
« Je serai intraitable » : quand Bernard Arnault interdit aux cadres de LVMH de parler à certains médias.
Bernard Arnault, la plus grosse fortune de France, a pris la plume pour interdire par mail aux cadres de son groupe de luxe LVMH, de s’adresser à certains médias dont Mediapart, le Canard enchaîné ou encore La Lettre qui a révélé le document, ce mercredi 18 septembre.
Merci Patron ! «Bernard Arnault, le procès aura lieu» : François Ruffin obtient un procès civil sur ses accusations d’espionnage par LVMH.
L’ex-insoumis accuse le groupe de luxe de l’avoir fait surveiller pendant la réalisation du documentaire « Merci Patron ! ». Les poursuites pénales engagées en 2019 avaient été abandonnées après un accord entre le groupe de luxe et la Justice.
C’est touchant. C’est juste un petit classeur, rouge, avec dedans des transparents. Le même que des centaines d’écoliers. Moins d’un euro chez Carrefour. Et il faut en dire la beauté, pourtant, de ce petit classeur rouge. Car voilà comment se conserve une tranche d’histoire populaire, comment est sauvé de l’oubli un drame qui, pourtant, a fait basculer des milliers d’existences. Juste un petit classeur rouge. Tandis qu’en face, ils se font bâtir des musées, ils réalisent des films sur leur success story, ils publient des ouvrages qui les célèbrent, et distordent ainsi une mémoire à leur gloire.
Mardi 2 décembre, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet est l’invitée de 8h20 sur France Inter, pour la première fois depuis la rentrée. L’occasion d’entendre les revendications des travailleurs ? Ou, pour les deux intervieweurs, de se faire les porte-voix du grand patronat.
Trahisons, manipulations, surveillance… Les méthodes de Bernard Arnault disséquées dans «Cash Investigation».
L’émission d’enquête de France 2 s’intéresse jeudi 4 décembre au parcours et aux procédés du patron de LVMH, l’empire français du luxe. De ses débuts dans l’immobilier à la conquête de Dior et Louis Vuitton, l’homme de Roubaix a utilisé tous ses appuis et toutes les combines pour construire son groupe.
Bernard Arnault paierait proportionnellement 6 fois moins d’impôts qu’un Smicard, selon Zucman.
L’économiste Gabriel Zucman, spécialiste mondialement reconnu des inégalités et de l’évasion fiscale, souligne que le taux d’imposition sur les revenus de Bernard Arnault est six fois inférieur à celui d’un salarié au SMIC, soit 1,25 % contre 9,7 %.
De son côté, le propagandiste d’extrême-droite au service de l’ami Bolloré, Pascal Praud, lance à propose de l’émission Cash Investigation sur LVMH : “On devrait faire une statue à Bernard Arnault ! »
L’itinéraire sans surprise d’un héritier
Enfant issu d’une famille aisée, entré à Polytechnique en 1969, il est diplômé en 1971. Puis il choisit l’École des mines de Paris comme « école d’application ».Dès sa sortie de l’école, en 1971, Bernard Arnault rejoint l’entreprise familiale de bâtiment et travaux publics Ferret-Savinel. Nommé directeur de la construction de l’entreprise en 1974, il est promu directeur général en 1977 à l’âge de vingt-sept ans, avant de succéder à son père à la tête de la société en 1978.
Il reconvertit l’entreprise dans la promotion immobilière avec pour slogan : « Férinel, propriétaire à la mer » (Férinel sera rachetée en 1995 par la Générale des eaux puis renommée Nexity).
En 1981, il s’expatrie aux États-Unis où il fonde l’entreprise Férinel Inc. et fréquente le promoteur immobilier Donald Trump.
En 1984 il se porte candidat au rachat du Groupe Boussac, qui possède alors Christian Dior (à l’exception des parfums, alors séparés depuis les années 1970), le grand magasin Le Bon Marché, l’enseigne de distribution Conforama et le fabricant de couches Peaudouce. Il souhaite s’emparer de Dior et rachète le groupe Boussac, alors en difficulté, en promettant de maintenir l’emploi et d’assurer « la survie du groupe en évitant son démantèlement ».
Pour ce faire, il bénéficie de l’appui de la banque Lazard en la personne de l’influent Antoine Bernheim, surnommé « le banquier faiseur de rois » et s’engage dans un document de quarante-quatre pages à maintenir 12 252 des 16 000 emplois du groupe Boussac Saint-Frères.
