En Pologne, la chasse aux avortements continue

Malgré l’examen de nouveaux textes au Parlement polonais, l’avortement est toujours illégal en Pologne à quelques exceptions près : viol, malformation du fœtus, mise en danger de la vie de la mère. Mais rien n’arrête les militantes, ni les lois, ni les débats.

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Avortement illégal et peines de prison (condamnation pouvant aller jusqu’à 5 ans de prison)

Anna ne veut pas révéler son nom. C’est trop dangereux. Et elle ne se considère pas comme une héroïne : “Je suis juste une militante qui consacre plusieurs heures par semaine à aider des personnes en quête d’une aide à l’avortement ou en cours de processus d’avortement. Rien de plus”. 

Je me fous de ce que font les politiciens, je fais juste ce que j’ai à faire. Ces avortements doivent avoir lieu, c’est tout.

En effet, malgré les promesses de la coalition libérale arrivée au pouvoir en octobre dernier, l’avortement est toujours illégal en Pologne. Depuis 1993, les seules entorses à cette loi d’un autre âge sont les grossesses issues d’un acte illégal (viol, inceste ou autre), celles qui mettent en danger la santé ou la vie de la mère et celles impliquant une malformation du fœtus. Tout ça dans un délai maximal de douze semaines, soit moins que les quatorze semaines d’avortement légal et sans condition en France.

De nombreuses femmes, à l’intérieur et à l’extérieur des frontières polonaises, se sont donc organisées depuis des années pour lutter contre ces textes à peine croyables au sein de l’Union européenne. De nombreuses associations comme Abortion Dream Team fournissent des informations aux femmes faisant face à une grossesse non désirée, elles les assistent dans leurs démarches, que ce soit dans le fait de se procurer une pilule abortive à l’étranger ou dans l’organisation d’un voyage aux fins évidentes. Elles leur apportent aussi un profond soutien émotionnel et parfois financier.

La loi polonaise tue.

Depuis 2021, au moins six femmes sont mortes de n’avoir pas pu avorter lorsqu’il le fallait.

 “Certains médecins ne veulent pas pratiquer d’avortement parce qu’ils sont contre et qu’ils décident de ne se concentrer que sur le fœtus. Ou parce qu’ils ont peur pour eux. Ils ont peur qu’il y ait une enquête sur leur décision et qu’ils soient condamnés.«