Perpignan : environ 120 militants pour la marche unitaire contre les violences d’Etat

Publié sur l’Indépendant le 23/09/2023

Un peu plus d’une centaine de personnes se sont réunies ce samedi 23 septembre 2023 au matin en centre-ville de Perpignan pour répondre à l’appel unitaire lancé nationalement. 

Les drapeaux tant sang et or que rouges ou noirs ce samedi matin reflétaient un bon nombre des mouvements habitués à battre le pavé perpignanais. S’ils étaient réunis ce samedi matin en cœur de ville, c’est pour dénoncer ensemble « la violence d’Etat » en général, synthétisait Marc Roquiet.

Le représentant du comité catalan de soutien aux défenseurs de la protection de l’environnement que sont les Soulèvements de la terre avait été désigné pour prendre seul la parole au nom de toutes les formations ayant appelé à cette marche « contre le racisme, pour la justice sociale et contre les violences policières« . Un mouvement lancé au niveau national et relayé partout sur le territoire ce samedi. Au pied du Castillet, le militant ciblait notamment les actions de répression « contre toutes les revendications sociales« , mais aussi « le racisme systémique » et plus largement encore les atteintes « au droit de manifester« . 

Parmi les plus visibles dans les rangs des contestataires partis du Castillet vers 10 h 30 pour défiler en centre-ville, on a relevé notamment la France Insoumise ou encore le Parti Communiste Français ou le NPA, ainsi que la CGT, la CNT-Solidarité Ouvrière. On a aussi noté la Ligue des Droits de l’Homme, et quelques Gilets jaunes. 

Samedi 23 septembre Marche unitaire à Perpignan contre le racisme systémique, les violences policières et pour la justice sociale.

A 10h devant la préfecture de Perpignan

Comme partout en France une marche unitaire est organisée à Perpignan le samedi 23 septembre à l’appel de nombreuses organisations dont la LDH 66

MARCHE UNITAIRE POUR LES LIBERTÉS PUBLIQUES ET SYNDICALES, CONTRE LE RACISME SYSTÉMIQUE ET LES VIOLENCES POLICIÈRES, POUR LA JUSTICE SOCIALE 

La LDH appelle aux mobilisations du 23 septembre contre les violences policières, le racisme et les discriminations sociales et territoriales

Communiqué LDH du 5 septembre 2023

La LDH appelle aux mobilisations du 23 septembre contre les violences policières, le racisme et les discriminations sociales et territoriales

Communiqué LDH du 5 septembre 2023

La nouvelle séquence de violences policières consécutive au décès du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre, confirme l’impérieuse nécessité d’agir. La mort d’Alhoussein à Angoulême, celle de Mohamed à Marseille, tué par un tir de LBD 40, l’éborgnement de son propre cousin, Abdelkarim, les mutilations de Virgil, Medhi, Nathaniel, Hedi, Jalil et de tant d’autres jeunes gens dans toute la France génèrent des drames irréparables pour leurs familles et leur entourage.

La seule rencontre avec un policier peut aujourd’hui entraîner des abus et violences, qui s’intègrent à un dispositif politique de contrôle intrinsèquement lié à la situation économique et sociale.

Toutes les catégories de la population française peuvent en être victimes ; les violences ont explosé sur les lieux de rassemblement et de manifestation, entravant les possibilités d’expression politique ou festive. L’usage des LBD 40, des grenades explosives et lacrymogènes et le recours à des forces de police non formée au maintien de l’ordre ont conduit à restreindre démesurément la liberté associative, l’expression collective et le périmètre démocratique.

Ce dispositif de contrôle s’exerce plus intensément sur les populations vivant dans les quartiers populaires, qui font face à une précarité économique croissante, en raison de l’accélération sans précédent des inégalités, et à une relégation sociale, territoriale et ethnoculturelle qui se pérennise depuis la fin de la période coloniale. Au surplus, l’exercice continu d’une pression policière liée à la présence de brigades spéciales, comme les brigades anti-criminalité (BAC) et les compagnies de sécurisation et d’intervention (CSI), spécifiquement créées, vise à contrôler socialement et sanctionner ces populations, y compris dans leur sphère privée, et notamment lors de contrôles au faciès.

Phénomène récent, le nombre de personnes tuées au volant de leur véhicule par armes à feu de policiers connaît une croissance sans précédent, en lien avec l’adoption en 2017 de l’article L. 435-1 du Code de la sécurité intérieure (CSI) assouplissant les règles en matière d’usage des armes, sans améliorer la sécurité des interventions des agents. Ce texte, imposé par le mouvement de « policiers en colère », puis relayé par la grande majorité des syndicats de police, a fait apparaître une relation de dépendance du pouvoir politique soumis aux desiderata de la corporation policière. La force publique, garante de la paix civile, exerce une pression allant jusqu’à la menace de sédition contre les institutions de la République, avec le soutien du directeur général de la Police nationale, du préfet de police de Paris et du ministre de l’Intérieur lui-même, après le placement en détention provisoire de policiers impliqués dans les terribles violences subies par Hedi, à Marseille.

Les émeutes que le pays a connues sont avant tout l’expression de cette situation, qui reste taboue pour une large partie de la classe politique, alors que de nombreuses voix du monde associatif et syndical ont appelé à revoir les modes d’intervention de la police et à lutter contre le racisme qui s’y manifeste trop souvent. La lourde répression judiciaire exigée notamment par le ministre de la Justice a souligné et réitéré la profonde injustice sociale vécue par les habitantes et habitants des quartiers populaires, dans un contexte d’affaiblissement des médiations locales et des services publics.

La LDH (Ligue des droits de l’Homme), refusant de se résigner à un statu quo figé, appelle à participer aux mobilisations qui auront lieu le samedi 23 septembre 2023, dans plusieurs villes de France, contre les politiques publiques discriminatoires et sécuritaires ciblant notamment les quartiers populaires et la jeunesse qui y grandit et particulièrement les personnes racisées et précarisées.