Le mouvement pour « rouvrir la culture » s’étend avec de nombreux théâtres occupés en France

La LDH soutien le mouvement « Rouvrir la culture ». A Perpignan le Théatre de l’Archipel invite le public a demandé sa réouverture le samedi 20 mars 2021. Les intermittents ont décidé d’une occupation itinérante, cette semaine, dans plusieurs lieux culturels de la ville. S’il est à craindre que la décision des autorités de confinement de certains départements dont ceux de la région parisienne n’étouffe en partie ce mouvement, celui-ci continue cependant et vendredi 26 mars une journée d’action nationale est prévue.

L’occupation du Théâtre de l’Odéon à Paris, depuis le jeudi 4 mars, a déclenché un mouvement qui s’est étendu sur l’ensemble de la métropole et également en Outre-Mer. Plus de 30 théâtres en France sont occupés par des techniciens, des artistes et des étudiants en école d’art dramatique.

Publié sur https franceinter.fr le 16 mars 2021

L’occupation du Théâtre de l’Odéon à Paris, depuis le jeudi 4 mars, a déclenché un mouvement qui s’est étendu sur l’ensemble de la métropole et également en Outre-Mer. Plus de 30 théâtres en France sont occupés par des techniciens, des artistes et des étudiants en école d’art dramatique.

Le mouvement initié à l’Odéon fait tache d’huile, en tous type de lieux et déjà dans plus de 30 théâtres, avec des mots d’ordre convergents. Les « occupants » demandent la réouverture des lieux de culture dans le respect des consignes sanitaires et la prolongation de l’année blanche pour les intermittents.

Le mouvement de l’Odéon est parti de la manifestation du 4 mars organisée par la CGT Spectacle. L’essentiel des occupants sont des militants syndicaux, des artistes, des techniciens. Puis les étudiants en Écoles d’art dramatiques se sont joints au mouvement à La Colline à Paris et à Strasbourg au TNS.

Ce week-end, il s’est étendu à tout le territoire en métropole et également à Saint-Denis de la Réunion, et à tous types de salles. Des centres dramatiques nationaux à Lille, Montluçon, Rouen, Limoges ; des scènes nationales à Brest, Châteauroux, Périgueux ; des salles de musiques actuelles comme La Tannerie à Bourg en Bresse ou La Paloma à Nîmes ; des théâtres indépendants comme le Théâtre du Chevalet à Noyon ou le Chêne Noir à Avignon… Et parfois avec des méthodes plus innovantes, comme à Perpignan où les intermittents ont décidé d’une occupation itinérante, cette semaine, dans plusieurs lieux culturels de la ville.

Dans tous ces lieux, ils bénéficient du soutien des directions, qui ont prévu une grande journée d’action le 26 mars, baptisée l’Assemblée Générale des Théâtres. Et ce week-end, les spectateurs seront invités à se rassembler devant le théâtre de leur ville pour soutenir le mouvement. 

A Istanbul les étudiants défient Erdogan

Depuis janvier les étudiants de la célèbre université du Bosphore à Istanbul refusent la nomination par Erdogan d’un recteur membre de son parti. Jusqu’à aujourd’hui le recteurs étaient élus. Cette contestation soutenue de plus en plus par la population est une épine insupportable au pouvoir de l’autocrate Erdogan qui n’a d’autre réponse que de taxer le mouvement étudiant de « terroriste ». Nous soutenons le mouvement de la jeunesse turque pour les droits et libertés démocratiques et contre la répression.

La jeunesse turque fait trembler Erdogan

Publié dans TDG La Tribune de Genève le 17 février 2021

En imposant un recteur dans une prestigieuse université d’Istanbul, le président turc ravive la colère d’une large partie de la population contre son autoritarisme, au-delà du camp laïc.

Le campus de l’université Bogazici d’Istanbul, l’une des meilleurs de Turquie, a des allures de camp retranché depuis plusieurs semaines. Barricades érigées le long des rues attenantes, policiers en patrouille à la sortie du métro, canons à eau et bus d’unités antiémeutes sont massés dans le quartier. La nomination d’un nouveau recteur par le président Erdogan devait faire rentrer dans le rang cette forteresse libérale qui échappait encore à son contrôle. Elle a au contraire déclenché un mouvement universitaire d’une ampleur inédite.

«Nous savions que notre combat serait long, mais nous n’imaginions pas qu’il prendrait ces proportions», s’étonne encore Mehmet Altundag, étudiant en science politique et sociologie. L’université a pour tradition d’élire son recteur parmi son corps professoral. Une coutume violemment remise en cause par la nomination le 1er janvier de Melih Bulu, un homme d’affaires ayant pour seule référence une loyauté sans faille au Parti présidentiel de la Justice et Développement (AKP).

La mobilisation universitaire a pris des proportions nationales début février après la répression violente de plusieurs manifestations. Par ailleurs, l’exposition par des étudiants d’une œuvre représentant la Kaaba, le saint des saints de l’islam, orné d’un drapeau LGBT a déclenché la fureur du pouvoir. Le président Erdogan s’est enflammé, qualifiant les manifestants de «terroristes» et «vandales». «Ce pays ne sera pas un pays où les terroristes gagnent, nous ne l’accepterons jamais… La Turquie ne revivra pas les événements de Taksim Gezi», allusion au mouvement qui a fait vaciller son pouvoir en 2013. S’en est suivi un déferlement de propos homophobes et outranciers de plusieurs caciques du pouvoir.

