont faits pour qu’il y ait, et c’est nouveau, à l’accueil de chaque institution, des référents spécialisés, mais tout n’est pas au point et les victimes, qui ont enfin entrepris une démarche, sont parfois découragées et n’osent plus dénoncer la violence.

Les différents services de l’Etat et les associations agissent dans leur domaine pour s’occuper de la victime et de l’auteur des violences : médecins, psychologues, pour soigner et mettre en place le long processus de réparation de la victime mais aussi pour s’intéresser aux auteurs des violences. Services de police et de gendarmerie pour stopper cette violence, séparer les deux parties en présence, mettre à l’abri les plus vulnérables.

Les associations reçoivent les victimes, les aiguillent vers le service juridique à leur disposition, vers la psychologue et vers l’assistante sociale qui fera valoir ses droits sociaux si elle se retrouve sans ressource, mais la coordination entre tous ces services existe-t-elle ?

En effet l’arsenal des lois est très important mais c’est sur le terrain qu’il faut faciliter leur application : comment ? Par une accélération de la coordination des services. De façon concrète, par la signature de « protocoles » engageant tous les partenaires concernés, ce que l’on a commencé à mettre en place dans plusieurs régions de France.

L’élaboration d’un protocole permet à tous les intervenants quel que soit le ministère dont ils dépendent ou toute autre autorité de tutelle ou toute association partenaire de prendre des décisions plus rapides, de les communiquer immédiatement aux services concernés, de renforcer la connaissance des dossiers en protégeant mieux les victimes et en neutralisant les auteurs de violences par des mesures plus adaptées et surtout à long terme.