Nous, artistes français, dénonçons l’Eurovision 2019 en Israël

Plus de 100 artistes français, dont les dessinateurs Willem et Tardi, Imhotep du groupe IAM, le cinéaste Alain Guiraudie, l’artiste lyrique Marie Soubestre ou encore l’artiste plasticien Ernest Pignon Ernest, annoncent qu’ils «n’iront pas à Tel Aviv blanchir le système de discriminations légales et d’exclusion qui y sévit contre les Palestiniens, et (appellent) France Télévisions et la délégation française à ne pas servir de caution au régime» israélien.

Du 14 au 18 mai prochain, France Télévision a l’intention de diffuser le Concours Eurovision 2019 qui se tiendra en Israël, à Tel Aviv, dans le quartier de Ramat Aviv, sur les ruines du village de Sheikh Muwannis qui, comme le rappelle l’ONG israélienne « Zochrot » (« elles se souviennent » en hébreu), est l’un des centaines de villages palestiniens  vidés de leurs habitants et détruits en 1948, lors de la création de l’Etat d’Israël.

Pour France Télévisions, l’Eurovision est « un divertissement d’une ampleur internationale unique et ouvert à une très grande diversité artistique » qui revendique de célébrer la diversité et l’inclusion. Selon la chaine publique « la musique, qui n’a pas de frontière, en est son essence, avec pour ambition universelle le dialogue entre les peuples, l’ouverture et le vivre-ensemble ».

Mais ce message sonne creux lorsque qu’il  cherche à nous divertir des violations des droits humains à l’égard des Palestinien·ne·s. Discrimination et exclusion sont profondément ancrées en Israël, où notamment la loi « Israël, État-nation du peuple juif » a été adoptée le 19 juillet 2018, proclamant que seuls les Juifs ont le « droit à l’autodétermination nationale », entérinant ainsi officiellement l’apartheid.

Le sens de l’histoire, de l’inclusivité et de la solidarité est plutôt du côté des nombreuses manifestations en Palestine et dans toute l’Europe, appelant artistes et diffuseurs à ne pas se rendre à Tel-Aviv. Par cette tribune, nous tenons également à participer à ce mouvement, pour manifester notre soutien aux artistes palestinien.ne.s, dans la guerre que leur mène Israël.

En mars et avril 2018, des tireurs israéliens ont ciblé et tué des journalistes qui filmaient les manifestations pacifiques à Gaza. En août, un F16 israélien a détruit le centre Said al-Mishal à Gaza, lieu de musique, de théâtre et de danse. Des artistes palestinien·ne·s, actrices, acteurs et musicien·ne·s se voient régulièrement empêchés de voyager par les autorités israéliennes d’occupation, ou comme dans le cas de la poétesse engagée Dareen Tatour, emprisonné·e·s pour « incitation au terrorisme ».

Aujourd’hui ce sont aussi les organisations israéliennes progressistes qui sont entravées par les autorités israéliennes. Le Ministère de la Culture les accuse de subversion, et réduit leurs financements. En 2017 par exemple, le festival de théâtre de Saint Jean d’Acre a dû retirer une pièce consacrée aux prisonnier·e·s politiques palestinien·ne·s pour éviter les coupures budgétaires gouvernementales. Galeries et festivals de cinéma sont aujourd’hui menacés de la même manière.

L’Eurovision, selon l’Union européenne de radio-télévision (UER), prétend être un événement « non politique ». Il est malheureusement impossible de réconcilier ce que dit l’UER avec la réalité. Israël est un État qui considère officiellement la culture comme un instrument de propagande politique: son Premier ministre, Benjamin Netanyahou, a félicité l’israélienne Netta Barzilai, lauréate de l’Eurovision 2018, pour avoir « accompli un travail exceptionnel en matière de relations extérieures ».

Nous, artistes et travailleur·se·s culturels français qui signons cet appel, n’irons pas à Tel Aviv blanchir le système de discriminations légales et d’exclusion qui y sévit contre les Palestiniens, et nous appelons France Télévisions et la délégation française à ne pas servir de caution au régime qui  envoie ses snipers tirer tous les vendredi contre les enfants  désarmés de la marche du retour à Gaza. Un divertissement qui se respecte ne se joue pas en terre d’Apartheid. Nous ne l’aurions pas accepté pour l’Afrique du Sud , nous ne l’accepterons pas pour Israël.

