Violences intrafamiliales – Conséquences des violences sexuelles sur les victimes

CONSEQUENCES DES VIOLENCES SEXUELLES POUR LES VICTIMES

Les conséquences sur la santé de la victime sont nombreuses et variées. Il n’existe pas de symptomatologie typique, tous les retentissements des violences sur la santé sont possibles. Tout symptôme chronique doit faire penser aux violences en cours ou anciennes.

Les conséquences des violences sexuelles sont multiples. Elles entraînent à court et long terme de graves problèmes de santé physique, mentale, sexuelle et génésique pour les victimes. Que l’agression sexuelle soit récente ou ancienne, ses manifestions peuvent intervenir à différents moments de la vie. Les conséquences peuvent perdurer tout au long de la vie si la victime n’est pas repérée et prise en charge.

Chaque cas d’agression est unique. La recherche de traits caractéristiques généraux est impossible. Mais le repérage des différents signes du psychotraumatisme est un indicateur.

CONSEQUENCES PHYSIQUES

POUR LES VICTIMES DE VIOLENCES SEXUELLES

  • Fatigue intense, douleurs chroniques, céphalées, dorso-lombalgies,
  • Atteintes génito-urinaires,
  • Infections sexuellement transmissibles,
  • Grossesse non désirée (viol) :

Conséquences sur la grossesse, sur l’accouchement et le post partum

La grossesse est un catalyseur des violences et de ses conséquences, que ce soit au sein du couple, du milieu professionnel ou par la réactivation de traumatismes antérieurs. En 2006, plusieurs auteurs ont estimé que les femmes ayant subi des violences avant et/ou pendant la grossesse ont des risques significativement plus élevés pour un grand nombre de pathologies obstétricales1.

Les nouveau-nés de ces femmes ont un risque de prématurité significativement augmenté jusqu’à 37% et d’hypotrophie jusqu’à 21%.

Une enquête de 2013 de l’OMS2 révèle qu’une femme victime de violences conjugales a recours deux fois plus souvent à un avortement et présente un risque une fois et demie plus grand d’infections sexuellement transmissibles qu’une femme non victime.

CONSEQUENCES SOMATIQUES

POUR LES VICTIMES DE VIOLENCES SEXUELLES

Les traumatismes répétés constituent un facteur de risque qui, combiné à une fragilité de terrain, génétique par exemple, sont susceptibles de déclencher diverses maladies comme le démontre l’étude de Felliti3 dont les résultats sont résumés dans le tableau suivant :

Conséquences de l’exposition à quatre événements de vie pendant l’enfance

Conséquences

Facteur de risque

Tabagisme x 2
Dépression durant plus de 2 semaines x 4,6
Tentatives de suicide x 12,2
Alcoolisme x 7,4
Maladie sexuellement transmissible x 2,5
Cancer x 1,9
Broncho-pneumopathie chronique obstructive x 3,9
Hépatite x 2,5
État de santé précaire x 2,2
Obésité sévère x 1,6
Toxicomanie x 4,7
Toxicomanie parentérale x 10,3
Coronaropathie x 2,2
Agressions
x 2,4
Diabète x 1,6
Fractures x 1,6
> 50 partenaires sexuels x 3,2

CONSEQUENCES PSYCHOLOGIQUES

POUR LES VICTIMES DE VIOLENCES SEXUELLES

  • Problèmes d’alimentation (anorexie, boulimie), perte d’appétit,

  • Etats dépressifs avec risque de suicide, tentative de suicide,

  • Etats de stress post traumatique (ESPT), généralement complexe en raison de la répétition des violences,

      • intrusion de pensées, d’images, de sensations, de cauchemars de reviviscences,

      • évitements des intrusions et des situations qui pourraient rappeler ou symboliser les événements traumatiques subis,

      • troubles d’hyper activation neurovégétative : état de qui-vive, sursaut, insomnie,

  • Automutilations,

  • Troubles anxieux dits comorbides,

  • Troubles de l’estime de soi,

  • Honte, culpabilité,

  • Modification des croyances fondamentales antérieures concernant soi-même, les autres, le monde,

  • Conduites addictives,

  • Episodes de dépersonnalisation, confusion, stupeur, comportements paradoxaux, dits de « dissociation », lesquels résultent du blocage de la communication entre le cerveau émotionnel en hyperactivité et le lobe préfrontal qui est le centre décisionnel conscient.

1SILVERMAN J. G., DECKER M. R., REED E., RAJ. A., 2006, Intimate partner violence victimization prior to and during pregnancy among women residing in 26 U.S. states : Associations with maternal and neonatal health, American Journal of Obstetrics and Gynecology, n°195, 140–148.

2Global and regional estimates of violence against women : prevalence and health effects of intimate partner violence and non-partner sexual violence, OMS, 2013.

3 Felliti V. J., Anda R. F., Nordemberg D. et al., “Relashionship of childhood abuse and household dysfunction to many of leading causes of death in adults : the Adverse Childhood Experiences (ACE) Study”, Am J Prevent Med, 1998.

4Etude nationale sur les morts violentes au sein du couple en 2015. Ministère de l’Intérieur.