100 milliards de vêtements vendus chaque année dans le monde produisent 4 milliards de tonnes d’équivalent CO2

Publié sur le site multimedia.ademe.fr

La mode sens dessus-dessous

« La mode passe, le style reste »Aujourd’hui, cette fameuse citation d’Yves Saint-Laurent mériterait d’être ajustée : la mode passe certes, mais les impacts environnementaux et sociaux qu’elle provoque s’inscrivent dans le temps. Alimentant notre dévorante envie de nouveauté, les grandes marques internationales de prêt-à-porter proposent chaque jour d’irrésistibles pièces à des prix défiant toute concurrence. Ce phénomène porte un nom : « fast-fashion »

Au-delà de notre dressing, 100 milliards de vêtements sont vendus chaque année dans le monde.

Leur production a tout bonnement doublé entre 2000 et 2014 ! C’est ainsi que les habits que nous achetons se succèdent à une vitesse effrénée sur nos épaules avant de finir« placardisés » au sens propre et figuré. En moyenne, une personne achète 40 % de vêtements en plus qu’il y a 15 ans et les conserve moitié moins longtemps. Comment sont-ils produits ? Par qui ? À quel rythme ? Pour répondre à quels désirs ? Et que deviennent-ils lorsque nous nous lassons d’eux ? On vous explique pourquoi la mode n’est pas toujours « stylée », et on vous dévoile les astuces pour obtenir un look idéal.

4 milliards de tonnes d’équivalent CO2 par an!

Ce sont les émissions générées par l’industrie textile (vêtements et chaussures). C’est plus que l’impact des vols internationaux et le trafic maritime réunis. En 2050, le secteur textile émettrait même 26 % des émissions globales de GES si les tendances actuelles de consommation se poursuivent.

La suite sur le site :

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Et sur :

https://librairie.ademe.fr/cadic/4367/lrdml_expo_affiche_a2_conception_version_def.pdf

Réautorisation du glyphosate : «L’Europe ferme les yeux sur la perte de biodiversité»

Publié le 16/11/2023 sur Reporterre le media de l’écologie – La LDH 66 soutient Reporterre

Le glyphosate va être réautorisé pour dix ans à la suite d’un vote de l’UE le 16 novembre. Martin Dermine, de PAN Europe, alerte sur le fait que le pesticide a aussi des conséquences pour les plantes et les animaux.

Actualisation : le 16/11/23. Le glyphosate va être réautorisé pour dix ans par l’Union européenne.


Place au deuxième round. Le 16 novembre, les États membres de l’Union européenne s’apprêtent à voter une nouvelle fois sur la question du glyphosate. Objectif : approuver, ou non, la proposition de la Commission visant à autoriser la substance active pendant les dix prochaines années.

Le 13 octobre, le premier vote s’était soldé par l’absence de majorité qualifiée en faveur de l’adoption du texte. La France et l’Allemagne avaient d’ailleurs décidé de s’abstenir : « Sauf grande surprise, on s’attend au même résultat aujourd’hui », confie Martin Dermine, directeur de PAN Europe, un réseau d’ONG luttant contre les pesticides.

Or, s’il y a deux votes successifs sans majorité qualifiée, c’est ensuite à la Commission de décider : « Habituellement, elle reste cohérente en adoptant sa propre proposition. » Autrement dit, d’ici début décembre, l’approbation du glyphosate pour dix années supplémentaires pourrait être inscrite au Journal officiel.

Un hypothétique dénouement jugé dramatique par Martin Dermine, qui détaille dans cet entretien les dangers du glyphosate sur la biodiversité.

Reporterre — Peut-on affirmer avec certitude que le glyphosate est dangereux pour la biodiversité ?

Martin Dermine — Non. Le glyphosate, en tant que substance active, n’est pas très toxique pour l’environnement. En revanche, dès lors qu’il est associé à des coformulants pour créer des herbicides comme le Roundup, il devient tout de suite extrêmement nocif.

Des expériences sur les grenouilles l’ont démontré. En pulvérisant sur des spécimens les doses autorisées dans les champs, comme un tracteur pourrait le faire, un très haut taux de mortalité était observé. Non pas à cause du simple glyphosate, mais de tous les coformulants auxquels il est mélangé.

Cette problématique est parfaitement documentée, d’un point de vue scientifique. Pourtant, les agences réglementaires européennes et nationales continuent de fermer les yeux. Elles savent pertinemment que le jour où ces mélanges dans leur ensemble seront pris en compte, cela ouvrira la boîte de Pandore et mènera à une interdiction massive des pesticides.

Quels sont les êtres vivants les plus affectés par l’herbicide ?

Dans les milieux aquatiques, il perturbe la reproduction des amphibiens, s’attaque aux poissons, au phytoplancton et aux plantes hydrophytes. Et puis, il y a l’impact sur les fleurs. Les personnes âgées de plus 60 ans nous racontent leurs souvenirs d’enfance, avec des champs de céréales remplis de coquelicots et de bleuets. Désormais, nos générations en sont privées, excepté dans certaines cultures biologiques.

« Le glyphosate tue toutes les plantes sans discrimination »

La faute au glyphosate, notamment, qui est un herbicide total et tue donc toutes les plantes sans discrimination. Utilisé massivement, il a mené à la disparition de ces plantes sur les terres agricoles, et en périphérie. Car les pesticides ne restent jamais sur la seule bande de terre où ils ont été épandus. Ils se dissipent jusque dans les zones limitrophes, appauvrissant la diversité des plantes sauvages.