 Signataires : 

Samir ABDALLAH, cinéaste ; Pierre ALFIERI, auteur ; Nadia AMMOUR, chanteuse ; Henri d’ARTOIS, musicien ; Jean ASSELMEYER, réalisateur ; Alain AUBIN, artiste lyrique ; Nicolas AUDOIN, musicien ; Allaoua BAKHA, musicien ; Mohamed BAOUZZI, conteur ; Marine BACHELOT Nguyen, autrice et metteuse en scène ; Edmond BAUDOIN, dessinateur ; Safia BENHAIM, réalisatrice ; BEN ART’CORE, photographe ; François BEAUNE, écrivain ; Michaël BIDEAULT, musicien ; Julien BLAINE, poète ; Xavier BOEDA, musicien ; Marion BORDESSOULLES, comédienne ; Bruno BOUSSAGOL, metteur en scène ; Sarah BOY,danseuse ; Françoise CABANAC, artiste lyrique- Laurent CAUWET, auteur- Youssef CHARIFI, producteur- Jean-Christophe CHAUZY, dessinateur- Franck CHENAL, musicien- Matthieu COLLOGHAN, peintre-  Enzo CORMANN, écrivain- Jean-Luc COUDRAY, dessinateur- Philippe COUDRAY, dessinateur ; Atmane DAHMANI, chanteur- Gerty DAMBURY, metteure en scène- Bruno DARAQUY, chanteur- Yvan DAUTIN, chanteur- Fanny DEKKARI, conteuse- Gérard DELAHAYE, auteur et compositeur- Marie DEVROUX, comédienne et metteure en scène- Joss DRAY, auteure et photographe ; ELCHICOTRISTE, dessinateur- Annie ERNAUX, écrivaine ; Abbas FAHDEL, réalisateur- Nicolas FERNANDES, musicien- Pedro FIDALGO, réalisateur- Nicolas FRIZE, compositeur ; Pierre-Louis GARCIA, musicien ; Rémo GARY, chanteur ; Marina GILABERT, danseuse ; Liliane GIRAUDON, écrivaine ; Julien GONZALES, musicien ; Dominique GRANGE, chanteuse ; Annette GUILLAUMIN, auteure ; Alain GUIRAUDIE, cinéaste ; Christian GUY, photographe ; Didier HABOYAN, musicien ; Eric HAZAN, écrivain ; Michael HOARE, réalisateur ; IMHOTEP, du groupe IAM, musiciens ; L’1NCONSOLABLE, rappeur ; Lyang KIM, cinéaste ; Nicolas KLOTZ, cinéaste ; Victoria KLOTZ, artiste plasticienne ; Armelle LABORIE, auteure ; Julio LAKS, musicien ; Anne-Marie LALLEMENT, cinéaste et écrivaine ; Iwan LAMBERT, comédien ; Léopold LAMBERT, auteur et éditeur ; Esther LAURENT-BAROUX, réalisatrice ; Sarah LECARPENTIER, comédienne et metteure en scène ; Marc LENOT, critique d’art ; Raphaël MAILLET, musicien ; Jonathan MALNOURY, musicien ; Nathanaël MALNOURY, musicien ; Sébastien MARCHAL, graphiste ; Joëlle MARELLI, auteure et traductrice ; Michel MARRE, musicien et cinéaste ; Jacqueline MARTIN, comédienne et directrice de théâtre ; Nicolas MATOS ITXASO, auteur et réalisateur ; Gérard MAYEN, auteur- Elli MEDEIROS, chanteuse ; Ismaël METIS, rappeur ; Hassane MEZINE, photographe et réalisateur ; MRIC, dessinateur ; José MUÑOZ, dessinateur ; Annie OHAYON, productrice ; Bruno PAOLI, musicien ; La PARISIENNE LIBEREE, chanteuse ; Lucile PAYSANT, comédienne ; Elisabeth PERCEVAL, actrice et cinéaste ; Léonie PERNET, musicienne ; Mireille PERRIER, comédienne, metteur en scène ; Ernest PIGNON-ERNEST, artiste plasticien ; Denys PININGRE, cinéaste documentariste ; Jean-Marc POLI, musicien ; Anastasia POLITI, comédienne et metteure en scène ; Aurélien PROST, artiste circassien ; Serge QUADRUPPANI, écrivain ; Nathalie QUINTANE, écrivaine et poète ; Luc QUINTON, plasticien ; RAPSA, rappeur ; Anna RICHE, monteuse ; RLM, rappeur ; Renata ROAGNA, chanteuse ; Abdelwaheb SEFSAF, comédien et musicien ; Jean-Michel SICARD, metteur en scène ; Eyal SIVAN, cinéaste ; Francesca SOLLEVILLE, chanteuse ; Marie SOUBESTRE, artiste lyrique ; SPOIR, rappeur ; Piotrek TAGART, musicien rock ; TARDI, dessinateur ; Jean-Pierre THORN, cinéaste ; Robert VALBON, auteur et metteur en scène ; Maril VAN DEN BROEK, comédienne ; WILLEM, dessinateur ; Djamila ZEGHBAB, comédienne.

