Rapport du GIEC : Un quart des terres sont dégradées par les humains…

Publié sur liberation.fr

Ce qu’il faut retenir du dernier rapport du Giec sur les sols de la planète

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat publie, jeudi, un rapport sans précédent sur l’état des sols de la planète et la façon dont leur exploitation par les humains les affecte et bouleverse le climat.

Du 2 au 8 août, à Genève, des délégations des 195 Etats membres du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) se sont réunies pour approuver ligne par ligne le résumé aux décideurs, concentré en 65 pages, du large état de la science réalisé par plus d’une soixantaine de scientifiques du monde entier sur le changement climatique et les sols. Leurs conclusions sont aussi inquiétantes qu’encourageantes. «C’est le premier rapport du Giec qui s’intéresse à l’ensemble de terres émergées et qui présente l’ensemble des données chiffrées sur la pression que nous exerçons sur nos terres, soit directes, via des activités comme l’exploitation forestière ou l’agriculture, soit indirectes par le biais du changement climatique», explique Nathalie de Noblet-Ducoudré, bioclimatologue au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement et co-auteure du chapitre 2. En voici un résumé en quatre points :

Un quart des terres sont dégradées par les humains

Un des premiers et plus frappant constat de cette évaluation mondiale est la proportion des terres atteintes par la main humaine. Ainsi trois quarts des sols émergés non englacés subissent notre exploitation, un quart est considéré comme dégradé (perte de productivité, touchés par l’érosion). Il ne reste donc que moins d’un quart des terres planétaires libres de l’influence directe humaine.

«Depuis 1961, l’usage des fertilisants dans le monde a été multiplié par neuf, la quantité de bois utilisée accrue de 50% et l’usage en eau doublé, ajoute Nathalie de Noblet-Ducoudré. A ma connaissance, il n’existe pas encore de sols dégradés irréversiblement. Le risque le plus important concerne les zones côtières soumises à l’érosion et à la montée du niveau des mers. Cela peut provoquer des pertes sèches de terres.»

Les terres se réchauffent deux fois plus vite que la moyenne mondiale

La lutte contre le réchauffement climatique se concentre souvent sur deux objectifs : limiter la hausse des températures à 1,5°C ou à 2°C, des limites qui, selon le Giec, permettrait d’éviter des conséquences catastrophiques pour une partie de l’humanité. Où en est-on de cette ambition ? En moyenne, la planète s’est réchauffée de 0,87°C. Donnée obtenue en comparant la période 1850-1900 à 2006-2015. On pourrait même avoir dépassé les +1°C, avec le dernier mois de juillet qui a été 1,2°C plus chaud que la moyenne historique. Mais, ce que souligne surtout ce dernier rapport du Giec est que les terres se réchauffent deux fois plus vite que le globe. Sur la période de référence, les continents ont vu leur température de surface croître de 1,53°C en moyenne. Les 1,5°C stipulés dans l’accord de Paris sont donc déjà dépassés dans ce que ressentent les humains et les écosystèmes terrestres.

Les villes sont encore plus touchées. «Le réchauffement mondial et l’urbanisation peuvent exacerber l’augmentation des températures dans les villes et alentour, par l’effet des îlots de chaleur, notamment durant les canicules, précise le rapport. Les températures nocturnes sont plus affectées par cet effet que celle du jour.» L’agrandissement continu des villes peut aussi renforcer les pluies extrêmes localement ou dans le sens des vents.

La reforestation durable serait une solution miracle

Actuellement, les terres rendent un grand service à l’humanité en pompant environ 29% des émissions à gaz à effet de serre anthropiques. Les forêts jouent un rôle essentiel dans ce phénomène. D’après le rapport, la reforestation et la gestion durable des forêts seraient donc des solutions aux multiples bénéfices pour la planète.

«Le reboisement permet d’absorber plus de dioxyde de carbone, restaure les sols, favorise le développement de la biodiversité, réduit localement les températures grâce au phénomène d’évapotranspiration et diminue l’amplitude des événements extrêmes, énumère Nathalie de Noblet-Ducoudré. Si on va plus loin en misant sur l’agroforesterie[mode d’exploitation associant des arbres et des cultures ou de l’élevage, ndlr], cela bénéficie aussi à la sécurité alimentaire.»

