« Une population chauffée à blanc par la libération de la parole xénophobe depuis plusieurs mois »
Depuis le mardi 30 juillet, des manifestations violentes d’extrême droite ont eu lieu à travers le Royaume-Uni. Christophe Gillissen, professeur de civilisation des îles britanniques à l’université de Caen décrypte le réveil des mouvements xénophobes.
Depuis l’attaque au couteau du 29 juillet dernier, le Royaume-Uni est secoué par les pires émeutes depuis 2011. Les rumeurs ont d’abord attribué cette tuerie à un demandeur d’asile musulman arrivé sur une embarcation de fortune, sur les côtes britanniques, ce que la police a démenti, précisant que le meurtrier présumé était né à Cardiff, dans le pays de Galles.
Le profil de l’attaquant, d’origine rwandaise, a fait l’objet de spéculations sur les réseaux sociaux, notamment sur sa religion, poussant des organisations d’ultradroite à descendre dans la rue.
Les premiers rassemblements violents sont survenus dès le lendemain à Southport. Selon la police, les participants étaient des soutiens du mouvement d’extrême droite English Defence League (EDL). Deux cents à trois cents personnes ont allumé des feux, jeté des briques sur une mosquée et affronté les forces de l’ordre, dont 53 agents ont été blessés, selon les autorités. A Londres, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à proximité de Downing Street, la résidence officielle du Premier ministre, drapeaux anglais brandis, aux cris de « trop c’est trop » ou « arrêtez les bateaux », en référence aux canots pneumatiques sur lesquelles les migrants traversent la Manche pour venir au Royaume-Uni.
Ces violences se sont poursuivies à Liverpool, Belfast, Bristol et, le 5 août, Plymouth. La police a procédé à plus de 378 interpellations depuis le début des heurts, selon le NPCC (National Police Chief’s Council), organisme qui regroupe les chefs des différentes forces de police à travers le pays.