Salah Hamouri est enfin libéré !

Communiqué d’Elsa Lefort

Porte parole du Comité de soutien à Salah Hamouri

Salah Hamouri est enfin sorti de la prison du Néguev où il était enfermé depuis 13 mois, suite à une décision strictement politique du gouvernement Netanyahu.

J’ai donc la joie de vous l’annoncer : Salah Hamouri est enfin libéré !

C’est lui, et personne d’autre, qui nous a annoncé la nouvelle de sa sortie. C’est totalement incroyable mais c’est particulièrement significatif.

Les plus hautes autorités françaises, jusqu’à la dernière minute et malgré nos demandes, nous ont expliqué qu’elles ne « savaient pas » ce qu’il adviendrait le 30 septembre quant à la libération de Salah Hamouri. Il convient de savoir aussi qu’un rendez-vous accepté en juillet entre le Président Emmanuel Macron et moi-même a été annulé brutalement au mois d’août. L’engagement élyséen a été rompu tandis que le Président recevait un député franco-israélien particulièrement extrémiste qui avait injurié Salah dans l’hémicycle. On peut difficilement faire plus complaisant avec les autorités israéliennes et ses inconditionnels soutiens français !

On ne peut pas concevoir des relations diplomatiques déloyales et déséquilibrées avec aucun pays au monde. Pourtant c’est ainsi avec Israël. Nous n’oublions pas qu’il y a eu des prises de position des autorités françaises – positions que nous avons saluées. Mais il n’y a pas eu, de toute évidence, les moyens de la réussite mis en œuvre qui soient à la hauteur de la situation concrète, ni d’éléments mis dans la balance qui soient de nature à lever le mutisme, le mépris et l’arbitraire des autorités israéliennes.

Cela pose un problème plus vaste à nos « élites ». Il faut, si la France veut jouer un rôle dans cette région, qu’elle soit au diapason des réalités de ce pays qui sort des normes classiques de la diplomatie et qui viole quotidiennement le droit international. Elle doit tirer des leçons de son impuissance à se faire respecter et à se faire entendre sur ce cas qui touchait clairement à des valeurs fondamentales non-négociables. C’est une question d’efficacité mais aussi d’honneur et d’image de notre pays dans le monde.

Cela ne fait que souligner un fait essentiel : la libération de Salah Hamouri est d’abord le fruit de l’action et du rassemblement d’élu-e-s de tous « niveaux », de nombreuses personnalités françaises ou étrangères ; de dizaines de milliers de citoyen-ne-s ; d’associations diverses multiples ; de quelques journaux et de journalistes qui ont fait leur travail honnêtement ; de partis, de syndicats et d’avocat-e-s. Une grande diversité s’est rassemblée, s’est élargie et est restée unie pour cette cause fondamentale : celle de la liberté.

En ce moment tout particulier je tiens à vous remercier chaleureusement, en mon nom bien sûr mais aussi au nom de Salah, et nous tenons à vous assurer de notre plus profonde et sincère reconnaissance. Nous n’oublierons pas ce moment de forte solidarité humaine.

La « détention administrative » telle que pratiquée en Israël est synonyme d’arbitraire. Salah Hamouri est libre au terme d’une rude bataille où jamais ses soutiens n’ont mis un genou à terre. Mais il reste des centaines d’autres cas similaires dans les prisons israéliennes, des enfants, des femmes et des hommes.

Il reste aussi des milliers de prisonniers politiques que Salah s’est engagé, et nous avec lui, à défendre plus efficacement en devenant avocat. Et nous pensons, en ce jour, à toutes celles et à tous ceux qui sont encore dans les glauques prisons israéliennes et qui ne devraient pourtant pas y être. C’est tout un peuple que la « Force occupante » veut casser ou chasser de sa terre natale.

Nous avons remporté un combat. Il y en a d’autres à venir. Et il nous faut remporter la bataille pour la pleine liberté du peuple palestinien. Cela fait 70 ans qu’il en est privé.

Avec cette belle nouvelle que nous savourons et que nous sommes heureux de vous annoncer et de partager avec vous, nous devons maintenant, vous le comprendrez, panser quelques plaies et prendre un peu de temps pour nous, pour nous retrouver tous les trois qui avons été privés si longtemps de vie familiale. De sorte que nous ne manquerons de vous informer des suites de cette libération car des obstacles peuvent encore être posés par les autorités israéliennes pour empêcher Salah de nous rejoindre rapidement en France et de nous serrer dans ses bras.

En vous remerciant de nouveau, nous vous prions de croire que nous n’entendons pas en rester là.

Merci encore et retenons la leçon : la preuve est une nouvelle fois apportée qu’il n’est de combats perdus que ceux qu’on ne mène pas ! Même contre des extrémistes notoires. C’est le bon chemin. La vie et l’histoire le montrent.

Nous avons bon espoir dans des temps meilleurs. C’est un « mal incurable » que nous avons en commun.

