Guerre à Gaza : colère des familles d’otages israéliens, vives tensions en mer Rouge, mort d’un soldat de Tsahal près du Liban… Ce qu’il faut retenir du 16 décembre

par LIBERATION et AFP

Publié le 16 décembre 2023

Manifestation spontanée à Tel-Aviv exigeant un cessez-le-feu avec le Hamas après l’annonce de la mort de trois otages israéliens, tués « par erreur » par l’armée israélienne. (Violeta Santos Moura/REUTERS)

Des détails sur la mort des trois otages. Israël pleure ce samedi 16 décembre la mort des trois otages tués «par erreur» par ses propres soldats dans le nord de la bande de Gaza. La nouvelle a secoué le pays vendredi soir. Les victimes sont Yotam Haïm, un batteur de Heavy Metal de 28 ans, Samer al-Talalqa, un Bédouin de 25 ans, et Alon Lulu Shamriz, 26 ans. Samedi matin, un officiel de Tsahal a tenté d’expliquer le drame : tissu blanc au bout d’un bâton, tireur en hauteur, mauvaise compréhension de la situation, non-respect des règles d’engagement…

La tension monte en Israël. Si Benyamin Nétanyahou a aussitôt regretté «une insupportable tragédie» qui plonge «tout l’Etat d’Israël dans le deuil», une partie de l’opinion publique israélienne ne semble pas tenir les soldats pour responsables de la mort de ces trois otages, mais bien le gouvernement. Après un rassemblement spontané de centaines de personnes vendredi dans la nuit devant le quartier général de l’armée à Tel-Aviv, les familles des otages devaient s’exprimer en public dans l’après-midi de samedi et une nouvelle manifestation, où la mobilisation s’annonce massive, était attendue samedi soir.

Portraits des otages du Hamas, vendredi 15 décembre 2023 à Tel-Aviv. (Ahmad Gharabli/AFP)

Funérailles d’un reporter d’Al Jazeera tué dans une frappe israélienne. Des dizaines de journalistes ont participé ce samedi aux funérailles d’un caméraman de la chaîne qatarie Al Jazeera, Samer Abou Daqa, tué la veille par une frappe israélienne à Khan Younès, principale ville du sud de la bande de Gaza, selon la chaîne qatarie. Le chef de bureau d’Al Jazeera à Gaza, Waël Dahdouh, qui avait perdu son épouse et deux de ses enfants au début de la guerre, a lui été blessé au bras par des éclats d’obus et transféré dans un hôpital de Khan Younès. Plus de 60 journalistes et employés de médias sont morts depuis le début de la guerre Israël-Hamas, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).

Des bombardements «aveugles» pour Biden. Tôt ce samedi, le Hamas a fait état de «combats acharnés» dans le secteur de Jabalia (nord), de frappes aériennes et de tirs d’artillerie intenses à Khan Younès, nouvel épicentre des combats dans le sud du territoire. De passage en Israël jeudi et vendredi, le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a demandé aux responsables israéliens de passer à court terme à une phase de «plus faible intensité». Dans un signe de crispation inédit face à l’ampleur des pertes palestiniennes, le président américain Joe Biden avait d’ailleurs dénoncé des bombardements «aveugles», prévenant son allié israélien qu’il risquait de perdre son soutien international.

La police autorise une manifestation à Tel Aviv appelant à un cessez-le-feu

Un recours déposé à la Haute Cour avait fait valoir que les droits à la liberté d’expression et de manifestation doivent être respectés pendant la guerre actuelle.

Par JEREMY SHARON 16 novembre 2023, 21:09 – publié sur fr.timesofisrael.com

Des manifestants à Tel Aviv protestant contre l’arrestation de quatre hauts dirigeants arabes israéliens qui prévoyaient d’organiser une manifestation contre la guerre de Gaza, le 9 novembre 2023. (Crédit : Capture d’écran du Département du porte-parole de la police)

Le Département de la police de Tel Aviv a accepté jeudi d’autoriser une manifestation appelant à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, après que l’Association pour les droits civils en Israël (ACRI) a déposé un recours à la Haute Cour de justice exigeant de la police qu’elle délivre le permis nécessaire à la tenue du rassemblement.

La manifestation, prévue pour samedi soir, est la première manifestation de ce type appelant à un cessez-le-feu à recevoir une autorisation de la police depuis le début de la guerre, le 7 octobre, lorsque les terroristes palestiniens du Hamas ont franchi la frontière en masse et qu’ils ont tué 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et en ont enlevé au moins 240 autres.

Israël a répondu par une incursion aérienne et terrestre de grande ampleur dont l’objectif déclaré est l’éradication du pouvoir du Hamas sur Gaza et le retour de tous les otages.

La police de Tel Aviv avait initialement refusé d’autoriser l’événement, au motif qu’il pourrait conduire à des troubles civils et nuire aux sentiments des personnes déplacées du sud d’Israël et résidant actuellement à Tel Aviv, et avait déclaré que les forces de police ne disposaient pas des effectifs nécessaires pour assurer la sécurité du rassemblement.

En réponse, l’ACRI avait déposé un recours auprès de la Haute Cour au nom d’Amir Bardan, membre du conseil municipal de Tel Aviv-Jaffa, demandant à la Cour d’ordonner à la police d’autoriser la manifestation.

