Marche des sans-papiers le 17 octobre à Paris : Lettre ouverte à Emmanuel Macron, président de la République

Le collectif sans-papiers-66 appelle à la Marche nationale des sans-papiers à Paris le 17 octobre 2020 et co-signe la lettre ouverte à Emmanuel Macron, Président de la République. La LDH-66 participe au collectif.

Lettre ouverte à Emmanuel Macron, président de la République,

Monsieur,

Monsieur le président, nous marchons.

Des quatre coins du pays, pour l’égalité, nous marchons.

Plusieurs centaines d’entre nous, sans-papiers en tête, vont traverser ce pays où nous vivons, venus du sud, du nord, de l’est et de l’ouest appuyés par la solidarité des habitantes et habitants sur les ronds-points, les routes, les places de nos villages, les quartiers de nos villes.

Et nous serons des dizaines de milliers à Paris, à leur arrivée, le samedi 17 octobre pour aller vers le palais de l’Elysée.

De toutes les villes du pays et des quartiers où nous vivons, ensemble, des écoles où nous envoyons nos enfants, des lieux où nous travaillons, nous allons marcher.

Nous marcherons en hommage à nos anciens et anciennes, ces hommes et femmes venus d’Algérie tués par centaines par la police un 17 octobre 1961 alors qu’ils et elles marchaient pour la liberté.

Nous marcherons en hommage à nos milliers de frères et sœurs qui meurent chaque année sur les routes de la migration alors qu’ils et elles marchent avec l’espoir d’une vie meilleure et plus juste.

Sans-papiers en tête, nous marcherons avec nos centaines de collectifs de solidarité et de lutte, nos associations et nos syndicats, nos familles, nos amis et amies, nos voisins et voisines, nos collègues pour la régularisation de tous les sans-papiers.

Monsieur le président, nous ne marchons pas pour demander un cadeau ou implorer votre générosité. Nous savions depuis longtemps, avant même les milliards que vous distribuez actuellement, que la question des moyens n’était pas le problème. Nous marchons pour gagner l’égalité.

Nous vivons ici, ensemble, avec ou sans papiers. Et vous savez que l’absence de droits pour les sans-papiers et la précarité pour les demandeurs d’asile gangrènent toute la société, favorisent le racisme, légitiment les contrôles au faciès et toutes les inégalités et attaques sociales. Nous marchons pour l’avenir.

En ces temps de crise sanitaire où vous faites appel à la responsabilité de chacune et chacun, nous prenons les nôtres en marchant dans le respect des règles sanitaires. Votre responsabilité est de fermer les centres de rétention, donner accès à des logements décents pour toutes et tous les sans-abris et les mal-logéEs et garantir les droits qui permettent d’assurer la protection de toutes et tous, au travail comme dans la vie quotidienne, et l’accès égal à la santé. Nous marchons pour une société plus sûre pour toutes et tous.

Permettez-nous de vous rappeler que, pendant la crise sanitaire, de nombreux et nombreuses sans-papiers font partie des premières lignes, corvéables à merci et sur-exploités, sans droits et/ou perdant leur emploi sans chômage partiel.

Et nous marchons avec et pour cette jeunesse, ce futur que vous laissez à la rue, en proie à tous les trafics ou ces jeunes pour lesquels « reconnaissance de minorité » veut trop souvent dire solitude dans des chambres d’hôtels insalubres, sans accès à l’école, attendant leur majorité pour être remis à la rue et aller grossir les rangs des Sans-papiers.

Alors, monsieur le président, nous serons à votre porte le 17 octobre. Nous espérons qu’elle sera ouverte.

Monsieur le président, nous voulons l’égalité. Simplement l’égalité. Et vous ?

En l’attente de votre réponse, veuillez recevoir, Monsieur le président, l’expression de toute notre détermination à lutter pour une société plus sûre, plus juste et égale.

Les participantes et participants de l’Acte 3 des Sans-Papiers

Expulsion d’une vingtaine de sans-papiers dont deux familles avec enfants à Perpignan

Le Comité de soutien aux sans-papiers , dont la LDH-66 est membre, dénonce cette expulsion dramatique pour les familles alors qu’il avait demandé un délai au juge d’application. Une audience était même programmée pour le 7 septembre.

Publié sur lindépendant.fr le 12/08/2020 

Perpignan : une vingtaine de sans-papiers expulsés d’un hôtel abandonné

Ce mercredi 12 août, la police a expulsé une vingtaine de sans-papiers, dont deux familles avec enfants, d’un hôtel squatté au 52 avenue Mermoz, à Perpignan. Les associations dénoncent.