Cela réduit ainsi la disponibilité en hectares et en pollen pour les pollinisateurs et pour les autres insectes. Et par effet ricochet, pour les animaux se nourrissant d’insectes, comme les oiseaux et les amphibiens. Il n’y a pas d’étude en tant que telle disant que le glyphosate entraîne un appauvrissement de la biodiversité. Toutefois, une récente étude du CNRS met en évidence la décimation des populations d’oiseaux dans les zones d’agriculture intensive, au cours des dernières décennies.

Par quels mécanismes le glyphosate nuit-il aux plantes ?

Le glyphosate est enregistré en tant qu’herbicide, mais aussi en tant qu’antibiotique. C’est-à-dire qu’il est capable d’empêcher la croissance de certains microorganismes. Et les sols en pâtissent : la toxicité a été clairement établie sur le microbiote des sols. Or, celui-ci est fondamental pour la fertilité des sols, et interagit également avec les plantes par les racines pour augmenter la résistance et la santé de celles-ci.

Cela ne s’arrête pas là : le glyphosate est aussi enregistré en tant que chélateur de métaux. Cela signifie que la molécule se lie aux éléments minéraux métalliques, comme le cuivre ou le manganèse, et les rend indisponibles biologiquement. Elle empêche les plantes de les prélever dans le sol.

Alors certes, le cuivre est toxique pour les mammifères à haute dose, mais on en a quand même besoin en très faible quantité. Et les plantes, également, pour leur immunité. Sa présence en tant que résidus dans les sols va ainsi mener à un appauvrissement des plantes, et un affaiblissement de leur système immunitaire. Sans parler de la perte de valeur nutritive des aliments, puisque les fruits et les légumes sont privés des micronutriments.

Plainte contre TotalEnergies pour climaticide

Publié dans Libération le 2 octobre 2023

Justice climatique

TotalEnergies visé par une plainte au pénal pour son méga-projet pétrolier en Ouganda et en Tanzanie

Quatre associations portent plainte au pénal contre le pétrolier français pour «abstention de combattre un sinistre» et «homicide involontaire» en Afrique de l’Est, apprend-on ce lundi 2 octobre. Les ONG dénoncent «des faits s’apparentant à un climaticide».

C’est un procès inédit auquel pourrait faire face TotalEnergies. Quatre associations de défense de l’environnement ont déposé plainte au pénal contre le géant des hydrocarbures et son projet pétrolier EACOP en Tanzanie et en Ouganda pour «des faits s’apparentant à un climaticide», apprend-on ce lundi 2 octobre auprès de leurs avocats, confirmant une information du Monde.

La plainte vise plusieurs infractions : abstention de combattre un sinistre, atteintes involontaires à l’intégrité de la personne, destruction, dégradation ou détérioration d’un bien appartenant à autrui de nature à créer un danger pour les personnes, et homicide involontaire. Les ONG Darwin Climax Coalitions, Sea Shepherd France, Wild Legal et Stop EACOP-Stop Total en Ouganda ont déposé cette plainte le 22 septembre.

Effondrement climatique en cours

«Alors que l’ONU s’inquiète de l’effondrement climatique en cours, TotalEnergies ne doit plus continuer à alimenter sciemment, librement et impunément le dérèglement climatique», ont déclaré les avocats William Bourdon et Vincent Brengarth. «Il est temps que l’entreprise soit tenue responsable de ses activités», ont-ils ajouté dans un communiqué.

Cette plainte est «inédite» car elle assigne la société TotalEnergies «devant le juge pénal pour des faits s’apparentant à un climaticide, et qui, jusqu’ici, n’avaient leur place que devant des juridictions civiles». Selon William Bourdon, «les poursuites au civil n’intimident pas les grands patrons, a-t-il expliqué au MondeLa seule chose qui les embarrasse, c’est le risque d’une mise en examen, d’un procès public, d’une sanction pénale et, in fine, d’une atteinte à leur image.»

TotalEnergies «n’a pas connaissance de cette plainte et ne sait pas ce qu’elle vise», affirme-t-on du côté de l’entreprise. «La Compagnie mène ses opérations en conformité avec ses standards d’opération et avec les lois et règlements. Elle répondra aux demandes des autorités le cas échéant», a-t-elle ajouté.

TotalEnergies avait annoncé l’année dernière un accord d’investissement de 10 milliards de dollars avec l’Ouganda, la Tanzanie et la compagnie chinoise CNOOC, pour la construction d’un oléoduc chauffé (EACOP) de 1 443 kilomètres reliant les gisements du lac Albert, dans l’ouest de l’Ouganda, à la côte tanzanienne sur l’océan Indien. Le groupe prévoit également le forage de près de 400 puits de pétrole dans le parc naturel des Murchison Falls – les chutes du Nil Blanc, parmi les plus puissantes au monde –, une remarquable réserve de biodiversité et plus grand parc national d’Ouganda.

Un impact majeur sur la nature

Pour les avocats des associations, ce projet «serait à l’origine d’importants déplacements de populations» et «contribuerait à un appauvrissement majeur des populations locales». Il aura aussi un impact majeur sur «de nombreuses zones naturelles», soulignent-ils. Les plaignants accusent le groupe de ne mettre en place «aucune action permettant de lutter contre le sinistre qui frappe déjà la moitié de la population mondiale».

Les associations de protection de la nature dénoncent une stratégie de communication «visant à donner l’illusion d’une stratégie environnementale ambitieuse afin de dissimuler l’absence d’actions concrètes et adaptées» pour lutter contre le réchauffement climatique.