Bernard Arnault devient PDG de Dior en 1985. Bien qu’ayant obtenu des subventions publiques de l’État pour ce rachat, il n’honorera jamais sa parole, et quelques mois plus tard, seuls 8 700 des 12 252 emplois garantis subsistent ; de 15 000 employés, le groupe en conserve 8 000 quelques années après le rachat.
En 1987, la Commission européenne estime que les aides accordées par l’État français ont faussé le jeu de la concurrence au sein des États membres et exige du groupe de Bernard Arnault le remboursement de 338,56 millions de francs, y compris des aides datant d’avant le rachat par Bernard Arnault, lorsque l’entreprise était une société à capitaux publics.
En juillet 1988, Bernard Arnault rachète Celine.
L’année suivante, en 1988, le groupe est à la recherche d’investisseurs. Avec plus de 25 % des actions, Bernard Arnault devient l’un des actionnaires principaux du groupe.
Pour prendre le contrôle définitif du groupe, Bernard Arnault lance une offre publique d’achat (OPA). Profitant de la pagaille boursière et actionnariale, il devient, en juillet 1988, premier actionnaire de LVMH et actionnaire majoritaire le 6 janvier 1989, avec l’aide de la banque Lazard et du Crédit lyonnais.
Il réunit, en 1989, les parfums et la couture au sein de la holding Christian Dior SA. Cette holding a alors pour filiales Christian Dior Couture et LVMH, qui possède la marque Parfums Christian Dior, anciennement propriété de Moët-Hennessy. En 1989, il devient le PDG de LVMH.
En 1993, il rachète le quotidien économique La Tribune sans parvenir à redresser ses ventes, malgré des investissements qui s’élèvent à près de 150 millions d’euros. Il décide en novembre 2007 de revendre le titre pour acquérir l’autre grand quotidien économique français, Les Échos, pour 240 millions d’euros.
Dans les années 1990, les acquisitions de son groupe s’enchaînent. Il rachète 21 % des parts de Guinness et entre à son conseil d’administration. En 1997, il échoue à bloquer la fusion entre Guinness et GrandMet qui aboutit à la création de Diageo en 1998.
À la fin des années 1990, Bernard Arnault fait de l’art le pilier de la stratégie de communication de son groupe en achetant Phillips, le numéro trois mondial de la vente aux enchères, pour 125 millions d’euros, et Tajan, le premier français de ce même secteur.
En 1996, le groupe de Bernard Arnault acquiert 38 % du capital de Château d’Yquem, grand cru classé de Sauternes, dans le vignoble bordelais. En 1998, il devient majoritaire avec 64 % des actions.
Pour symboliser la croissance et la force du groupe LVMH aux États-Unis, Bernard Arnault décide dans les années 1990 de regrouper ses activités au sein d’une même tour à New York, la LVMH Tower. Il choisit l’architecte Christian de Portzamparc pour réaliser ce projet, dans lequel il s’implique personnellement. Le 8 décembre 1999, la tour LVMH est inaugurée en présence d’Hillary Clinton.
En 2001, il trouve un accord avec François Pinault dans la bataille qui les opposait pour la maison de couture Gucci, en vendant les 20 % de titres Gucci détenus par LVMH pour 2,13 milliards d’euros.
En 2008, il se lance sur le marché du yacht en s’offrant le constructeur britannique Princess Yachts pour un total de 253 millions d’euros, puis en prenant le contrôle de Royal van Lent pour un montant équivalent.
En septembre 2012, à la suite des révélations au sujet de sa demande de nationalité belge, Bernard Arnault se voit consacrer la une du quotidien Libération, sous le titre « Casse-toi riche con ! », qui entraîne une polémique. En janvier 2013, la quasi-totalité de ses actifs du Groupe Arnault et du Groupe familial Arnault sont transférés en Belgique et Thierry Breton assure la présidence de cette fondation Protectinvest.
À la suite de la parution du numéro de Libération, les sociétés dépendant du groupe LVMH retirent leurs publicités prévues jusqu’à la fin de l’année, entraînant un manque à gagner de 150 000 € pour le quotidien.
En 2012 toujours, Bernard Arnault, victime d’un chantage, fait officieusement appel, à travers Bernard Squarcini, aux services de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI), anciennement DCRI, qui met à disposition, aux frais de l’État français, un important dispositif d’espionnage, aboutissant au licenciement d’un employé de LVMH. À son arrivée au pouvoir, François Hollande ne reconduit pas dans ses fonctions Bernard Squarcini, que Nicolas Sarkozy a nommé à la tête de la DCRI. Il est alors embauché chez LVMH.
