Des soignantes obligées de travailler en sous-effectif dans un Ehpad, leur direction les sanctionne

Publié sur bastamag.net

Des soignantes sont obligées de travailler en sous-effectif dans un Ehpad, leur direction les sanctionne

PAR RACHEL KNAEBEL 3 JUILLET 2019

Sophie est aide médico-psychologique dans un établissement pour personnes âgées (Ehpad). Une veille de Noël, elle et ses collègues soignantes apprennent qu’elles seront en sous-effectif pour s’occuper des résidents et sont invitées par leur hiérarchie à faire « au mieux ». Un an plus tard, elles sont sanctionnées et rétrogradées par leur direction. Voici pourquoi.

« Je vais voir l’effet de la sanction sur mon bulletin de salaire de juin. Ce n’était déjà pas beaucoup ce que je gagne, ce sera encore un peu plus difficile. » Sophie Dufaud est aide médico-psychologique (AMP) dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) à Riantec, dans le Morbihan. L’établissement dépend de l’hôpital de la commune. Sophie y travaille depuis 1992. « J’ai commencé comme agent de service hospitalier, puis j’ai suivi la formation pour devenir aide médico-psychologique », rapporte-t-elle.

Mère de famille, elle travaille à 80%, pour 1500 euros nets par mois. Depuis ce mois de juin, elle a perdu 130 euros par mois de salaire. C’est le résultat d’une sanction : le directeur du groupe hospitalier a décidé que Sophie devait perdre six échelons d’ancienneté ! Après plus de 25 ans de travail dans l’établissement, elle se retrouve presque au même niveau de salaire qu’une débutante, sans possibilité de récupérer totalement son ancienneté par la suite. Sa retraite s’en trouvera réduite.

Qu’a fait Sophie ? Sa « faute » est d’avoir, alors que son équipe était en sous-effectif suite un arrêt maladie, « fait au mieux », comme leur avait alors demandé au téléphone le cadre administratif de garde du groupe hospitalier. C’était fin 2017, juste avant Noël, le 23 décembre. Une collègue souffrante n’était pas remplacée ce matin-là. Sophie et les autres agentes de l’équipe assurent alors en priorité les toilettes des résidents, les petits déjeuners et les déjeuners. Et les habillent avec des tenues dites « médicalisées », des chemises de nuit, qui sont plus rapides et plus faciles à mettre aux personnes âgées. Les résidents qui sortent de leur chambre pour les animations ont aussi un plaid sur les genoux et des gilets. À la fin de son service, Sophie, qui est syndiquée à la CGT, remplit en son nom une fiche d’événement indésirable, pour signaler le dysfonctionnement.

Une soignante privée de salaire pendant six mois, sur simple décision du directeur

Un an plus tard, en mars 2019, Sophie et ses collèges passent en entretien pré-disciplinaire. Trois d’entre-elles sont ensuite convoquées à un conseil de discipline. Pour la direction de l’hôpital, leur comportement ce 23 décembre 2017 – avoir vêtu des résidents de chemises médicalisées, en avoir laissé d’autres au lit, faute de personnel en nombre suffisant – n’a pas respecté la dignité des résidents, et relève de la maltraitance. Le conseil, dont l’avis est consultatif, n’ordonne alors pas de sanctions. Mais le directeur du groupement hospitalier, Thierry Gamond-Rius, en décide autrement. Une agente reçoit un avertissement, Sophie est rétrogradée, et une infirmière est exclue pendant six mois avec suspension totale du salaire. « Cette infirmière a trois enfants. Le directeur n’a pas du tout pris en compte la situation familiale des gens », déplore Sophie.

La direction du groupement n’a pas répondu à nos demandes d’entretien. Mais dans un courrier du 11 juin aux secrétaires des sections syndicales de la CFDT, de Sud et de la CGT (que Basta ! a pu consulter), le directeur conseillait aux agentes de lui soumettre un « recours gracieux » : « Je vous rappelle qu’il existe des voies de recours. Dont le recours gracieux auprès de l’autorité qui a pris les sanctions, c’est-à-dire moi-même », écrit-il. Les soignantes ont préféré faire appel à un avocat pour demander l’annulation des sanctions devant le tribunal administratif. Une demande en référé (en urgence) est déposée pour l’infirmière suspendue pendant six mois. Dans son ordonnance, le juge des référés a considéré la sanction disproportionnée, ordonné la réintégration de l’agente, et demandé que la direction lui verse 1000 euros au titre des frais d’avocat. L’affaire doit encore être jugée sur le fond.

