Communiqué de presse de la LDH de Montpellier sur la toxicité du gaz lacrymogène

Communiqué de presse sur la toxicité du gaz lacrymogène

 

La Ligue des Droits de l’Homme, dont le groupe de travail Legal Team observe depuis décembre 2018 les pratiques de maintien de l’ordre durant les manifestations alerte sur l’usage intensif des lacrymogènes.

Depuis 15 jours, nous constatons que des manifestants mais aussi des passants, adultes et enfants, souffrent de problèmes respiratoires et sont pris en charge par les Street Medics.  Des cas plus graves, notamment un couple de touriste espagnol mais également une personne d’une cinquantaine d’année – porteur de médicaments liés à une pathologie cardiaque – ont du être pris en charge par les pompiers et le SAMU.

Depuis 15 jours également plusieurs personnes, dont des membres de la LDH et des Street Medics, nous ont signalé des symptômes habituellement documentés pour la « toxicité aiguë » (dans les heures qui suivent l’exposition au gaz lacrymogène) : toux, maux de tête, problèmes respiratoires, diarrhées, vomissements, mais qui se produisent plusieurs jours après les manifestations, ainsi qu’un état de fatigue généralisé.

Plusieurs cas de suspicion d’atteinte pulmonaire sont relevés – avec une difficulté de rendez-vous rapide chez les pneumologues – dont un cas avec une VEMS (volume expiratoire maximal par seconde) à 54% dans le cadre d’un « bilan fonctionnel très altéré » nécessitant un scanner et contrôle fonctionnel et clinique sous une semaine (ainsi que plusieurs traitements respiratoires, dont cortisone).

S’agissant de la toxicité chronique, les seules informations disponibles auxquelles nous ayons eu accès(fiche toxicologique de l’INRS sur le gaz CS, composant du gaz lacrymogène) indiquent pour la toxicité chronique peu d’effets connus sur l’homme à l’exception de problèmes cutanés et allergisant mais indiquent en toxicitéchronique « Le (2-chlorobenzylidène) malononitrile » peut provoquer des lésions des voies aériennes pulmonaires en cas d’exposition massive et prolongée ».

Cet élément d’analyse ressort de test sur animaux (exposition 1 heure / jours/ 120 jours). Surtout, l’INRS relève le peu de réglementation sur la « protection de la population » (les textes du code de la santé répertoriés étant essentiellement des textes de classification).

Nous interpellons donc les pouvoirs publics au regard de l’usage massif et prolongé des gaz lacrymogènes sur :

• l’atteinte de manière indifférenciée des manifestants et passants

• la toxicité chronique des gaz lacrymogènes pour laquelle nous demandons la production de la composition desdits gaz, incluant les proportions des composants, ainsi que d’études sur la toxicité chronique.

Nous rappelons que le droit de manifester selon la Cour Européenne des Droits de l’Homme s’applique aux manifestations non déclarées mais prévisibles par les pouvoirs publics. Dans l’attente et dans le respect du principe de précaution, nous demandons au Préfet de l’HÉRAULT de privilégier les techniques de désescalades de la violence, telles que pratiquées dans les autres pays européens.

Montpellier, le 4 avril 2019

LDH Montpellier

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