ALGÉRIE : EUROMED DROITS CONDAMNE LES ARRESTATIONS ARBITRAIRES LORS DES MANIFESTATIONS PACIFIQUES

Communiqué de presse d’EuroMed Droits

Bruxelles, le 2 Mars 2019

EuroMed Droits condamne les arrestations arbitraires ciblant une centaine de citoyens, militants, journalistes, étudiants pendant qu’ils manifestaient pacifiquement sur tout le territoire national contre un 5ème mandat du président Abdelaziz Bouteflika.

EuroMed Droits appelle au respect de la liberté d’expression et de manifestation pacifique, garantis par la Constitution Algérienne et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (articles 19 et 21) auquel l’Algérie est un État partie.

EuroMed Droits rappelle aux autorités algériennes, les recommandations du Comité des droits de l’Homme de l’ONU publiées le 27 juillet 2018, et en particulier l’observation n°46 : « a) réviser la loi n°91-19 du 2 décembre 1991 aux fins de lever toutes les restrictions aux manifestations pacifiques qui ne sont pas strictement nécessaires et proportionnelles au regard des dispositions de l’article 21 et instaurer un régime de simple autorisation préalable des manifestations publiques ; b) abroger le décret du 18 juin 2001; c) garantir que les manifestants et toute personne facilitant la tenue d’une réunion ne fassent pas l’objet de poursuites pour exercice du droit de réunion; et d) éliminer et prévenir de manière effective toute forme d’usage excessif de la force de la part des agents responsables de l’application de la loi lors des dispersements de rassemblements ».

Note aux rédacteurs:

La première vague de manifestations a eu lieu le vendredi 22 février 2019, où les Algériens sont sortis en masse, contre la présentation pour un 5ème mandat du président Abdelaziz Bouteflika. Le dimanche 24 février, à l’appel du mouvement Mouwatana, d’autres arrestations ont eu lieu notamment parmi les militants de ce mouvement, qui ont été relâchés en soirée.

Le mardi 26 février, des manifestants ainsi que des défenseurs des droits humains, parmi lesquels des membres du RAJ ont été arrêtés, puis libérés en soirée. Le jeudi 28 février, des journalistes ont été arrêtés lors d’une manifestation contre la censure.

Publié dans l’Indépendant du 4 mars 2019

Perpignan : appel à manifester pour l’Algérie ce mercredi 6 mars

« La colère est contagieuse. Aïcha, Farid et Karim, trois Franco-algériens respectivement domiciliés à Elne, Alénya et Ur, appellent à manifester pour « une vraie démocratie » en Algérie, ce mercredi 6 mars à 18 heures place de la République à Perpignan.