Une quatrième agente de l’Ehpad, une infirmière représentante de la CGT au comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), est sanctionnée en même temps que ses collègues pour avoir dit un jour de manière jugée trop autoritaire à un jeune salarié qu’il ne devait pas travailler plus de douze heures d’affilée, alors qu’il réalisait une journée de travail de plus de treize heures. Elle a été dégradée de deux échelons.

Des procédures d’exception qui deviennent de plus en plus fréquentes

« Ce genre de problèmes devraient être discutés dans l’équipe avec le cadre de santé, on ne devrait pas en arriver à des extrémités comme cela », déplore Françoise Jaffré, ancienne infirmière du même Ehpad, retraitée depuis quelques années. Elle est aujourd’hui membre du comité de soutien aux agentes sanctionnées. « Je n’ai jamais vu de telles sanctions prise à l’égard d’hommes. Il y a une discrimination de genre », dénonce aussi Claudine Cornil, ancien institutrice et animatrice du comité de soutien, longtemps engagée à l’union départementale CGT. Le groupe de soutien organise des réunions publiques, alerte les élus du conseil d’agglomération. « Nous sommes tous concernés par les Ehpad et par le vieillissement de la société. C’est un enjeu qui demande qu’on prenne soin de ceux qui prennent soin des aînés », ajoute l’ancienne enseignante.

En fait, dans cette commune du Morbihan, c’est depuis 2016 qu’un collectif qui regroupe soignants, syndicalistes et citoyens mobilise sur le situation des soignantes des Ehpad. « Le collectif a été créé avec l’objectif d’améliorer les conditions de vie des résidents, ce qui passe pour nous par les conditions de travail des personnels. Nous avons pensé qu’il fallait regrouper tout le monde pour pouvoir avancer. Car, déjà en 2016, les remplacements n’étaient plus correctement assurés à l’Ehpad », rappelle Françoise Jaffré.

« Il n’y a plus de communication. Nous avons perdu l’humain »

L’aide médico-psychologique Sophie Dufaud a de son côté vu les conditions de travail se détériorer largement depuis 2012 déjà. « En 2012, la direction a mis en place ce qu’on appelle les « procédures en mode dégradé ». Cela signifie qu’une absence pouvait ne pas être remplacée pendant les trois premiers jours, avec des procédures adaptées à cette situation qui disait les actes à réaliser malgré tout et ceux auquel nous devions renoncer, témoigne la soignante. Et puis, au fur et à mesure, cela s’est étendu sur plus de jours. »

Un événement supplémentaire change les conditions de travail dans l’Ehpad de Riantec : son intégration, en janvier 2018, au Groupement hospitalier Bretagne Sud, l’un de ces méga-hôpitaux qui sont devenus la norme depuis la loi sur la santé de 2016. Une fusion qui distend les relations entre l’administration et les personnels qui sont directement au contact des résidents, puisque tout est géré depuis Lorient, à une vingtaine de kilomètres. « Nous n’avons plus d’administration dans notre établissement, plus d’informaticiens, témoigne Sophie. Tout est à l’hôpital de Lorient. Il n’y a plus de communication. Nous avons perdu l’humain. Nous sommes devenues des matricules. Pour nous, cette fusion, ce n’est pas bénéfique du tout. »

« Nous sommes gérés par des personnes qui ne savent pas ce qu’est notre travail »

C’est donc un directeur qui n’est pas sur place qui a décidé seul de sanctionner les quatre soignantes. Le 25 juin, Sophie et ses collègues ont tenté de rencontrer les membres de la direction du Groupement hospitalier à Lorient, qui se réunissaient pour un Comité technique d’établissement (CTE). Ce fut peine perdue. « Le directeur est parti, il n’a pas voulu nous voir, dit-elle. Mais j’ai dit à la direction, venez voir comment nous travaillons dans les Ehpad. Il faut venir, il faut mettre une blouse. La direction se permet de nous sanctionner alors qu’elle ne sait pas ce que nous faisons. Nous sommes gérés par des personnes qui ne savent pas ce qu’est notre travail, mais ils sont au-dessus de nous, ils ont le pouvoir de nous punir ».

Le large mouvement de grève qui agite les Ehpad début 2018 ouvre les yeux de nombre de citoyens sur la situation dans ces établissements et les difficultés des soignantes à travailler avec toujours moins d’effectifs. Les familles des résidents sonnt alors elles-mêmes nombreuses à soutenir les travailleuses. Même l’association des directeurs d’établissements pour personnes âgée soutient la grève.

