L’avortement pratiquement supprimé en Pologne

Depuis 5 ans un gouvernement de droite extrême détruit tous les acquis sociaux et démocratiques : augmentation du pouvoir exécutif au détriment du législatif, mainmise sur les médias, encadrement de la justice, durcissement de la loi anti-avortement, refus du mariage homosexuel comme de l’euthanasie, promesse d’un référendum sur la peine de mort. Là encore on constate une attaque progressive des droits humains comme en Hongrie, en République tchèque ou en Slovaquie.

Le droit à l’IVG pratiquement supprimé en Pologne

Publié le 23/10/2020 sur http www.courrierinternational.com

Déjà très limité, l’accès à l’interruption volontaire de grossesse ne sera plus possible en cas de malformation grave du fœtus, a décidé la Cour constitutionnelle polonaise. Pour ce journal libéral, le parti au pouvoir utilise ce sujet pour détourner l’attention d’une situation sanitaire déplorable.

“La guerre aux femmes”, titre le quotidien libéral polonais Gazeta Wyborcza dans son édition du vendredi 23 octobre, au lendemain de la décision de la Cour constitutionnelle de limiter encore davantage l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

Soumise à l’influence d’une puissante Église catholique, la Pologne disposait déjà, depuis 1993, d’une législation très restrictive puisque l’IVG y était par principe interdite en dehors de trois situations : grossesses résultant d’un viol ou d’un inceste, grossesses présentant un risque pour la vie ou la santé de la femme, et malformations graves du fœtus.

C’est cette dernière exception, à l’origine de 98 % des IVG légalement pratiquées dans le pays mais qualifiée par ses détracteurs d’“avortement eugénique”, qui a été délégalisée par les juges constitutionnels au motif qu’elle porterait atteinte à la “dignité humaine des enfants non encore nés”. La validité de la décision est cependant contestée par l’opposition en raison du manque d’indépendance de la juridiction.

“Au milieu de la crise la plus grave des dernières années, le parti au pouvoir [le PiS, national-conservateur] utilise le sujet de l’avortement pour embraser l’opinion publique et détourner l’attention de la situation catastrophique du système de santé et de l’incapacité de l’État à maîtriser l’épidémie, estime Gazeta WyborczaCe geste n’est pas seulement indigne des dirigeants du cinquième plus grand pays de l’Union européenne, il est aussi impardonnable et répugnant.”