Beaucoup d’émissions peuvent aussi être évitées en arrêtant la destruction des forêts, des tourbières et des mangroves, ce qui représente actuellement 10 à 15 % des émissions totales. Plus les sols seront dégradés, plus leur capacité à stocker du carbone sera affaiblie.

Le réchauffement climatique réduit la productivité agricole

Une des notions présentes tout au long du rapport est que l’agriculture est à la fois une des principales causes du dérèglement du climat et en subit durement les conséquences. Pour ne prendre qu’un exemple : d’ici 2030, une hausse de 20% de la production de riz sera nécessaire pour nourrir la demande croissante en Chine, poussée par l’accroissement de la population et l’amélioration du niveau de vie. Or, chaque degré de réchauffement réduit les rendements de blé de 6%, de riz de 3,2%, de maïs de 7,4% et de soja de 3,1%. Ces cultures fournissent actuellement deux tiers des apports en calories de l’humanité et les revenus de millions d’individus.

L’augmentation de la concentration en dioxyde de carbone dans l’atmosphère provoque aussi une baisse de la concentration en zinc et en fer des céréales et des légumes. Les carences en oligo-éléments sont déjà un problème sanitaire majeur, affectant la vie de près de 2 milliards d’êtres humains. Près de 63 millions en meurent chaque année.

Face à cela, le Giec présente un changement d’alimentation et de modèle agricole comme une solution très efficace, tout en ne soutenant ouvertement aucun régime alimentaire spécifique. «Des régimes équilibrés, comprenant des aliments d’origine végétale, comme les céréales sèches, les légumineuses, les fruits et légumes, les noix et graines, des aliments d’origine animale produits dans des systèmes résilients, durables et à faibles émissions de gaz à effet de serre, représentent des opportunités majeures pour l’adaptation et l’atténuation [du réchauffement] tout en générant des cobénéfices considérables pour la santé humaine.»

Des soignantes obligées de travailler en sous-effectif dans un Ehpad, leur direction les sanctionne

Publié sur bastamag.net

Des soignantes sont obligées de travailler en sous-effectif dans un Ehpad, leur direction les sanctionne

PAR RACHEL KNAEBEL 3 JUILLET 2019

Sophie est aide médico-psychologique dans un établissement pour personnes âgées (Ehpad). Une veille de Noël, elle et ses collègues soignantes apprennent qu’elles seront en sous-effectif pour s’occuper des résidents et sont invitées par leur hiérarchie à faire « au mieux ». Un an plus tard, elles sont sanctionnées et rétrogradées par leur direction. Voici pourquoi.

« Je vais voir l’effet de la sanction sur mon bulletin de salaire de juin. Ce n’était déjà pas beaucoup ce que je gagne, ce sera encore un peu plus difficile. » Sophie Dufaud est aide médico-psychologique (AMP) dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) à Riantec, dans le Morbihan. L’établissement dépend de l’hôpital de la commune. Sophie y travaille depuis 1992. « J’ai commencé comme agent de service hospitalier, puis j’ai suivi la formation pour devenir aide médico-psychologique », rapporte-t-elle.

Mère de famille, elle travaille à 80%, pour 1500 euros nets par mois. Depuis ce mois de juin, elle a perdu 130 euros par mois de salaire. C’est le résultat d’une sanction : le directeur du groupe hospitalier a décidé que Sophie devait perdre six échelons d’ancienneté ! Après plus de 25 ans de travail dans l’établissement, elle se retrouve presque au même niveau de salaire qu’une débutante, sans possibilité de récupérer totalement son ancienneté par la suite. Sa retraite s’en trouvera réduite.

