45 migrants et réfugiés morts au large de la Libye : l’ONU demande une action urgente en Méditerranée

Publié sur ONU Info

20 août 2020Migrants et réfugiés

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) ont appelé les Etats à agir d’urgence pour secourir les migrants et réfugiés en mer Méditerranée après un nouveau naufrage meurtrier au large des côtes libyennes.

Au moins 45 migrants et réfugiés sont morts le 17 août dans un naufrage en mer Méditerranée au large de la Libye. Le moteur de leur embarcation a explosé alors qu’ils se trouvaient au large de la ville libyenne côtière de Zouara. Quelque 37 survivants, principalement originaires du Sénégal, du Mali, du Tchad et du Ghana, ont été secourus par des pêcheurs locaux, puis mis en détention après leur débarquement en Libye.

Ce nouveau naufrage en Méditerranée est le plus meurtrier enregistré au large des côtes libyennes depuis le début de l’année, ont précisé mercredi l’OIM et le HCR qui se sont dits profondément attristés par la mort tragique de ces 45 personnes, dont cinq enfants. A la suite de cette tragédie, les deux agences onusiennes appellent les Etats à réviser leur approche et à renforcer d’urgence les capacités de recherche et de sauvetage afin de répondre aux appels de détresse en mer.

« Nous craignons qu’en l’absence d’une augmentation urgente des capacités de recherche et de sauvetage, d’autres catastrophes pourraient survenir, de façon similaire aux tragédies ayant causé de nombreuses victimes en Méditerranée centrale avant le lancement de Mare Nostrum (opération de secours de la marine italienne d’octobre 2013 à octobre 2014) », ont déclaré l’OIM et le HCR dans une déclaration conjointe.

Les navires des ONG ont joué un rôle crucial pour secourir des vies

A ce jour, les deux agences onusiennes indiquent qu’il n’existe toujours pas de programme de recherche et de sauvetage spécifique dirigé par l’Union européenne (UE) en Méditerranée. Elles soulignent toutefois que les navires des ONG jouent un rôle crucial pour secourir des vies humaines en mer, dans un contexte de forte réduction des efforts déployés par les États européens.

L’OIM et le HCR estiment que « l’impératif humanitaire pour sauver des vies humaines ne doit pas être entravé, et que les restrictions juridiques et logistiques imposées au travail des ONG, doivent être rapidement levées ». Les deux agences se sont déclarées vivement préoccupés par les récents retards dans les opérations de sauvetage et de débarquement. « Nous demandons instamment aux États de réagir rapidement à ces incidents et de fournir systématiquement un port de sécurité prévisible pour les personnes secourues en mer. Les retards enregistrés ces derniers mois et l’absence d’assistance sont inacceptables et font courir des risques évitables à des personnes ».

Lorsque le bateau le plus proche capable d’effectuer un sauvetage est un navire commercial, celui-ci devrait être rapidement informé d’un port sûr afin de pouvoir y débarquer les passagers secourus, estiment l’OIM et le HCR. « Il ne devrait pas avoir pour instruction de renvoyer des personnes en Libye, où elles risquent de subir le conflit en cours, de graves violations des droits humains et une détention arbitraire après le débarquement », soulignent les deux agences.

La responsabilité d’exécution des sauvetages est de plus en plus souvent assumée par des bateaux de l’État libyen, qui ont déjà renvoyé plus de 7.000 personnes en Libye depuis début 2020. « Toute assistance et toute responsabilité confiées aux entités libyennes de recherche et de sauvetage devraient être subordonnées à la condition que personne ne soit détenu arbitrairement, maltraité ou soumis à des violations des droits humains après le débarquement », ont rappelé l’OIM et le HCR. « En l’absence de telles garanties, l’aide devrait être reconsidérée et les responsabilités redéfinies en matière de recherche et de sauvetage ».

302 migrants et réfugiés morts en Méditerranée centrale

Au moins 302 migrants et réfugiés tentant d’atteindre l’Europe en traversant la Méditerranée depuis l’Afrique ont déjà péri cette année. Selon le projet de l’OIM sur les migrants disparus (Missing Migrants Project) et le HCR, le nombre actuel de décès est probablement beaucoup plus élevé.

