Darmanin, le Vatican et la laïcité

Tweet de Gérard Darmanin

14 mai 2022

« Ce dimanche, j’ai l’honneur de conduire, à la demande du Président de la République, la délégation française au Vatican pour la cérémonie de canonisation de trois de nos compatriotes dont Charles de Foucauld. »
Gérald DARMANIN@GDarmanin

PETRILLI Jean@JeanPETRILLI, 15 mai

En réponse à @GDarmanin

« Nouvelle violation de la laïcité sous le prétexte fallacieux que le Vatican est un état ( créé sous Mussolini) ! C’est une cérémonie qui ne regarde que les catholiques et en rien le citoyen et la République française.« 

@MalikOuadi, 14 mai

En réponse à @GDarmanin

On dissout des associations musulmanes puis on va en cérémonie de canonisation au Vatican. Laïcité à géométrie variable.

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Effectivement Gérarld Darmanin en tant que ministre de la République française ne fait pas honneur à la loi du 9 décembre 1905, fondatrice de notre République laïque, qui assure la liberté de conscience et sépare les églises et l’état.

La loi de 1905 proclame en premier lieu la liberté de conscience : « La République assure la liberté de conscience ». Elle a pour corollaire la liberté d’exercice du culte et la non-discrimination entre les religions.

Elle pose en second lieu le principe de la séparation des Églises et de l’État : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». Il est mis fin au Concordat instauré en 1802 qui régissait les relations entre l’État et les cultes. Jusqu’alors, l’État reconnaissait quatre cultes (catholique, réformé, luthérien, israélite) qui étaient organisés en service public du culte. L’État payait les ministres du culte et participait à leur désignation ainsi qu’à la détermination des circonscriptions religieuses. Les autres cultes n’étaient pas reconnus.

L’État se veut désormais neutre. Il n’y a plus de religion légalement consacrée. Tous les cultes sont traités de manière égale.

Les débuts de Gérarld Darmanin à l’UMP

En 2005, il succède à Gérard Vanneste comme délégué de l’UMP dans la dixième circonscription du Nord. Selon la journaliste du Canard enchaîné Anne-Sophie Mercier, Darmanin adopte une position catholique traditionaliste à « tendance intégriste » et une position homophobe. Par l’entremise de Guy de Chergé, il collabore en 2008 au mensuel Politique magazine, organe de presse de l’Action française royaliste, inspiré de Charles Maurras et lié au mouvement Restauration nationale.

EN ENTRANT DANS L’ÉCOLE PUBLIQUE, LA MÉDITATION DE PLEINE CONSCIENCE VIENT TACLER DE PLEIN FOUET LA LOI DE SÉPARATION DES EGLISES ET DE L’ETAT, SOCLE DE LA LAÏCITÉ

Communiqué LDH

En 1978, lors d’une retraite dans un centre New Age, le scientifique Jon Kabat-Zinn, préalablement initié à la méditation de pleine de conscience (MPC) par un moine bouddhiste, aura une fulgurance : proposer cette approche à des patients souffrant de maladies chroniques ou de stress, pour essayer de les soulager. Il tentera ensuite de construire à rebours un corpus médical visant à valider son intuition. Malgré des milliers d’études réalisées, la totalité des méta-analyses examinant ce domaine concluent à une absence d’effet significatif, ou à un effet très modéré de la MPC, insistant sur la nécessité d’une meilleure méthodologie de recherche.

Depuis, certaines conséquences préoccupantes de la pratique de la MPC ont été signalées, conduisant à une dépersonnalisation, à des attaques de panique ou à des épisodes psychotiques. Rappelons que la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a déjà fait plusieurs mises en garde s’agissant des problèmes posés par cette technique.

Cette approche d’essence bouddhiste, curieusement présentée aujourd’hui comme laïque, repose sur l’écoute de sa respiration associée à un scanner mental de son corps. Cette méditation, qui concentre notre pensée sur la vacuité, conduit rapidement alors vers un conditionnement avec une perte d’esprit critique et un assujettissement de l’individu, expliquant aussi un certain engouement du secteur économique pour cet outil. Vu sous cet éclairage, loin d’être un éveil, la MPC conduit à une baisse de vigilance, voie royale et classique pour amener ses pratiquants vers des états de sujétion propice à des abus, dont tente de les protéger l’article 223-15-2 du code pénal.

La promotion et le financement tout azimut de cette technique sont pilotés depuis le think-tank américain Mind and Life Institute, où siègent des émissaires de différentes obédiences bouddhistes, de la mouvance anthroposophique, ou encore des chamanes. A leurs côtés, des représentants du très controversé institut californien Esalen ; avec des acteurs qui dans les années 70 assuraient la promotion d’une substance elle aussi assujettissante, le LSD ! En 2012, John Kabat-Zinn est devenu l’un des responsables de l’Institut Esalen, institut New Age à l’origine de nombreuses psycho-sectes et psycho-techniques, qui déferlent sur la planète depuis la seconde partie du XXe siècle.

« Laïc » et « légitimé par la médecine » semblent bien être les deux sésames poussés en avant pour permettre à ce « culte global » de pénétrer tous les secteurs d’activité des démocraties occidentales, avec mansuétude. Malheureusement nous voyons que la réalité est beaucoup plus sombre !

Le paradoxe est préoccupant lorsque l’on voit la MPC proposée aux enfants dans les écoles. Notamment sous l’impulsion du député LREM d’Ille-et-Vilaine, Gaël Le Bohec, qui en début d’année a remis au ministre de l’Education nationale, un rapport proposant une expérimentation de la MPC dans 240 classes publiques pour septembre prochain, ciblant des élèves scolarisés en CM2, 6e et 5e.