Qu’a fait Sophie ? Sa « faute » est d’avoir, alors que son équipe était en sous-effectif suite un arrêt maladie, « fait au mieux », comme leur avait alors demandé au téléphone le cadre administratif de garde du groupe hospitalier. C’était fin 2017, juste avant Noël, le 23 décembre. Une collègue souffrante n’était pas remplacée ce matin-là. Sophie et les autres agentes de l’équipe assurent alors en priorité les toilettes des résidents, les petits déjeuners et les déjeuners. Et les habillent avec des tenues dites « médicalisées », des chemises de nuit, qui sont plus rapides et plus faciles à mettre aux personnes âgées. Les résidents qui sortent de leur chambre pour les animations ont aussi un plaid sur les genoux et des gilets. À la fin de son service, Sophie, qui est syndiquée à la CGT, remplit en son nom une fiche d’événement indésirable, pour signaler le dysfonctionnement.

Une soignante privée de salaire pendant six mois, sur simple décision du directeur

Un an plus tard, en mars 2019, Sophie et ses collèges passent en entretien pré-disciplinaire. Trois d’entre-elles sont ensuite convoquées à un conseil de discipline. Pour la direction de l’hôpital, leur comportement ce 23 décembre 2017 – avoir vêtu des résidents de chemises médicalisées, en avoir laissé d’autres au lit, faute de personnel en nombre suffisant – n’a pas respecté la dignité des résidents, et relève de la maltraitance. Le conseil, dont l’avis est consultatif, n’ordonne alors pas de sanctions. Mais le directeur du groupement hospitalier, Thierry Gamond-Rius, en décide autrement. Une agente reçoit un avertissement, Sophie est rétrogradée, et une infirmière est exclue pendant six mois avec suspension totale du salaire. « Cette infirmière a trois enfants. Le directeur n’a pas du tout pris en compte la situation familiale des gens », déplore Sophie.

La direction du groupement n’a pas répondu à nos demandes d’entretien. Mais dans un courrier du 11 juin aux secrétaires des sections syndicales de la CFDT, de Sud et de la CGT (que Basta ! a pu consulter), le directeur conseillait aux agentes de lui soumettre un « recours gracieux » : « Je vous rappelle qu’il existe des voies de recours. Dont le recours gracieux auprès de l’autorité qui a pris les sanctions, c’est-à-dire moi-même », écrit-il. Les soignantes ont préféré faire appel à un avocat pour demander l’annulation des sanctions devant le tribunal administratif. Une demande en référé (en urgence) est déposée pour l’infirmière suspendue pendant six mois. Dans son ordonnance, le juge des référés a considéré la sanction disproportionnée, ordonné la réintégration de l’agente, et demandé que la direction lui verse 1000 euros au titre des frais d’avocat. L’affaire doit encore être jugée sur le fond.

Une quatrième agente de l’Ehpad, une infirmière représentante de la CGT au comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), est sanctionnée en même temps que ses collègues pour avoir dit un jour de manière jugée trop autoritaire à un jeune salarié qu’il ne devait pas travailler plus de douze heures d’affilée, alors qu’il réalisait une journée de travail de plus de treize heures. Elle a été dégradée de deux échelons.

Des procédures d’exception qui deviennent de plus en plus fréquentes

« Ce genre de problèmes devraient être discutés dans l’équipe avec le cadre de santé, on ne devrait pas en arriver à des extrémités comme cela », déplore Françoise Jaffré, ancienne infirmière du même Ehpad, retraitée depuis quelques années. Elle est aujourd’hui membre du comité de soutien aux agentes sanctionnées. « Je n’ai jamais vu de telles sanctions prise à l’égard d’hommes. Il y a une discrimination de genre », dénonce aussi Claudine Cornil, ancien institutrice et animatrice du comité de soutien, longtemps engagée à l’union départementale CGT. Le groupe de soutien organise des réunions publiques, alerte les élus du conseil d’agglomération. « Nous sommes tous concernés par les Ehpad et par le vieillissement de la société. C’est un enjeu qui demande qu’on prenne soin de ceux qui prennent soin des aînés », ajoute l’ancienne enseignante.

En fait, dans cette commune du Morbihan, c’est depuis 2016 qu’un collectif qui regroupe soignants, syndicalistes et citoyens mobilise sur le situation des soignantes des Ehpad. « Le collectif a été créé avec l’objectif d’améliorer les conditions de vie des résidents, ce qui passe pour nous par les conditions de travail des personnels. Nous avons pensé qu’il fallait regrouper tout le monde pour pouvoir avancer. Car, déjà en 2016, les remplacements n’étaient plus correctement assurés à l’Ehpad », rappelle Françoise Jaffré.

