Israël comme « l’État-nation du peuple juif » : « Dans cette loi, il n’est pas question de démocratie ni d’égalité » (Charles Enderlin)

L’ancien journaliste Charles Enderlin a critiqué vivement sur franceinfo la loi adoptée par le parlement israélien. 

Cet interview a été publié sur le site franceinfo le 5 août 2018

« Cette loi est un « tournant qui redéfinit » Israël, a affirmé le journaliste franco-israélien Charles Enderlin sur franceinfo dimanche 5 août à propos de la loi définissant le pays comme l »État-nation du peuple juif ». Cette loi est accusée de porter atteinte aux droits des minorités. Elle a été votée le 19 juillet avec le soutien du Premier ministre Benyamin Nétanyahou. Selon Charles Enderlin, « cette loi correspond à l’idéal du Premier ministre et c’est à cela qu’il travaille depuis son retour au pouvoir en 2009″. 

franceinfo : Quelle est la portée de cette loi ?

Charles Enderlin : C’est un tournant. Dans cette loi, il n’est pas question de démocratie ni d’égalité. Elle met de côté la déclaration d’indépendance d’Israël de mai 1948 dans laquelle il était écrit en toutes lettres que le pays sera fondé sur des principes de liberté, de justice et de paix, et assurera une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens sans distinction de croyance, de race et de sexe. Maintenant, on peut lire que seuls les Juifs peuvent exercer un droit naturel, culturel et religieux et historique à l’autodétermination. L’arabe perd son statut de langue officielle mais aura un statut spécial qui sera déterminé ultérieurement. Et puis surtout, l’État considère le développement de l’implantation juive comme une valeur nationale et œuvrera pour l’encourager. On est effectivement dans un grand tournant, Israël s’est redéfini.

Que demandent les opposants à cette loi ?

Une des revendications des opposants, c’est tout simplement de faire une nouvelle loi fondamentale. Israël n’a pas de constitution, seulement des lois fondamentales qui commencent à s’accumuler. Ils demandent une loi fondamentale qui reprendrait les termes exactes de la déclaration d’indépendance et ramènerait le pays vers une vision beaucoup plus démocratique. Également, la langue arabe disparait des langues officielles. C’est un symbole qui est extrêmement fort. Cela fait partie des éléments de cette loi qui sont discriminatoires. Pour la liste arabe commune, à la Knesset, lors du vote, les députés ont déchiré le texte et dénoncé une loi d’apartheid.

Que va-t-il se passer à court terme ?

Personne ne touchera à la loi. Pour l’entourage de Nétanyahou, il n’est pas question de toucher d’un iota à cette loi. L’un de ses proches a même déclaré : si les Russes ne sont pas contents, qu’ils aillent créer un État en Syrie. Et je peux vous dire que ça ne plaît pas du tout aux militaires druzes qui se battent pour la défense d’Israël.

Y-a-t-il une manœuvre politique de Nétanyahou à plus long terme ?

On parle beaucoup de la possibilité d’élections anticipées. Peut-être cet hiver ou au début de l’année prochaine. Est-ce que cela fait partie d’un début de campagne électorale pour Nétanyahou ? Il a pris un risque. Personnellement, je suis persuadé que cette loi correspond à son idéal, à sa vision, et que c’est à cela qu’il travaille depuis son retour au pouvoir en 2009. »

Charles Enderlin est un journaliste et reporter franco-israélien. Il a été  correspondant à Jérusalem de France-2 pendant 35 ans. Ses grands parents maternels, Juifs autrichiens, ont fui l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie en 1938.

Communiqué de l’UJFP : « Le racisme institutionnalisé en Israël : un crime contre les Palestinien-ne-s et un suicide pour les Juives et Juifs »

Communiqué de l’UJFP : »Le racisme institutionnalisé en Israël : un crime contre les Palestinien-ne-s et un suicide pour les Juives et Juifs »

Le jeudi 19 juillet 2018, la Knesset (le parlement israélien) a adopté une « Loi fondamentale » définissant l’État d’Israël comme « État-nation du peuple juif ».

On le savait déjà : l’existence de l’État israélien était basée sur une conception ethnico-religieuse puisque n’importe quel Juif peut prétendre à la citoyenneté israélienne et s’établir ainsi en « Eretz Israël » en bénéficiant de plus de toutes sortes d’aides alors que ses habitants autochtones palestiniens soit ont été chassés de Palestine soit doivent subir des dizaines de lois discriminatoires.