Mais à Riantec, Sophie et ses collègues se sont retrouvées abandonnées par la direction de leur Ehpad et par l’administration. « Au téléphone, le cadre administratif nous a dit de faire au mieux. Nous faisons comme nous pensons que c’est le mieux vu la situation, et on nous sanctionne pour la décision que nous avons prise. Ce que nous avons fait de jour-là, ce sont des choses qui se passent tous les jours dans le Ehpad. Les agentes sont épuisées, partout », rappelle Sophie Dufaud. « Ils nous traitent de maltraitantes, alors que c’est de la maltraitance institutionnelle, dans les Ehapd, en psychiatrie, aux urgences… »

Rachel Knaebel

Les médecins urgentistes en grève réclament « 4 milliards d’euros pour les hôpitaux et les Ehpad »

Publié sur francetvinfo.fr

Urgences en grève : l’Association des médecins urgentistes de France réclame « 4 milliards d’euros pour les hôpitaux et les Ehpad »

La ministre de la Santé, elle, propose 70 millions d’euros!

Après presque quatre mois de mobilisation dans certains services d’urgences, une nouvelle manifestation a lieu mardi 2 juillet. L’objectif est de « signifier à la ministre [Agnès Buzyn] que ce qu’elle a proposé jusqu’à présent n’est pas suffisant », explique Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France, sur franceinfo. « Elle [la ministre de la Santé] nous propose 70 millions, nous réclamons 4 milliards pour les hôpitaux et les Ehpad [établissements d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes] », poursuit-il.

franceinfo : Que recherchez-vous avec cette nouvelle manifestation ?

Christophe Prudhomme : Elle peut signifier à la ministre que ce qu’elle a proposé jusqu’à présent n’est pas suffisant. C’est même considéré comme une aumône, par les personnels. Parce qu’aujourd’hui, au-delà des services d’urgences, d’autres services se mettent en grève. C’est l’ensemble de l’hôpital qui est en train de s’effondrer, et nous avons besoin d’un véritable plan Marshall pour l’hôpital. Nous demandons des effectifs, des lits supplémentaires et des augmentations de salaire.

Mais la prime de risque, 100 euros net par mois, a été mise en place depuis lundi. N’est-ce pas un premier pas ?

Déjà, il s’agit d’une prime, donc si vous quittez le service d’urgences, vous ne la touchez plus. Ce qui est demandé, ce n’est pas 100 euros, mais 300 euros. Vous savez qu’une infirmière aujourd’hui en France, par rapport à ses collègues des autres pays de l’OCDE [Organisation de coopération et de développement économique], gagne 400 euros de moins par mois. C’est l’une des raisons pour lesquelles on a du mal à recruter, en particulier dans les grandes villes et à Paris. Et les 70 millions d’euros, la prime, c’est toujours bon à prendre mais c’est très en dessous de ce qu’il nous faut. Aujourd’hui, il y a une solution qui est très simple, c’est supprimer la taxe sur les salaires, qui est un impôt prélevé sur le budget de l’hôpital et qui est un impôt honteux. Ça représente 4 milliards d’euros, et ce sont ces 4 milliards que nous réclamons aujourd’hui pour l’hôpital en général et pour les Ehpad. C’est en train de craquer partout. Nous avons trop de personnes âgées qui arrivent dans les services d’urgences, parce qu’il n’y a pas assez de personnel dans les Ehpad.

La proposition de création de 230 postes à Paris en Île-de-France par l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) ne permettra-t-elle pas de répondre localement au problème ?

Martin Hirsch [directeur de l’AP-HP] se fout de nous. Il nous propose des postes aux urgences, mais dans le même temps, il est en train d’appliquer un plan de retour à l’équilibre qui est en fait un plan d’économies, avec 800 à 1 000 suppressions d’emplois par an jusqu’en 2022. Donc en fait il ne donne pas 230 postes aux urgences, il diminue un peu les suppressions d’emplois prévues. Mais si on supprime des emplois, ça va transférer le problème dans d’autres services. Le directeur général de l’Assistance publique et les directeurs d’hôpitaux aujourd’hui ne peuvent pas mettre l’argent qu’ils n’ont pas. Or, qui décide du budget des hôpitaux ? C’est la ministre de la Santé, dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale. Et aujourd’hui il va falloir serrer les cordons de la bourse, mais pas à hauteur de 70 millions.

Vous avez une obligation de service minimum, y compris pendant cette période de grève. Est-ce que ça vous empêche de réellement mettre la pression sur le gouvernement ?