« Il n’y a plus de communication. Nous avons perdu l’humain »

L’aide médico-psychologique Sophie Dufaud a de son côté vu les conditions de travail se détériorer largement depuis 2012 déjà. « En 2012, la direction a mis en place ce qu’on appelle les « procédures en mode dégradé ». Cela signifie qu’une absence pouvait ne pas être remplacée pendant les trois premiers jours, avec des procédures adaptées à cette situation qui disait les actes à réaliser malgré tout et ceux auquel nous devions renoncer, témoigne la soignante. Et puis, au fur et à mesure, cela s’est étendu sur plus de jours. »

Un événement supplémentaire change les conditions de travail dans l’Ehpad de Riantec : son intégration, en janvier 2018, au Groupement hospitalier Bretagne Sud, l’un de ces méga-hôpitaux qui sont devenus la norme depuis la loi sur la santé de 2016. Une fusion qui distend les relations entre l’administration et les personnels qui sont directement au contact des résidents, puisque tout est géré depuis Lorient, à une vingtaine de kilomètres. « Nous n’avons plus d’administration dans notre établissement, plus d’informaticiens, témoigne Sophie. Tout est à l’hôpital de Lorient. Il n’y a plus de communication. Nous avons perdu l’humain. Nous sommes devenues des matricules. Pour nous, cette fusion, ce n’est pas bénéfique du tout. »

« Nous sommes gérés par des personnes qui ne savent pas ce qu’est notre travail »

C’est donc un directeur qui n’est pas sur place qui a décidé seul de sanctionner les quatre soignantes. Le 25 juin, Sophie et ses collègues ont tenté de rencontrer les membres de la direction du Groupement hospitalier à Lorient, qui se réunissaient pour un Comité technique d’établissement (CTE). Ce fut peine perdue. « Le directeur est parti, il n’a pas voulu nous voir, dit-elle. Mais j’ai dit à la direction, venez voir comment nous travaillons dans les Ehpad. Il faut venir, il faut mettre une blouse. La direction se permet de nous sanctionner alors qu’elle ne sait pas ce que nous faisons. Nous sommes gérés par des personnes qui ne savent pas ce qu’est notre travail, mais ils sont au-dessus de nous, ils ont le pouvoir de nous punir ».

Le large mouvement de grève qui agite les Ehpad début 2018 ouvre les yeux de nombre de citoyens sur la situation dans ces établissements et les difficultés des soignantes à travailler avec toujours moins d’effectifs. Les familles des résidents sonnt alors elles-mêmes nombreuses à soutenir les travailleuses. Même l’association des directeurs d’établissements pour personnes âgée soutient la grève.

Mais à Riantec, Sophie et ses collègues se sont retrouvées abandonnées par la direction de leur Ehpad et par l’administration. « Au téléphone, le cadre administratif nous a dit de faire au mieux. Nous faisons comme nous pensons que c’est le mieux vu la situation, et on nous sanctionne pour la décision que nous avons prise. Ce que nous avons fait de jour-là, ce sont des choses qui se passent tous les jours dans le Ehpad. Les agentes sont épuisées, partout », rappelle Sophie Dufaud. « Ils nous traitent de maltraitantes, alors que c’est de la maltraitance institutionnelle, dans les Ehapd, en psychiatrie, aux urgences… »

Rachel Knaebel

Les médecins urgentistes en grève réclament « 4 milliards d’euros pour les hôpitaux et les Ehpad »

Publié sur francetvinfo.fr

Urgences en grève : l’Association des médecins urgentistes de France réclame « 4 milliards d’euros pour les hôpitaux et les Ehpad »

La ministre de la Santé, elle, propose 70 millions d’euros!