L’OIM et le HCR soulignent par ailleurs que la pandémie de Covid-19 ne doit pas servir de prétexte pour refuser aux personnes l’accès à toute forme de protection internationale. Plus de 17.000 personnes sont arrivées en Italie et à Malte cette année par bateau en provenance de la Libye et de la Tunisie, soit trois fois plus qu’en 2019.

« Toutefois, ce nombre a considérablement diminué par rapport aux années d’avant 2019 et peut être géré avec une volonté politique et la solidarité de l’UE avec les États côtiers européens », soulignent les deux agences. « Nous réitérons l’urgence de passer de dispositifs ad hoc à un mécanisme de débarquement plus rapide et plus prévisible ».

Expulsion d’une vingtaine de sans-papiers dont deux familles avec enfants à Perpignan

Le Comité de soutien aux sans-papiers , dont la LDH-66 est membre, dénonce cette expulsion dramatique pour les familles alors qu’il avait demandé un délai au juge d’application. Une audience était même programmée pour le 7 septembre.

Publié sur lindépendant.fr le 12/08/2020 

Perpignan : une vingtaine de sans-papiers expulsés d’un hôtel abandonné

Ce mercredi 12 août, la police a expulsé une vingtaine de sans-papiers, dont deux familles avec enfants, d’un hôtel squatté au 52 avenue Mermoz, à Perpignan. Les associations dénoncent.

Sur le trottoir, ils sont une douzaine assis sur des sacs plastiques. Deux vieux écrans TV, un climatiseur portable éreinté, des valises, quelques vivres, des œufs s’agglutinent face au 52 avenue Mermoz. Une dizaine de jeunes Guinéens, dont un en fauteuil roulant, un père de famille serbe et ses trois enfants de 9, 10 et 14 ans observent les policiers et les services techniques de la ville boucler les accès de cet hôtel occupé depuis 14 mois par ces sans-papiers.

A 8 heures, ce mercredi 14 août, l’établissement aux fenêtres éventrées a été évacué. « Dans le calme et sans violence », témoignent deux jeunes Guinéens. « Nous sommes maintenant à la rue. Sans lieu, sans presque rien et en plein Covid », ajoutent-ils. « Impossible de rentrer dans notre pays, où rien ne va ».

Un peu plus loin, les gamins serbes, scolarisés à Perpignan depuis plusieurs mois, servent d’interprète à leur père. « On ne comprend pas », soupire-t-il. « On est à la rue, sans rien, avec mes enfants. Que va-t-on devenir ? ». Le désespoir supplante la colère.

La préfecture assure que « les occupants se sont vu proposer une solution de relogement d’urgence »

Roger Hillel, membre du Comité de soutien aux sans-papiers, décrypte : « La justice avait accordé 14 mois d’occupation du site, à charge de trouver des solutions alternatives pour la suite. Mais, avec le Covid, tout a été mis en sommeil. Nous avions demandé un délai au juge d’application. Une audience était programmée ce 7 septembre. Nous savions que ce n’était pas suspensif, mais nous pensions que dans les conditions actuelles, les autorités attendraient l’audience pour prendre des décisions. Cette expulsion est humainement dramatique ».

« L’évacuation du bâtiment, occupé sans droit ni titre, au 52 avenue de Mermoz à Perpignan est l’application d’une ordonnance d’expulsion du 3 avril 2019 obtenue par la mairie de Perpignan propriétaire des lieux », communique la préfecture des P.-O. « Le juge des référés avait donné dans cette ordonnance un délai de 12 mois aux occupants pour évacuer les locaux. L’opération d’évacuation s’est déroulée dans de bonnes conditions avec l’appui des forces de police et des services de la mairie de Perpignan et en présence de l’huissier de justice dûment mandaté.
Les occupants ont fait l’objet d’une enquête sociale préalable et se sont vu proposer une solution de relogement  d’urgence ».

Thierry BouldoireV