Elsa Lefort
Dimanche 30 septembre 2018

Les massacres continuent toujours à Gaza

Nos amis de l’AFPS-66 nous transmette l’information sur la terrible répression des mobilisations quotidiennes de la marche du retour de la jeunesse de Gaza. Les crimes de l’armée israélienne continue en toute impunité. Aucune émotion du côté du gouvernement  ou des élus de la majorité à l’assemblée. Voir le site de l‘AFPS-66.

D’autre part la Flotille pour la Liberté, partie de Norvège en mai en direction de la bande de Gaza, en passant par Palerme, avec 13 000 euros de matériel médical dont a tant besoin la population gazaouie, a été attaquée en pleine eau internationale par les forces de l’armée israélienne, le 29 juillet pour le Al Awda et le 3 août pour le Freedom. Un véritable acte de piraterie. 

Il y avait deux français à bord: Sarah Katz, de l’Union Juive Française pour la Paix et Pascal Maurieras, militant de la CGT. Le gouvernement français n’a pas daigné réagir pour dénoncer l’attaque et défendre ses ressortissants français.

Sarah Katz est la  fille de celui qui était le ‘Docteur Laffitte’ dans la Résistance, juif communiste né en Roumanie où une bonne partie de sa famille a disparu.

Voir le compte rendu sur le site de l’UJFP et l’article et la déclaration de la CGT

Voir la vidéo : la 2ème flotille pro-Gaza attaquée

Israël comme « l’État-nation du peuple juif » : « Dans cette loi, il n’est pas question de démocratie ni d’égalité » (Charles Enderlin)

L’ancien journaliste Charles Enderlin a critiqué vivement sur franceinfo la loi adoptée par le parlement israélien. 

Cet interview a été publié sur le site franceinfo le 5 août 2018

« Cette loi est un « tournant qui redéfinit » Israël, a affirmé le journaliste franco-israélien Charles Enderlin sur franceinfo dimanche 5 août à propos de la loi définissant le pays comme l »État-nation du peuple juif ». Cette loi est accusée de porter atteinte aux droits des minorités. Elle a été votée le 19 juillet avec le soutien du Premier ministre Benyamin Nétanyahou. Selon Charles Enderlin, « cette loi correspond à l’idéal du Premier ministre et c’est à cela qu’il travaille depuis son retour au pouvoir en 2009″. 

franceinfo : Quelle est la portée de cette loi ?

Charles Enderlin : C’est un tournant. Dans cette loi, il n’est pas question de démocratie ni d’égalité. Elle met de côté la déclaration d’indépendance d’Israël de mai 1948 dans laquelle il était écrit en toutes lettres que le pays sera fondé sur des principes de liberté, de justice et de paix, et assurera une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens sans distinction de croyance, de race et de sexe. Maintenant, on peut lire que seuls les Juifs peuvent exercer un droit naturel, culturel et religieux et historique à l’autodétermination. L’arabe perd son statut de langue officielle mais aura un statut spécial qui sera déterminé ultérieurement. Et puis surtout, l’État considère le développement de l’implantation juive comme une valeur nationale et œuvrera pour l’encourager. On est effectivement dans un grand tournant, Israël s’est redéfini.

Que demandent les opposants à cette loi ?

Une des revendications des opposants, c’est tout simplement de faire une nouvelle loi fondamentale. Israël n’a pas de constitution, seulement des lois fondamentales qui commencent à s’accumuler. Ils demandent une loi fondamentale qui reprendrait les termes exactes de la déclaration d’indépendance et ramènerait le pays vers une vision beaucoup plus démocratique. Également, la langue arabe disparait des langues officielles. C’est un symbole qui est extrêmement fort. Cela fait partie des éléments de cette loi qui sont discriminatoires. Pour la liste arabe commune, à la Knesset, lors du vote, les députés ont déchiré le texte et dénoncé une loi d’apartheid.

Que va-t-il se passer à court terme ?

Personne ne touchera à la loi. Pour l’entourage de Nétanyahou, il n’est pas question de toucher d’un iota à cette loi. L’un de ses proches a même déclaré : si les Russes ne sont pas contents, qu’ils aillent créer un État en Syrie. Et je peux vous dire que ça ne plaît pas du tout aux militaires druzes qui se battent pour la défense d’Israël.

Y-a-t-il une manœuvre politique de Nétanyahou à plus long terme ?

On parle beaucoup de la possibilité d’élections anticipées. Peut-être cet hiver ou au début de l’année prochaine. Est-ce que cela fait partie d’un début de campagne électorale pour Nétanyahou ? Il a pris un risque. Personnellement, je suis persuadé que cette loi correspond à son idéal, à sa vision, et que c’est à cela qu’il travaille depuis son retour au pouvoir en 2009. »

Charles Enderlin est un journaliste et reporter franco-israélien. Il a été  correspondant à Jérusalem de France-2 pendant 35 ans. Ses grands parents maternels, Juifs autrichiens, ont fui l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie en 1938.