Le 10 avril 2013, dans un entretien au Monde, Bernard Arnault annonce qu’il retire sa demande de nationalité belge et réaffirme son « attachement à la France ». Il ajoute qu’il aurait, dans tous les cas, continué de résider en France et n’a pas souhaité échapper à l’impôt. Toutefois, en avril 2014, les journalistes de l’émission de France 2 Complément d’enquête retrouvent des documents montrant que Bernard Arnault a rempli une déclaration fiscale belge en 2012 et qu’il a commencé à payer ses impôts (13 000 €) dans le pays, avant de revenir en arrière.
En 2016, alors que LVMH fait de l’origine française de ses produits un argument commercial, le documentaire satirique Merci Patron !, réalisé par François Ruffin, critique la gestion sociale de LVMH, révélant que de très nombreux produits sont en fait confectionnés en Pologne, à Madagascar ou en Asie, pendant que les usines françaises ferment. Face à la controverse, Bernard Arnault tente de faire pression sur les médias dépendant de son groupe pour étouffer l’affaire, provoquant l’indignation des journalistes. Bernard Arnault dénonce des attaques venues d’« observateurs d’extrême gauche ». Invoquant des créations d’emplois, il soutient que le groupe est un « contre-exemple » pour des organisations politiques qui cherchent à le critiquer.
Le 3 juillet 2017, Bernard Arnault finalise l’acquisition de la société Christian Dior Couture, alors filiale à 100 % de la holding Christian Dior SA, unifiant ainsi la couture et les parfums au sein de LVMH.
Mi-mars 2020, lors de la pandémie de Covid-19 en France, Bernard Arnault demande à l’ensemble des unités de production de parfums de plusieurs marques du groupe LVMH de produire à grande échelle des solutions hydroalcooliques et de les mettre gratuitement à disposition des autorités sanitaires. Quelques jours plus tard, le groupe annonce par ailleurs avoir « réussi, grâce à l’efficacité de son réseau mondial, à trouver un fournisseur industriel chinois capable de livrer dix millions de masques en France dans les prochains jours » ; Bernard Arnault demande à LVMH de financer la première semaine de production (environ cinq millions d’euros) pour accélérer la livraison.
Entre 1998 et 2001, il se passionne pour la nouvelle économie et investit notamment dans boo.com, Liberty Surf et Zebank au travers de sa holding spécialisée Europ@web. Le krach des valeurs Internet à partir de mars 2000, et plus encore les attentats du 11 septembre 2001, le convainquent d’accélérer sa sortie de ce secteur par cession au groupe Suez. Liberty Surf est vendue à Telecom Italia alors que Zebank est vendue à Egg plc. Bernard Arnault investit également dans Betfair et Netflix dont il est l’un des premiers investisseurs.
En association avec Colony Capital, Groupe Arnault entre dans le capital de Carrefour le 23 mars 2007 et siège donc au conseil d’administration du groupe français de grande distribution.
Bernard Arnault est l’un des principaux actionnaires du journal L’Opinion, fondé en 2013.
Aux côtés de Jean-Pierre Mustier et de Tikehau Capital, Bernard Arnault lance en février 2021 un SPAC (de l’anglais « special-purpose acquisition company », en français « société d’acquisition à vocation spécifique ») , appelé Pegasus et destiné à réaliser des acquisitions dans le secteur des services financiers.
En novembre 2024, Bernard Arnault et ses enfants, dont le fils ainé Antoine Arnault porteur du projet, annoncent devenir actionnaires majoritaires (à hauteur de 52 %) du Paris FC, le deuxième club professionnel de football basé à Paris.
Le 2 décembre 2024, il est élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques, au fauteuil n°1 de la section Économie politique, Statistique et Finances, laissé vacant par le décès de Denis Kessler.
Une histoire de famille et un microcosmeEnfants issus de son premier mariage avec Anne Dewavrin (qui épousera par la suite en secondes noces, en 2001, le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre), Delphine Arnault, née en 1975, est administratrice du groupe LVMH depuis 2004 et PDG de Christian Dior Couture depuis le 11 janvier 2023 et Antoine Arnault, né en 1977, est directeur général de Berluti.
Trois fils naissent du deuxième mariage avec Hélène Mercier (pianiste québécoise): Alexandre Arnault, né en 1992, directeur exécutif de Tiffany & Co. ; Frédéric Arnault, né en 1995, PDG de TAG Heuer ; et Jean Arnault, né en 1998 directeur marketing et développement pour les montres Louis Vuitton.
Depuis 2010, Bernard Arnault est le beau-père de Xavier Niel, homme d’affaires et vice-président d’Iliad, qui a épousé sa fille Delphine.
RD
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