Alors que les manifestations se succèdent à Alger et dans de nombreuses villes algériennes, le dépôt de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika dimanche à la prochaine élection présidentielle est « la provocation de trop » pour les trois amis. Un cinquième mandat du président, « qualifié de fantôme » par ses opposants, ne peut être « envisageable ». 

« Nous nous mobilisons en solidarité au peuple algérien, à sa jeunesse qui n’a pas d’avenir, qui est obligée à l’exil, pour des élections présidentielles transparentes et une vraie démocratie en Algérie », précise Aicha Zellal, du collectif franco-algérien.

« Un Algérien sur deux a aujourd’hui moins de 30 ans, ils veulent une vraie démocratie et un président au pouvoir, non pas un Abdelaziz Bouteflika absent de toutes manifestations officielles et, une fois de plus, hospitalisé en Suisse. Nous voterons pour ces élections et nous voulons un vrai choix », poursuit la militante communiste.

« Les jeunes algériens veulent travailler, s’assumer au pays. Ils veulent un avenir dans leur pays. Nous appelons tous les démocrates à se joindre à nous mercredi ». La manifestation est donc programmée ce mercredi 6 mars à 18 heures place de la République à Perpignan. »

Manifestations en Algérie: le Premier ministre met en garde contre un scénario syrien (AFP)

afp , le 28/02/2019 à 16h00   – Mis à jour le 28/02/2019 à 16h00

Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a mis en garde jeudi contre un scénario comparable à la Syrie, pays en guerre depuis 2011, en commentant au Parlement les manifestations qui secouent actuellement l’Algérie contre un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika.

« Des manifestants heureux ont offert des roses aux policiers. Mais rappelons-nous ensemble qu’en Syrie, ça a commencé aussi avec des roses », a déclaré M. Ouyahia devant l’Assemblée populaire nationale (APN), dominée par son parti, le Rassemblement national démocratique (RND), et le Front de libération nationale (FLN) du chef de l’Etat.

Des députés se sont alors levés pour protester avant de quitter l’hémicycle, tandis que d’autres ont applaudi.

« Je ne parle pas pour faire peur au peuple, non, je ne parle pas pour exploiter le passé », avait auparavant assuré M. Ouyahia.

La décision annoncée le 10 février de M. Bouteflika, 81 ans, de briguer un 5e mandat lors de la présidentielle du 18 avril a déclenché une contestation inédite depuis de nombreuses années.

Le chef de l’Etat, au pouvoir depuis 1999, souffre des séquelles d’un accident vasculaire cérébral (AVC) depuis 2013 et se trouve actuellement en Suisse pour des « examens médicaux ».

Après les manifestations de masse de vendredi dernier, puis de nouveaux cortèges de moindre ampleur dimanche et lundi, les étudiants ont pris le relais mardi. Jeudi, tandis que le Premier ministre s’exprimait au Parlement, une dizaine de journalistes ont été arrêtés à Alger alors qu’ils participaient avec une centaine de confrères à un rassemblement contre la « censure ».

L’ensemble de ces rassemblements s’est tenu dans le calme, à l’exception de quelques incidents isolés.

Ahmed Ouyahia a encore affirmé devant les députés que l’organisation de marches pacifiques était un « droit constitutionnel » et que « rien » ne pouvait « empêcher le peuple algérien de choisir souverainement le président de la République ».

Il a toutefois mis en garde contre « des manipulations » et l’instrumentalisation des manifestations, pointant des « milieux étrangers qui commencent à bouger, à commenter, à dire que le peuple algérien s’est réveillé », sans préciser sa pensée.

Comme le font d’autres responsables algériens, M. Ouyahia a également fait un parallèle avec les troubles survenus en Algérie lors de la grève à laquelle avait appelé en 1991 le Front islamique du salut (FIS), évoquant implicitement la « décennie noire » qui a fait, selon les autorités, 200.000 morts de 1992 à 2002.

Cette grève avait débouché sur l’intervention de l’armée, des affrontements meurtriers et l’instauration de l’état de siège.

En Syrie, la conflit déclenché en 2011 par la répression brutale de manifestations pacifiques par le pouvoir de Bachar al-Assad a fait plus de 360.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

afp