Sur le trottoir, ils sont une douzaine assis sur des sacs plastiques. Deux vieux écrans TV, un climatiseur portable éreinté, des valises, quelques vivres, des œufs s’agglutinent face au 52 avenue Mermoz. Une dizaine de jeunes Guinéens, dont un en fauteuil roulant, un père de famille serbe et ses trois enfants de 9, 10 et 14 ans observent les policiers et les services techniques de la ville boucler les accès de cet hôtel occupé depuis 14 mois par ces sans-papiers.

A 8 heures, ce mercredi 14 août, l’établissement aux fenêtres éventrées a été évacué. « Dans le calme et sans violence », témoignent deux jeunes Guinéens. « Nous sommes maintenant à la rue. Sans lieu, sans presque rien et en plein Covid », ajoutent-ils. « Impossible de rentrer dans notre pays, où rien ne va ».

Un peu plus loin, les gamins serbes, scolarisés à Perpignan depuis plusieurs mois, servent d’interprète à leur père. « On ne comprend pas », soupire-t-il. « On est à la rue, sans rien, avec mes enfants. Que va-t-on devenir ? ». Le désespoir supplante la colère.

La préfecture assure que « les occupants se sont vu proposer une solution de relogement d’urgence »

Roger Hillel, membre du Comité de soutien aux sans-papiers, décrypte : « La justice avait accordé 14 mois d’occupation du site, à charge de trouver des solutions alternatives pour la suite. Mais, avec le Covid, tout a été mis en sommeil. Nous avions demandé un délai au juge d’application. Une audience était programmée ce 7 septembre. Nous savions que ce n’était pas suspensif, mais nous pensions que dans les conditions actuelles, les autorités attendraient l’audience pour prendre des décisions. Cette expulsion est humainement dramatique ».

« L’évacuation du bâtiment, occupé sans droit ni titre, au 52 avenue de Mermoz à Perpignan est l’application d’une ordonnance d’expulsion du 3 avril 2019 obtenue par la mairie de Perpignan propriétaire des lieux », communique la préfecture des P.-O. « Le juge des référés avait donné dans cette ordonnance un délai de 12 mois aux occupants pour évacuer les locaux. L’opération d’évacuation s’est déroulée dans de bonnes conditions avec l’appui des forces de police et des services de la mairie de Perpignan et en présence de l’huissier de justice dûment mandaté.
Les occupants ont fait l’objet d’une enquête sociale préalable et se sont vu proposer une solution de relogement  d’urgence ».

Thierry BouldoireV

Malgré l’interdiction de la préfecture, le rassemblement de soutien aux sans-papiers et réfugiés s’est tenu à Perpignan

Publié sur L’Indépendant le 30-05-2020

La photo publiée a été faîte en début – le rassemblement, terminé avec un soixantaine de personnes, était organisé par le Comité se soutien aux sans-papiers du 66, collectif dont faite partie la LDH.
Ce rassemblement, interdit par la préfecture des PO, s’est déroulé pacifiquement sur la place de la République. Une fois de plus plusieurs commentaires racistes ont été déposés. La LDH-66 interviendra auprès du journal.

Perpignan : malgré l’interdiction de la préfecture, ils se réunissent pour soutenir les sans-papiers

Ils étaient une quarantaine de militants ce samedi 30 mai 2020 au matin sur la place République à répondre à l’appel du Comité de soutien aux sans-papiers 66.

Ce samedi, en fin de matinée, la place République retrouvait une vie (presque) normale. Car, outre l’ambiance grouillante de vie du marché hebdomadaire, cette artère de l’hypercentre recevait sa première manifestation depuis le confinement. Une quarantaine de personnes s’est réunie pour témoigner leur soutien aux sans-papiers. Des militants réclamant la régularisation de « ces populations fragiles qui l’ont d’autant plus été durant la crise sanitaire« , selon Josie Boucher, présidente de l’association Solidarité avec Tous les Immigrés 66. L’activiste souligne également que ce public sans-papiers « a dû être entassé dans des foyers durant le confinement ou laissé à la rue, sans masque ni protection« .Aux côtés du Comité de soutien aux sans-papiers 66, organisateur du rendez-vous, des représentants de différents syndicats ont fait acte de présence. À l’instar de la CGT et de Solidaires. Cette manifestation symbolique a donc réuni une quarantaine de personnes dont l’écrasante majorité, si ce n’est tout le monde, arborait un masque. Pourtant, la préfecture des Pyrénées-Orientales n’avait pas autorisé le maintien de cette réunion puisque les rassemblements de plus de 10 personnes sont pour l’instant prohibés. Présentes sur les lieux, les forces de l’ordre se sont assuré de la non-mobilité de la manifestation sans pour autant disperser les participants.

Diane Sabouraud