Après presque quatre mois de mobilisation dans certains services d’urgences, une nouvelle manifestation a lieu mardi 2 juillet. L’objectif est de « signifier à la ministre [Agnès Buzyn] que ce qu’elle a proposé jusqu’à présent n’est pas suffisant », explique Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France, sur franceinfo. « Elle [la ministre de la Santé] nous propose 70 millions, nous réclamons 4 milliards pour les hôpitaux et les Ehpad [établissements d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes] », poursuit-il.

franceinfo : Que recherchez-vous avec cette nouvelle manifestation ?

Christophe Prudhomme : Elle peut signifier à la ministre que ce qu’elle a proposé jusqu’à présent n’est pas suffisant. C’est même considéré comme une aumône, par les personnels. Parce qu’aujourd’hui, au-delà des services d’urgences, d’autres services se mettent en grève. C’est l’ensemble de l’hôpital qui est en train de s’effondrer, et nous avons besoin d’un véritable plan Marshall pour l’hôpital. Nous demandons des effectifs, des lits supplémentaires et des augmentations de salaire.

Mais la prime de risque, 100 euros net par mois, a été mise en place depuis lundi. N’est-ce pas un premier pas ?

Déjà, il s’agit d’une prime, donc si vous quittez le service d’urgences, vous ne la touchez plus. Ce qui est demandé, ce n’est pas 100 euros, mais 300 euros. Vous savez qu’une infirmière aujourd’hui en France, par rapport à ses collègues des autres pays de l’OCDE [Organisation de coopération et de développement économique], gagne 400 euros de moins par mois. C’est l’une des raisons pour lesquelles on a du mal à recruter, en particulier dans les grandes villes et à Paris. Et les 70 millions d’euros, la prime, c’est toujours bon à prendre mais c’est très en dessous de ce qu’il nous faut. Aujourd’hui, il y a une solution qui est très simple, c’est supprimer la taxe sur les salaires, qui est un impôt prélevé sur le budget de l’hôpital et qui est un impôt honteux. Ça représente 4 milliards d’euros, et ce sont ces 4 milliards que nous réclamons aujourd’hui pour l’hôpital en général et pour les Ehpad. C’est en train de craquer partout. Nous avons trop de personnes âgées qui arrivent dans les services d’urgences, parce qu’il n’y a pas assez de personnel dans les Ehpad.

La proposition de création de 230 postes à Paris en Île-de-France par l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) ne permettra-t-elle pas de répondre localement au problème ?

Martin Hirsch [directeur de l’AP-HP] se fout de nous. Il nous propose des postes aux urgences, mais dans le même temps, il est en train d’appliquer un plan de retour à l’équilibre qui est en fait un plan d’économies, avec 800 à 1 000 suppressions d’emplois par an jusqu’en 2022. Donc en fait il ne donne pas 230 postes aux urgences, il diminue un peu les suppressions d’emplois prévues. Mais si on supprime des emplois, ça va transférer le problème dans d’autres services. Le directeur général de l’Assistance publique et les directeurs d’hôpitaux aujourd’hui ne peuvent pas mettre l’argent qu’ils n’ont pas. Or, qui décide du budget des hôpitaux ? C’est la ministre de la Santé, dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale. Et aujourd’hui il va falloir serrer les cordons de la bourse, mais pas à hauteur de 70 millions.

Vous avez une obligation de service minimum, y compris pendant cette période de grève. Est-ce que ça vous empêche de réellement mettre la pression sur le gouvernement ?

Le gouvernement a quand même une certaine pression. Nous ne sommes pas le seul service public à se mettre en grève de manière symbolique : nos collègues pompiers sont en grève depuis une semaine et ont déposé un préavis de grève pour les deux mois d’été. Notre meilleur soutien vis-à-vis du gouvernement c’est la population. Un sondage paru la semaine dernière montre que 92% de la population nous soutient. Et puis, notre grève va se poursuivre pendant l’été. Il y aura des rendez-vous à la rentrée. Vous savez, la grève c’est plutôt les initiatives très ponctuelles, pour faire un peu parler de nous. La grève se développe aussi énormément en province, elle est partie de Paris il y a plusieurs mois mais maintenant c’est la province qui se met en branle, avec des services qui rentrent en grève seulement aujourd’hui notamment à Metz, Saint-Flour, Draguignan… Le mouvement s’étend.