Le gouvernement a quand même une certaine pression. Nous ne sommes pas le seul service public à se mettre en grève de manière symbolique : nos collègues pompiers sont en grève depuis une semaine et ont déposé un préavis de grève pour les deux mois d’été. Notre meilleur soutien vis-à-vis du gouvernement c’est la population. Un sondage paru la semaine dernière montre que 92% de la population nous soutient. Et puis, notre grève va se poursuivre pendant l’été. Il y aura des rendez-vous à la rentrée. Vous savez, la grève c’est plutôt les initiatives très ponctuelles, pour faire un peu parler de nous. La grève se développe aussi énormément en province, elle est partie de Paris il y a plusieurs mois mais maintenant c’est la province qui se met en branle, avec des services qui rentrent en grève seulement aujourd’hui notamment à Metz, Saint-Flour, Draguignan… Le mouvement s’étend.

Grève Fonction publique : forte mobilisation avec 250 000 manifestants selon les syndicats

Des fonctionnaires défilent à Marseille ce jeudi 9 mai contre la réforme de la fonction publique qui passera à l'Assemblée à partir de lundi prochain (illustration)

Publié sur ouest-france.fr

Grève dans la fonction publique. Des manifestants battent le pavé partout en France

Une mobilisation unitaire qui pourrait n’être « qu’une étape » : les fonctionnaires, appelés à la grève, ont manifesté partout en France ce jeudi 9 mai contre le projet de loi censé « moderniser » leur statut, au menu de l’Assemblée nationale à compter du 13 mai. La CGT revendique 30 000 manifestants à Paris et des dizaines de milliers à travers la France.

Les fonctionnaires, appelés à la grève, ont manifesté partout en France jeudi contre le projet de loi censé « moderniser » leur statut, au menu de l’Assemblée nationale à compter du 13 mai, dans une unité syndicale clairement affichée à Paris, chose exceptionnelle.

Dans la capitale, la manifestation a rassemblé tous les leaders des grandes centrales : Philippe Martinez (CGT), Laurent Berger (CFDT), Yves Veyrier (FO) et Laurent Escure (Unsa). « Un fait rare » qui « devrait alerter le gouvernement », selon M. Martinez. D’après la CGT, les manifestants étaient 30 000 à Paris.

Les manifestants étaient 3 000 à Marseille (syndicats), de 3 300 (préfecture) à 5 300 (intersyndicale) à Lyon. Ils étaient presque autant à Nantes (3 000 à 4 000 selon les sources) où enseignants, employés des finances publiques, personnels de la fonction publique hospitalière soutenus par des Gilets jaunes ont manifesté. En tête de cortège des employés des urgences du CHU qui scandaient : « des patients partout et pas de soignants »« soignants épuisés, hôpital en danger ».

À Marseille, facteurs, enseignants et retraités ont manifesté dans la matinée, de même qu’à Lyon, où ils étaient 4 500 selon la police. Souvent rejoints par des étudiants, lycéens ou cheminots, les fonctionnaires étaient 4 300 à Nantes, 2 700 à Caen, 2 200 à Périgueux, 2 800 à Rennes, 1 600 à Perpignan et Saint-Etienne ou encore 500 à Auch, d’après les autorités.

Ne pas fermer les services publics

Entre un et plusieurs milliers de personnes se sont également rassemblées à Rennes, Montpellier, Bordeaux, Angers, Lille, Strasbourg, Perpignan, Albi…À Marseille, facteurs, enseignants et retraités ont manifesté dans la matinée, de même qu’à Lyon, où ils étaient 4 500 selon la police. Souvent rejoints par des étudiants, lycéens ou cheminots, les fonctionnaires étaient 4 300 à Nantes, 2 700 à Caen, 2 200 à Périgueux, 2 800 à Rennes, 1 600 à Perpignan et Saint-Etienne ou encore 500 à Auch, d’après les autorités.

« Macron continue de faire comme si de rien n’était […]. On ne peut pas dire d’un côté, on ferme des services publics et de l’autre, on rapproche les gens des services publics. Ça n’a ni queue, ni tête », s’est indigné Jacky Wagner (CGT) dans la capitale alsacienne.

À Dunkerque, les douaniers étaient très majoritaires. Ils sont en conflit depuis début mars avec Bercy pour obtenir des moyens et effectifs supplémentaires, un mouvement particulièrement suivi dans les Hauts-de-France autour du point sensible du tunnel sous la Manche. Le trafic des ferries à Calais a été annulé dans la matinée, en raison d’une grève de la capitainerie levée à midi.

