Interventions et débats riches lors de la réunion publique de l’ORDL à Perpignan

La réunion publique de l’ORDL ( Observatoire pour le Respect des Droits et des Libertés), qui a réuni plus de 80 personnes le 14 Juin à la salle des Libertés, a permis un riche débat sur le thème de la répression judiciaire des mouvements sociaux. 

Les interventions des représentant.e.s de la LDH-66 et de la CGT-66  étaient centrées sur le saut qualitatif dans la politique autoritaire et répressive du pouvoir (qui rappelle les sombres années 1954 à 1962 contre les indépendantistes Algériens à Paris). Cette politique de haut niveau répressif avait commencé déjà contre le mouvement citoyen pour l’annulation du projet d’aéroport à Notre Dame des Landes puis contre le mouvement syndical qui s’opposait à la loi travail. Nous vivons maintenant dans un Etat d’exception, où l’exception répressive est devenue la règle. Une justice de classe s’est de plus en plus instaurée ces 6 derniers mois : d’une loi excluant le monde des affaires de justes sanctions à une loi « anti-casseurs » votée en avril, amalgamant tous les citoyens et toutes les citoyennes s’exprimant démocratiquement à des hooligans violents.

Deux avocats étaient présents à la tribune : Jean-Jacques Gandini, membre de la LDH de Montpellier et Syndicats des Avocats de France, et Jauffre Codognès, avocat à Perpignan, ont insisté sur la stigmatisation  des manifestants Gilets jaunes durement réprimés : très nombreuses comparution immédiates, 40% de peines à la prison ferme (dont un grand nombre pour participation à une manifestations interdite), un nombre considérable d’amendes élevées pour frapper au porte-monnaie, des interdictions administratives de se trouver sur une commune ou un territoire, un fichage massif,…Les avocats ont souligné la responsabilité du parquet qui applique à la lettre les directives du ministère et du gouvernement, sans vraiment de séparation des pouvoirs. Les procédures sont menées exclusivement à charge, alors que les victimes de violences policières ne peuvent porter plainte contre les forces de l’ordre et aller en justice pour obtenir réparation, sous forme de dommages et intérêts.

De nombreux témoignages de Gilets jaunes présents dans la salle ont illustré cette politique répressive inouïe.

C’est l’application de loi anti-casseurs votée en avril dont l’ensemble des organisations membres de l’ORDL demande l’abrogation.

Les adhérent.es de la LDH se sont constitué.es en observateurs/trices lors de certaines manifestations des Gilets jaunes, mais la LDH appelle à former une équipe plus large, avec toute personne qui le désirerait, et une réunion de l’ORDL sera organisée en juillet pour en discuter et agir.

Voici leurs rapports publiés sur leurs sites…

RAPPORT DU 19 JANVIER AU 9 MARS 2019 DE LA LEGAL TEAM DE MONTPELLIER

RAPPORT DU 15 DÉCEMBRE 2018 AU 15 JANVIER 2019 DE LA LEGAL TEAM DE MONTPELLIER

RAPPORT DU 1ER MAI 2017 AU 23 MARS 2019 DE L’OBSERVATOIRE DES PRATIQUES POLICIÈRES DE TOULOUSE

RAPPORT DU 17 NOVEMBRE 2018 AU 16 FÉVRIER 2019 DE L’OBSERVATOIRE GIRONDINS DES LIBERTÉS PUBLIQUES

RAPPORT DE L’OBSERVATOIRE NANTAIS, MAI 2019

OBSERVATOIRE DU RESPECT DES DROITS ET LIBERTES – PERPIGNAN

La LDH de Perpignan a créé fin 2015 un Observatoire, réactivé depuis quatre mois dans le cadre des mobilisations des Gilets jaunes : « Nous essayons d’être présent-e-s lors des manifestations Gilets jaunes, où nous sommes toujours extrêmement bien accueillis, et même demandés. » Télécharger le compte-rendu de la manifestation du 6/04/19 au péage du Boulou

Vue partielle de la réunion

Rapport de l’IGPN : La cheffe de l’IGPN «réfute totalement le terme de violences policières» contre les Gilets jaunes…

Depuis la mi-novembre 2018 date du début du mouvement des Gilets jaunes. 3 700 blessés (dont 23 personnes ayant été éborgnées et 5 ayant eu une main arrachée); chiffre composé de 1 900 civils et de 1 300 policiers et, au 15 février 2018 il y a eu aussi 11 morts, 8 400 manifestants interpellés et 1 800 condamnés.

L’usage du LBD, la fameuse nouvelle génération de « flashballs », comme celui des grenades de désencerclement, ont bondi de 200% en 2018 – et tout particulièrement à partir de la mi-novembre, date des premières mobilisations nationales des « gilets jaunes ».

Mais « il n’y a pas eu de violences policières »…dixit Brigitte Jullien, la patronne de l’IGPN.

Publié par sudouest.fr  et AFP – le 14/06/2019

Gilets jaunes : la cheffe de l’IGPN « réfute totalement le terme de violences policières »

La cheffe de la police des polices estime que les multiples mobilisations ont mis les forces de l’ordre dans une situation de « riposte nécessaire ».

Alors que l’exécutif refuse d’employer le terme de « violences policières », s’attirant les foudres des gilets jaunes et de leurs soutiens dans la classe politique, Brigitte Jullien, la cheffe de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) s’est, jeudi, elle aussi déclarée opposée à cette terminologie et a justifié la longueur des enquêtes.

« Je réfute totalement le terme de violences policières puisque toutes les enquêtes sont ouvertes pour savoir si l’usage de la force a été fait dans un cadre légal et si la riposte est proportionnée à l’attaque qui a été subie », a avancé Brigitte Jullien.

« Des policiers qui ont l’usage de la force légitime »

« On n’est pas dans une situation où on a face à face des personnes qui ont les mêmes droits dans ces manifestations. On a des policiers qui ont l’usage de la force légitime pour eux et on a des manifestants qui commettent des infractions, c’est pour cela que les enquêtes sont différentes et plus longues pour les policiers. »

La directrice a souligné que les policiers avaient dû être mobilisés de nombreux samedis. « On n’a jamais connu ça. On n’a jamais connu des situations aussi difficiles en termes de manifestation (…) On s’est retrouvé dans une situation de riposte nécessaire des policiers ».

113 dossiers pour des ITT supérieures à 8 jours

Depuis le début des gilets jaunes et jusqu’à aujourd’hui, l’IGPN a été saisie de 265 enquêtes judiciaires, dont près de 40% (105) ont à ce jour été transmises aux parquets.

« Les parquets ne nous informent pas de leurs décisions (…) sur les classements ou les poursuites (…) immédiatement. On a demandé aux procureurs de nous informer des suites judiciaires. Ce sont eux qui sont maîtres du temps, maîtres des horloges », a expliqué Jullien.

113 dossiers concernent des incapacités temporaires de travail (ITT) supérieures ou égales à 8 jours, a-t-on précisé à l’IGPN.

>>> Publié sur le site franceculture.fr