Non à la réforme des retraites ! Oui à plus de justice sociale !
Ne cassons pas la solidarité au profit du capitalisme
Le gouvernement a proposé puis imposé un projet de réforme des retraites dénommé « système universel de retraite ». Initialement basé sur le rapport Delevoye, ce projet a évolué au fil des contestations par quelques mesures en trompe l’œil mais reste majoritairement rejeté par les citoyens.
Sur la forme, le conseil d’Etat a émis un avis très critique sur ce projet relevant en particulier des projections financières insuffisantes et lacunaires et une absence généralisée de consultation d’organismes impactés. Il note également que pour ce projet de grande ampleur, une large consultation devrait être pratiquée avec de longs délais pour permettre un projet abouti et consensuel.
Or, le gouvernement a annoncé vouloir « passer en force » et recourir aux ordonnances.
A la contestation qui se répand dans la société, le gouvernement répond par quelques aménagements catégoriels, et surtout, par une répression souvent violente et disproportionnée
L’actuel système français de retraite est un système solidaire, fondé depuis 1945 sur la répartition, c’est-à-dire que les cotisations et les taxes versées une année donnée finançent les prestations de cette même année.
Le Conseil d’Etat souligne que le niveau de vie moyen des « seniors » comparé au reste de la population est, en France, parmi les plus élevés au sein de l’OCDE. Il est, en outre, caractérisé par l’existence en son sein de mécanismes de solidarité, en faveur notamment des personnes ayant élevé des enfants et des personnes âgées aux ressources les plus faibles. Il précise qu’avec ce système, le taux de pauvreté des retraités a été pratiquement divisé par 5 entre 1970 et 2017.
Le nouveau système proposé par le gouvernement n’offre aucune garantie aux futurs retraités, les différents modes de calculs présentés étant flous, divergents, et basés sur des indices volatiles ou non reconnus.
Ce n’est plus un système basé sur la solidarité mais tout au contraire sur le capitalisme. C’est-à-dire que les cotisations serviraient à générer de l’argent dont profiteraient en premier les gestionnaires, les organismes financiers ou les grandes sociétés.
Nous considérons que ce projet provoquerait une régression de la justice sociale et contribuerait de manière importante à détruire la solidarité au profit de l’individualisme.
En faisant dépendre la possibilité du versement des retraites du rendement du capital constitué par les organismes financiers, ce projet pourrait très bien conduire à la suppression des retraites en cas de crise voire de krach financier. Ce cas est loin de n’être que théorique si on pense aux affaires Madoff, Clearstream, et si on écoute le cabinet McKinsey qui alertait en octobre dernier sur la situation de 354 banques…
Le projet présenté engendrerait probablement une augmentation des écarts du niveau de vie des futurs retraités, au détriment de ceux qui auront eu les parcours les plus précaires, et au profit de ceux qui déjà se seront enrichis au cours de leur carrière professionnelle.
Nous pensons également qu’il créerait un appauvrissement général, puisqu’une partie des cotisations profiteraient forcément à des organismes financiers.
Ce projet semble convenir parfaitement à des organismes capitalistes dont les objectifs sont uniquement financiers et qui n’ont aucune éthique ni politique sociale. Il recueille une opposition massive et constante dans la population française.
Nous partageons cette opposition à cette réforme car nous considérons :
- Qu’il n’est pas justifié de détruire un système solidaire au profit d’un système individualiste.
- Que la solidarité intergénérationnelle créée par la contribution des actifs au profit des anciens, est une composante essentielle du « vivre ensemble ».
- Qu’offrir au capitalisme d’accéder à sa guise aux importantes sommes cotisées par la population ne va pas favoriser la justice sociale, et conduire probablement à encore nuire à l’environnement.
- Que dans un régime démocratique, une réforme de cette ampleur nécessite des débats approfondis, des données claires et incontestées. Une telle réforme ne pourrait être acceptable que si une consultation populaire s’exprimait de manière très majoritairement favorable.
C’est pourquoi la section Ligue des Droits de l’Homme de Pertuis demande au gouvernement d’abandonner ce projet de réforme des retraites et de mettre en œuvre une politique de justice sociale, au profit des plus faibles et des plus démunis, et en respectant les droits fondamentaux de chacun.
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