L’ACRI a fait valoir que les droits à la liberté d’expression et à la liberté de protestation doivent être respectés même en période d’urgence et de guerre, et que les inquiétudes concernant les troubles à l’ordre public et les offenses ne peuvent pas être une raison pour bloquer la liberté de manifestation.

L’association a également fait valoir que le refus d’accorder une licence pour la manifestation s’inscrivait dans le cadre d’un comportement « systématique et cohérent » de la police pendant la guerre actuelle, qui consiste à ne pas autoriser les manifestations qui s’écartent du large consensus de l’opinion publique.

Elle a également noté dans son recours que le refus de la police d’accorder des autorisations pour les manifestations à Umm al-Fahm et Sakhnin, ainsi que le comportement autoritaire de la police qui a dispersé même les petites manifestations et arrêté les personnes qui manifestaient en solidarité avec les politiciens arabes de haut rang arrêtés la semaine dernière.

L’ACRI a également souligné que la police avait autorisé une manifestation provocatrice sur la place Habima, appelant à la réoccupation de la bande de Gaza, à l’expulsion de ses habitants et à l’expansion de la présence juive sur le territoire.

Lors de l’audience de jeudi, la police a accepté d’autoriser la manifestation, mais à un endroit différent de celui prévu à l’origine et en limitant le nombre de participants.

Le rassemblement aura lieu au parc Charles Clore, situé en bord de mer et à l’écart du centre-ville, avec une limite de 700 manifestants qui appelleront à un cessez-le-feu et à un accord « d’échange d’otages ».

L’accord de la police de Tel Aviv d’autoriser cette manifestation a reçu le statut d’une décision de justice à la fin de l’audience de jeudi.

« La protection de la liberté d’expression et de la liberté de protestation qui en découle revêt une importance particulière en temps de crise et de combat », a déclaré ACRI à la suite de la décision de la Haute Cour. « Les appels au cessez-le-feu et à l’échange de prisonniers sont légitimes et relèvent de la liberté d’expression. »

Plus de 400 officiels américains s’opposent dans une lettre à la politique israélienne de l’administration Biden

La lettre exige un « cessez-le-feu » et appelle à une « désescalade » du conflit

De Washington – par Rabia İclal Turan  le 14.11.2023 – Mıse À Jour : 15.11.2023

Publié sur aa.com.tr

Plus de 400 officiels du gouvernement américain appartenant à 40 agences gouvernementales ont envoyé une lettre, ce mardi, au président Joe Biden, pour exprimer leur opposition à son soutien à Israël dans la guerre menée contre la bande de Gaza, et exigeant d’instaurer un cessez-le-feu.

La lettre, rapportée par le journal américain, The New York Times, signée par des responsables politiques et des membres du personnel du Département d’État, de la Maison Blanche, du Conseil de sécurité nationale et du ministère de la Justice, fait partie d’une série de canaux de dissidence internes au sein des agences gouvernementales concernant l’approche de l’administration Bidenvis-à-vis d’Israël, sur fond d’augmentation du bilan des victimes civiles, suite à la campagne de bombardements actuelle menée par Israël contre Gaza, après l’attaque du groupe de résistance palestinienne, Hamas, le 7 octobre dernier.

La lettre exige un cessez-le-feu immédiat et exhorte Biden à « mettre fin à l’effusion de sang causée par la campagne militaire de représailles d’Israël à Gaza, selon le rapport ».

« Nous appelons le président Biden à exiger de toute urgence un cessez-le-feu, et appeler à la désescalade du conflit actuel en obtenant la libération immédiate des otages israéliens et des Palestiniens arbitrairement détenus, le rétablissement des approvisionnements en eau, en carburant, en électricité et des autres services de base, et l’acheminement des aides humanitaires adéquates vers la bande de Gaza », selon les termes de la lettre citée par The New York Times.

« L’écrasante majorité des Américains soutiennent un cessez-le-feu », a indiqué la lettre, citant un sondage réalisé par Date for Progress, publié les 18 et 19 octobre derniers, qui a recensé que 66 % des Américains, dont 80 % des démocrates, estiment que les États-Unis devraient faire pression sur Israël pour imposer un cessez-le-feu.

« En outre, les Américains ne veulent pas que l’armée américaine soit entraînée dans une autre guerre coûteuse et insensée au Moyen-Orient », a ajouté la même source.

Cette lettre est intervenue après l’ouverture d’au moins trois canaux de dissidence internes par des dizaines d’employés du Département d’État, en plus d’une lettre ouverte de certains employés de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) critiquant la politique de l’administration Biden à l’égard d’Israël.

Interrogé à propos de la note récente signée dans la journée du lundi par 100 employés du Département d’État et de l’USAID, le porte-parole du Département d’État, Matthew Miller, a déclaré que l’un des points forts de l’agence était la « diversité des points de vue », ajoutant que le département « encourageait les gens à faire connaître leurs opinions ».

Miller a déclaré que le secrétaire d’État, Antony Blinken, avait rencontré plusieurs personnes de différents bureaux du département d’État pour écouter ce qu’elles avaient à dire concernant la politique américaine dans le conflit.

« Il encourage les gens à donner leur avis. Il encourage les gens à s’exprimer s’ils ne sont pas d’accord. Cela ne signifie pas que nous allons modifier notre politique en fonction de leurs désaccords », a déclaré Miller.

* Traduit de l’Anglais par Mounir Bennour.