Des tentes devant l’hôpital de Clermont-Ferrand

Chez les contrôleurs aériens, la grève a occasionné « des retards de 40 à 50 minutes » sur les vols intérieurs au départ des aéroports parisiens, mais c’est l’aéroport de Toulouse qui était le plus affecté par le mouvement, selon la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). La DGAC avait demandé aux compagnies de réduire, en vue du mouvement social, de 30 % le nombre de leurs vols court-courrier au départ de Paris-Charles de Gaulle, Orly, Lyon, Marseille et Toulouse, en densifiant le remplissage de certains vols.

Partout les slogans interpellaient notamment sur la santé : « Plus de moyens humains Buzyn pour la santé publique » (Paris), « aide-soignante, métier formidable, salaire fort minable » (Rennes) ; l’école « Pour un service public égalitaire, non à Blanquer »(Bordeaux), ou les retraités « contre l’austérité ».

À Valence, les manifestants ont déposé symboliquement 30 tentes et cartons devant l’hôpital pour dénoncer la fermeture de lits. À Grenoble (entre 1 000 et 2 000 personnes), comme à Clermont-Ferrand (1 600, selon la préfecture), des pancartes invitaient à « chasser Macron »ou à le « licencier » et « sans indemnités ».

Une journée qui n’est « qu’une étape »

Les neuf syndicats de la fonction publique (CGT, CFDT, FO, FSU, Solidaires, Unsa, FA-FP, CFE-CGC, CFTC) représentant les 5,5 millions d’agents publics dénoncent une réforme à « la portée très grave », y compris pour la qualité du service rendu aux citoyens.

Pour le gouvernement, au contraire, elle facilite notamment le recours aux contractuels pour rendre l’administration « plus attractive et plus réactive » face aux « nouvelles attentes »des Français.

Les syndicats ont prévenu que cette journée ne serait « qu’une étape » d’une mobilisation « dans la durée » pour « dire non » au projet de loi présenté en Conseil des ministres le 27 mars et demander au gouvernement qu’il « ouvre enfin des négociations sur de nouvelles bases ».

17,59 % de grévistes dans le primaire

Le secrétaire d’État Olivier Dussopt leur a opposé une fin de non-recevoir, confirmant qu’il n’y aurait ni retrait, ni renégociation de cette réforme « attendue par les agents » selon lui.

Le secrétariat d’État a fait état de 3,3 % de grévistes dans la fonction publique territoriale (contre 6,5 % le 22 mai 2018), 4 % dans l’hospitalière (contre 7,5 %) et 11,4 % dans la fonction publique d’État (contre 10,3 %) avec une forte participation des enseignants, mobilisés également contre leur propre réforme à l’Éducation.

Leur ministère a recensé de son côté 17,59 % de grévistes dans le primaire et 11,68 % dans le secondaire. Au ministère de la Culture, l’intersyndicale a recensé « jusqu’à 90 % de grévistes sur certains sites ».

Selon Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU (premier syndicat du primaire), les enseignants déplorent l’absence de réponse sur les salaires mais ils s’inquiètent plus particulièrement de la « loi pour une école de la confiance », bientôt en discussion au Sénat, qui « ne répond aucunement aux urgences de l’école ».

Passage en force

L’ensemble des syndicats critiquent « un passage en force » du gouvernement, qu’ils accusent de vouloir une fonction publique alignée sur les règles du privé, au détriment du statut de fonctionnaire et de l’indépendance des agents.

Le projet de loi sera au menu de l’Assemblée nationale à compter de lundi en première lecture. Le gouvernement souhaite le faire adopter avant l’été pour entrer en vigueur au 1er janvier 2020.

Il s’inscrit dans un objectif de suppression de 120 000 postes d’ici à 2022. Un objectif qualifié d’« atteignable » le 26 avril par le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, alors qu’Emmanuel Macron s’était dit la veille prêt à « l’abandonner » et a demandé au gouvernement « son analyse d’ici l’été ».

Perpignan : entre 2 et 3000 manifestants dans les rues de la ville d’après la CGT (1600 d’après la préfecture)

À Marseille, facteurs, enseignants et retraités ont manifesté dans la matinée, de même qu’à Lyon, où ils étaient 4 500 selon la police. Souvent rejoints par des étudiants, lycéens ou cheminots, les fonctionnaires étaient 4 300 à Nantes, 2 700 à Caen, 2 200 à Périgueux, 2 800 à Rennes, 1 600 à Perpignan et Saint-Etienne ou encore 500 à Auch, d’après les autorités.