Israël se prétendait jusqu’ici un État démocratique, alors que ses institutions pratiquent un racisme cruel non seulement envers les Palestinien-ne-s, traité-e-s en citoyen-ne-s d’un rang inférieur, mais également à l’égard des Juives et Juifs yéménites et éthiopien-ne-s, mizrahim… qui ont subi des traitements dégradants et restent la cible de nombreuses discriminations.

La nouveauté est que cet état de fait est maintenant officialisé dans ce qui ressemble à une loi constitutionnelle contredisant le seul texte fondamental de la déclaration d’indépendance. L’État israélien devient ainsi dans les textes, et non plus seulement dans la pratique, un État d’apartheid. Il n’a jamais été comme chaque État moderne l’État de tous ses citoyens et il ne le sera plus. C’est inscrit dans cette « Loi ».

Cela a des conséquences catastrophiques, non seulement pour le peuple palestinien qui se voit privé ainsi de tous ses droits et pour la paix dans la région mais pour tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre, se sentent Juif. Ils seront alors assimilés à ce régime colonial, raciste et oppresseur et cette confusion sciemment entretenue ne pourra qu’alimenter l’antisémitisme.

Ce régime n’a rien à voir avec le judaïsme. Il falsifie l’histoire, la mémoire, les valeurs juives. Où donc est-il écrit que chaque juif peut et doit voler la terre de l’Autre, le Palestinien, le spolier, l’enfermer dans la prison à ciel fermé qu’est devenue Gaza, le tuer impunément lorsqu’il manifeste pacifiquement ? Nulle part ailleurs que dans les écrits délirants des sionistes ! L’imposture de la confusion entre judaïsme et sionisme, aujourd’hui à son paroxysme, a pour but d’enrôler de force les Juives et Juifs, en niant leurs diverses nationalités, dans l’entreprise coloniale et raciste de l’État d’Israël. Netanyahou ne voit la diaspora que comme de la future chair à canon à qui il a annoncé : « On me demande si nous devrons vivre éternellement l’épée à la main ? Je réponds oui ! »

Le temps n’est plus à l’expectative. Le moment est venu pour tous les Juives et Juifs de bonne volonté de se rassembler de s’organiser à tous les niveaux (français, européen et mondial) pour dire :

L’APARTHEID, LE RACISME, LE DÉNI DES DROITS HUMAINS, PAS EN NOTRE NOM !

L’Union Juive Française pour la Paix prendra toute sa part dans cette lutte pour l’égalité des droits !
Venez nous rejoindre pour nous aider dans cette tâche urgente !

Le Bureau national de l’UJFP le 21-07-2018

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Bombardements sur Gaza – commentaires de Ziad Medoukh

Commentaires de Ziad Medoukh publiés sur le site national de l’AFPS (Association France Palestine Solidarité) en direct de Gaza ce dimanche 15 juillet 2018 :

Au lendemain d’une journée terrible pour les Palestiniens de Gaza.

Au lendemain de cette journée horrible pour les Palestiniens de Gaza. 60 raids israéliens partout dans la bande de Gaza. Deux adolescents de 15 et 16 ans tués et 25 blessés suite à des bombardements israéliens contre les civils de Gaza.

C’était la journée la plus difficile pour les Palestiniens de Gaza depuis la fin de la dernière offensive militaire israélienne contre la bande de Gaza en août 2014.

Silence, on tue les enfants à Gaza !
Silence, on écrase les rêves de nos enfants !
Les agressions israéliennes contre les civils de Gaza se poursuivent.
L’enfance est assassinée à Gaza
L’innocence est assassinée à Gaza
La paix est assassinée à Gaza
La justice est assassinée à Gaza
Honte à cette occupation aveugle !
Honte à cette communauté internationale officielle complice !
Gaza résiste !
Gaza persiste !
Et Gaza existe !
Vive la solidarité
Vive la Palestine

Amitiés de Gaza la vie malgré les bombes de l’occupant.

Ziad Medoukh est directeur du département de français à l’Université Al Aqsa de Gaza et coordinateur du Centre de la Paix de Gaza. Il vit à Gaza. Il a terminé ses études de didactique du français à l’université de Paris VIII où il obtint en 2009 un doctorat en Sciences du Langage. Il est l’auteur de nombreuses publications concernant l’enseignement du français en Palestine et aussi la non-violence. Il est l’auteur de Gaza, Terre Des Oubliés, Terre Des Vivants, 70 poèmes de la paix palestinienne.