Si aujourd’hui, cette expérimentation prend une dimension quasi-officielle, elle est apparue de façon rampante dans l’Education nationale dès 2012. Des enseignants formés à la technique prenant alors l’initiative d’initier des enfants dès… la maternelle. A la rentrée 2019, l’Education nationale va tolérer que La Rochelle propose, pour 96 euros par élève, une initiation à la MPC aux 5 000 enfants qui y sont scolarisés. Depuis mai 2021, la MPC est enseignée à une classe de 4e au collège de Redon (Ille-et-Vilaine). Aujourd’hui, la MPC est pratiquée de façon sauvage dans une dizaine d’académies.

L’entrée de la MPC, pratique problématique directement liée à des spiritualités et des croyances, dans l’école publique vient tacler de plein fouet l’un des textes emblématiques de notre démocratie : la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, de 1905, qui codifie très précisément la laïcité en France.

Aussi, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) demande expressément au ministre de l’Education Nationale, Jean-Michel Blanquer, de renoncer au projet d’initiation à la MPC dans l’école publique, et de mettre fin à l’ensemble des expérimentations de cette pratique en cours actuellement dans les écoles publiques, en vertu du strict respect de l’application de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat.

Paris, le 25 juin 2021

TRIBUNE DE MALIK SALEMKOUR « UNE POLÉMIQUE INQUIÈTE MILITANTS ET INTELLECTUELS. LAÏCITÉ : LA LOI DE 1905 EST-ELLE MENACÉE ? »

UNE POLÉMIQUE. LAÏCITÉ : LA LOI DE 1905 EST-ELLE MENACÉE ?

Publié dans humanite.fr
Lundi, 14 Janvier, 2019

Rappel des faits. Après le cri d’alerte lancé par 30 organisations et relayé par l’Humanité, des voix se font entendre pour mettre en garde contre une révision.

  • Les libertés publiques par Malik Salemkour, président de la Ligue des droits de l’homme (LDH)

9 juin 2017 Paris . Malik Salemkour nouveau président de la LDH Ligue des Droits de l'Homme. @Julien Jaulin/hanslucasLa Ligue des droits de l’homme (LDH), créée en 1898, rappelle de manière constante son attachement à la loi de 1905 : « La loi de 1905, toute la loi de 1905, rien que la loi de 1905. » C’est une loi de liberté qui a fait ses preuves pour sortir notre pays, comme disait Jaurès, « de la guerre des deux France ». Aujourd’hui, la défense d’une laïcité de liberté passe par la critique des tentatives de détournement visant à en faire une loi d’exclusion. L’État ne reconnaît aucun culte. Reconnaître le droit de croire ou de ne pas croire suppose que l’on refuse d’établir une hiérarchie entre les religions et les spiritualités, notamment en invoquant une prétendue capacité à être compatible ou non avec la République.

Avec les autres associations laïques, la LDH s’oppose fermement à une révision de cette loi et aux propositions de réforme de l’exécutif. Elle voit dans ces projets une tentation concordataire qui revient à briser l’égalité entre les différents cultes. Elle s’inquiète en particulier de l’idée d’établir une « qualité cultuelle » et la mise en place d’un « label d’État ». Cette volonté de contrôle est contradictoire avec l’article 4 de la loi que soutint Francis de Pressensé, second président de la LDH, qui déclarait en 1908 : « La liberté, quand on la menace (…) sur un seul point (…) est violée sur tous les autres. » Il s’agit ainsi, au contraire, de réaffirmer l’impératif de neutralité de l’État et la stricte séparation de l’État et des cultes. Les annonces du gouvernement visant au renforcement de la police des cultes nous paraissent aussi dangereuses et inutiles.

La loi de 1905 est suffisamment explicite sur cette police. Il suffit d’en appliquer les articles clefs du titre 5 qui protègent à la fois la liberté de culte et interdisent l’ingérence des cultes dans le politique. Le droit commun est également une source utile et suffisante pour répondre aux dérives et abus intégristes de toute confession.

La laïcité est au cœur de l’histoire de la LDH et de son action. Dans un temps qui se caractérise comme un « tournant sécuritaire », nous inscrivons la défense de la laïcité dans le combat pour les libertés publiques. Nous agissons explicitement dans la fidélité à la loi de séparation, tout en restant ouverts sur le présent de la société française, qui a connu plusieurs bouleversements depuis 1905. Avec une « laïcité au défi du pluralisme culturel », la LDH plaide pour une laïcité effective dans une société où les individus refusent d’être reconnus comme des citoyens assignés à résidence communautaire ou religieuse, et qui sont attachés à des identités multiples les reliant à différentes communautés. Nous défendons le pluralisme convictionnel de la démocratie républicaine, à égalité et sans discrimination, la libre expression et le débat comme seuls modes de fonctionnement démocratique acceptables.

Nous disions en 2017 que « la lutte contre le racisme ne se divise pas » et que « certains responsables politiques (tendaient) à diviser la société française selon l’origine et la foi de ses membres ». Remettre aujourd’hui en débat la loi de 1905 serait prendre le risque d’ouvrir une boîte de Pandore et de se tromper de combat. Il est plus que jamais nécessaire de défendre la laïcité et la loi de 1905 comme conditions de liberté et d’égalité entre les citoyens. Parallèlement, l’égalité effective des droits économiques et sociaux, qui sont indissociables des droits et libertés publics et un fondement de la justice sociale, est plus que jamais à promouvoir.

Photo : Alain Jocard / AFP