Depuis, le mouvement sert de réceptacle aux colères et frustrations de larges pans de la population. «Nous recevons beaucoup de messages de soutien», explique Mehmet Altundag. D’après une enquête de l’institut MetroPoll publiée début février, 73% des personnes interrogées considèrent que les recteurs devraient être élus. «Le pouvoir nous traite de terroristes parce qu’il n’a rien à opposer à nos demandes: démocratie et méritocratie», explique l’étudiant.

«On peut déjà parler d’un succès du mouvement. Le problème n’est plus le problème des étudiants de Bogazici mais celui du gouvernement», analyse ainsi Rusen Cakir, journaliste du média Medyascope. «Le gouvernement aura utilisé tous les instruments à sa disposition: les journaux, la police, la justice, les accusations de terrorisme et finalement ça n’a pas réussi à atteindre les étudiants de Bogazici», ajoute-t-il.

Contesté par les jeunes religieux

Si la «bataille de Bogazici» suscite autant de passion, c’est que cette université est un concentré de symboles. Pour le régime qui tente vaille que vaille d’imposer au pays sa révolution conservatrice, cette institution incarne l’élite laïque qui a longtemps discriminé les islamistes. Les étudiants, eux, balaient les accusations d’élitisme et soulignent la diversité de leurs origines. «Je suis le premier de ma famille à faire des études», insiste Mehmet Altundag.

Fait déconcertant pour les autorités, adeptes de la polarisation à outrance, des étudiants musulmans font partie du mouvement. Ils ont exprimé leur désapprobation vis-à-vis de la peinture de la Kaaba mais ils demandent toujours la démission de Melih Bulu.

Ce mouvement témoigne ainsi de l’émergence de la génération dite Z comme objet politique en Turquie. Les étudiants de Bogazici n’ont jamais connu qu’Erdogan comme dirigeant. Celui-ci a d’ailleurs admis que son parti avait du mal à s’adresser aux jeunes, frappés de plein fouet par la crise économique mais également moins arc-boutés que leurs aînés sur le clivage religieux versus laïcards. «Nous sommes dépités par l’état de notre pays. Nous ne nous y sentons plus acceptés. C’est une accumulation de désillusions», explique Mehmet Altinda, qui se désole que les autorités ne répondent aux demandes de sa génération que par «la polarisation et les politiques identitaires.»

Algérie : des milliers de manifestations pour l’anniversaire du Hirak

Publié sur ouest-france.fr le 16/02/2021

Les manifestants demandent des changements politiques comme la fin du contrôle de la politique du pays par l’armée. | EPA/MAXPPP


Plusieurs milliers de personnes défilaient mardi 16 février 2021 dans l’est de l’Algérie à Kherrata, le berceau du mouvement antirégime Hirak, malgré l’interdiction de manifester, pour marquer le deuxième anniversaire du soulèvement populaire qui a chassé du pouvoir le président Abdelaziz Bouteflika, a constaté l’AFP.

C’est à Kherrata, à 300 km à l’est d’Alger, qu’une mobilisation spontanée avait réuni le 16 février 2019 des milliers d’Algériens opposés au cinquième mandat présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika, rendu impotent par un AVC.

Le drapeau algérien est souvent brandi par les manifestants | AFP

Un mouvement pour plus de libertés

Une semaine plus tard, le 22 février, la contestation avait gagné Alger, puis le reste du pays, donnant naissance à un mouvement (Hirak) populaire inédit, réclamant « le démantèlement du système » en place depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962.

Les manifestants demandent des changements politiques comme la fin du contrôle de la politique du pays par l’armée. | EPA/MAXPPP

Les manifestants brandissent drapeaux algériens et amazighs (berbères), en scandant des slogans du Hirak : « Pour l’indépendance de l’Algérie »« (le président) Tebboune est arrivé par la fraude, placé par les militaires » ou encore « Les généraux à la poubelle ».

Dans la continuité des marches du Hirak, suspendues depuis près d’un an en raison de la crise sanitaire, ils réclament « un État civil »« la liberté de la justice »« la liberté d’expression et de presse » et la libération des détenus d’opinion, d’après les banderoles affichées dans la ville.

De nombreuses figures du Hirak emprisonnées

Quelque 70 personnes sont actuellement en prison en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles, selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), une association de soutien.

Des figures de l’opposition ont pris part au défilé. Parmi elles : Karim Tabbou, porte-parole de l’Union démocratique et sociale (UDS) et ancien détenu, Mohcine Belabbas, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et Zoubida Assoul, avocate et présidente de l’Union pour le changement pour le progrès (UCP).

Dès lundi soir, des hirakistes avaient convergé de plusieurs wilayas (préfectures) d’Algérie pour prendre part à ce rassemblement.

« Un État civil, pas militaire », peut-on lire sur cette banderole avec les drapeaux algérien et kabyle. | AFP

Le Covid-19 a mis le mouvement Hirak à l’arrêt

Les manifestations politiques restent interdites en Algérie en raison de la pandémie de Covid-19. Peu de protestataires portaient de masques sanitaires mardi.

Les marches du Hirak sont à l’arrêt depuis mars 2020 mais à l’approche de l’anniversaire du soulèvement, les mobilisations se sont multipliées, notamment en Kabylie (nord-est).

Une marche organisée pour « le départ du système (au pouvoir), pour la libération des détenus et contre la répression des libertés » a regroupé lundi plusieurs centaines de personnes à Béjaïa, grande ville de Kabylie, d’après la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH).

Le même jour, la justice algérienne a encore condamné plusieurs militants du Hirak à des peines de prison ferme.